Dans un contexte d’urgence sanitaire, les personnels de l’éducation nationale et des universités déploient leur engagement professionnel et leur bon sens pour faire face autant que possible aux enjeux du moment. C’est avec leurs ressources propres qu’ ils et elles doivent répondre aux nécessités du terrain. Le télétravail risque de se poursuivre au-delà de la réouverture des lieux de travail. Le confinement a permis d’ imposer ces modalités de travail pathogènes d’où la nécessité de s’outiller syndicalement. C’est notre travail qui est malmené, notre santé qui est entamée, notre vie personnelle qui est aspirée.
UN CONTEXTE PATHOGÈNE IDENTIFIABLE
• Mépris des conditions matérielles de télétravail : les agents utilisent leur matériel personnel et leurs abonnements en dépit des réglementations. Ce qui constitue un premier point de dénigrement.
• Des missions impossibles : « Ne laisser aucun élève au bord du chemin ». En temps normal notre école souffre de l’absence de classes relais et de structures médico-psychologiques, de mesures sociales et éducatives opérantes… Dans cette situation «, exceptionnelle, » c’est d’autant plus mission impossible. Il n’y a pas d’informatique magique !
• Des transformations brutales de nos missions : Dans un premier temps on nous a demandé de leur téléphoner… Le but était laissé à la libre interprétation de chacun.e, : assistance technique, assistance morale, soutien psychologique, surveillance des connexions. Ainsi ballotté.es entre le souci de bien faire et la peur de mal faire, nous sommes confronté.e.s à un changement de nos missions. Cela donne une dimension culpabilisante, un sentiment d’incompétence et un conflit de valeur.
• Surcharge de travail : pour donner du travail à nos élèves nous avons dû revoir nos modes de communication. L’information en présence passe à 70% par du non verbal. Malgré nos efforts, de nombreuses questions ont atterri dans nos messageries, messages d’élèves, de parents auxquels s’ajoutaient les discussions de collègues concernant le suivi des élèves et les questions techniques (comment on fait ci, où on met ça, etc…)
• Zéro protection, zéro prévention concernant d’éventuels abus, violence verbale ou harcèlement en ligne (ou téléphonique). Aucune protection des données assurée sur les plateformes validées par le ministère. Aucune garantie de propriété intellectuelle. Aucune assurance du respect du droit à l’image en visioconférences…
• Injonctions contradictoires : inciter les parents à s’équiper en informatique a pour conséquence de les inciter à faire des dépenses et/ou se déplacer (donc s’exposer à des risques de contagion et de verbalisation des forces de l’ordre). Par ailleurs le numérique étant une catastrophe écologique, le « dispositif » constitue un problème éthique.
•Un travail inutile ? une mère d’élève écrit pour dire que sa fille ne pourra pas faire son travail parce qu’elle a trop de travail dans d’autres matières… Un collègue apprend que les notes qu’il donne ne compteront pas… Le temps passé à réaliser une activité et seulement quelques élèves y répondent.
• Problème de séparation entre l’espace de travail et l’espace privé ce qui pose un risque psychosocial propre au télétravail. Ce risque est augmenté par le confinement et l’absence d’interactions sociales extérieures, de libertés…
C’est le moment de ne pas rester isolé-e-s. Contactons-nous entre collègues pour nous parler du travail, de notre manière de l’envisager, de le réaliser, organisons-nous pour lutter contre les demandes ou organisations qui nous éloignent du cœur de notre métier, mettons aussi en mots et en débats l’intérêt de l’école avec les usager-e-s, parlons de ce qui s’y joue et du lien fécond à tisser avec les familles.
Socialisons nos questionnements, collectivisons nos luttes.
SUD éducation revendique :
• la protection de la santé des personnels, l’intérêt et l’égalité des usager-e-s avant tout,
• que le numérique ne soit pas un outil de casse des liens sociaux au travail et avec les
usager-e-s ni un outil de contrôle des personnels et des populations, ni un outil de rente pour les firmes privées,
• le droit à la déconnexion avec le respect du temps de repos, de congés, ainsi que la vie personnelle, et familiale,
• l’analyse par les CHSCT de ce mode de travail sur la période et l’évaluation réelle et approfondie des risques provoqués par ce mode de travail,
• que le ministère recule sur le tout numérique et la mise en place du télétravail au nom d’une pseudo « continuité pédagogique »,
• l’école comme lieu de socialisation des connaissances et des tâtonnements pour construire les apprentissages