Réforme des IUT : une attaque contre le service public, des conditions de travail dégradées, des étudiant-e‑s abandonné-e‑s.

À la rentrée 2021 une réforme de fond va affecter les IUT. L’objectif de cette réforme est d’allonger la scolarité jusqu’à Bac+3 pour délivrer un nouveau diplôme appelé B.U.T. pour Bachelor Universitaire de Technologie. Initialement ces établissements avaient pour vocation la formation de technicien-ne-s supérieur-e-s de niveau Bac+2.

À première vue le projet semble alléchant : un allongement des études pour un meilleur niveau de qualification. Mais derrière la façade de nombreux points de la réforme de cette filière sont très inquiétants.

Le nom choisi, un cadeau aux écoles privées

Déjà Le choix de baptiser le diplôme final « Bachelor » interroge. Ce nom est abondamment utilisé par certaines écoles « hors contrat » pour délivrer, moyennant finance, des diplômes de pacotille appelés « Bachelor ». Par le choix d’appeler le diplôme d’IUT « Bachelor » au détriment de « licence » on apporte ainsi une opportunité aux écoles privées qui voudront concurrencer le service public.

Une absence cruelle de moyens

Allonger les études d’une année supplémentaire implique, pour les personnels titulaires, un accroissement de la charge de travail. Ce n’est plus deux, mais trois promotions d’étudiant-e-s qu’ils et elles auront à encadrer et gérer simultanément.

Ce passage à 3 ans ne s’accompagne d’aucune création de postes. Et ceci alors que ces établissements fonctionnent déjà avec un sous encadrement chronique. La situation est actuellement tellement dégradée que les heures postes ne couvrent même plus la moitié des heures nécessaires pour assurer l’enseignement défini dans les référentiels nationaux des IUT. Pour fonctionner ces établissements recourent massivement aux heures supplémentaires et à une armée de non titulaires (vacataires, doctorant-e-s, contrats divers).

Une complexité administrative digne du père UBU

Ce nouveau diplôme de B.U.T. a pour ambition de mettre en application une approche par compétences. L’approche par compétence (A.P.C.) est au départ un fantasme bureaucratique pensé par des gens déconnectés de toute pratique pédagogique. Sa mise en œuvre a pour conséquence une explosion de la complexité des règles qui cadreront ce futur diplôme.

Ainsi par exemple, les années universitaires, déjà sous-découpées en semestre, comporteront plusieurs « blocs de compétence » (de l’ordre de 5 ou 6) par semestre.Mais un bloc de compétence n’est ni une matière, ni un regroupement thématiques de matières ! C’est un mixage de morceaux de matières enseignées. Par exemple, les « compétences » mathématiques pourront se répartir sur plusieurs blocs de compétence.

Les étudiant-e-s livré-e-s à eux-mêmes et elles-mêmes pour développer leur autonomie

Une partie des enseignements se fera sans enseignant-e-s !

Jusqu’à présent cette situation existait dans le cadre des projets qui étaient « tuteurés » et non « encadrés ». Les enseignant-e-s ne sont pas payé-e-s (ou très peu) pour le temps qu’ils et elles passent à enseigner à leurs étudiant-e-s. Cette situation avait pour conséquence que beaucoup d’étudiant-e-s se retrouvaient livré-e-s à eux-mêmes et elles-mêmes.

Avec le B.U.T., cette situation se généralise puisque toutes les matières comporteront une part importante d’enseignements non encadrés mais évalués.

Le message à destination des étudiant-e-s est clair : pour apprendre, débrouillez-vous tout-e-s seul-e-s !

L’avenir ?

Comme on l’a vu, cette réforme se fait sans bourse délier, sans vrai investissement, avec des techniques d’illusionnistes : autonomie des étudiant-e-s pour ne pas payer les enseignant-e-s, complexité administrative pour donner l’illusion de faire mieux.

Les enseignant-e-s devront faire face à un surcroît de travail :

  • plus d’étudiant-e-s à encadrer
  • plus de complexité administrative
  • une autonomie des étudiant-e-s qu’il faut quand même « accompagner »
  • Pour la rentrée de septembre 2021, année de mise en place de la réforme, les enseignant-e-s devront soit travailler beaucoup plus pour satisfaire aux exigences de cette réforme, au risque d’arriver à l’épuisement, soit lâcher du lest, accepter une baisse des exigences et par conséquent un déclin du service public.

SUD éducation demande des réformes qui apportent des moyens et en particulier des moyens humains pérennes (des postes statutaires) pour mieux encadrer et aider les étudiant-e-s.

SUD éducation s’oppose fermement à toute réforme visant à dégrader le service public pour faire de l’enseignement supérieur un marché lucratif.

Reprise du 26 avril : attention danger !

Une semaine après la reprise, l’heure est aux revendications

Le bilan de la première semaine depuis la reprise n’est pas satisfaisant. De nombreux-ses élèves dont les enseignant-e-s n’étaient pas présent-e-s en classe n’ont pu être pris-e-s en charge du fait de l’absence de remplaçant-e-s. Il faut de toute urgence recruter massivement les enseignant-e-s pour faire face à cet accroissement des besoins. La campagne de tests promise tarde à se mettre en place : livraison tardive d’autotests, peu de visibilité sur le rythme à venir des livraisons, absence de mise en œuvre de la campagne de tests salivaires. La prétendue vaccination des personnels de plus de 55 ans ne fonctionne pas, faute de centres de vaccination et de créneaux disponibles en nombre suffisant. Au-delà, c’est bien tous les personnels de l’éducation qui doivent faire de toute urgence l’objet d’une priorisation. SUD éducation revendique la mise à disposition sans délai du vaccin pour tous les personnels de l’Éducation national et de l’enseignement supérieur.

C’est dans ce contexte inquiétant que les personnels du 2d degré vont retourner sur leurs lieux de travail à partir de lundi. La mise en œuvre des demi-jauges en 4e et 3e dans les départements les plus touchés se fait dans certains cas de manière inacceptable. En effet, les recteurs imposent parfois aux chef-fe-s d’établissement d’alterner des classes entières, au lieu de faire des demi-groupes. Cela pose plusieurs problèmes, sur le plan sanitaire comme pédagogique. Encore une fois, l’absence de cadrage au niveau national entraîne des disparités incompréhensibles. Ce sont bien des demi-groupes, et non des demi-jauges calculées à l’échelle des niveaux de classe, que revendiquent les personnels. Au-delà des 4e et 3e, les demi-groupes doivent être accordés pour l’ensemble des niveaux dès que les personnels en font la demande.

Aucune annonce nouvelle n’est venue préciser cette semaine le déroulement des examens. Les aménagements sont pour l’heure insuffisants, et le flou qui règne autour de ces moments cruciaux de la scolarité des élèves engendre un stress inacceptable. Les protocoles d’administration des auto-tests pour les lycéen-ne-s frisent l’absurde. Les protocoles sont irréalistes au point qu’il est raisonnable de penser que les autotests ne pourront pas être utilisés massivement dans les établissements.

Pour SUD éducation, les raisons de se mobiliser sont multiples : moyens insuffisants pour faire face notamment aux besoins en remplacement, conditions sanitaires toujours inquiétantes, menaces sur les conditions de travail. SUD éducation appelle les personnels à se réunir en Assemblée générale et à définir leurs revendications et leurs moyens d’action.

Partout où cela sera nécessaire, SUD éducation appuiera les équipes qui choisiront de se mettre en droit de retrait ou de faire grève pour obtenir satisfaction sur leurs revendications. SUD éducation met ainsi à disposition des équipes son préavis de grève.

Pour faire face à la crise de manière durable, il est nécessaire de recruter massivement pour permettre une baisse des effectifs sans diminution des heures de cours en présentiel. C’est le sens du plan d’urgence pour l’éducation que revendique SUD éducation depuis le printemps 2020.

Confinements, virage numérique et attaque contre les libertés académiques : quel enseignement supérieur et quelle recherche voulons-nous ?

Les politiques néo-libérales de gestion du service public ont conduit aux dysfonctionnements et aux inégalités criantes que dévoile au plus grand nombre l’épidémie de Covid-19. Aujourd’hui, les situations d’urgence que nous constatons dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche (détresse des étudiant-e-s, précarisation accrue des personnels, perte de sens) imposent non seulement la critique de la succession des réformes délétères subies, mais aussi la construction d’un horizon collectif de revendications révolutionnant son fonctionnement.

