L’école face à la crise sanitaire : SUD réclame sept mesures exceptionnelles

À la suite du discours d’Emmanuel Macron le 13 avril, le ministre Blanquer s’est exprimé dans les médias le 14 avril au sujet de la possible réouverture des écoles et des établissements à partir du 11 mai. Faire reprendre les élèves et non les étudiant-e-s, cela montre bien que la priorité est de faire prendre en charge les enfants des salarié-e-s, et non une question pédagogique.
Pour SUD éducation, l’urgence est d’abord sanitaire, et il s’agit en priorité de préserver la santé de la population, dont les personnels, les élèves et leurs familles. Les personnels seront légitimement en situation de se poser la question de leur sécurité ainsi que de celle des élèves, et le droit de retrait pourra s’imposer comme un mode d’action incontournable. SUD éducation s’opposera à la réouverture des écoles et des établissements tant que la situation sanitaire ne le permettra pas, et pourra appeler les personnels à utiliser leur droit de retrait.

La situation est exceptionnelle. Pour y répondre, SUD éducation revendique un ensemble de mesures à la hauteur de la situation. La fédération SUD éducation se tient prête à discuter de la mise en oeuvre d’un tel plan d’action exceptionnel, nécessaire dans la période.


1. Concernant les annonces de la réouverture des écoles le 11 mai

En premier lieu, la reprise ne pourra se faire que dans le cadre des garanties sanitaires les plus fortes. Le dépistage systématique et réguliers de l’ensemble des personnels et des élèves doit être un préalable à la reprise des cours. Le nettoyage des locaux devra pouvoir être régulièrement fait par des personnels protégés et équipés du matériel adéquat. Le matériel nécessaire (masques, gels hydroalcoolique) devra être mis à disposition en quantité suffisante dans l’ensemble des écoles, établissements et universités. Les effectifs par classe doivent être immédiatement réduits pour respecter la distanciation sociale. Un plan de suivi sanitaire des élèves et des personnels doit être mis en place immédiatement. Au-delà , il est indispensable que les règles prévues dans la réglementation concernant la santé des personnels soient enfin respectées, et notamment la visite médicale de droit. Cela implique la création d’une médecine de prévention digne de ce nom, et donc un recrutement massif de médecins, alors qu’actuellement il n’y a qu’un médecin de prévention pour 22 000 personnels de l’éducation. SUD éducation s’opposera à la réouverture des écoles et des établissements tant que la situation sanitaire ne le permettra pas, et pourra appeler les personnels à utiliser leur droit de retrait.

2. Concernant l’enseignement à distance

Durant la période de fermeture des écoles, établissements et universités, le lien scolaire continue de perdurer, à travers les efforts déployés par les personnels pour rester en contact avec les élèves et les familles. En dépit de ces efforts et contrairement à ce que le ministre a annoncé, ce n’est pas 5% des élèves qui ont décroché, mais bien plus, notamment les plus précaires, les moins équipé-e-s, les moins à l’aise avec l’outil numérique, sans compter les difficultés à travailler en autonomie ou sans aide. Pour SUD éducation, il est inacceptable de continuer à mettre la pression sur les personnels, mais aussi sur les élèves et les familles, pour lesquelles les situations sont très variables et souvent compliquées dans cette période. En particulier, nous considérons qu’il ne faut pas faire étudier de nouvelles notions pendant cette période, ce qui aurait nécessairement pour effet d’accentuer les inégalités scolaires plus fortes encore que d’habitude. De la même manière et pour les mêmes raisons, il ne saurait y avoir une quelconque prise en compte d’évaluations durant cette période. Une communication claire doit être faite par le ministère en direction des personnels, des élèves et de les parents : que l’école s’est bien arrêtée le 13 mars, même si les personnels mettent beaucoup en oeuvre pour maintenir un lien scolaire. Il est difficile d’évaluer les conséquences du confinement sur les élèves et qu’il faudra prendre en compte à la reprise.

3. Concernant les examens

La prolongation du confinement implique l’abandon des épreuves de fin d’année du baccalauréat et du DNB. Le ministre avait déjà annoncé cela vendredi 3 avril, excepté pour les épreuves de Français, en annonçant que l’obtention du baccalauréat serait fonction du contrôle continu. Pour SUD éducation, le contrôle continu est dans toutes les circonstances une mauvaise idée, tant il répercute les inégalités scolaires de départ en plus d’accentuer les inégalités entre établissements. Dans cette situation, et alors que seuls deux trimestres auront pu faire l’objet d’évaluations, c’est encore pire. Pour SUD éducation, la seule solution raisonnable consiste dans le fait de valider l’examen pour tou-te-s les candidat-e-s inscrit-e-s (tout en autorisant le redoublement pour celles et ceux qui le souhaiteraient). En ce qui concerne les épreuves anticipées de Français, on voit une nouvelle fois comment le ministre s’est ridiculisé en annonçant leur maintien : SUD éducation réclame toujours, évidemment, leurs suppressions. Dans l’enseignement supérieur, il ne doit pas non plus y avoir d’épreuves, que ce soit en présentiel ou à distance.

4. Concernant les stagiaires et les concours de recrutement

Les incertitudes pèsent lourdement sur les concours. Pour les concours dont les épreuves écrites ont déjà eu lieu, Blanquer veut imposer des épreuves orales en juin et juillet selon les cas, sans apporter aucune garantie sanitaire. Les annonces relatives à la visoconférence ne sont pas de nature à rassurer quant à l’égalité de traitement des candidat-e-s. Qui plus est, cela ne laissera qu’évidemment trop peu de temps aux lauréat-e-s pour préparer leur rentrée. Pour les épreuves internes, les épreuves sont prévues en septembre, ce qui empêchera les prises de poste à la rentrée. Pour SUD éducation, les épreuves doivent être limitées à des écrits, organisés avec toutes les garanties sanitaires, et permettre une prise de poste en septembre avec la formation nécessaire.
En ce qui concerne les enseignant-e-s stagiaires cette année, nous considérons que l’ensemble des enseignant-e-s stagiaires doit recevoir au plus vite la garantie d’être titularisé-e-s, et recevoir dès leur première année une formation conséquente sur temps de travail pour favoriser au mieux leur entrée dans le métier.

5. Concernant les difficultés sociales des familles

Le confinement et l’éloignement de l’école a des conséquences sociales extrêmement importantes pour les familles. L’accès à la demi-pension représente pour un nombre important de familles une garantie d’accès à un repas équilibré pour chaque jour d’école. L’éloignement de l’école représente pour de nombreuses familles une difficulté financière insoluble. SUD éducation a écrit le 12 avril au ministre pour l’alerter de cette situation et demander le versement sans démarches préalables aux familles du montant des prestations sociales qui auraient dû leur être versé en l’absence de confinement. Les difficultés des familles ne concernent pas seulement l’alimentation. Les violences intra-familiales, notamment les violences faites aux femmes et sur enfants, explosent durant cette période. Nous exigeons que les moyens les plus importants soient déployés pour protéger les plus fragiles, et qu’une communication claire sur les procédures à suivre soit adressée aux personnels, qui peuvent être amenés dans cette période à avoir connaissance de tels faits.

6. Concernant l’orientation et Parcoursup

Pour les élèves, les démarches d’orientation sont compromises. Plus encore que d’habitude, c’est l’école du tri social qui va fonctionner à plein régime. Le dispositif de sélection à l’entrée à l’université qu’est Parcoursup est maintenu tel que prévu dans cette période, alors que le lien avec les enseignant-e-s et les conditions d’accès au numérique sont très variables d’un-e élève à l’autre. Pour SUD éducation, cette situation n’est pas tenable : il faut impérativement attribuer à chaque bachelier-e une place dans la filière de son choix. Cela demandera des créations de postes : il s’agit de traduire immédiatement dans le concret les annonces du président sur les nécessaires investissement dans les services publics et notamment dans l’enseignement supérieur et la recherche.

7. Concernant les moyens indispensables pour la prochaine rentrée

12 millions d’élèves et étudiant-e-s, pour lesquel-le-s l’école se sera arrêtée le 13 mars, auront manqué un nombre important de semaines de cours. L’année scolaire prochaine, le défi sera énorme pour les personnels, notamment pour celles et ceux qui accueilleront les élèves dans des classes charnières (CP, sixième, seconde…). Il est impensable que ce travail se fasse dans les conditions actuellement prévues pour la rentrée 2020. Certes, un certain nombre de postes supplémentaires ont été prévus dans le premier degré, mais ceux-ci ne couvriront même pas les besoins liés aux annonces antérieures à la pandémie (dédoublement en grande section, grandes sections, CP et CE1 non-REP ou REP+). Or, ce qu’il faut maintenant, ce sont des créations massives de poste dans le premier et le second degré pour permettre au mieux une pratique pédagogique tenant compte du contexte, notamment par le biais de la limitation du nombre d’élèves par classe, au sujet de laquelle nous portons un certain nombre de revendications.

