Défendez vos droits Guide pratique instit et PE


Depuis une vingtaine d’années, la casse systématique du service public d’éducation durcit nos conditions de travail dans les écoles.

Parallèlement, nous constatons de plus en plus de demandes abusives de la part de l’administration.

Malheureusement, nous ne connaissons pas toujours nos droits et nous ne sommes pas en mesure de contester les abus dont nous faisons les frais. Cela contribue à détériorer lourdement nos conditions de travail.

L’objectif de ce guide est donc de mieux faire connaître nos droits pour nous défendre et tenter d’améliorer concrètement notre quotidien. L’idée est de pouvoir utiliser le droit comme moyen d’action face à notre employeur parmi tous les autres moyens d’action dont nous disposons, Sud Éducation privilégiant bien évidemment le rapport de forces, dans lequel l’aspect juridique peut être un levier.

Nous ne devons pas perdre de vue les luttes collectives pour améliorer nos conditions de travail, et pour construire une autre école et une autre société.

NB : Un décret du 31 mars 2017 modifie les obligations réglementaires de service des PE, le guide sera très prochainement mis à jour. En attendant, vous trouverez ci-dessous le correctif de la page 3.

Sommaire du guide

I – Au quotidien dans l’école
Arrêté de nomination sur poste
Utilisation des locaux scolaires
Autorisations d’absence facultatives
Conseiller/ères pédagogiques
Temps de services et réunions annualisées
Activités pédagogiques complémentaires
Animations pédagogiques
Accueil des élèves des collègues absent-e-s non remplacé-e-s
Élèves ayant des difficultés importantes
Registres de santé et de sécurité au travail
Danger grave et imminent et droit de retrait
Collègues chargé-e-s de direction

II – Les rapports avec la hiérarchie
Devoir d’obéissance
Devoir de réserve du fonctionnaire
Convocation des supérieures hiérarchiques
Communication avec la hiérarchie
Inspection
Refus d’inspection
Liberté pédagogique
Dossier du fonctionnaire

III – Salaire et réduction du temps de travail
Salaire et aides financières
Disponibilité
Temps partiels
Démissionner
Congé de formation et engagement à servir l’État

IV – Santé
Visites médicales
Congés maladie
Suite à une pathologie médicale récurrente
Accident de service, accident de trajet et maladie professionnelle

V – Congés pour raisons familiales
Congé maternité
Congé de 3 jours pour naissance ou adoption
Congé paternité et d’accueil de l’enfant
Congé pour adoption
Congé parental
Journées pour garde d’enfant

VI – Droits syndicaux dans le premier degré

VII – Droit de grève

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Ecoles publiques rurales : politique de casse des services publics

Ecoles publiques rurales

Une politique de casse des services publics de proximité


Concentrations, regroupements, économies et rentabilité au service de « l’ambition » et de la « réussite individuelle », telles ont été les notions-clés pour comprendre l’évolution des politiques scolaires. Pourtant, depuis les années 1990, des études prouvent que les résultats des enfants en classe unique sont supérieurs à la moyenne nationale. Elles sont depuis confirmées par l’intérêt des petites structures multi-âges dans le développement cognitif et la socialisation de l’enfant.

Mais la politique de concentration des moyens scolaires ne s’est jamais vraiment interrompue. Et elle est assumée au grand jour par la ministre sous la forme d’un chantage : chaque département où la direction académique, le Conseil départemental et les grands élus signeront une charte où ils s’engagent à supprimer les petites écoles rurales et à transformer les RPI éclatés en RPI concentrés, bénéficiera d’un maintien de l’attribution globale de postes sur 3 ans.

Au service du dogme inhumain de l’équilibre budgétaire

Depuis une quarantaine d’années, il n’y a jamais eu autant de familles avec de jeunes enfants qui s’installent dans le milieu rural que maintenant. Malheureusement, cette politique est en train de créer les conditions de désertification des petites communes.

Pour SUD éducation, il faut sauvegarder des espaces favorables à l’épanouissement d’enfants heureux et leur épargner les effets destructeurs des concentrations au seul service du dogme inhumain de l’équilibre budgétaire.

La corrélation est maintenant prouvée entre la perte des services publics en milieu rural et le vote FN (étude de l’IFOP de mars 2016). Cette perte de service public nous éloigne de la démocratie. Nous exigeons que le gouvernement revienne sur cette politique et rouvre les services publics de proximité en particulier les écoles.