1. Une succession de réformes néolibérales dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR)

Les récentes réformes (mise en place de la sélection en master en 2017, ORE-Parcoursup en 2018 ou encore le baccalauréat dit Blanquer en 2019) ont contribué à accentuer les inégalités d’enseignement dans le supérieur. Parcoursup renforce la sélection sociale et scolaire dans l’accès aux filières les plus demandées. Cela accentue la mise en concurrence des candidat-e-s, mais aussi des formations du supérieur. Cette réforme, comme celle du bac Blanquer, vise une individualisation des parcours. Or, la sociologie de l’éducation montre que plus l’éventail de choix est large, plus les inégalités se structurent en fonction du capital scolaire de la famille des élèves et étudiant-e-s.
Tout cela s’ajoute à des conditions de travail et d’études qui se dégradent depuis des années. L’autonomie des universités (loi LRU de 2007) s’est traduite par des contraintes budgétaires très fortes imposées par le ministère et, par voie de conséquence, par le gel massif de postes de titulaires, par le recours croissant aux vacations, aux heures complémentaires (qui représentent environ 1/3 des heures d’enseignement), et plus généralement aux contrats précaires, qu’il s’agisse du travail enseignant comme administratif. Ces contrats courts génèrent une rotation importante dans les équipes. Certains départements fonctionnent avec des moyens extrêmement faibles et sont amenés à diminuer les volumes horaires des formations. La mise en place de nouveaux dispositifs à moyens constants, notamment sur le plan administratif, se traduit par une diversification et une densification du travail pour les personnels administratifs.

Depuis décembre 2019, les mobilisations contre la réforme de la recherche (LPR) se sont organisées dans le contexte du mouvement contre la réforme des retraites, celle du chômage ou de la fonction publique. Cette mobilisation récente a pu s’appuyer sur des luttes précédentes, notamment celle contre la précarité dans la recherche depuis 2017, ou la lutte contre la LRU de 2007 à 2009. La vision de la recherche exprimée par la LPR est élitiste et individualiste : elle promeut une mise en concurrence exacerbée des chercheurs et des établissements scientifiques, en particulier en renforçant le financement par projet. Adoptée par l’Assemblée nationale le 20 novembre 2020, via une procédure accélérée, la LPR instaure de nouveaux dispositifs inégalitaires comme les contrats de mission, ou la mise en place de recrutements locaux, sur le modèle américain des tenure-tracks. En supprimant la qualification par le CNU pour devenir professeur-e et sous certaines conditions pour devenir maître-sse de conférences, la LPR fait sauter un frein au clientélisme de certains recrutements locaux. Enfin, la LPR organise une porosité accrue entre le service public et le secteur marchand. Depuis le Pacte pour la Recherche de 2006, le partenariat public-privé et la rentabilité commerciale sont devenus des critères cruciaux pour accorder les moyens et crédits de recherche. La répartition de ces derniers montre que la légère hausse budgétaire de la recherche se fait principalement à destination de l’Agence nationale de la Recherche, donc hors financements pérennes, donc au détriment de la masse salariale des universités. La programmation budgétaire ne permettra pas d’adapter les recrutements aux évolutions démographiques ou de pallier le manque actuel de postes statutaires. En parallèle, le scandale du Crédit Impôt Recherche (CIR), passé de 1,5 milliards à plus de 6 milliards annuels (à comparer au budget du Centre National de la Recherche Scientifique, autour de 3,5 milliards), se poursuit dans la plus grande opacité.

La LPR ne fait ainsi qu’aggraver la précarisation dramatique du travail dans la recherche, allant de pair avec une emprise toujours plus grande des entreprises privées dans ce secteur.Les conditions de convocation des instances et la manière dont elles se sont tenues confirme le mépris par le ministère des instances représentatives des personnels de l’ESR.

2. Une précarité accrue par la crise pandémique et son « virage numérique »

Décrétée en l’espace de quelques jours en mars 2020, la fermeture des universités et des laboratoires a eu des conséquences désastreuses sur les conditions de travail des personnels et sur les conditions d’étude du public accueilli, en imposant brutalement le télé-enseignement pour les enseignements, et le télé-travail pour les activités techniques, administratives et de recherche. Pour les personnels les plus précaires et les plus fragiles, travailler à la maison peut s’avérer une source d’angoisse et de multiplication de risques (manque de place, TMS, « continuités » pédagogiques et administratives, etc.). L’injonction à faire tourner la machine à produire des diplômes dans ces conditions a également suscité, chez les étudiant-e-s, des situations de stress où elles et ils étaient sommés de réussir leur année comme si rien ne se passait, alors que les moyens habituels déjà faibles, ne leur étaient pas offerts (fermeture des bibliothèques, par exemple).

Cette crise sanitaire, et la réponse apportée par le gouvernement, révèle et accentue les inégalités sociales et les rapports de domination que nous dénonçons depuis si longtemps. Comme dans l’Education Nationale, le vocable de « continuité pédagogique » masque de profondes inégalités. Pour les étudiant-e-s, les enquêtes soulignent non seulement des inégalités d’accès à de l’équipement informatique et à une connexion stable, mais aussi des conditions de confinement très contrastées (densité d’occupation du logement, personnes à charge, entourage touché par la maladie, obligation de continuer à travailler ou perte d’emploi et de revenu, etc.). La précarité et la détresse étudiante n’ont fait les premières pages des journaux qu’au début 2021, longtemps après le constat de l’ampleur des besoins et de la faiblesse des dispositifs d’aide sociale. S’en sont suivis des annonces contradictoires et complètement déconnectées du mode de fonctionnement des universités, pour feindre une volonté de retour partiel des étudiants sur site (pour exemple ). Comble de la provocation, sur la base de données de fréquentation des facultés, la ministre de l’ESR conclut : « 40% des étudiant-e-s ne reviennent pas en présentiel, car le mode d’enseignement à distance leur convient », alors que bien d’autre facteurs expliquent ce chiffre (décrochage, logement rendu pour retrouver le domicile familiale, difficulté de traduction pratique des consignes de reprises sans moyen, etc.). On décèle sans difficultés la construction d’un discours légitimant le tout numérique pour l’avenir, sur la base de chiffres interprétés hors sol, dévoyés. Or, en dehors des situations dramatiques, le quotidien montre que l’autonomie de travail à distance dépend du capital scolaire et de la socialisation au métier étudiant, renforçant les inégalités.

Du côté des personnels également, les conditions de confinement se révèlent très inégales. Les mobilisations des 11 février et 5 mars 2020 (la journée contre la précarité dans l’ESR et l’opération « L’université et la recherche s’arrêtent ») ont permis de mettre à nouveau en lumière le poids considérable et l’exploitation des travailleurs-euses précaires, du fait d’une politique de sous-investissement chronique, engendrant la disparition massive de postes de titulaires. La crise que nous traversons amplifie la précarité et exacerbe ces inégalités qu’il n’est plus possible d’ignorer. Les vacataires d’enseignement sont soumis-e-s à des injonctions à la « continuité pédagogique » sans garantie de salaire versé à la fin du mois, alors même que leurs faibles revenus, bien souvent, ne leur permettent pas de disposer d’un espace de travail dans leur logement privé ; les doctorant-e-s voient leurs bourses de recherche suspendues ; dans les SHS, très féminisées, la double journée se ressent d’autant plus qu’on est confinée. L’imposition, par ordonnance, de semaines de « congés » obligatoires et la perte de jours de RTT pendant le premier confinement ont sonné comme une provocation pour les personnels BIATSS et ITA, d’autant plus pour des précaires payé-e-s au SMIC et sans garantie de renouvellement ou pour les femmes, qui très largement ont été les premières à se mettre en ASA pour s’occuper de la garde des enfants.

L’université est, comme l’ensemble de la société, traversée par les inégalités de genre ainsi que les violences sexistes et sexuelles que la crise sanitaire a d’ailleurs mis en lumière. En accentuant la précarité, en normalisant les logiques de compétitions et de concurrence, la LPR va renforcer ces inégalités et en particulier ces inégalités de genre.
Révélatrice des inégalités dénoncées par notre fédération syndicale, cette crise sanitaire montre du même coup la légitimité des revendications que nous portons pour l’ESR, en révélant les contradictions du fonctionnement actuel de ce secteur. La recherche publique est sacrifiée (gel des postes, épuisement des crédits récurrents de recherche des laboratoires) alors qu’elle constitue une ressource irremplaçable dans la situation que nous traversons. Généraliser les financements par projet au détriment de la recherche fondamentale sur le long terme nous conduit dans l’impasse, comme l’illustre la recherche sur les maladies à coronavirus (sans financement après l’extinction de la première épidémie de SRAS). Le fonctionnement absurde d’une recherche soumise à des injonctions de court-terme, à la productivité, aux intérêts privés et à la concurrence généralisée, va de pair avec un renforcement des inégalités pour les étudiant-e-s comme les personnels administratifs et enseignants. Face à ces réformes et aux conséquences de la crise pandémique, nos revendications articulent l’exigence de protocoles sanitaires et la mise en place de conditions d’études et de travail correctes dans l’ESR sur le long terme.