Pour SUD éducation, il est plus que temps de mettre fin à la casse du service public et aux réformes régressives. Sortons du capitalisme et ses crises : imposons un autre avenir pour une autre société

La colère des quartiers populaires est légitime

Tribune unitaire parue dans le Bondy Blog, Médiapart et Regards

Ces derniers jours, l’accident grave survenu à Villeneuve-la-Garenne a provoqué une série de tensions entre jeunes et forces de l’ordre dans plusieurs quartiers populaires. Une trentaine d’organisations politiques, syndicales et militantes, parmi lesquelles la CGT, le Comité Adama, le NPA et Solidaires, appellent à considérer cette colère pour ce qu’elle est.

Ces derniers jours, l’accident grave survenu à Villeneuve-la-Garenne a provoqué une série de tensions entre jeunes et forces de l’ordre dans plusieurs quartiers populaires. Une trentaine d’organisations politiques, syndicales et militantes, parmi lesquelles la CGT, le Comité Adama, le NPA et Solidaires, appellent à considérer cette colère pour ce qu’elle est.

La tribune parue dans le bondy blog

Dans la nuit du 19 au 20 avril, plusieurs quartiers populaires ont connu des nuits de révolte.

La veille au soir, un homme a failli perdre sa jambe à Villeneuve-la-Garenne après une violente tentative d’interpellation policière et c’est bien cela qui a mis le feu aux poudres.

Les populations qui vivent dans les quartiers populaires sont en première ligne face à la crise sanitaire : elles sont parmi celles qui travaillent dans les « secteurs essentiels », celles qui permettent à notre société de ne pas s’effondrer aujourd’hui.

Pourtant, les inégalités sociales, déjà criantes, sont renforcées par la gestion du coronavirus et vont exploser avec la crise économique et sociale à venir. Ce dont témoigne déjà, entre autres, la surmortalité particulièrement élevée en Seine-Saint-Denis depuis le début de l’épidémie.

Les discriminations racistes, déjà insupportables, sont renforcées par l’impunité policière et les violences et humiliations se multiplient dans les quartiers populaires. On peut y ajouter le couvre-feu discriminatoire imposé aux habitant·es de ces quartiers par la ville de Nice. Ces injustices flagrantes sont documentées, nul ne peut les ignorer.

Alors nous le disons très clairement : nous refusons de renvoyer dos-à-dos les révoltes des populations dans les quartiers populaires et les graves et inacceptables violences policières qui les frappent.

Nous n’inversons pas les responsabilités et nous le disons tout aussi clairement : ces révoltes sont l’expression d’une colère légitime car les violences policières ne cessent pas.

Les inégalités et les discriminations doivent être combattues avec vigueur et abolies : avec les populations des quartiers populaires, nous prendrons part à ce juste combat pour l’égalité, la justice et la dignité.

Le 23 avril 2020

Premières organisations signataires :

ATTAC, Association pour la taxation des transactions financières et l’action citoyenne
CCIF, Collectif contre l’islamophobie en France
CGT, Confédération générale du Travail
Collectif de la Cabucelle, Marseille
Collectif du 10 novembre contre l’islamophobie
Comité Adama
CNT-SO, Confédération nationale du Travail-Solidarité ouvrière
CRLDHT, Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
Ensemble
FASTI, Fédération des Associations de solidarité avec toutes et tous les immigré·es
Fédération SUD éducation
Fédération SUD PTT
Fédération SUD-Rail
Femmes égalité
Femmes plurielles
FTCR, Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives
FUIQP, Front uni des immigrations et des quartiers populaires
JJR, Juives et juifs révolutionnaires
Marche des solidarités
Mouvement La révolution est en marche
Mwasi, Collectif Afroféministe
NPA, Nouveau parti anticapitaliste
Le Paria
PCOF, Parti communiste des ouvriers de France
PEPS, Pour une écologie populaire et sociale
SNPES-PJJ FSU, Syndicat national des personnels de l’éducation et du social PJJ de la FSU
SQPM, Syndicat des quartiers populaires de Marseille
UCL, Union communiste libertaire
Union locale villeneuvoise, Villeneuve-Saint-Georges
UJFP, Union juive française pour la paix
Union syndicale Solidaires
UTAC, Union des Tunisiens pour l’action citoyenne

Covid-19 : les quartiers populaires en première ligne ! – Tribune unitaire parue dans Médiapart

À l’heure du Covid-19, dans les quartiers populaires, « les inégalités sociales et raciales contribuent à tuer les habitants à petit feu ». Conditions de confinement et accès aux soins difficiles, travailleurs en première ligne, criminalisation dans la rue et dans les médias… Face à la gestion « catastrophique voire criminelle » de la crise, un large collectif de citoyens exige que soient prises des mesures d’urgence pour protéger ces populations, « bouc émissaire facile d’un pouvoir aux abois ». Vous trouverez ci-dessous la totalité d’une tribune, parue dans Mediapart le 14 avril.

Dans cet article, vous trouverez une tribune parue dans Mediapart, à retrouver ici.

Depuis plusieurs semaines le monde est frappé par l’épidémie de Covid-19 et particulièrement la France, qui est devenue en l’espace d’un mois l’un des pays les plus frappés par le virus.

Si le virus ne fait pas de distinction entre les êtres humains, peu importe leur origine ou leur classe sociale, ce sont les inégalités sociales créées par les politiques gouvernementales successives et la gestion catastrophique voire criminelle du gouvernement actuel qui vient faire un tri social et racial dans la population.

Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’ensemble des propos de certains politiques ou éditorialistes, visant à faire passer les gens des quartiers populaires pour des animaux, pour des irresponsables. Le confinement est tout autant respecté dans les quartiers populaires qu’ailleurs.

Depuis le début de cette crise, les personnes issues de l’immigration et des quartiers populaires sont en première ligne face à cette épidémie. Ils sont dans le milieu de la santé, dans les maisons de retraite, les Ephad, les hôpitaux ; ce sont les aides-soignantes, les ASH, les infirmières, etc.

On les retrouve également dans les professions essentielles à la vie de la population : agents de nettoyage, cheminots, traminots, caristes, magasiniers, livreurs, caissières, etc. Ces personnes des quartiers populaires sont également contraintes par la pression du gouvernement et des patrons à travailler dans des entreprises non essentielles à la vie du pays pendant l’épidémie, comme dans le bâtiment, l’automobile ou l’industrie métallurgique, les mettant ainsi en danger.

C’est aussi dans ces quartiers populaires qu’une solidarité active se met en place par des jeunes et des moins jeunes de manière spontanée. Des portages de repas, de gants, de masques, d’explications sur la nécessité du confinement aux échanges de paroles avec les personnes les plus isolées ; la solidarité est totale et souvent de la part des plus démunis.

Nombre de personnes ont eu des proches atteints gravement par le virus, et beaucoup sont morts. Les premiers chiffres en attestent, avec l’augmentation de plus de 40% du taux de mortalité en un mois en Seine-Saint-Denis. Si le virus provient du pangolin, ce n’est pas lui le responsable. Par contre, ce sont bien les inégalités sociales et raciales qui contribuent à tuer ces habitants à petit feu.

Depuis des décennies, les moyens pour la santé sont de plus en plus rares. Les lits en réanimation par habitants sont moins nombreux dans les quartiers populaires et certaines campagnes qu’ailleurs. Concernant les médecins, on compte 54,6 médecins généralistes pour 100 000 habitants dans le 93 contre 71,7 en Ile de France. Les gens meurent car il est devenu de plus en plus difficile pour eux d’avoir accès aux soins. Les inégalités perdurent pendant le confinement.

Il y a celles et ceux qui se promènent dans les beaux quartiers, et les habitants des quartiers qui sont réprimés en bas de chez eux parfois en allant faire leurs courses. Nombre de personnes ne savent ni lire ni écrire, pourtant elles doivent elles aussi fournir une attestation pour aller faire des courses. Presque 10% des contraventions du pays ont été signifiées dans le seul département du 93, c’est dire le niveau de répression.

Comment ne pas vouloir également prendre l’air et respirer, lorsque l’on vit confiné depuis 4 semaines, dans des appartements exigus et souvent insalubres ? C’est d’ailleurs parfois et paradoxalement le confinement dans des logements exigus et sur-occupés du fait du manque de logements sociaux, qui tue.

Voilà la manière dont sont traités les gens issus de l’immigration vivant dans les quartiers populaires, criminalisés dans la rue comme dans les médias, alors qu’ils paient souvent un plus lourd tribut face au Covid-19.