Aux côtés des parents d’élèves, des maires ruraux, des amis de l’école publique et avec d’autres organisations syndicales, SUD éducation Bretagne appelait à manifester samedi 25 mars 2017 à Rostrenen (22).

Nous étions entre 300 et 400 personnes samedi dernier à marcher pour soutenir et défendre l’école publique en milieu rural. Quelques photos …








Contre le livret scolaire numérique

À la suite des changements de programmes pour l’école primaire et le collège et dans le cadre d’une pseudo réforme de « l’évaluation » pour les élèves, le ministère a décidé d’imposer, en remplacement du Livret Personnel de Compétences, un Livret Scolaire Universel Numérique (LSUN) pour les cycles 2, 3 et 4. Sa mise en œuvre doit se faire dès l’année scolaire 2016/2017.

Simplification des outils d’évaluation ?

Ce LSUN est censé répondre, d’après le ministère, à la nécessité de simplifier les outils de suivi des élèves en les uniformisant sur l’ensemble du territoire pour les rendre plus lisibles et accessibles aux familles, qui pourraient ainsi enfin comprendre ce que font leurs enfants à l’école et ce sur quoi ils sont évalués.

Il regroupe deux éléments distincts qui sont néanmoins indissociables : le Livret Personnel de Compétences (les bulletins de fin de cycle) et les bulletins scolaires périodiques (trimestriels ou bi trimestriels). Le LPC regroupe un peu plus d’une quarantaine d’items regroupés en 7 ou 8 domaines. Les bulletins scolaires périodiques regroupent les différentes compétences et « sous-compétences » travaillées correspondant aux différents domaines répertoriés dans les programmes officiels. Compte tenu de la complexité du LSUN et du nombre d’items à évaluer qu’il contient, pour la lisibilité et la simplification pour les familles, on repassera.

Uniformisation et formatage des pratiques

Ce nombre très important d’items renvoie à une vision morcelée des apprentissages qui ne permet pas d’aider les élèves à progresser et n’aide pas à donner du sens aux apprentissages. Ce LSUN n’est pas un outil de bilan qui ferait état des progrès et évolutions des élèves mais une « attestation » de mise en conformité des enseignant-e-s avec les programmes et injonctions institutionnelles. Des artifices pour faire accroire en cochant des cases que l’école remplit bien sa mission.

Inégalités d’accès

Son accessibilité via une application numérique n’est pas garante d’égalité entre les familles quant à son usage. En effet, si les outils numériques sont largement répandus, leurs usages restent très inégalitaires. Ce sont les familles les plus socialement fragiles et éloignées de l’école qui les maîtrisent le moins bien. Le LSUN, comme c’est déjà le cas pour l’accès aux ENT (environnements numériques de travail) dans le secondaire, va accentuer les inégalités et creuser encore un peu plus les écarts entre les familles qui ont une haute maîtrise des outils numériques et celles qui ne l’ont pas.

Constitution d’un casier scolaire

Le LSUN s’inscrit dans la même logique que le LPC (Livret Personnel de Compétences). Mais en bien pire, puisqu’il intègre dans une même application le livret de compétences du socle commun, les bulletins périodiques des élèves, les différents parcours et attestations, mais aussi des éléments de suivi des élèves en difficulté

(Plan d’Accompagnement Personnalisé, Programme Personnalisé de Réussite Educative, suivi RASED) ou à besoins particuliers (ULIS, UPE2A, …). Il participe de la constitution d’un véritable casier scolaire, au service de la normalisation et du profilage des élèves, chère à cette société néolibérale, pour qui seul ce qui est quantifiable et mesurable compte, afin de trier les élèves en leur attribuant une place dans la hiérarchie sociale, justifiant ainsi les inégalités.

C’est pour nous totalement inacceptable et parfaitement révélateur d’une volonté d’instrumentaliser l’école pour formater les élèves selon des critères d’employabilité et de traçabilité définis par le patronat. C’est d’ailleurs pour ces raisons que le MEDEF s’est réjoui de la mise en œuvre du LSUN.

Exploitations dangereuses des données

Le ministère affirme que les données regroupées dans cette application numérique ne pourront être accessibles qu’aux familles. Cela est faux car celle-ci sera regroupée avec l’ensemble des applications qu’utilise déjà l’éducation nationale au sein de la base élèves dans le 1er degré et via SCONET dans le 2nd degré. Ces données pourront donc être diffusées, partagées et utilisées car elles pourront être extraites, croisées, alimentées, lues et exploitées par différent-e-s utilisateurs/trices, en premier lieu grâce au RNIE (Répertoire national des identifiants élèves), dans lequel figurent des données personnelles sur l’enfant et sa famille.