3. (Re)penser et (re)construire l’ESR !

Toute crise pose la question d’un horizon : l’organisation juste de la société. Esquissons la place que pourrait y occuper l’Enseignement Supérieur et la Recherche.

3.1 Fédérer et auto-gérer l’ESR : une Université émancipatrice

Depuis l’Empire, l’ESR n’est unifié que formellement, comme une grande corporation hétéroclite douée d’un ministère propre. Ainsi, l’instauration du collège unique (1975), dans le second degré, n’a pas d’équivalent dans l’enseignement supérieur. L’opposition entre Grandes Écoles, entraînant des classes préparatoires toujours plus compétitives, les institutions techniques ou technologiques, directement articulés à des marchés de production, et les universités, enfin, dont les filières générales se délabrent, devient féroce. La compétition entre équipes, laboratoires et instituts de recherche est tout aussi délétère. Les statuts et les situations différenciées, professionnelles et estudiantines, explosent : notre ESR est un système à plusieurs vitesses. Pourtant, une Université entendue comme lieu de réflexion, de création, de diffusion et de transmission, d’épanouissement humain et scientifique, peut constituer un horizon unifié de l’ESR. Pour penser ce couple enseignement-recherche comme « forme sociale », il convient d’envisager l’émancipation comme sa finalité première. Cela impose d’en finir avec les intérêts économiques privés, les logiques de compétition, qui renforcent les inégalités, qui technocratisent et bureaucratisent les savoirs et les sciences. L’émancipation impose la réappropriation de l’ESR par toutes ses composantes intérieures (étudiant-e-s, enseignant-e-s, chercheur-e-s, personnels techniques et administratifs) et non par ses composantes hiérarchiques centralisées (ministère, Conférences des présidents d’universités ou de grandes écoles, directions d’établissements et de composantes). Par ses dimensions collectives, participatives et démocratiques, l’autogestion des établissements au sein d’un réseau public d’universités et de laboratoires fédérés, avec instauration de statuts titulaires de la fonction publique, garantirait la diversité des approches, la production libre et indépendante des savoirs, ainsi que leur partage serein, sans concurrence ni précarité.

3.2 Démocratiser et ouvrir l’ESR

Nous souhaitons un service public de l’ESR accessible à toutes et à tous, ouvrant la diffusion des activités de recherche et d’enseignement. Cette conception de l’Université comme lieu de connexion entre connaissances scientifiques et savoirs populaires ou encore entre créations scientifiques et artistiques, exige que les universités, écoles et laboratoires soient des lieux publics, accessibles gratuitement à toutes et tous. Cette ouverture dépend surtout du financement des études (bourses, logements), y compris pour les reprises d’études et la formation continue. Un maillage territorial, pensé sur le mode du réseau (permettant la circulation des usagers et des personnels), permettrait l’accueil des personnes les plus éloignées de l’outil universitaire, qu’elles le soient pour des raisons géographiques, sociales, économiques, ou d’accessibilité physique. Plus largement, il s’agit de repenser les pratiques de formation et de recherche pour élargir la participation (étudiant-e-s, personnels, « non spécialistes »), en construisant des savoirs et savoir-faire émancipateurs. Cette conception des savoirs comme biens communs va de pair avec des pratiques durables, sur des temporalités longues permettant des productions interdisciplinaires en lien avec les collectifs locaux, institutionnels (associations, collectivités, services publics) comme informels. Ce lien entre pratique académique et société doit se construire loin d’une posture uniquement centrée sur l’expertise, allant souvent avec une instrumentalisation politique de la recherche. Les interactions propres au travail d’enseignement et de recherche sont cruciales, et étrangères au « virage numérique » actuel. Cette reconfiguration des pratiques pose la question du métier et de son indépendance, aujourd’hui invalidés par la recherche de financement, la technocratisation du portage de projet, la précarisation des contrats, l’individualisation du travail et la démultiplication des tâches administratives.

3.3 Une autre société : l’Université solidaire et anti-hiérarchique

Nous dénonçons tous les rapports hiérarchiques, d’oppressions et de domination. L’Université est un lieu de solidarité entre personnels de toutes catégories et étudiant-e-s, impliqué-e-s dans la co-création du savoir, en prise avec la société et le monde. Toute restructuration de l’ESR au nom de « l’excellence », « d’objectifs nationaux », de « prestige », de « classement », n’est donc qu’une gestion extérieure de notre outil collectif d’émancipation.
La titularisation de toutes les personnes précaires et la garantie de moyens récurrents supplémentaires sont nécessaires. De même, le pluralisme local et l’autogestion dans la prise de décision, contre le pouvoir centralisé des directions ministérielles et d’établissement. De même, la suppression de toutes les évaluations et primes inscrites dans un « management » individualisé, porteur d’inégalités, de soumission et de rupture avec la collégialité de nos métiers. De même encore, l’arrêt de tout processus de sous-traitance (pour les agent-e-s d’entretien, etc.) et l’arrêt du pillage de l’argent public (CIR, partenariats public-privé). Les rapports enseigné-e-s/enseignant-e-s demandent aussi à être repensés pour éviter des formations où l’évaluation serait le principal objectif. Nous revendiquons une augmentation générale des revenus, la réduction des écarts de rémunération vers un salaire unique, ainsi que l’instauration d’un véritable salaire social étudiant pour toutes et tous, à tout moment de la vie. Prioritairement, celles et ceux qui se destinent à l’enseignement primaire et secondaire doivent être dotés d’un statut de fonctionnaire dès leur entrée en études, et d’une véritable formation universitaire continue sur toute leur vie.

Nous affirmons l’importance du respect des libertés académiques et, avec Marie Curie, la « reconnaissance du droit des savant-e-s », notamment le droit à disposer de moyens de travail nécessaires. Le partage des savoirs demande des débats empiriques et fondamentaux au-delà de la communauté académique, sur les conditions en permettant accès à toutes et tous.

Stage de formation syndicale : Quelle école pour changer la société ?

Sud Éducation 35 organise un stage de formation syndicale les 17 et 18 juin 2021 dans ses locaux du 5 rue de Lorraine.

Les demandes sont à faire auprès de votre hiérarchie pour le 17 mai 2021.

Le nombre de places est limité en raison du contexte sanitaire.

Pour vous inscrire, il faut faire la demande via l’adresse mail : syndicat@sudeducation35.fr

Reprise ce lundi 26 avril : toujours largement insuffisant

Aujourd’hui, les écoles primaires rouvraient leurs portes, tandis que les personnels du second degré poursuivaient l’enseignement à distance.

Le décalage entre les annonces du ministre Blanquer et la réalité du terrain s’est une nouvelle fois fait pleinement sentir.

Dans les écoles, de nombreux personnels manquaient à l’appel en raison de l’épidémie : cas contacts, vulnérables, malades, de très nombreux personnels enseignants et AESH n’étaient pas en capacité de se trouver face aux élèves ce lundi. Pourtant, les recrutements nécessaires réclamés par SUD éducation dans le cadre d’un plan d’urgence depuis plus d’un an n’ont pas été faits. Ainsi, de nombreux parents n’ont pu laisser leur enfant à l’école ce matin là où la consigne de non-répartition des élèves dans d’autres classes était respectée. Dans d’autres écoles, la hiérarchie a fait pression, contre les instructions ministérielles, pour obtenir des équipes un accueil inconditionnel des élèves.

Dans ce cadre, les livraisons de masques, et d’autotests connaissent déjà des retards. La campagne de tests salivaires n’a toujours pas commencé, faute de matériel comme de personnel qualifié.
Rien n’est prévu en ce qui concerne la restauration scolaire qui est un lieu important de contamination des élèves mais n’est pas considéré par les protocoles sanitaires successifs.

Sur le plan de la vaccination, les remontées de terrain de SUD éducation montrent que le prétendu accès prioritaire aux personnels d’éducation de plus de 55 ans à la vaccination n’existe pas. Les centres de vaccinations sont en effet peu nombreux, parfois réduits à un seul centre par département, ou bien les créneaux réservés à la vaccination sont si réduits qu’il est impossible d’obtenir un rendez-vous. Les personnels sont légitimement inquiets de reprendre sans s’être fait vacciner : ils doivent faire l’objet d’une réelle priorisation dans le calendrier gouvernemental de vaccination.

Dans le second degré, les dysfonctionnements dans l’enseignement à distance étaient encore notables aujourd’hui, que ce soit dans le Val d’Oise, la Normandie, les régions Grand-Est, et Rhône-Alpes. Le ministère n’a toujours pas tiré les leçons de ses deux échecs précédents.