Les inégalités ne s’arrêtent pas là. Transports insuffisants, chômage qui explose, multiplication des licenciements ou des fins de contrats, sans oublier une jeunesse des quartiers qui vit de plein fouet l’inégalité sociale dans l’apprentissage, manquant de moyens et d’aides concrètes.

Nous ne tomberons pas dans cette arnaque de l’unité nationale, qui voudrait que nous laissions mourir les plus faibles sans rien dire, comme si c’était une fatalité.

Nous exigeons d’urgence l’arrêt des entreprises non essentielles dans tout le pays.

Nous exigeons des moyens suffisants pour protéger celles et ceux en première ligne face au virus, dans la santé comme dans la production.

Nous exigeons des tests massifs pour toute la population, ainsi que la réquisition des logements vides et des hôtels, afin de protéger les familles qui en ont besoin.

Nous exigeons des transports permettant à ceux qui travaillent pour la survie de la population, de le faire sans danger, en lien avec les revendications des salariés et syndicats des entreprises concernées.

Nous exigeons que les aides sociales soient rehaussées pour que les précaires puissent vivre plus dignement.

Nous exigeons que soient interdits les licenciements, les ruptures de contrat et que le salaire soit maintenu à 100%.

Nous exigeons que les loyers, les charges notamment énergétiques soient gelées.

Nous exigeons un plan d’envergure pour l’hôpital public.

Nous exigeons la fin des contrôles au faciès qui génèrent des violences policières insupportables.

Nous exigeons la mise à l’abri ainsi que la régularisation de la situation administrative des migrants et des sans papiers.

Les habitants des quartiers populaires ne seront pas une fois de plus le bouc émissaire facile d’un pouvoir aux abois.

Face à un gouvernement au service des grands patrons, ce n’est pas à nous de payer ni leur crise économique, ni leur gestion catastrophique de la crise sanitaire.

Premiers signataires :

Hamza Aarab, militant MIB/FSQP Montpellier
Yamina Aissa Djabri, Militante des quartiers Toulouse
Marion Alcaraz, juriste
Sabrina Ali Benali, médecin
Sébastien Allary, porte parole DAL/HLM Montpellier
Torya Akroum, cheminote
Adil Amara
Mustapha Amokrane, Zebda-motives
Salah Amokrane, militant associatif
Hind Ayadi, habitante de Garges les Gonesse et fondatrice espoir et création
Verveine Angeli, Union syndicale Solidaires
Bally Bagayoko, adjoint au maire de Saint-Denis chef de file France insoumise
Manel Ben Boubaker, SUD éducation 93
Omar Benderra, militant associatif
Farid Bennaï, militant syndicaliste /FUIQP
Mohamed Bensaada, manipulateur radio et militant des quartiers populaires à Marseille
Wiam Berhouma
Olivier Besancenot, porte-parole NPA
Ahmed Berrhal, Syndicaliste CGT Ratp
Wiam Berhouma enseignante militante antiraciste.
Saïd Bouamama, sociologue
Taha Bouhafs, journaliste
Sabrina Bousekkine, association Émergence Blanc Mesnil
Youcef Brakni, membre du comité Adama
Gérard Chaouat, médecin, chercheur émérite CNRS
Louise Chapa, CGT éduc’action 93
Tayeb Cherfi, militant associatif Toulouse
Adrien Cornet, élu CGT Raffinerie Grandpuits
Alexis Cukier, philosophe, Syndicaliste CGT
Luc Decaster, militant associatif. Argenteuil
Elisabeth Dès, pneumologue, Toulouse
Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice
Vincent Duse, Syndicaliste CGT PSA Mulhouse
Khalid El Hout, AJPPN Montpellier
Julien Fonte, FSU Territoriale 93
Sébastien Fontenelle, journaliste
Simon Frenay, militant des droits humains, Saint-Denis
Isabelle Garo, enseignante
Julie Garnier, Oratrice France Insoumise
Gaétan Gracia, Syndicaliste CGT Atelier Haute-Garonne
Michele Guerci, journaliste
Kaddour Hadadi, artiste
Lawari Hadadi, AJPPN Montpellier
Simon Hallet, CGT Thiolat Packaging
Boualem Hamadache, SUD Conseil départemental 93
Laldja Hamidouche militante associative habitante d’Argenteuil
Dawari Horsfall, militant associatif, conseiller municipal
Vincent Huet, adjoint au maire FI de Saint-Denis
Djamal Issahnane, militant CGT
Muhamad Kamal, artiste. Toulouse
Fethia Kerkar militante associative d’Argenteuil.
Anasse Kazib, délégué Sud Rail
Hani Labidi, syndicaliste RS RATP
Nassim Lachelache, adjoint au maire Fontenay sous bois
Mathilde Larrere, historienne
Aude Lancelin, journaliste, fondatrice du QG
Nabil Lazrak
Patrice Leclerc, Maire PCF de Gennevilliers
Mustapha Mansouri, associatif Val Nord Nord d’Argenteuil
Fabien Marcot, graphiste
Madani Marsuk, Militant associatif Nimes
Jimmy Markhoum, enseignant SNES-EE, 93
Zouina Meddour, militante associative Blanc Mesnil
Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis
Danièle Obono, députée FI de Paris
Étienne Penissat, élu de Saint-Denis
Christine Poupin, porte-parole NPA
Philippe Poutou, porte-parole NPA
Christophe Prudhomme, médecin, hôpital Avicenne, Bobigny
Ali Rahni, militant associatif Roubaix
Sandra Régol, secrétaire nationale adjointe de EELV
Giovanna Rincon, militante trans féministe, directrice Acceptess-T
Théo Roumier, syndicaliste et libertaire
Kante Sakho, Président de l’association bénévole musulman.
Julien Salingue, docteur en science politique
Aïssata Seck, adjointe au maire de Bondy
Fatna Seghrouchni, co-secrétaire fédérale Sud Education
Pierre Serne, élu et militant de Montreuil
Laurent Sorel, élu FI Paris 20e, ensemble
Thierry Shafauser, syndicaliste au STRASS
Omar Slaouti, militant antiraciste
Azzédine Taibi, Maire PCF de Stains
François Thiollet, responsable du projet, EELV
Marie Toussaint, députée européenne EELV
Assa Traoré
Hadama Traoré, révolutionnaire
Aurélie Trouvé, porte parole d’Attac
Françoise Verges, Politologue, militante féministe décoloniale antiraciste
Pablo Pillaud-Vivien, journaliste

Organisations :

Fédération Sud Rail
Syndicat CGT Neuhauser
FUIQP
Syndicat RS RATP
Union communiste libertaire
CGT Atelier de Haute Garonne
Syndicat des quartiers populaires de Marseille
Collectif Réseau Optil
Collectif Stylo rouge 93
Brigades de Solidarité PopulaireIle de France
NPA
Association d’Argenteuil bénévoles musulmans
Sud Éducation 93

Courrier unitaire au sujet de l’annonce de la réouverture des écoles et établissements le 11 mai

Monsieur le Ministre,

Personnels, parents d’élèves, élèves tiennent à vous faire part de la grande inquiétude suscitée par les annonces du président de la République sur la réouverture progressive des écoles et établissements scolaires à partir du 11 mai.

Tout le monde souhaiterait pouvoir reprendre l’école et sortir d’une situation où l’ensemble des élèves subissent les conséquences de la crise et où les inégalités scolaires se creusent. Mais les conditions seront-elles réunies à compter du 11 mai ? En prolongeant au-delà de cette date la fermeture des cafés, restaurants, lieux de culture, etc., le Président de la République a lui-même anticipé le maintien d’une situation de risque sanitaire nécessitant la poursuite de la plus grande vigilance.

Nous n’avons pas la prétention de connaître l’ensemble des procédures à appliquer. En, revanche, nous demandons à ce que les préconisations sanitaires pour la protection optimale de toutes et tous soient strictement respectées. Ce sont des conditions sine qua non à la reprise.

En tout état de cause, les éléments suivants nous semblent incontournables :

– la mise en place d’une politique massive de tests qui devra correspondre aux préconisations du conseil scientifique et de l’OMS ;
– la désinfection des écoles, services et établissements scolaires qui ont été fréquentés pendant la période de confinement avec des dotations en matériel spécifique (équipements, masques…) et une protection adaptée ;
– la fourniture des matériels de protection (gel hydroalcoolique, gants et masques chirurgicaux ou FFP2) en quantité suffisante pour les agent-e-s et les élèves adaptés à la situation de travail de chacun ;
– les personnels dont la santé ou la pathologie le nécessite doivent bénéficier des mesures d’éloignement du travail et avoir un suivi médical tel que prévu par le décret 82-453 modifié ;
– les élèves dont la santé ou la pathologie le nécessite, et celles et ceux dont les parents souffrent de grandes pathologies, doivent pouvoir être exemptés du retour en présentiel ;
– des garanties concernant la limitation des effectifs par groupes dès le retour des élèves (retour qui ne peut être simultané de celui des adultes), pour permettre la distanciation sociale exigée par ailleurs, et ce pour l’ensemble des niveaux et tous les lieux fréquentés par les élèves et personnels (cantine scolaire, internats, couloirs etc.).