C’est ce que prévoit par exemple l’article 48 de la loi sur les « Droits des étrangers en France » adoptée en mars 2016 qui instaure un dispositif de contrôle permettant aux préfectures, dans le cadre de l’examen des demandes de titre de séjour, d’accéder aux informations détenues par les établissements scolaires.

Fichage et traçabilité

De plus le stockage des données est centralisé et leur transit est insuffisamment sécurisé. Ce qui permet un détournement frauduleux de toutes les données qui transiteront via le LSUN.

Par ailleurs, si le ministère met en avant « un droit à l’oubli » avec l’effacement des données un an après la fin de la Troisième, aucun dispositif concret, aucun moyen n’ont été prévus pour le rendre effectif. L’absence de pérennisation des données au-delà de la Troisième n’est donc absolument pas garantie.

C’est pourquoi SUD éducation considère que ce livret scolaire n’est ni plus ni moins qu’un nouvel instrument de fichage et de flicage des élèves et que les mesures mises en œuvre pour sécuriser l’application par le ministère ne sont garantes de rien du tout.

Une surcharge de travail pour les enseignant-e-s

Dans le cadre des réorganisations permanentes auxquelles les personnels sont contraints dans l’exercice de leurs missions, ce LSUN va dégrader les conditions de travail des personnels. Sa mise en œuvre constitue une surcharge de travail car il impose entre autre aux personnels des opérations de saisie fastidieuses. Il restreint leur liberté pédagogique et oblige les enseignant-e-s à utiliser un outil sans pouvoir en questionner le sens et l’usage dans leurs pratiques professionnelles. Sous couvert de simplification des tâches, il s’agit d’uniformiser les pratiques pour mieux les contrôler, comme c’est déjà le cas avec l’utilisation des Espaces Numériques de Travail.

Les CHSCT sont compétents pour prononcer un avis négatif sur ce projet, comme ce fût le cas concernant M@gistère après quoi le ministère était revenu sur son caractère obligatoire. Il faut qu’ils s’en saisissent dés maintenant. SUD éducation a contacté les autres organisations syndicales dans cette optique. Utilisons tous les moyens pour refuser cette nouvelle dégradation de nos conditions de travail !

Pédagogie ou injonctions institutionnelles normatives ?

Nous considérons que l’évaluation des élèves ne peut pas relever d’injonctions institutionnelles normatives. Les évaluations et leurs rendus doivent être des outils construits par les enseignant-e-s dans le cadre de leurs pratiques pédagogiques pour faire progresser les élèves à leurs rythmes en s’appuyant sur les acquis et les recherches des pédagogies alternatives et coopératives.

Contre le formatage pédagogique et pour des alternatives aux évaluations normatives imposées par l’institution SUD éducation revendique :

une évaluation formative plutôt que sommative


une évaluation dans un cadre pédagogique ne donnant pas lieu à un quelconque fichage de l’élève

la réduction du temps d’enseignement pour permettre une réflexion collective sur l’évaluation

Contre le fichage des élèves et la constitution d’un casier scolaire,

Contre la soumission des pratiques pédagogiques à un formatage institutionnel,

Contre une nouvelle augmentation de la charge de travail des enseignant-e-s,

La fédération SUD éducation revendique l’abrogation du Livret Scolaire Universel Numérique.

Questionnaire rythmes scolaires pour les enseignants

Chers collègues,

La réforme des rythmes scolaires est en place sur tout le département depuis le début de cette année 2014/2015, depuis 2 années pour certains.

Le bilan dressé ça et là par la DSDEN (parfois conjointement avec la ville comme à Rennes) ne semble retenir que les points positifs et ne pas prendre réellement en considération les remontées de chaque école. Rappelons qu’au mois de décembre 2014, les IEN proposaient aux équipes de dresser un bilan de cette réforme et les compte-rendus qui nous ont été renvoyés par les collègues n’apparaissent bizarrement nulle part dans ceux de la DSDEN. A Rennes, pas plus de considération de la part de la mairie qui a proposé une « votation citoyenne », aux parents d’élèves seulement, sans prendre en compte le résultat de celle-ci*.

Bilan : tout va pour le mieux !