Pour SUD éducation, il est manifeste que les personnels doivent une nouvelle fois composer avec l’impréparation de l’administration qui les met en danger. Partout où cela sera nécessaire, SUD éducation appuiera les équipes qui choisiront de se mettre en droit de retrait ou de faire grève pour obtenir satisfaction sur leurs revendications. SUD éducation met ainsi à disposition des équipes son préavis de grève.

Pour faire face à la crise de manière durable, il est nécessaire de recruter massivement pour permettre une baisse des effectifs sans diminution des heures de cours en présentiel. C’est le sens du plan d’urgence pour l’éducation que revendique SUD éducation depuis le printemps 2020.

Préavis de grève

Le préavis « généraliste » évolue en fonction de l’actualité. Il permet de couvrir l’ensemble des personnels travaillant dans les écoles, services et établissements scolaires (enseignant-es, enseignant-e‑s du premier degré, enseignant-e‑s de l’AEFE, enseignant-es-chercheurs-chercheuses et chercheurs-chercheuses, IATOSS, ITA et personnels éducatifs, titulaires ou précaires, de droit public ou de droit privé, employé-es par le ministère de l’Éducation nationale, le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ou le Ministère de la Transformation et de la Fonction publiques ; une négociation préalable a eu lieu pour les personnels exerçant des fonctions d’enseignement dans une école maternelle ou élémentaire publique ayant charge de classe). 

SUD éducation dépose des préavis de grève couvrant l’ensemble des personnels tout au long de l’année. Vous trouverez ci-dessous le préavis de grève pour la période en cours. 

Pétition : Pour la reprise le 26 avril : il faut agir rapidement

Le Président de la République a annoncé une nouvelle étape dans les mesures sanitaires, pour freiner l’épidémie avec notamment l’avancée et le dézonage des congés scolaires associé à un passage en distanciel des enseignements.

Le ministre de l’éducation nationale n’a eu de cesse de prétendre que les protocoles étaient suffisants là où tout indique que la politique de tests est défaillante, que rien n’a été fait pour améliorer le bâti et en particulier les possibilités d’aération, que le nombre d’élèves par classes continue à être trop élevé alors que le fonctionnement avec des effectifs allégés liés à des recrutements supplémentaires et la réquisition de locaux aurait pu éviter la multiplication des cas de contamination . Les ministres (Education nationale comme Agriculture) n’ont pas entendu les acteurs de terrain qui alertaient sur la dégradation de la situation et faisaient des propositions pour éviter une fermeture des écoles et établissements scolaires dont on mesure les effets sur l’accroissement des inégalités entre élèves et les problèmes posés aux familles. Nos organisations demandent que les leçons du premier confinement soient tirées : les équipes doivent pouvoir s’organiser et organiser, comme elles le souhaitent le suivi des élèves.

Des conditions sanitaires strictes doivent permettre de maintenir les écoles et établissements scolaires ouverts et ainsi garantir les conditions d’une scolarité en présentiel, moins inégalitaire que l’enseignement à distance. Il est indispensable en outre que ces semaines soient mises à profit pour rendre la réouverture des écoles et des établissements scolaires possible dans des conditions telles qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle, pédagogique comme social.

Nous demandons :

  • Les moyens d’assurer les remplacements, la prolongation au moins jusqu’aux congés d’été des contrats des contractuels et AED recrutés dans le cadre d’autorisations liées à la crise sanitaire afin de permettre un meilleur fonctionnement des établissements, d’accompagner les élèves à hauteur des besoins…
  • Des créations de postes d’enseignantes et d’enseignants, de Psy-EN, de personnels administratifs, santé et sociaux, vie scolaire dans les écoles et les établissements pour la rentrée de septembre, pour annuler les fermetures de classes et de postes, répondre aux inégalités qui se creusent, et pouvoir anticiper une possible poursuite de la crise sanitaire.
  • La mise en place immédiate des mesures adaptées (fermeture de la classe, élèves comme personnels déclarés cas contacts) afin d’éviter toute contagion, dès le premier cas Covid avéré
  • Une amélioration significative de la politique de tests
  • L’équipement des locaux en capteurs de CO2
  • La fourniture de masques chirurgicaux aux élèves et aux personnels.
  • La vaccination de tous les personnels volontaires qui travaillent dans les écoles, collèges et lycées. Elle doit se concrétiser rapidement et être étendue à tous les personnels particulièrement exposés. C’est une mesure d’intérêt général. Le calendrier précis et les modalités d’accès au vaccin doivent être définis rapidement.

L’absence d’anticipation a déjà conduit le service public d’Éducation dans une situation critique. Persister dans ce refus aurait des conséquences graves. Nous attendons du gouvernement, du ministre de l’éducation nationale, des réponses rapides et claires à nos demandes, et ce avant la reprise des cours fixée au 26 avril 2022. Des discussions doivent être ouvertes d’ici le 20 avril.

ESR : l’inaction du ministère et des universités accroît encore les inégalités

Après avoir accusé les étudiant-e-s d’être des vecteurs de contaminations pour justifier la fermeture des universités, le gouvernement ne semble pas revenir sur la fin d’année universitaire à l’heure où les étudiant-e-s retournent à dose homéopathique sur les campus. Ce gouvernement aura finalement failli du début à la fin, étant incapable d’anticiper, planifier et organiser une année universitaire en y mettant les moyens suffisants. Les étudiant-e-s et les personnels de l’ESR termineront cette année universitaire, soumis-e-s à une fermeture des sites sans précédent, un enseignement en distanciel qui a révélé la faillite des universités et les lourdes inégalités sociales. Par son inaction, le gouvernement porte la responsabilité de la paupérisation massive des étudiant-e-s. Ce soir, rien n’a été annoncé pour prendre en compte leur situation sociale.

Pire, la ministre F. Vidal en aura profité pour imposer une loi de précarisation de la recherche contre l’avis de la grande majorité de la communauté universitaire, et entrepris une campagne nauséabonde et réactionnaire contre les universitaires, les libertés académiques et des organisations syndicales.

Dans les quelques mois qu’il reste avant la fin de l’année universitaire, SUD éducation poursuivra son combat pour imposer des investissements massifs dans l’ESR tant en termes humain (EC, BIATSS, chercheurs…) que financier, à la hauteur des enjeux, à la hauteur du mépris qu’à eu ce gouvernement pour l’ESR depuis 1 an.

Alors que des universités préparent déjà une rentrée 2021 avec des formules hybrides de cours en présentiel et distanciel, il est temps d’engager toutes nos forces pour défendre un ESR ouvert et des conditions de travail et d’études dignes pour ses personnels et ses étudiant-e-s.

Mardi 6 avril : mobilisons nous contre la casse du service public et pour préparer la rentrée universitaire 2021 – Communiqué unitaire

Le secteur public et la fonction publique ont joué et jouent un rôle primordial dans la société française pour affronter la crise sanitaire et faire face à ses conséquences sociales dramatiques. Seuls des services publics forts permettront de répondre aux défis de demain et aux enjeux de justice sociale. Pourtant, refusant d’en reconnaître le caractère fondamental, le gouvernement poursuit son entreprise de destruction.

Dans la Fonction Publique, lutter contre la précarité et défendre nos droits

Aujourd’hui, une grande partie de la population et notamment la jeunesse se retrouve en situation de précarité, voire de pauvreté. Dans l’ESR, pour le personnel, cette précarité résulte à la fois du gel du point d’indice qui se traduit, année après année, par une baisse du pouvoir d’achat qui affecte plus particulièrement les collègues des catégories C et B, ainsi que par l’augmentation de l’emploi précaire. La mise en œuvre de la « Loi de Programmation de la Recherche » (LPR), dont nous demandons l’abrogation, accentuera encore cette précarité. Nous exigeons une véritable revalorisation indiciaire des rémunérations dans l’ESR et non une revalorisation aléatoire et inégalitaire reposant sur l’augmentation ponctuelle des primes individuelles.

Alors que la crise sanitaire montre la nécessité d’avoir des instances représentatives en capacité d’agir, la loi dite « de transformation de la Fonction publique » de 2019 a au contraire supprimé la plupart de leurs prérogatives.

Pour les moyens nécessaires à la reprise des enseignements sur site

Alors que d’autres secteurs éducatifs n’ont jamais cessé ou ont pu progressivement retrouver un fonctionnement quasi-normal, dans le respect des consignes sanitaires, la plupart des établissements universitaires sont aujourd’hui quasiment déserts et peinent à atteindre 20% des effectifs d’étudiant·es en présence. Ni les besoins d’aménagement des locaux établis dès l’été 2020 (capteurs CO2, aérations, filtre HEPA, ni la nécessité de multiplier les tests rapides n’ont été pris en compte). Cette situation reflète le mépris du gouvernement pour la formation et l’émancipation de la jeunesse. La baisse limitée du taux de présence aux examens du premier semestre ne doit pas dissimuler la réalité du décrochage et des retards pris dans l’acquisition des connaissances. Beaucoup d’étudiant·es sont aujourd’hui dans une situation de détresse matérielle et psychologique que nous ne pouvons ignorer.