Depuis le 14 avril 2020, vous consultez les organisations représentatives des personnels, des parents d’élèves et le CNVL. Nous avons formulé nos propositions, nos attentes pour que la reprise quand et là où elle aura lieu se passe du mieux possible en termes de sécurité pour toutes et tous. Nous vous demandons de présenter vos propositions à l’issue de ce cycle d’audiences afin que nous puissions vous faire part de nos réactions, cela pourrait avoir lieu en multilatérale et dans le cadre des instances de dialogue social ministériel : CTMEN, CHSCTMEN et CSE avant toute reprise éventuelle et avant la communication au grand public.

Nous vous demandons de vous assurer que ces mesures seront présentées dans les instances de dialogue social local (niveaux académiques et départementaux).

Enfin, des établissements scolaires ont été réquisitionnés ces dernières semaines pour permettre d’héberger des personnes sans domicile ou en grande précarité de logement et leur permettre de s’isoler, d’être soignés, de se reposer pour guérir. Partout où les préfectures et agences régionales de santé estiment que la réquisition demeure nécessaire au-delà du 11 mai 2020, les établissements doivent demeurer fermés pour que la politique nationale de santé face au Covid19 ne soit pas fragilisée. Si ces conditions n’étaient pas remplies, les risques encourus par les élèves, les personnels et la population devront conduire à différer l’ouverture des écoles et des établissements scolaires prévue à partir du 11 mai.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de nos salutations respectueuses.

Réouverture des écoles et établissements : SUD éducation saisit le Conseil scientifique

Réouverture des écoles et établissements le 11 mai : SUD éducation saisit le Conseil scientifique

SUD éducation a écrit aujourd’hui aux membres du conseil scientifique sur le COVID-19 afin d’obtenir des garanties quant aux fondements de la décision annoncée par le Président de la République lundi 13 avril de rouvrir les écoles, collèges et lycées pour le 11 mai.

Nous attendons que l’instance, présidée par le professeur Jean-François Delfraissy, se prononce sur un certain nombre d’enjeux :
• Le 12 mars, Emmanuel Macron annonçait la fermeture des écoles parce que « nos enfants et nos plus jeunes, selon les scientifiques toujours, sont celles et ceux qui propagent, semble-t-il, le plus rapidement le virus ». L’évaluation des connaissances depuis un mois permet-elle de lever ce risque ?
• Le conseil scientifique estime-t-il que les conditions qu’il a lui-même émises à un déconfinement, notamment en matière de distanciation sociale, de mise à disposition de protection ou de dépistage seront remplies pour que les personnels et les élèves retournent en classe ?
• Comment le conseil scientifique évalue-t-il la motivation du Président de la République, qui affirme vouloir rouvrir les écoles pour compenser les inégalités sociales face au confinement ?
• Nous demandons enfin au conseil scientifique de rappeler ses recommandations sur les conséquences psychologiques du confinement, aggravées par les annonces chaotiques du gouvernement et le refus de tout dialogue.

Pour SUD éducation, il est irresponsable d’avoir décidé l’ouverture des écoles et établissements sans avoir des éléments de réponse sur ces questions incontournables. 

SUD éducation s’opposera à la réouverture des écoles et des établissements tant que la situation sanitaire ne le permettra pas, et pourra appeler les personnels à user de leur légitime droit de retrait. Les garanties que nous exigeons sont claires : 

• dépistages systématiques et réguliers des personnels et des élèves (et non uniquement des cas symptomatiques) ;
• un plan de suivi sanitaire rapproché des personnels et des élèves, et à court terme la constitution d’une médecine de prévention en mesure d’assurer une partie de ces missions ;
• mise à disposition du matériel de protection nécessaire pour tous les personnels et les élèves (masques, gels hydro-alcooliques) et désinfection régulière des locaux ;
• octroi de moyens supplémentaires dès la réouverture des classes pour permettre une baisse des effectifs à même de garantir la distanciation sociale dans les salles de classe.


Le courrier aux membres du conseil scientifique :

Aux membres du comité scientifique sur le COVID-19
M. Jean-François Delfraissy
Mme Laëtitia Atlani-Duault 
M. Daniel Benamouzig 
Mme Lila Bouadma 
M. Simon Cauchemez 
M. Pierre Louis Druais 
M. Arnaud Fontanet
M. Bruno Lina 
M. Denis Malvy 
M. Yazdan Yazdanapanah 
M. Franck Chauvin

Objet : fondements scientifiques des annonces du Président de la République pour une réouverture des écoles, collèges et lycées le 11 mai

Mesdames, Messieurs,

Notre organisation syndicale vous sollicite afin de connaître les fondements scientifiques qui ont conduit le Président de la République à annoncer lundi 13 avril une réouverture des écoles, collèges et lycées le 11 mai. Mesdames, Messieurs les membres du comité,

1/ Dans votre avis du 12 mars, vous recommandiez la fermeture des écoles et établissements au nom « des premières données montrant des taux d’attaque intra-domiciliaires (Bi et al, 2020) et des concentrations virales identiques chez les enfants comparés aux adultes(Xu et al,2020), de l’augmentation de la proportion d’enfants infectés avec la progression de l’épidémie en Chine (Liu et, al, 2020), du rôle important de la fermeture des lieux d’enseignement dans le contrôle des épidémies liées à des virus respiratoires comme la grippe(Cauchemez, et al, 2008 ; Livinova et al, 2020), et de la gravité de la situation épidémiologique ».
Affirmant fonder ses décisions sur vos recommandations, le Président de la République avait notamment déclaré le 12 mars 2020 : « Dès lundi et jusqu’à nouvel ordre, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités seront fermés pour une raison simple : nos enfants et nos plus jeunes, selon les scientifiques toujours, sont celles et ceux qui propagent, semble-t-il, le plus rapidement le virus, même si, pour les enfants, ils n’ont parfois pas de symptômes et, heureusement, ne semblent pas aujourd’hui souffrir de formes aiguës de la maladie. C’est à la fois pour les protéger et pour réduire la dissémination du virus à travers notre territoire. »

Nous souhaitons donc tout d’abord savoir si, depuis le 12 mars 2020, l’évolution des connaissances sur le virus du COVID-19 chez les enfants permet bien de lever le risque que mentionnait le Président de la République il y a à peine un mois.

2/ D’autre part, vous posiez un certain nombre de conditions à la levée du conditionnement dans votre avis du 2 avril, notamment :

« – le choix des mesures de distanciation sociale qui seront maintenues pendant la période de post-confinement ;
- la disponibilité des protections matérielles comme les gels hydro-alcooliques et les masques à l’usage des personnels soignants, des personnes en situation d’exposition au virus en priorité [ce que seront élèves et personnels, ainsi que leurs familles, si les écoles sont bien réouvertes au 11 mai] […]
- des capacités de diagnostic rapide d’infection aiguë et de rendu des résultats aux patients avec transfert des données en temps réel aux systèmes de surveillance épidémiologique ; »

Or ces conditions, et toutes les autres que vous mentionnez comme « des capacités hospitalières et de médecine de ville restaurées dans les régions qui ont été les plus touchées » ne nous semblent pas pouvoir être remplies d’ici le 11 mai :
• Les mesures de distanciation sociale nous semblent impossibles à faire respecter, soit à cause de l’âge des enfants, soit à cause de l’exiguïté des locaux (salles de classe, cantines scolaires, internats, couloirs, cours de récréation…) et du manque de moyens, soit encore à cause des transports, scolaires ou en commun.
• Les problèmes d’accès à des produits d’hygiène aussi basiques que le savon sont en temps normal une réalité récurrente à l’école, en collège, en lycée. Nous ne voyons pas comment ils pourraient être réglés en situation de crise. Par ailleurs, les annonces autour des masques, chaotiques depuis des mois, n’augurent pas de leur disponibilité pour tous les élèves le 11 mai, le président de la République ayant fini par annoncer une mise à disposition suffisante pour la fin juin.
• Il en est de même pour les capacités de dépistage et la rapidité des rendus de résultat. La France s’est mise très en retard sur cette question. Si l’offre s’étend, elle reste en deçà des annonces prévues par le ministre de la santé qui a du mal à tenir le calendrier annoncé. De même, les entraves technologiques liées à l’usage massif de plateformes fermées contribuaient à ralentir le rendu des résultats puisqu’il était nécessaire d’envoyer les prélèvements dans les CHU qui étaient les seuls à disposer des automates ouverts. Nous ne savons pas si ce frein a été levé. Enfin, le président de votre conseil, dans un entretien au quotidien italien du 12 avril, faisait part de ses inquiétudes sur l’immunisation et les risques de recontamination.