Mais il n’y a aucun élément chiffré. Difficile de se faire une idée dans ces conditions ! Et surtout, nous aurions peut-être souhaité pouvoir nous exprimer librement et individuellement.

SUD Education 35 a décidé d’élaborer un questionnaire individuel, de recenser toutes les réponses et de faire un bilan qui sera plus à l’image de ce que l’ensemble des enseignants d’Ille et Vilaine ressentent. Ce questionnaire a déjà été proposé dans d’autres départements et la participation massive a permis de dresser un réel ressenti général.

Ce questionnaire est peut-être un peu long, peut-être certains penseront qu’il manque des choses. Difficile d’aborder tous les points qui touchent à notre métier sans que ça ne vire au catalogue…! Nous avons essayé de faire de notre mieux et surtout vous trouverez des cadres d’expression libre afin d’aborder tous les points qui vous tiennent à cœur et qui auraient pu être oubliés, ou alors d’approfondir les points qui vous semblent importants.

Une fois rempli, comment ça marche ?

Soit vous regroupez les questionnaires et une personne de l’équipe nous les remet.

Soit vous nous les faites remonter individuellement.

Dans les 2 cas, il faudra prendre contact avec nous via l’adresse mail indiquée au bas de la page afin de convenir “d’un rendez-vous” pour la remise en main propre.

Si une personne dans l’équipe est d’accord pour commencer à traiter les infos des

questionnaires (et ainsi nous faciliter la tâche !), à ce moment nous lui communiquerons un tableau récapitulatif (pareil, nous donner l’info par mail).

Sinon nous nous en chargerons.

Un questionnaire pour qui ? pour quoi ?

Une fois tous les questionnaires récupérés, nous essaierons de faire un bilan explicite et chiffré. Ce bilan sera envoyé par la suite dans chaque école.

Le bilan sera également communiqué aux Inspecteurs pour qu’ils aient une réelle image de ce que nous ressentons.

Mais on peut aussi envisager de le communiquer aux médias…! Bref, de le diffuser le plus largement possible afin que ce soit les bonnes infos qui soient véhiculées.

CE QUESTIONNAIRE EST ANONYME :

SAISISSONS-NOUS DE CETTE OPPORTUNITÉ

DE NOUS EXPRIMER LIBREMENT,

SANS CRAINTE DE REPRÉSAILLES OU DE JUGEMENT…!!!

Merci pour votre contribution !

Contact mail : sudeduc35.solidaires@laposte.net

*(Rappel : les parents avaient voté majoritairement pour réduire la pause du midi d’un quart d’heure, mais cette proposition, soutenue par les enseignants par ailleurs, n’ayant retenu que 24 voix de plus que la situation actuelle, n’a pas été retenue. Belle démonstration de la démocratie rennaise !)

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Quelle école, dans quelle société ?

Madame la ministre,

Vous venez de réaffirmer que le budget de l’Éducation nationale ne serait pas diminué, même il connaîtrait au contraire une certaine augmentation ; la promesse des 60000 postes nous dit-on, sera ainsi tenue. Dont acte, mais nous serons vigilant-e-s sur ces questions : selon un rapport d’avril de la DGESCO l’ensemble de ces postes ne devrait pas être créé. Y a-t-il donc un jeu de dupes ? La question se pose, le contexte demeurant celui de l’austérité gouvernementale avec un « pacte de responsabilité » visant à faire 50 milliards d’euros d’économie sur les dépenses publiques, qui affecte inévitablement l’éducation, comme le montre par exemple la diminution drastique de l’indemnité des tuteurs, ou encore, surtout, la récente confirmation du gel de nos salaires, qui continuent de figurer parmi les plus bas de l’OCDE.

Au-delà, ce début d’année, pour nombre de nos collègues, reste marqué par des réformes problématiques :

En REP+ la réforme de l’éducation prioritaire se met en place en contradiction totale avec les demandes exprimées par les personnels dans les réunions qui ont précédé les assises de l’éducation prioritaire. Dans le 1er degré, elle a souvent désorganisé les services en omettant de prendre en considération la question des remplacements lors des concertations. Dans le 2nd degré les heures de concertation sont le plus souvent inscrites à l’emploi du temps des enseignant-e-s, et comme dans le 1er degré des thématiques sont imposées par l’administration. Les créneaux ne tiennent souvent pas compte des équipes disciplinaires ou pédagogiques. La pondération a le plus souvent été ramenée à 1h30 sans prise en compte des 1,1 en HSA.