Nos organisations exigent les moyens nécessaires pour garantir la santé et la sécurité des agent·es et des usager·es et un retour sur site pour l’intégralité des enseignements de toutes et tous les étudiant·es à la rentrée 2021. Nous exigeons que les personnels de l’ESR qui le souhaitent soient vaccinés au plus vite, en particulier celles et ceux qui sont en contact avec le public ou assurent des fonctions sur site, et que les aménagements des locaux soient effectués sans aucun délai.

Pour une recherche publique au service de la population

Les décrets d’application de la LPR mettent en place de nouveaux contrats précaires (CDI de mission, chaires de « professeur·e junior », post-doc de droit privé etc.) et le recrutement des enseignant·es-chercheur·es hors du cadre national. En parallèle, en donnant toujours plus de poids à l’Agence nationale de la recherche (ANR), le gouvernement entérine le fonctionnement par appels à projet, au détriment des crédits de base des laboratoires, ce qui augmente mécaniquement les contrats précaires. Ce fonctionnement court-termiste a pourtant montré sa nocivité. La crise sanitaire actuelle illustrant très bien la nécessité de développer la recherche fondamentale. Pourtant, de l’argent pour financer une recherche de qualité, il y en a : il suffirait de réorienter les milliards du crédit impôt recherche, qui bénéficie essentiellement aux grands groupes, comme Sanofi qui se révèle incapable d’élaborer un vaccin, tout en annonçant de nouveaux licenciements de chercheur/ses.

Pour l’emploi titulaire

Outre les mesures d’urgence liées à la rentrée, nous considérons comme indispensable la mise en œuvre dès cette année d’un plan pluriannuel de recrutements de 65 000 postes titulaires sur 10 ans, dont 8500 créations de postes pour l’année 2021, pour l’ensemble de l’ESR, tous corps confondus et la titularisation des contractuel·les recruté·es sur fonctions pérennes, l’arrêt de l’externalisation et de la privatisation des fonctions supports, la revalorisation significative des salaires, ainsi qu’un effort budgétaire programmé sur 10 ans de trois milliards d’euros supplémentaires par an dont 1Md€ pour la recherche et 2Md€ pour l’enseignement supérieur. Le nombre de contrats doctoraux doit être augmenté (+7000) pour permettre la délivrance annuelle de 20 000 doctorats financés.

Pour les libertés académiques et la défense de tout le personnel de l’ESR

Les attaques de Frédérique Vidal contre les libertés académiques, dont la liberté de recherche, sont sans précédent. Nos organisations, ainsi que les plus de 22.000 collègues qui ont signé une pétition exigeant la démission de F. Vidal, les ont immédiatement dénoncées. Nous ne pouvons accomplir nos missions de service public en subissant les injures et les menaces qui en ont résulté. Tous et toutes les fonctionnaires doivent pouvoir bénéficier de la protection due par leur employeur lorsqu’ils ou elles sont attaqué·es dans le cadre de leurs fonctions et cette protection doit aussi s’appliquer aux non-titulaires, en particulier les doctorantes et doctorants. La défense des libertés académiques est aussi indissociable du maintien d’instances collégiales élues et de l’amélioration de nos conditions de travail.

Nos organisations dénoncent enfin la montée de la criminalisation de l’action syndicale, les mesures et projets de lois liberticides imposés par ce gouvernement et demandent notamment le retrait des décrets de fichages des opinions du 2 décembre 2020.

Elles demandent le respect de la liberté de revendication, y compris pour les organisations étudiantes: il n’appartient ni aux ministres, ni aux élu·es de dicter leur comportement aux organisations syndicales ; elles demandent que cessent les menaces que le gouvernement fait peser sur l’existence du syndicat étudiant UNEF.

Les organisations signataires appellent le personnel de l’ESR à participer aux actions du 6 avril partout en France, pour faire entendre sa colère face aux attaques gouvernementales contre les libertés académiques, pour exiger des moyens supplémentaires pour la rentrée à venir et faire entendre ses revendications et propositions concernant l’enseignement supérieur et la recherche publiques.

Paris, le 30 mars 2021

Signataires : SNTRS-CGT, CGT FERC SUP, CGT-INRAE, SNESUP-FSU, SNEP-FSU, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SUD EDUCATION, SUD RECHERCHE EPST, SOLIDAIRES ETUDIANT-E-S, UNEF, L’ALTERNATIVE

Universités : contre l’instrumentalisation réactionnaire, défendons le savoir émancipateur

Au cours des derniers jours, dans le cadre de « l’affaire de Sciences Po Grenoble », le nom de Samuel Paty a été fréquemment invoqué par l’un des protagonistes de l’affaire invité dans plusieurs médias, ainsi que par de nombreux éditorialistes. Ce faisant, le nom de Samuel Paty se retrouve honteusement associé à une affaire à laquelle il est étranger, et instrumentalisé à des fins politiques réactionnaires. Ces basses instrumentalisations interpellent tous les personnels, de la maternelle au supérieur, personnel enseignant ou administratif.

Les enquêtes en cours à l’IEP de Grenoble devront faire la lumière sur les faits et les responsabilités, et il n’est pas du rôle de notre fédération d’intervenir dans ce cadre. Toutefois, l’écho national que rencontre cette affaire n’est rendu possible que par les campagnes de dénigrement de la recherche en sciences sociales auxquelles se livrent les ministres Blanquer et Vidal depuis plusieurs mois. Il et elle portent une responsabilité dans cette affaire, en participant à la confusion des registres entre le débat d’opinion d’une part, et le débat scientifique et fondé sur une méthode d’autre part. En construisant l’épouvantail de « l’islamo-gauchisme », il et elle portent une responsabilité morale dans les campagnes haineuses à l’encontre de chercheur-e-s et d’étudiant-e-s. Il et elle rendent également possible la radicalisation d’organisations d’extrêmes droites qui, aujourd’hui, dans l’affaire de Grenoble comme dans l’affaire nationale des « 600 », jettent en pâture les noms d’enseignant-e-s, de chercheur-e-s et de membres du personnel administratif. SUD éducation apporte son soutien et sa solidarité à ceux et celles qui sont aujourd’hui l’objet de ces campagnes haineuses.

 

Les attaques ministérielles contre les sciences sociales, et l’instrumentalisation du nom de Samuel Paty par des éditorialistes, nous concernent tous et toutes. En électrisant le débat public, en s’attaquant au SHS, et en détruisant le service public de l’éducation, les ministres Blanquer et Vidal trahissent, chaque jour un peu plus, la volonté de construire un savoir émancipateur dans un service public d’éducation laïque.

Expérimentation des “e‑Inspés”: des millions d’euros pour une formation sans formateur-trices !

La direction de Canopé a annoncé récemment par voie de presse la création d’une plateforme en ligne “e-Inspé” voulue par le ministre Blanquer. Cette plateforme va bénéficier d’un financement public de 10 millions d’euros sur 10 ans.

Alors que la réforme de la formation initiale des enseignant-es est unanimement décriée depuis des mois, une expérimentation est déjà en cours pour la réalisation de la plateforme “e-Inspé” : les premiers parcours virtuels de formation pour les enseignant-e-s ont été lancés en février sur les thèmes de la “didactique des fondamentaux, la gestion de classe ou l’EMI”.

Depuis des années la dégradation de la formation continue est largement ressentie par les personnels. Elle est en partie liée à la mise en place de Magistère: déshumanisation de la formation, contenus inadaptés, gestion administrative chaotique selon les académies…
Aujourd’hui, la formation à distance menace également la formation initiale.

SUD éducation dénonce les dérives de ce “tout numérique” qui, sous-couvert d’innovations technologiques, reste un moyen pour le ministère de faire croire qu’il forme toujours aussi bien ses enseignant-es, alors qu’en réalité, il réduit le nombre d’heures de formations en présence et par voie de conséquence le nombre de formateurs-trices.

Plus inquiétant encore, Canopé permet déjà en Aquitaine à des start-up de proposer leurs “solutions” à des panels d’enseignant-es. Il s’agit ici d’une nouvelle intrusion de l’entreprise dans le service public d’éducation. SUD éducation dénonce la marchandisation de l’école à l’œuvre dans ces partenariats.