Le président du Conseil national de l’Ordre des médecins s’est par ailleurs opposé à une réouverture des écoles le 11 mai. Qui plus est, le rapport de situation numéro 9 du laboratoire Epidemic in Complex Environments sous la tutelle de l’Inserm et de Sorbonne Université intitulé Expected impact of lockdown in Île-de-France and possible exit strategies (12 avril 2020) indique qu’un déconfinement trop proche pour la région la plus touchée par la pandémie aurait des conséquences catastrophiques sur le système de santé.

Nous souhaitons donc savoir si, au vu des connaissances à votre disposition, les conditions que vous posiez le 2 avril vous semblent pouvoir être remplies pour une réouverture des écoles, collèges et lycées le 11 mai. De même, nous souhaitons savoir si le maintien des examens et concours (épreuve anticipée de français du baccalauréat, épreuves écrites et orales des concours, BTS …) se fonde sur toutes les garanties empêchant des contaminations massives. 

3 / Le Président de la République a justifié la réouverture des écoles, collèges et lycées non en s’appuyant sur des recommandations scientifiques, mais en faisant valoir les inégalités sociales face au confinement. Votre comité étant transdisciplinaire et ouvert à la société civile, nous souhaitons savoir si une telle motivation est fondée. Votre premier avis alertait en effet sur la question de l’adhésion à des mesures aussi difficiles que le confinement. Mais nous craignons qu’en ouvrant les écoles pour les enfants des classes populaires, pour lesquel-les le confinement est effectivement en général plus dur, nous ne fassions qu’exposer plus les personnes de ces classes sociales, ceux pour qui le confinement est moins dur préférant restés confinés. Les conséquences tendraient donc renforcer les inégalités et les vulnérabilités au lieu de les lever, ce qui ne peut en aucun cas aider à l’adhésion des mesures de santé.

4/ Depuis plus d’un mois, les annonces officielles sont très chaotiques et souvent contradictoires, notamment sur ce qui concerne l’école. Le 12 mars, quatre heures avant que le Président de la République n’en annonce la fermeture, le ministre de l’Éducation déclarait cette option inenvisageable au micro de BFM TV. De même, au lendemain de l’annonce d’une réouverture pour le 11 mai, Jean-Michel Blanquer semblait faire volte-face.
Nous comprenons parfaitement qu’une crise de cette ampleur prenne tout le monde de court. Nous sommes par ailleurs conscient-es des incertitudes scientifiques et de l’évolution rapide des connaissances. Nous insistons cependant sur les conséquences psychologiques de cette gestion chaotique, qui ajoute à l’anxiété des élèves, familles et personnels confinés. Nous insistons aussi sur le fait que de nombreuses annonces contradictoires ou angoissantes auraient pu être évitées avec un véritable travail de dialogue et de consultations, de transparence sur l’état des connaissances et les incertitudes, les hypothèses de travail pour construire ensemble les solutions en fonction des incertitudes scientifiques.

Ce dialogue, recommandé dans plusieurs de vos avis ainsi que dans celui du CCNE du 13 mars 2020, a été absent. Il nous paraît indispensable de rappeler son importance au gouvernement, ainsi que de lui rappeler la nécessité d’une prise en charge des personnels et des élèves. A cet égard, obliger à reprendre le 11 mai alors que tout le monde aura télé-travaillé dans des conditions difficiles, et que les « vacances » de printemps n’auront en aucun cas permis distraction et dépaysement risque de renforcer les problèmes psychologiques liés au confinement ou les décompensations à leur sortie. Nous nous demandons si un tel risque est mesuré.

En vous remerciant de votre attention, en restant à votre disposition pour plus d’information et dans l’attente de vos recommandations et réponses en la matière, nous vous prions d’agréer l’expression de nos salutations distinguées,

Le retour en classe, à quel prix ? – Vidéo Médiapart

Mathilde Goanec reçoit : – Mariane Collard, atsem dans l’Hérault, syndiquée chez SUD Collectivités territoriales ;
– Cécile Buttigieg, professeure de français en lycée à Marseille, syndiquée au Snes ;
– Saïda Jbiha-Nicolas, professeure des écoles à Bagnolet, syndiquée chez SUD éducation.


Le télétravail nuit au travail, à la santé et à nos vies

Dans un contexte d’urgence sanitaire, les personnels de l’éducation nationale et des universités déploient leur engagement professionnel et leur bon sens pour faire face autant que possible aux enjeux du moment. Certain-e-s sont envoyé-e-s sur le terrain sans protection comme les agent-e-s techniques et ouvrier-e-s des CROUS, parfois au péril de leur vie. D’autres sont enjoint-e-s à télétravailler et, qu’ils et elles soient administratif-ve-s, AESH, assistant-e-s d’éducation, enseignant-e-s, c’est avec leurs ressources propres qu’ils et elles doivent répondre aux nécessités du terrain.

Les personnels sont contraints de gérer plusieurs sentiments à la fois : des inquiétudes d’ordre sanitaire et économique, la crainte du décrochage de leurs enfants et la culpabilisation implicite liée à la communication ministérielle.

Pendant ce temps, la hiérarchie organise un simulacre de continuité du service et de « continuité pédagogique » quitte à mettre à mal le travail, la santé des personnels et celle des usager-e-s. L’incurie du ministère quant à la mise en place du télétravail et maintenant à la réouverture des écoles et établissements est coupable. Il ne peut se détourner de ses obligations d’évaluer les risques professionnels, d’assurer la sécurité des personnels et des usager-e-s et de protéger la santé physique et mentale des personnels (risques biologiques et anxiété qui y est liée).

Le télétravail risque de se poursuivre au-delà de la réouverture des lieux de travail. Le confinement a permis d’imposer ces modalités de travail pathogènes d’où la nécessité de s’outiller syndicalement. C’est notre travail qui est malmené, notre santé qui est entamée, notre vie personnelle qui est aspirée.

De quoi parle-t-on ?

Le télétravail est identifié comme capable de faire exploser les principaux repères de temps et d’espace, brouiller davantage les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle.

Le télétravail, c’est réaliser des tâches, plusieurs en parallèle, dont bon nombre nous éloignent du cœur de notre métier.

Le télétravail, c’est être contacté à tout moment par la hiérarchie, les collègues et les usager-e-s et devoir leur répondre sans délai.

C’est aussi devoir se familiariser sans formation avec de nouveaux logiciels, de nouvelles plateformes et s’astreindre à une utilisation intense des messageries électroniques.

C’est aussi la contrainte de disposer d’un créneau horaire quotidien sur un poste informatique, au milieu de l’entourage lorsqu’il existe, bruyant et fort de sollicitations.

Ainsi, le temps de travail devant écran étant limité, la pression est là. Isolés, les personnels n’ont souvent d’autres choix que de travailler tard le soir quand l’ordinateur est libre et le foyer plus calme, ou d’adapter en permanence l’emploi du temps pour faire face à la densité et à l’imprévu des journées.

Dans le contexte de pandémie actuel, il s’agit en parallèle de travailler, de répondre aux sollicitations du foyer, de soutenir des proches, de vivre avec ses peurs et son indignation devant les choix politiques qui sont faits.

Ces conditions de travail nous épuisent, toutes et tous, de manière isolée, rendant difficile les réactions collectives.

Décryptage

Jetons un œil vers d’autres secteurs professionnels : le télétravail chez Orange a été massivement mis en place au moment des fermetures de sites, les caisses automatiques des grandes surfaces vont de pair avec la réduction du nombre de caisses avec salarié-e-s, les comptes et services bancaires en ligne ou les ventes en ligne de titres de transport avec la réduction des horaires d’ouverture des agences et la suppression d’emplois… Pôle emploi, sécu, centre local d’action sociale, SNCF, usines, centres de recherches, commerces et services et maintenant l’éducation, la logique est la même : le numérique est au service du profit et au détriment des services, des emplois et de notre santé.

Une crise sanitaire peut constituer une aubaine pour les dirigeant·es. C’est l’analyse de Naomi Klein dans sa « Stratégie du choc », selon laquelle les systèmes économiques libéraux profitent des chocs psychologiques ou environnementaux pour imposer des contre-réformes visant à réduire les coûts, précariser l’emploi et faire des profits.

Le télétravail génère des atteintes à la santé qui sont les conséquences de l’exposition à divers risques organisationnels, comme en atteste le rapport Gollac. Ces facteurs de risques organisationnels durables peuvent créer un état de stress chronique qui représente un risque pour la santé. L’accumulation des facteurs de risques est un élément aggravant.