La réforme des rythmes scolaires est imposée cette année contre l’avis d’une grande majorité des personnels. Sans surprise, elle confirme les difficultés déjà enregistrées l’an dernier là où elle avait été expérimentée : elle désorganise le temps scolaire et n’a d’autre effet sur les élèves que celui d’accroître leur fatigue, comme celle des personnels. Elle renforce une fois encore une territorialisation de l’École publique avec des dispositifs très inégaux, parfois au sein d’un même département (TAP organisés ou pas dans les communes, payants ou non…).

La situation de nombreux stagiaires demeure très difficile. Les obligations horaires qui vont du mi-temps au plein temps et les inégalités salariales doivent être unifiées au meilleur niveau par le Ministère. Il nous semble par ailleurs inadmissible que le temps de service face aux élèves des certifié-e-s soit plus lourd que celui des agrégé-e-s. Rien ne saurait le justifier, et ce n’était d’ailleurs pas le cas avant la réforme de 2008. Leur situation est encore aggravée par des affectations qui vont les obliger à valider leur Master 2 dans des conditions difficiles, dans une autre académie souvent que celle où ils-elles ont effectué le Master 1. Le nombre de démissions de stagiaires serait stable selon le ministère, mais cette stabilité l’année où justement a été remise en place une année de formation en alternance, constitue un indiscutable symptôme d’une entrée dans le métier qui demeure très difficile.

La réunion de ce Conseil supérieur de l’éducation est l’occasion pour vous, Madame la ministre, de lancer une grande conférence nationale sur l’évaluation des élèves, qui avait été annoncée par Benoît Hamon. Dans le même temps, se tient une concertation sur le socle commun et une autre sur les programmes en maternelle.

Les sujets sont d’importance, les intentions affichées louables : recherche du consensus, consultation. Mais les délais et les modalités viennent contredire cet affichage : le calendrier beaucoup trop resserré ne permet ni le débat ni l’élaboration collective des personnels et les cadres des consultations sont fermés. La question se pose donc : s’agit-il de véritables concertations ou d’une pratique managériale pour des décisions déjà prises ? SUD éducation propose aux équipes de s’emparer du débat en refusant les thématiques imposées par l’administration et en faisant remonter non pas des tableaux contraints mais le fruit de leurs discussions.

Car en effet c’est le sens même de l’école qui est en jeu. Et cette question n’est pas indépendante du projet de société que l’on porte.

Or, dans une société capitaliste, fondée sur la hiérarchie des groupes sociaux, l’exploitation et la domination, l’école est nécessairement assignée à un rôle de légitimation des inégalités. Et quand on a un gouvernement ouvertement pro-business et pro-patronal, il y a lieu de craindre dans les réformes scolaires en cours la poursuite de l’adaptation de l’école et de la formation de la force de travail aux conditions contemporaine de la production.

Ainsi, SUD éducation continuera de combattre tout socle commun qui s’inscrirait dans le cadre de la stratégie libérale de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) en matière de développement des compétences pour l’employabilité et dans la perspective du Livret personnel de compétences, livret ouvrier 2.0 dont nous revendiquons l’abrogation.

Tant que l’école devra trier, orienter et filtrer les élèves pour leur attribuer une place dans la hiérarchie sociale, leur évaluation sera conditionnée par cet objectif ultime : elle peut être plus ou moins brutale et traumatisante – et mieux vaux qu’elle le soit moins que plus –, elle peut organiser la simple reproduction ou favoriser davantage la mobilité sociale, mais elle n’échappera pas à son rôle ultime de justification des inégalités.

Et d’ailleurs les personnels eux-mêmes sont évalués à la même sauce, avec des opérations infantilisantes visant à créer des divisions artificielles entres les « méritant-e-s » et les autres.

Une véritable réforme des programmes et de l’évaluation des élèves suppose une transformation profonde de l’école, pour aller vers une formation polytechnique pour tou-te-s jusqu’à 18 ans, ce qui passe par la fin des filières et l’instauration d’un lycée unique.

Une telle école pour tou-te-s ne peut se construire dans le cadre de l’austérité budgétaire, car cela suppose de réels moyens pour garantir l’égalité du droit à l’éducation, une réduction du nombre d’élèves par classe, une vraie politique de l’éducation prioritaire, des moyens à la hauteur des besoins pour une école réellement inclusive, des rythmes scolaires équilibrés sur la journée, la semaine et sur l’année, à l’inverse des choix actuels.