SUD éducation revendique:

  • le retrait de la réforme de la formation des enseignant-es
  • des moyens supplémentaires pour assurer à tous-tes les enseignant-es une formation continue publique, en présence et gratuite à la hauteur des besoins
  • le financement des services publics par des fonds publics.

À l’appel d’une AG inter-INSPÉ et de onze organisations syndicales dont SUD éducation, une journée de grève et de mobilisation sur la Formation des enseignant-es aura lieu le jeudi 11 mars avec un rassemblement devant le ministère de l’Éducation nationale.

Vidal porte atteinte à la liberté de recherche des universitaires : un tel obscurantisme est inadmissible, la ministre Vidal doit partir !

Dimanche 14 février, sur un plateau télé de CNEWS (chaîne sur laquelle un animateur a par ailleurs été condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale) la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, interrogée par Jean-Pierre Elkabbach à propos de l’article « Comment l’islamo-gauchisme gangrène les universités » du Figaro (12/02) déclarait : « Moi je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et que l’université n’est pas imperméable, [elle] fait partie de la société ». Elle a annoncé par la suite devant la représentation nationale qu’elle allait demander « notamment au CNRS » de faire une enquête sur « l’ensemble des courants de recherche » à propos de « l’islamo-gauchisme » à l’université, « de manière à ce qu’on puisse distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ».

Un gouvernement qui souhaite museler les universitaires ?

Alors que les universités sont encore largement fermées, les étudiant-e-s dans une précarité sociale, une détresse psychologique et une incertitude pédagogique sans précédent, que l’ensemble de la communauté universitaire tient à bout de bras un enseignement supérieur et une recherche que le ministère vient d’affaiblir, précariser et libéraliser encore plus via la LPR rejetée massivement, la ministre tente un contre-feu digne de son collègue de l’Éducation nationale. Que la ministre reprenne les termes de l’extrême-droite à travers sa dénonciation du mythe, du fantasme de « l’islamo-gauchisme » marque une fois de plus la volonté du gouvernement de mise au pas de l’Université, de ses enseignant-e-s chercheurs-euses et de son personnel en général. Nous avons déjà connu ces derniers mois une volonté de restriction des libertés académiques, de la recherche, de criminalisation des mobilisations universitaires de la part de ce gouvernement. Cette fois-ci, toutes les limites sont franchies.

En demandant au CNRS (et donc ses agent-e-s) à travers l’Alliance Athéna de mener des enquêtes sur des « courants de recherche », la ministre piétine les fondements même de la recherche publique. Mme Vidal veut-elle instituer une police de la pensée ? Interdire certaines thématiques de recherche (telles les études postcoloniales ou décoloniales, les travaux portant sur les discriminations raciales, etc.) comme c’est le cas dans certaines universités en Hongrie, Brésil ou Roumanie ?

Une offensive répressive et autoritaire tout azimut

Derrière ces propos, il y a plus que le « gauchisme », la stigmatisation de l’Islam et de ses pratiquant-e-s, ou supposé-e-s comme tel-les. Ce n’est pas un hasard si la ministre professe ces attaques quelques jours seulement après le « débat » entre Darmanin et Le Pen dans lequel le gouvernement a montré toute sa dimension réactionnaire, ou à quelques heures du vote de la loi « séparatisme » stigmatisante et discriminatoire.

La rhétorique est classique dans cette période de crise sanitaire, économique et sociale : masquer les responsabilités de l’État et du ministère dans la situation dramatique dans laquelle se trouve l’Université et la recherche aujourd’hui et allumer des contre-feux.

À travers les lois « séparatisme » et « sécurité globale », le gouvernement s’attaque frontalement à nos libertés fondamentales ; à travers les propos de la ministre, il menace aujourd’hui les libertés académiques et la possibilité d’un enseignement et d’une recherche critiques.

Pour SUD Éducation et SUD Recherche EPST :

Tout gouvernement qui se prétend démocratique doit accepter les critiques nées de l’analyse scientifique de ses actions. S’attaquer à l’université c’est s’attaquer à un lieu de construction d’un savoir critique.

— Aucun-e collègue, au CNRS comme dans des universités, quel que soit son statut, ne doit participer à cette campagne de dénonciation.

— Les libertés académiques et de recherche sont fondamentales et non négociables, pour un ESR émancipateur et débarrassé d’injonctions idéologiques comme économiques d’où qu’elles viennent.

Nous réaffirmons notre opposition aux lois « séparatisme » et « sécurité globale » comme à la LPR.

La ministre F. Vidal, que l’on connaissait déjà autoritaire et hermétique à la détresse du monde universitaire, a perdu toute légitimité avec ces propos injurieux et menaçants : elle doit partir.

Médecine du travail : une contre-réforme pour masquer une perte de moyens

Nos conditions de travail ne cessent de se dégrader et les services de médecine de prévention – qui désigne la médecine du travail dans la Fonction publique – sont très insuffisants. Pire, leurs moyens diminuent !

L’obligation faite à l’employeur d’organiser des visites médicales régulières est inscrite dans les textes réglementaires (décret 82-453 du 28 mai 1982) : les personnels ont droit à une visite médicale de prévention tous les 5 ans, et à tout moment sur demande. Mais les moyens dont dispose la médecine de prévention sont dorénavant laissés à l’appréciation de l’employeur, après avis des médecins du travail. Le risque est grand d’une accentuation de l’indigence des moyens et par là des leviers d’action pour protéger les personnels.

Depuis toujours les services de médecine de prévention sont en sous-effectifs dans l’Éducation nationale : en 2018 c’était 6 fois moins de médecins que le prévoyait la loi. En 2019, la situation s’est encore aggravée : le nombre de médecins du travail de ces services a diminué, ainsi que le volume de temps de travail attribué, comme en atteste le dernier rapport présenté au CHSCT ministériel de décembre 2020.

Comment le ministère gère-t-il ce manque de moyens ? En externalisant les prises en charge, en particulier avec le partenariat Éducation nationale – MGEN. Mais en reléguant son action aux réseaux P.A.S. de la MGEN, l’État ne respecte pas ses obligations en matière de santé et sécurité au travail. Ces réseaux, simples cellules d’écoutes, ne règlent en aucun cas les problèmes d’organisation du travail et leurs effets délétères sur la santé des personnels.

L’enjeu est de taille : une mauvaise organisation du travail/de mauvaises conditions de travail causent de nombreuses atteintes à la santé physique et mentale, à des accidents de service et maladies professionnelles, voire à l’inaptitude. Pourtant, la loi dicte au ministère d’éviter les risques au travail pour la santé, et si ce n’est pas possible, de les prévenir à leur source (voir encadré).

Depuis la récente réforme de la médecine de prévention, l’État entend mettre en avant des équipes dites « pluridisciplinaires » composées d’infirmièr-e-s du travail, de psychologues du travail, d’ergonomes… chapeauté-e-s par un-e médecin du travail. Nous ne pouvons que nous réjouir d’une prise en compte élargie des questions de santé et sécurité au travail avec ces équipes pluridisciplinaires. Mais ne ne nous y trompons pas : le ministère et le gouvernement manœuvrent afin de palier les problèmes de recrutement de médecins du travail dans l’Éducation nationale. Pourtant, les médecins du travail sont les seuls à pouvoir faire injonction à l’employeur pour protéger les personnels.

Il ne faut pas hésiter à demander la visite médicale de prévention et consulter le médecin du travail chaque fois qu’il est compétent pour améliorer nos conditions de travail.

Seule une politique ambitieuse sur la santé et la sécurité au travail permet d’améliorer les conditions de travail. Ce qu’il faut, ce sont de réels moyens pour la médecine de prévention et le recrutement massif de médecins du travail !

Article L4121-2 du code du travail (applicable à la fonction publique)
« L’employeur met en œuvre les mesures prévues à l’article L. 4121-1 sur le fondement des principes généraux de prévention [par ordre de priorité] suivants :
1° Éviter les risques ;
2° Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ;
3° Combattre les risques à la source ;
4° Adapter le travail à l’homme, […]
5° Tenir compte de l’état d’évolution de la technique ;
6° Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux ;
7
° Planifier la prévention en y intégrant […] l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral et au harcèlement sexuel, […], ainsi que ceux liés aux agissements sexistes […] ;
8° Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle ;
9° Donner les instructions appropriées aux travailleurs. »

Jeudi 4 février 2021 Mobilisons-nous pour la préservation et le développement de l’emploi, contre la précarité, pour la défense de l’ESR et de tous les services publics

Les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie sont aggravées par des décisions gouvernementales désastreuses pour le monde du travail et la jeunesse.

Dans ce contexte, les organisations signataires ont décidé de se joindre au processus de mobilisations et d’initiatives au mois de janvier et début février pour la préservation et le développement de l’emploi et des services publics contre la précarité et pour la réouverture des universités à toutes et tous les étudiant·es, au-delà d’un seul jour par semaine, avec les moyens nécessaires.