Le ministère n’ignore rien de ces enjeux de santé pour les personnels. Le ministère du travail a largement diffusé le rapport Gollac à l’ensemble des ministères. Il doit en tenir compte, et se conformer aux obligations du Code du travail (articles 4121-1 et suivants) qui l’enjoint de protéger la santé physique et psychique des personnels en adaptant le travail aux personnels et non l’inverse.

En aucun cas le numérique ne doit être un outil de contrôle de la population et des personnels, ni d’asservissement, ni d’aggravation de la charge de travail, ni constitutif d’une fracture numérique pour les personnels et les élèves.

Le rapport Gollac : définition des six grands types de risques organisationnels au travail (dits risques psychosociaux en langage managérial)

L’État s’étant aperçu du coût financier représenté par les atteintes à la santé au travail, le ministère du travail a commandé auprès d’un collectif de chercheur-euse-s un rapport appelé le rapport Gollac. Ce rapport avait pour objectif d’identifier, de quantifier et suivre les risques d’origine « psycho-sociale ». Il sert aujourd’hui de référence à l’ensemble des textes organisant au sein de la fonction publique la prévention de ces risques créés par l’organisation du travail. C’est dans celui-ci que figurent les 6 critères suivants :

1/ L’intensité et le temps de travail : les exigences psychologiques et plus largement les contraintes de rythme, l’existence d’objectifs irréalistes ou flous, l’exigence de polyvalence non maîtrisée, les instructions contradictoires, les longues journées de travail, le travail en horaires atypiques, l’imprévisibilité des horaires de travail…

2/ Les exigences émotionnelles : la nécessité de maîtriser et façonner ses propres émotions face à l’exigence de bonne humeur, aux tensions avec le public, au contact la détresse humaine.

3/ Le manque d’autonomie : L’autonomie au travail désigne la possibilité d’être acteur et actrice dans son travail et inclut non seulement les marges de manœuvre (la possibilité de s’auto-organiser dans son travail) mais également la participation aux décisions qui concernent directement notre activité ainsi que l’utilisation et le développement de nos compétences. Ne nous leurrons pas quand l’employeur met en avant la supposée autonomie sans les moyens, pour individualiser les injonctions et les jugements.

4/ Les rapports sociaux au travail dégradés : L’atomisation des relations sociales au travail avec l’effacement de la reconnaissance des pairs, l’isolement face à la hiérarchie pour lutter contre des injonctions et pressions, la valeur sociale du métier dégradée, l’inadéquation de la tâche à la personne, les procédures d’évaluation du travail, les pathologies des rapports sociaux comme le harcèlement moral.

5/ Les conflits éthiques : Les conflits dus à l’écart entre ce qui est exigé et les valeurs professionnelles et sociales des salarié-e-s, par exemple effectuer une tâche que l’on juge inutile, inadaptée ou mettant les usager-e-s en difficulté pour la réaliser.Ou encore faire la promotion d’un outil que l’on sait inefficace : les enseignant-e-s connaissent cela. En effet les enseignant-e-s savent qu’il est important pour les élèves de maintenir des habitudes de travail mais ont conscience par ailleurs que l’apprentissage à distance creusent les inégalités scolaires et sociales.

6/ L’insécurité de la situation de travail : L’insécurité de la situation de travail comprend à la fois l’insécurité socio-économique (peur de perdre son emploi, non maintien du niveau de salaire, contrat de travail précaire) et le risque de changement non maîtrisé de la tâche et des conditions de travail (réorganisations permanentes dans la période actuelle).

La mauvaise santé au travail a un coût social, détruit nos existences et nos liens aux autres. Les actions de l’employeur vont contre ses obligations et la loi, contre notre santé, contre le service rendu au public.

C’est le moment de ne pas rester isolé-e-s. Contactons-nous entre collègues pour nous parler du travail, de notre manière de l’envisager, de le réaliser, organisons-nous pour lutter contre les demandes ou organisations qui nous éloignent du cœur de notre métier, mettons aussi en mots et en débats l’intérêt de l’école avec les usager-e-s, parlons de ce qui s’y joue et du lien fécond à tisser avec les familles. Les parents mesurent bien actuellement comme précédemment qu’enseigner est un métier et que l’école est un lieu de socialisation riche. Socialisons nos questionnements, collectivisons nos luttes. Entretenons ainsi notre santé au travail, cet équilibre toujours en mouvement. Changeons le travail, luttons !

SUD éducation revendique :
• la protection de la santé des personnels, l’intérêt et l’égalité des usager-e-s avant tout,
• que le numérique ne soit pas un outil de casse des liens sociaux au travail et avec les usager-e-s ni un outil de contrôle des personnels et des populations, ni un outil de rente pour les firmes privées,
• le droit à la déconnexion avec le respect du temps de repos, de congés, ainsi que la vie personnelle, et familiale,
• l’analyse par les CHSCT de ce mode de travail sur la période et l’évaluation réelle et approfondie des risques provoqués par ce mode de travail,
• que le ministère recule sur le tout numérique et la mise en place du télétravail au nom d’une pseudo « continuité pédagogique »,
• l’école comme lieu de socialisation des connaissances et des tâtonnements pour construire les apprentissages,

L’urgence est sanitaire et sociale pour les usager-e-s et les personnels.

Réouverture annoncée des écoles à partir du 11 mai : SUD éducation réclame toutes les garanties nécessaires

Lundi 13 avril à 20:00, le président Macron a fait un certain nombre d’annonces concernant la poursuite du confinement, et ses suites qui seraient précisées d’ici fin avril.

Concernant l’éducation, la principale annonce réside dans la réouverture progressive des écoles et établissements scolaires tandis que l’enseignement supérieur resterait fermé jusqu’à la rentrée de septembre. Faire reprendre les élèves et non les étudiant-e-s, cela montre bien que la priorité est de faire prendre en charge les enfants des salarié-e-s, et non une question pédagogique.

La fédération SUD éducation se montrera particulièrement vigilante quant aux modalités de cette reprise afin qu’elle ne comporte aucun risque : aucune autre considération que la santé des élèves et des personnels ne doit entrer en compte et surtout pas l’intérêt des entreprises dont les salarié-e-s seraient bloqué‑e‑s à domicile par la garde d’enfants. Dans ces conditions, une éventuelle réouverture des écoles et établissements ne doit se faire qu’à certaines conditions indispensables :
– dépistages systématiques et réguliers des personnels et des élèves (et non uniquement des cas symptomatiques) ;
– un plan de suivi sanitaire rapproché des personnels et des élèves, et à court terme la constitution d’une médecine de prévention en mesure d’assurer une partie de ces missions ;
– mise à disposition du matériel de protection nécessaire pour tous les personnels et les élèves (masques, gels hydro-alcooliques) et désinfection régulière des locaux ;
– octroi de moyens supplémentaires dès la réouverture des classes pour permettre une baisse des effectifs à même de garantir la distanciation sociale dans les salles de classe.
Les personnels seront légitimement en situation de se poser la question de leur sécurité ainsi que de celle des élèves, et le droit de retrait pourra s’imposer comme un mode d’action incontournable. En fonction de l’évolution de la situation sanitaire et de la mise en œuvre sur le terrain de la réouverture des classes, SUD éducation pourra appeler les personnels à utiliser leur droit de retrait et les soutenir dans cette démarche.
Le gouvernement portera la responsabilité des conséquences sanitaires de décisions qui seraient guidées d’abord par des motifs liés à la relance de l’économie au détriment de la santé et de la vie des personnels et des familles/entourage des élèves ainsi que les risques pour l’ensemble de la société.

Annonces sur les examens : SUD éducation appelle à délivrer le baccalauréat et le DNB à tou-te-s les candidat-e-s inscrit-e-s

Vendredi 3 avril, le ministre Blanquer a fait un certain nombre d’annonces concernant les modalités de tenue des examens. La principale annonce consiste au contrôle continu des examens du second degré, Diplôme national du brevet et Baccalauréat pour les différentes filières et séries. Seront ainsi prises en compte les notes des deux premiers trimestre ainsi que celles du troisième trimestre si le confinement s’arrêtait suffisamment tôt. La deuxième session des E3C est annulée, et remplacée par une moyenne de la première et de la troisième session des E3C, pour par la moyenne des notes de l’année de première pour les spécialités que l’élèves ne poursuivraient pas en terminale. Dernière annonce importante, les élèves devront obligatoirement être présent-e-s en classe jusqu’au 4 juillet.