Un tel projet d’école égalitaire et émancipatrice s’inscrit dans un projet de société solidaire, démocratique, débarrassée des inégalités. A l’opposé des orientations des gouvernements qui se succèdent mais qui servent toujours les mêmes intérêts. C’est pourquoi SUD éducation agit pour que se construise un rapport de force afin d’imposer une autre école, une autre société.

Nous souhaitons enfin terminer cette déclaration par un une question sur laquelle nous nous sommes déjà exprimé-e-s à plusieurs reprises ici même : parce que nous ne doutons pas de votre sincérité dans votre volonté de faire avancer la lutte contre les inégalités hommes/femmes et contre les discriminations, nous vous demandons de changer radicalement de stratégie en la matière, d’en finir avec les renoncements, de mener la bataille politique et idéologique, sans rien lâcher aux réactionnaires.

Après la manif dite « pour tous » de dimanche dernier, qui semble marquer le pas des mobilisations des adversaires de l’égalité, il y a urgence à mettre en place des dispositifs concrets sur le terrain, comme l’étaient les ABCD de l’égalité, à destination des élèves des écoles comme des collèges et lycées. Le plan qui leur succède ne le prévoit pas. Il y a urgence aussi à développer une formation initiale significative sur ces questions (et selon un volume horaire identique partout) pour tous les personnels travaillant dans les écoles et établissements scolaires (enseignant-e-s mais aussi CPE, AED, agent-e-s) et une formation continue renforcée sur ces questions avec des moyens réels.

Madame la Ministre, donner des gages aux adversaires de l’égalité ne les fera pas reculer. Dans ce combat SUD éducation sera aux côtés de tous ceux et toutes celles qui agiront pour l’égalité.

Brochure stagiaires PE

Nous avons édité une brochure pour les stagiaires professeurs de écoles, de quoi s’y retrouver !

Au sommaire :

Annuaire des PES …………………………p1

Fonctionnement de l’école ……….p 2

Vos droits :

La titularisation et l’affectation .. p.3 et 4

Congés ………………………………….. p.4 et 5

Aides sociales ………………………… p.6

Salaires ………………………………… .p.6

Droits syndicaux ……………………..p. 7

Bulletin d’adhésion ………………………..p.8

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Stagiaiares PE imprimable R/V
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Stagiaires PE

Rentrée 2013 – Austérité, régressions… Mobilisation !

La rentrée 2012 s’était caractérisée par la carence de plan d’urgence pour l’école et l’absence de rupture avec ce qui avait été programmé sous Sarkozy. Cette rentrée des classes 2013 est la première a avoir été entièrement préparée par V. Peillon. Un an après le lancement du processus de « refondation », malgré quelques corrections, la politique éducative du nouveau ministère est en continuité avec les précédentes. Elle poursuit la mise en œuvre de l’école du socle commun et des compétences, l’adaptation de l’école aux exigences du marché, la dégradation des conditions de vie et de travail des personnels, la territorialisation du service public (à commencer par l’enseignement professionnel) et la précarisation des travailleurs/euses de l’éducation, de la maternelle à l’université. Elle s’inscrit dans le cadre de la politique d’austérité poursuivie par le gouvernement pour répondre aux exigences du patronat.

  • Cette rentrée est d’abord marquée par les effets de la politique anti-immigrée de M. Valls : absence de certain-e-s de nos élèves sorti-e-s de force du territoire avec leurs parents faute de titre de séjour (qui plus est après avoir été retenu-e-s en centre de rétention à l’encontre des droits de l’enfant), élèves à la rue après avoir été expulsé-e-s de leur logement précaire, élèves stigmatisé-e-s et traqué-e-s parce qu’ils sont Roms, Africain-e-s, Maghrébin-e-s ou Asiatiques.
  • Pour 1 élève sur 5, c’est la rentrée chaotique de la réforme des rythmes scolaires dans le primaire. Une réforme bricolée, non financée, inégalitaire, imposée malgré l’opposition qu’elle a suscitée. Le ministre lui-même annonce des couacs prévisibles, en particulier sur le périscolaire, où dans beaucoup de communes les élèves seront en sureffectifs avec des personnels mis en difficulté, sans formation ni qualification adaptées. SUD éducation a d’ailleurs déposé un recours pour faire annuler le décret Peillon sur les rythmes. En juillet, le Conseil d’État a rejeté notre demande en procédure d’urgence et il doit se prononcer sur le fond dans les semaines qui viennent. Ce sont les mobilisations, dont certaines sont déjà programmées, qui permettront de créer le rapport de force pour imposer des alternatives. Nous leur apporterons tout notre soutien.
  • C’est la rentrée de l’adieu à la promesse des 60 000 créations de postes. Dans le cadre du projet de budget, moins de 10 000 créations de postes sont annoncées pour 2014 dans l’Éducation Nationale et l’Enseignement Supérieur et la Recherche. C’est 14 000 postes annuels qu’il aurait fallu pour recréer les 60 000 postes promis sur la mandature (ce qui ne permettrait même pas de compenser les 80 000 suppressions subies sous Sarkozy, alors qu’il manquait déjà des postes avant la purge). Sans surprise, la promesse ne sera donc pas tenue.