Le mardi 26 janvier a été une journée de manifestation à travers tout le pays qui a mobilisé les personnels de la maternelle à l’université, de la recherche ainsi que les étudiant·es. Cette journée était incontournable pour porter et faire entendre nos revendications en particulier vers les citoyen·nes. La journée interprofessionnelle du jeudi 4 février doit nous permettre de continuer dans cette dynamique revendicative en mobilisant notre secteur.

Le plan de relance affiché par le gouvernement n’est en rien un plan de rupture avec les politiques de casse de l’emploi, de pression sur les salaires et sur les conditions de travail et d’affaiblissement de la protection sociale et des services publics. Il plonge une grande partie de la population et notamment la jeunesse dans la précarité et la pauvreté. Pour contrer le mécontentement croissant, le gouvernement met en place des lois liberticides y compris au sein même de nos établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche. Par contre, les gagnants sont bien toujours les mêmes, ainsi les entreprises les moins touchées par la crise bénéficieront le plus des crédits d’impôt. On voit le résultat : des centaines de millions d’euros de crédit d’impôt recherche pour Sanofi pour des milliers de licenciements, et finalement être incapable de développer un vaccin.

Les « contre » réformes qui se sont succédé ces dernières années facilitent les licenciements et les suppressions de postes dans le privé comme dans le public. Là encore, ni plan de relance, ni plan de rupture mais la poursuite du même objectif néo-libéral de casse de l’appareil productif et des services publics.

Il est indéniable, après la pénurie de masques du printemps dernier et la pénurie des vaccins aujourd’hui, qu’être en capacité de produire des médicaments, des vaccins, du matériel médical et de protection ne peut plus faire débat. Il faut relocaliser une partie de notre production y compris en réquisitionnant les entreprises indispensables pour lutter contre la pandémie.

Il faut un véritable plan de relance combinant investissement public massif, lutte contre la précarité, augmentation des salaires et baisse du temps de travail.

C’est le chemin inverse que prend ce gouvernement. Rien pour les salaires. La ministre du Travail annonce, presque comme une provocation, une revalorisation du SMIC en dessous d’1% pour 2021, ce qui ferait passer le taux horaire de 10,15 à 10,25 €. Rien pour l’ensemble des fonctionnaires dont le point d’indice reste gelé depuis près de 10 années. Pour les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, ce seront quelques miettes sous forme de prime dans le cadre de la loi de programmation de la recherche au prix de mesures destructrices pour notre service public de l’ESR.

Les étudiant·es sont confronté·es à une précarité croissante, à la difficulté de suivre les cours à distance et à la peur de l’échec ; tout cela engendre une détresse psychologique forte, pouvant aller jusqu’au suicide pour certain·es. C’est toute une génération qui est abandonnée voire sacrifiée, les mesures annoncées et les décisions prises par Macron, Castex ou Vidal étant insuffisantes, incohérentes et bien souvent inapplicables.

Nous revendiquons l’abrogation de la LPR et réitérons la demande d’un plan pluriannuel de recrutements de 65 000 postes titulaires sur 10 ans, dont 8500 créations de postes pour l’année 2021, pour l’ensemble de l’ESR, tous corps confondus et la titularisation des personnels contractuel·les recruté·es sur fonctions pérennes, l’arrêt de l’externalisation et de la privatisation des fonctions supports, la revalorisation significative des salaires, ainsi qu’un effort budgétaire programmé sur 10 ans de trois milliards d’euros supplémentaires par an dont 1Md€ pour la recherche et 2Md€ pour l’enseignement supérieur. Le nombre de contrats doctoraux doit être augmenté (+7000) pour permettre la délivrance annuelle de 20 000 doctorats financés.

Il faut revaloriser les bourses, baisser les loyers en résidence universitaire, recruter du personnel de santé et de service social dans les CROUS pour mettre fin à terme à la précarité étudiante.

C’est pourquoi, les organisations signataires appellent, dans une dynamique de convergences et de renforcement des luttes, à un temps fort commun interprofessionnel de mobilisations et de grève partout en France le 4 février 2021 pour la préservation et le développement de l’emploi et des services publics, contre la précarité.

SIGNATAIRES : Snep-FSU, snesup-FSU, snuasfp-FSU, sncs-FSU, snasub-FSU, SOLIDAIRES ETUDIANT-e-S, sud recherche Epst, Sud Éducation, FO ESR, SNTRS CGT, Ferc sup cGt, CGT Inrae, UNEF, L’alternative, ANCMSP

Grève interprofessionnelle le Jeudi 4 février

L’année 2020 a été marquée par la pandémie et ses conséquences sanitaires, économiques, sociales et démocratiques. Celles-ci sont aggravées par des décisions gouvernementales désastreuses pour le monde du travail et la population.

Le plan de relance affiché par le gouvernement n’est en rien un plan de rupture avec les politiques de casse de l’emploi, de pression sur les salaires et sur les conditions de travail et d’affaiblissement de la protection sociale. Au contraire, il plonge une grande partie de la population et notamment la jeunesse dans la précarité et la pauvreté.

Les réformes successives, contestées fortement, facilitent les licenciements et les suppressions de postes dans le privé comme dans le public.

En Bretagne, on dénombre 80000 personnes sans emploi de plus depuis mars 2020, la moitié dans la métropole rennaise. Pour le plus grand nombre, il s’agit de travailleurs précaires, des CDD non renouvelés, des intérimaires remerciés, des licenciements individuels dans les très petites entreprises (artisanat, restauration, commerce…).

Les gagnants sont toujours les mêmes ! Le CAC40 a augmenté les dividendes versés à ses actionnaires de 269% en 20 ans, tout en délocalisant, en supprimant les emplois et en pressurisant les salariés.

Ce constat impose de contrôler et de conditionner socialement et écologiquement les aides publiques. Il faut un véritable plan de relance combinant investissement public massif et soutien des revenus des plus fragilisés ou précaires.

C’est le chemin inverse que prend ce gouvernement.

Rien pour les petits salaires ! La ministre du Travail annonce, presque comme une provocation, une revalorisation du SMIC en dessous de 1% pour 2021, faisant passer le taux horaire de 10,15 à 10,25 €.

Rien non plus pour les « 1ers de corvée », exposés depuis le début de la pandémie ! Toutes et tous devront attendre une hypothétique négociation dans leurs secteurs professionnels fin 2021.

Rien pour les soignant.es qui dénoncent un plan Ségur insuffisant et beaucoup d’oublié·es.

Rien pour les personnels de l’éducation nationale alors que le simulacre de concertation autour d’un Grenelle de l’éducation est au point mort. Rien pour l’ensemble des fonctionnaires dont le point d’indice reste gelé.

Rien pour la jeunesse. Les chiffres sont pourtant clairs : 47% des jeunes s’inquiètent pour leur emploi, le taux de chômage des jeunes a dépassé les 20%. Le second confinement les a fait plonger dans l’extrême précarité. Nombre d’entre elles et eux ne mangent plus à leur faim. A cela s’ajoute la difficulté de suivre les cours à distance, la peur de l’échec, l’isolement et une détresse psychologique forte. Avec ses mesures insuffisantes, restrictives et incohérentes, le gouvernement sacrifie toute une génération !

Avec la relance du débat sur la réforme des retraites là encore, ni plan de relance, ni plan de rupture mais la poursuite du même objectif libéral de casse de l’appareil productif, des services publics, et de notre système de sécurité sociale.

La réponse aux besoins de toute la population, des travailleur·euses, des privé·es d’emploi, des retraité·es, l’avenir de la jeunesse et la réussite de la transition écologique imposent la création de millions d’emplois. Cela passe notamment par le partage et la réduction du temps de travail sans perte de salaire.

Dans le secteur de la santé par exemple, alors que le gouvernement tergiverse sur les mesures à prendre pour éviter l’engorgement des services de réanimation, c’est 400 000 emplois à créer dans les hôpitaux, les maisons de retraite et l’accompagnement des malades et des personnes en perte d’autonomie. Les besoins sont importants aussi dans toute la fonction publique.

Il est indéniable aujourd’hui, après la pénurie de masques du printemps dernier, qu’il faut relocaliser une partie de notre production et en particulier notre industrie. Être en capacité de produire en France, sous contrôle citoyen et public, des médicaments et du matériel médical et de protection ne peut plus faire débat.

Dans ce contexte les attaques liberticides du gouvernement se multiplient. La loi sécurité globale est un outil utilisé par le gouvernement et le patronat pour imposer leurs mesures de destruction sociale au seul profit du capital. Nous ne sommes pas dupes !