Ce dispositif pose un certain nombre de difficultés. Le passage de la totalité des examens en contrôle va créer une inégalité plus importante encore entre les élèves en fonction de l’établissement dans lequel ils et elles sont inscrit-e-s. On sait que c’est un projet central de la part du ministre, ainsi qu’on a pu le voir avec la mise en place du “Bac Blanquer” et des E3C. De manière pragmatique, la délivrance du baccalauréat va produire des situations de rupture d’équité entre candidat-es. D’une part, les notes données au début de l’année ne reflètent pas nécessairement la motivation des élèves, et sont parfois fonction de stratégies d’évaluation voulues par les professeur-e-s (qui notent parfois plus durement au premier trimestre, par exemple), qui ne savaient pas au moment de noter que les notes compteraient pour l’examen, de même que les élèves. D’autre part, on peut douter de la valeur des évaluations lors d’un éventuel retour après le confinement, tant les conditions d’études auront été perturbées par cette crise sanitaire sans précédent. SUD éducation tient à rappeler que la réouverture des écoles ne doit pas s’effectuer tant que la sécurité et la santé des personnels n’est pas pleinement garantie. La prudence la plus grande doit prévaloir en la matière.

Certes, la crise sanitaire bouscule nécessairement la passation des examens. Mais pour les raisons évoquées ci-dessus notamment, il n’est pas raisonnable d’opter pour le passage des examens en contrôle continu. Pour SUD éducation, la seule solution est de délivrer le baccalauréat et le DNB à tou-te-s les candidat-e-s inscrit-e-s. La crise sanitaire que l’on connaît est un événement suffisamment exceptionnel pour qu’un tel dispositif soit mis en place, de manière également exceptionnelle.

SUD éducation réclame toujours l’abrogation de la réforme du bac et des lycées, et l’abandon des E3C.

SUD éducation appelle à délivrer le baccalauréat et le DNB à tou-te-s les candidat-e-s inscrit-e-s en garantissant le redoublement à celles et ceux qui le souhaitent dans leur établissement.

Aménagement des examens et confinement : les obsessions de Blanquer

Le 3 avril, Jean-Michel Blanquer a fait un certain nombre d’annonces concernant les
modalités de passation des examens cette année. Malgré l’ampleur de la crise sanitaire,
le ministre laisse libre cours à ses obsessions autoritaires, libérales et réactionnaires.

Obsession 1 : contrôle continu et assiduité au programme

Il a fallu plusieurs semaines pour que le ministre cesse de vouloir ouvrir les établissements au mépris des risques sanitaires encourus par les élèves et les personnels. Le 12 mars, Blanquer affirmait que les écoles ne fermeraient pas. Il était démenti par Macron le soir-même.
Alors que le ministre affirmait dans les médias il y a encore peu, contre l’évidence, que les examens terminaux du baccalauréat se tiendraient, il a dû se résoudre à les annuler.
Le choix du contrôle continu intégral est un changement de règles en cours d’année, qui portera nécessairement préjudice à une proportion importante d’élèves.
Cependant le ministre, désavoué à de multiples reprises, communique sur un enseignement qui se poursuivrait jusqu’au 4 juillet, y compris en terminale. L’assiduité deviendrait une condition sine qua non de l’obtention du baccalauréat. À y regarder de plus près, il s’agit bien encore d’un « coup de com’ » car le site du ministère précise seulement à ce sujet que le jury de baccalauréat « tiendra compte de l’ensemble des autres éléments du livret (progression de l’élève, efforts relevés par le conseil de classe, assiduité) pour attribuer les notes définitives ».

Pour SUD éducation la réouverture des écoles et des établissements du 2nd degré ne doit pas s’effectuer tant que la sécurité et la santé des personnels ne sont pas pleinement garanties. La plus grande prudence doit prévaloir en la matière. Le ministre, qui a perdu toute crédibilité, doit cesser d’évoquer des dates de reprise tant que les conditions sanitaires ne le permettront pas.

SUD éducation appelle à délivrer le baccalauréat et le DNB à tou-te-s les candidat-e-s inscrit-e-s en garantissant le redoublement à celles et ceux qui le souhaitent dans leur établissement.

Obsession 2 : des notes pendant le confinement

Blanquer ne se positionne pas clairement sur la prise en compte des notes durant le confinement, même s’il dit que les notes obtenues pendant le confinement ne doivent pas être prises en compte dans le contrôle continu. Cette confusion montre bien à quoi doit ressembler la prétendue « continuité pédagogique » pour Blanquer : continuer à noter même si les apprentissages ne peuvent pas avoir lieu !
L’autorisation d’évaluations notées, même si elles ne seront pas comptabilisées pour le baccalauréat, pendant le confinement entraîne une rupture d’égalité entre les élèves qui n’ont pas accès aux mêmes outils ni aux mêmes aides. Cela risque d’accroître les difficultés des enseignant-e-s qui essaient de communiquer avec les élèves.

C’est la méthode Blanquer à l’œuvre : des annonces suivies de consignes floues qui conduisent à un renvoi au local entraînant un accroissement des inégalités et des tensions.

On voit une fois encore la valeur qu’il faut accorder aux consignes visant à assurer une prétendue « continuité pédagogique » qui apparaît encore plus impossible.

SUD éducation revendique pour sa part qu’il n’y ait aucune prise en compte d’évaluation durant cette période.

Obsession 3 : le tri social avec Parcoursup

S’il y a bien une chose que le ministre n’entend pas stopper en cette période, c’est la machine de tri social qu’est Parcoursup. Les candidat-e-s, qui ont déjà entré leurs vœux, avaient jusqu’au 2 avril pour les confirmer et compléter leurs dossiers de candidature. Cette opération très lourde renforce encore les inégalités. Les enseignant-e-s déjà débordé-e-s par le maintien du lien à distance avec les élèves peuvent difficilement aider les élèves. Les inégalités d’accès au numérique vont se révéler crûment : nombre d’élèves comptaient réaliser ces dossiers dans l’établissement, en utilisant ses équipements informatiques. Et cela renforcera encore les inégalités de remplir ou faire des dossiers quand on n’a pas d’aide.

Cette obstination à vouloir à tout prix maintenir les remontées pour le 2 avril est d’autant plus absurde que les établissements du supérieur ne peuvent trier les dossiers en ces temps de confinement. Les enseignant-e-s du supérieur consacrent déjà davantage de leur temps à leurs enseignements que d’habitude du fait de la charge de travail à distance. Il est donc irréaliste d’envisager qu’ils et elles vont en plus éplucher les milliers de dossiers Parcoursup et délibérer à distance.

SUD éducation dénonce cette situation ubuesque et revendique la seule solution qui s’impose en cette période et après : pas de sélection !

Obsession 4 : des cours de rattrapage pendant les vacances et cet été !

SUD éducation a déjà dénoncé les attaques sur les statuts annoncées lors du 1er avril par le ministre : les professeur-e-s volontaires pourront donner – pour le moment sur la base du volontariat – des cours de rattrapage pendant les vacances scolaires.
Lors de son entrevue du 31 mars avec le CNVL, le ministre a affiché sa volonté de poursuivre sur sa lancée en attaquant les congés d’été des personnels – pour le moment encore – volontaires.
Après les “vacances apprenantes” de printemps Blanquer compter lancer des « colonies de vacances éducatives » et des modules de soutien scolaire avec des professeur-e-s volontaires.

Cela prouve une nouvelle fois que le gouvernement se sert de cette crise pour casser toujours davantage les droits des salarié-e-s et attaquer voire démolir le statut du fonctionnaire !

SUD éducation dénonce ces nouvelles attaques inacceptables qui prennent prétexte de la crise sanitaire que nous traversons pour mettre en place toutes les obsessions réactionnaires du ministre.

Pour SUD éducation, l’urgence est d’abord sanitaire : la réouverture des établissements scolaires ne doit pas s’effectuer tant que la sécurité et la santé des personnels n’est pas pleinement garantie. La situation ne doit pas servir d’aubaine à un ministre libéral pour démanteler encore le service public d’éducation et accroître les inégalités sociales.

Remédiation pendant les vacances : une nouvelle attaque contre le statut

La lutte contre le décrochage scolaire nécessite des moyens tout au long de l’année scolaire

Après la petite phrase sur le travail des enseignant-e-s de la porte parole du gouvernement Sibeth Ndiaye et après avoir défendu le 27 mars l’idée de vraies vacances, Jean-Michel Blanquer lance un nouveau concept, typique de la novlangue néolibérale, de “vacances apprenantes” durant les vacances de printemps en offrant : « des cours particuliers à distance aux élèves les plus en difficulté et gratuits ». Dans la communication du ministère, l’usage du terme “apprenance” s’est généralisé, comme possibilité de continuer à apprendre quelles que soient les conditions.

Pour le ministre, la pandémie actuelle constitue donc manifestement une opportunité pour imposer aux personnels sa vision de l’école, et mettre encore un peu plus au pas les enseignant-es. Jean-Michel Blanquer a toujours exprimé sa volonté de revoir la durée des congés scolaires et risque probablement d’instrumentaliser l’état d’urgence sanitaire pour arriver à ses fins. Rappelons que les congés des personnels ont été remis en cause récemment, notamment par le décret du 8 septembre 2019 instaurant la rémunération de cinq jours de formations sur le temps de congé. Auparavant, une modification de la réglementation impulsée en juillet 2019 avait déjà facilité les modifications à venir du calendrier scolaire.

Pour le ministre, « durant cette période les professeurs ne donnent pas de travail supplémentaire. Ils ne sont pas au travail ». C’est déjà dire que les enseignant-es ne font rien pendant les vacances, et vouloir ignorer qu’une partie de ce temps sans les élèves est très souvent consacré à la préparation de cours et à la correction de copies.
Après avoir communiqué dans tous les médias sur ce projet de “classe apprenante”, Jean-Michel Blanquer daigne en informer les enseignant-e-s à travers une vidéo.

Pour lutter contre le décrochage scolaire, Jean-Michel Blanquer propose aux enseignant-e-s volontaires d’assurer des cours de soutien scolaire durant la deuxième semaine de leurs vacances. Ces cours à distance peuvent être individualisés ou par groupe (10 élèves maximum) et seront rémunérées en HSE . Autrement dit un saupoudrage dont ne bénéficieront qu’une partie des élèves, et avec un succès incertain puisque le bénéfice des cours à distance n’a jamais été évalué.

Or ce n’est pas en tentant de faire culpabiliser les enseignant-e-s ni en leur présentant la carotte du paiement en heures supplémentaires pour compenser des salaires gelés depuis des années et notoirement trop bas, que le ministre résoudra les difficultés.

N’oublions pas que Jean-Michel Blanquer ne cesse de démanteler les zones d’éducation prioritaire en réduisant leurs moyens et qu’à terme il envisage la suppression des REP.

N’oublions pas le démantèlement de l’école publique avec la suppression des postes, la disparition d’heures de cours pour les élèves dans le cadre de la réforme du lycée ou dans les collèges REP+ et la hausse des effectifs dans les classes et le tri social par le biais du système Parcoursup qui conditionne l’accès aux études supérieures, le refusant à de nombreux et nombreuses élèves.

SUD éducation condamne cette nouvelle attaque sur le statut des fonctionnaires en pleine situation de crise.

Dès la fin de la période de confinement, il sera temps d’engager le second round de la lutte contre la politique de ce gouvernement et pour la défense des services publics et les droits des travailleurs et travailleuses.

L’urgence est d’abord sanitaire : pendant et après la crise du Covid19 enseignant-e-s et élèves font au mieux, comme ils et elles le faisaient auparavant, nul besoin de s’attaquer à nos droits !

Courrier intersyndical des organisations de l’Éducation nationale au ministre Blanquer

Monsieur le Ministre,

Alors que les vacances de printemps démarreront ce samedi dans la zone C, vous avez annoncé la mise en place, pendant cette période, d’un programme de soutien scolaire divisant ainsi les élèves en deux catégories, celles et ceux qui auraient besoin de se reposer et celles et ceux qui auraient besoin de remédiation.

Tous les élèves, parents d’élèves et personnels ont droit aux vacances et en ont besoin. Les parents d’élèves demandent à ce que s’arrête la pression qui s’exerce sur eux et leurs enfants.

Continuer à marteler qu’il faut faire de la remise à niveau à distance pour certains élèves, c’est entretenir l’idée que l’objectif reste d’avancer vers l’acquisition de nouvelles notions sans qu’il n’y ait de freins importants voire insurmontables par certains. Des élèves ont des difficultés qui ne peuvent être dépassées que par un accompagnement spécifique et en présentiel sur du long terme, d’autres n’ont pas les conditions matérielles et enfin des familles sont plongées dans les plus grandes difficultés pour soutenir leurs enfants.
Certaines ne le peuvent pas par manque de connaissances, de matériel, d’espace ou de disponibilité. Ce faisant, vous demandez aux parents d’endosser un rôle qui n’est pas le leur. Face à l’ampleur de la tâche, se développent culpabilité parentale, stress, situations conflictuelles provoquant au mieux renoncement au pire des violences verbales ou physiques.

L’heure est à prendre soin de sa santé sans ajouter de la culpabilité, c’est pourquoi les exigences ministérielles doivent être réorientées. Il faut cesser de tenir médiatiquement et dans les instructions transmises un discours de continuité pédagogique qui induit l’idée de progressions, d’assimilation de notions nouvelles.

Les inégalités existent, le confinement, hélas, n’efface pas ces réalités mais les révèle plus cruellement encore et les exacerbe. Il convient de ne pas les creuser davantage. Il s’agit avant tout de maintenir le lien avec les élèves et les familles pour les rassurer et les accompagner, dans le respect du droit à la déconnexion de tous et des statuts des personnels. Il convient aussi de faciliter pour tous la reprise quel que soit le moment où elle aura lieu.

Vouloir à tout prix enseigner de nouvelles notions durant la période de confinement va inévitablement aggraver les inégalités scolaires, entre les élèves qui auront été dans des conditions matérielles propices aux apprentissages et les autres. Dans ce sens, il ne doit pas y avoir de prise en compte d’évaluations qui auraient eu lieu pendant la période de confinement, ni au retour de celle-ci sur ce qui aurait été étudié dans cette période.

S’il est nécessaire de se poser ensemble la question de l’après, il faut cesser sur le temps présent de multiplier les messages. Il faut au contraire avoir une parole claire et rassurante : si le lien éducatif a été maintenu avec les élèves dans la période de confinement, le fonctionnement normal de l’école s’est arrêté le 13 mars et à la reprise, tous les éléments de programme seront repris en tenant compte de ce temps suspendu : c’est cela qui constituera la continuité des apprentissages due à tous les élèves.

Il est donc nécessaire que vous affirmiez clairement aux enseignant-es comme aux familles, que les vacances scolaires doivent être un temps de repos et de coupure. Faisons confiance aux équipes pour maintenir le lien éducatif avec leurs élèves et les familles.
C’est ce message que nos organisations portent ensemble aujourd’hui.
C’est ce message que nous vous demandons d’adresser rapidement à l’ensemble de la communauté éducative.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de nos salutations respectueuses.

Insultes et « trollage » des classes virtuelle : SUD éducation dénonce l’impréparation ministérielle et des réponses insuffisantes

Dans de nombreux endroits, les outils de communication entre enseignant-e-s et élèves dans le cadre de l’enseignement à distance, y compris les outils mis à disposition par le CNED, font l’objet de “troll”, c’est-à-dire d’utilisation anonyme, malveillante et de l’ordre du harcèlement.
Les auteur-e-s ne sont pas nécessairement des élèves, les victimes sont les personnels enseignants et les élèves de ces “classes virtuelles”.

Le ministère, qui clamait haut et fort qu’il était prêt, est parfaitement au courant des faits. Il ne met pourtant rien en place pour assurer la protection des personnels. Les plateformes existantes ne sont ni sécurisées ni sécurisables. La “classe virtuelle” mise à disposition par le CNED peut en effet permettre à des élèves de se connecter avec un pseudonyme sans aucun mode d’authentification.

Les incivilités se multiplient : injures, propos dégradants, stigmatisants à l’égard des élèves mais également des enseignant-e-s. De nombreuses vidéos virales circulent sur le web, montrant des internautes infiltrant le cours d’un-e enseignant-e dans l’objectif de rendre impossible la poursuite de la séance. Les prétendues solutions apportées par le CNED ne relèvent que d’un bricolage hâtif. Les personnels n’ont évidemment pas été informés des failles du dispositif.

Ces incidents répétés montrent une fois de plus l’irresponsabilité du ministre qui décrète une “continuité pédagogique” impossible dans ces conditions, voire même dangereuse dans le cas de classes virtuelles : les personnels n’ont pas les moyens d’assurer correctement leur mission et les élèves de travailler sereinement. Il faut d’ailleurs noter qu’une part significative des élèves ne dispose d’aucun accès Internet ; ces dispositifs peuvent donc accroître les inégalités entre élèves.

SUD éducation exige que la protection fonctionnelle soit accordée sans délai à tous les personnels qui en font la demande.

SUD éducation invite l’ensemble des collègues à privilégier les outils qu’ils et elles connaissent déjà, comme les ENT.

Faute de garanties rapides données quant à leur sécurisation, SUD éducation exigera l’arrêt immédiat des classes virtuelles qui n’assurent la protection ni des personnels ni des élèves.

Dossier Coronavirus


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Un dossier spécial sur le site fédéral de SUD éducation : https://www.sudeducation.org/Dossier-Coronavirus.html