Les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires, Union Pirate, Solidaires Étudiant·es, FSE d’Ille-et-Vilaine appellent, dans une dynamique de convergences et de renforcement des luttes, à un temps fort commun interprofessionnel de mobilisations et de grève le 4 février 2021.

Elles proposent un processus de mobilisations et initiatives dès le mois de janvier. Des déploiements locaux, des tractages et des assemblées générales doivent se tenir sur les lieux de travail et dans les territoires. Ils permettront de faire de la deuxième quinzaine de janvier une période de mobilisations professionnelles pour l’emploi avec notamment 3 journées phares dans la santé le 21, l’éducation nationale le 26 et dans l’énergie le 28 janvier.

  • Pour un véritable plan de rupture qui conjugue emploi, progrès social et enjeu environnemental
  • Pour l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices et celles qui bénéficient des aides publiques
  • Pour le retrait définitif des lois de réforme des retraites et de l’assurance chômage
  • Pour l’augmentation des salaires et la réduction du temps de travail

Mobilisons-nous partout, sur les lieux de travail, réunissons-nous en assemblées générales pour décider la grève !

Toutes et tous en grève le 4 février :

RDV à 11h Esplanade Charles De Gaulle à Rennes

Suite au succès de la grève du 26 janvier, amplifions le rapport de force !

Ce mardi 26 janvier plus de 40 % des personnels de l’Éducation nationale se sont mis en grève à l’appel de l’intersyndicale CGT-FSU-SUD-FO-SNCL. Les revalorisations annoncées dans le cadre du Grenelle n’ont en effet trompé personne, et ont au contraire montré l’étendue des besoins en termes de revalorisation pour l’ensemble des personnels. Le contexte de l’arrivée dans les académies et les départements des enveloppes budgétaires pour la rentrée 2021 a également provoqué un fort mécontentement, de même que la gestion erratique de la crise sanitaire.

Dans le contexte difficile pour le mouvement social que constitue la crise sanitaire, cette journée de grève et de manifestations est une réussite : excepté les mobilisations sur les protocoles sanitaires de début novembre, c’est en effet la première journée de grève dans notre secteur depuis la mobilisation contre la réforme des retraites. Elle montre que l’exaspération des personnels est réelle, et la volonté largement partagée dans la profession de mettre un coup d’arrêt à la politique de démantèlement des services publics que mène le gouvernement.

Il s’agit maintenant d’ancrer le mouvement dans la durée :

— par la multiplication des prises de positions dans les AG et les réunions syndicales pour un plan d’urgence pour l’éducation

— par l’ancrage dans la durée des mobilisations contre la précarité, notamment celle des AED, pour laquelle SUD éducation a ouvert une caisse de grève

— par la mise en œuvre de mobilisations locales sur les questions de moyens (DHG, cartes scolaires)

Au-delà de notre secteur, c’est l’ensemble de la politique antisociale du gouvernement qu’il s’agit de combattre. Dès à présent, la date de grève interprofessionnelle du jeudi 4 février doit être un point d’appui majeur pour poursuivre la mobilisation du secteur de l’éducation. Faisons converger nos colères avec les autres secteurs professionnels attaqués par la politique de destruction des droits sociaux et des services publics menée par le gouvernement !

Universités : face au mépris de Macron, manifestons et reprenons le contrôle de nos campus

Castex a fait des annonces le 14/01 et une circulaire devait être promulguée : accueil des L1 à une jauge de 50% à partir de ce lundi 25/01… et jeudi 21/01, tout cela a disparu, il ne reste que les 20% pour toutes les formations à partir d’aujourd’hui ! Voir la nouvelle circulaire (lien: https://services.dgesip.fr/fichiers/CirculaireRepriseEnseignements-22janvier21.pdf).
 
De nouveau, sans aucune anticipation, sans écouter le monde universitaire, à l’image et à la suite de Vidal et de Castex, Macron nous oblige à devoir tout réorganiser en catastrophe… pour que tout soit à nouveau annulé dans quelques temps ? Nous subissons depuis des mois le mépris du gouvernement, et l‘accumulation des injonctions et des revirements s’apparente clairement à de la maltraitance. 
 
Si Macron a subitement décidé, visiblement contre l’avis de Castex et Vidal une semaine avant, d’organiser l’accueil de toutes les promotions sur site une journée par semaine, c’est parce qu‘il a peur de la colère qui monte et s’organise dans les universités. 
 
Demain mardi 26 janvier, nous devons continuer à faire entendre cette colère, rejoindre nombreuses et nombreux les manifestations avec les collègues de l’Education nationale, et obliger le gouvernement à revoir sa copie : reprise des les cours en présentiel pour celles et ceux qui le souhaitent en donnant les moyens humains et matériels pour le faire. 
 
Dans les jours et semaines à venir, c’est à la communauté universitaire entière, enseignant·es-chercheur·es, Biatss, étudiant·es, de débattre et s’organiser pour reprendre le contrôle des campus. Face à l’autoritarisme du gouvernement et la soumission béate et dangereuse de la plupart des gouvernances universitaires, il nous faut opposer la collégialité et la démocratie universitaire, et reprendre la main sur nos métiers et sur nos vies.
 

En grève le 26 janvier : mobilisons-nous pour nos salaires, nos conditions de travail, les postes statutaires !

Communiqué de l’intersyndicale de l’éducation d’Ille-et-Vilaine

RASSEMBLEMENT et MANIFESTATION

mardi 26 Janvier, 11h

Place de la République à RENNES

Dans un contexte où les inégalités continuent à se creuser, il y a urgence à combattre les contre-réformes qui les aggravent, dans l’Éducation Nationale comme ailleurs, à revendiquer les moyens nécessaires et une véritable revalorisation pour les tous les personnels.

Or, le Parlement a adopté un budget qui est loin de répondre aux besoins matériels et humains de l’École républicaine et pas davantage aux revendications de ses personnels. En effet, il ne prend pas la mesure de l’augmentation des effectifs, de la situation sanitaire qui impose particulièrement des mesures pour faire baisser les effectifs d’élèves par classe à court et moyen terme et de l’état de fatigue des
personnel·e·s, épuisé·e·s par des années de dégradation des conditions de travail.

Il faut en urgence engager les recrutements statutaires nécessaires, en recourant aux listes complémentaires, en titularisant les contractuel·les. Dans le budget 2021, la nécessaire revalorisation des personnels ne trouve qu’une traduction minimale avec 400 millions d’euros prévus. C’est très peu pour les personnels, et de fait l’essentiel des mesures proposées pour 2021 ne concerneront qu’une minorité d’entre eux. Les AED et les AESH, les personnel administratifs et 70% des enseignant·es, professeur·es documentalistes, CPE et PSY-EN ne se voient rien proposer. Le Grenelle du ministre est d’autant plus inacceptable qu’il vise à modifier en profondeur le fonctionnement de l’école, les missions et les statuts des enseignant·es.

Les organisations syndicales exigent un budget qui acte l’arrêt des suppressions d’emploi (-1883 au niveau national et -80 au niveau académique dans le second degré) et engage un rattrapage intégral des pertes salariales subies grâce à un plan pluriannuel de revalorisation.

Elles exigent en outre :

  • des créations de postes statutaires pour répondre à tous les besoins
  • la fin de la précarité et la création d’emplois qualifiées et statutaires, rémunérés décemment, notamment pour les personnels de vie scolaire (AED) et les AESH
  • le dégel immédiat de la valeur du point d’indice couplé à des mesures significatives de revalorisation salariales pour tous les personnels
  • Elles exigent un plan urgent de recrutements sur les listes complémentaires des concours pour faire face aux besoins immédiats, notamment de remplacements, en lieu et place des recrutements de contractuels que le ministère a autorisé

Les organisations syndicales appellent les personnels à poursuivre les mobilisations en cours, à construire dès maintenant une dynamique de mobilisation par des actions locales, réunions, motions et courriers collectifs auprès des IA-DASEN, des Recteurs, du gouvernement, à s’engager dans l’action pour exiger la satisfaction de leurs revendications.

Télécharger le communiqué intersyndical éduc 35 (pdf)


Dans le premier degré, la déclaration d’intention de grève doit être adressé à l’IEN
au plus tard le samedi 23 janvier 2021

Télécharger la déclaration d’intention de grève de la fédération SUD éducation

Lettre à l’adresse des parents pour la journée de grève du 26 janvier

LBD1 : le premier épisode du podcast de SUD éducation !

La première émission intitulée L.B.D, La Base Décide, c’est l’actualité du mois de janvier en 40 minutes ! Au programme : les annonces quant aux classes de maternelle, tout savoir sur les salaires, le devoir de réserve et bien sûr la grève exemplaire des AED !