Pire encore, même les postes prétendument créés ne sont pas pourvus. Aux concours de 2013, 1900 enseignant-e-s n’ont pas été recruté-e-s. 14 % des postes « ouverts » dans le secondaire restent vacants. Dans le primaire, quelques 300 postes n’ont pas été pourvus, avec des zones particulièrement touchées : 179 postes sur 1055 non pourvus à Créteil, 34 à Versailles, 28 à Paris… Beaucoup de candidat-e-s au professorat des écoles ont été recalé-e-s par un zéro éliminatoire alors que leurs résultats étaient globalement bons, ce zéro étant parfois attribué dans leur discipline de formation universitaire… Si le ministère avait donné consigne de ne pas pourvoir tous les postes, un grand nombre de recalé-e-s par ce zéro se sont vu-e-s proposer des contrats précaires.

Il y aura donc à la fois des classes sans profs et un développement de la précarité enseignante, avec le recrutement de contractuels, vacataires, etc. Il y a urgence à titulariser les précaires, améliorer enfin les conditions de vie et de travail des enseignant-e-s, par la réduction du temps de travail, la diminution du nombre d’élèves par classe, la fin des pressions hiérarchiques… Il y a urgence aussi à améliorer le niveau de vie des étudiant-e-s.

  • C’est une rentrée où la précarité se développe à tous les niveaux : refus de titulariser les précaires, Assistant de Prévention et de Sécurité, Emplois d’Avenir Professeur… L’effet d’annonce sur la « pérennisation des AVS » ne doit pas masquer qu’il ne s’agit pas de les titulariser sous statut de fonctionnaire, mais seulement de leur accorder éventuellement un CDI de droit privé, après 6 ans d’ultra-précarité en CDD. Cela ne masque pas non plus que beaucoup d’AVS sont aujourd’hui sous contrat aidé et ne sont pas concerné-e-s par la mesure. [1]
  • C’est une rentrée sans restauration des RASED, puisque sur les 5000 postes supprimés il n’en est recréé que 72 – et encore tous ne seront pas occupés faute de places suffisantes en formation ces dernières années.
  • C’est la rentrée de la confusion dans les écoles et les établissements avec les différents statuts des stagiaires, des étudiant-e-s de Master 2 admissibles aux fonctionnaires stagiaires admis.
  • C’est la rentrée de la mis en place de la loi Fioraso sur l’enseignement supérieur et la recherche, qui entérine et amplifie la destruction du service public déjà largement entamée par le système LMD, le Pacte pour la Recherche et la LRU, avec « l’autonomie » concurrentielle et managériale des établissements.

Trois gros chantiers sont ouverts par le ministère pour l’année à venir : l’éducation prioritaire, les statuts et missions, la réforme du collège. Sur le lycée, la réforme de la droite est maintenue, le gouvernement prévoyant cette année d’organiser un bilan avant une réforme peut-être dans les années suivantes. Le Conseil Supérieur des Programmes va commencer ses travaux, sans que nous sachions encore vraiment si les personnels et leurs représentant-e-s y seront réellement associé-e-s.

  • Sur l’éducation prioritaire, le débat est mal engagé puisque le ministère affirme qu’il n’y a pas de problème de moyens…
  • Sur le collège, le ministère programme la séparation du temps des élèves en trois parties : un tronc commun ; des enseignements complémentaires différenciés ; des activités de renforcement (soutien, tutorat, aide personnalisée…). Un tronc commun, cela veut dire des branches distinctes : les différenciations sont notoirement le biais par lequel se réintroduisent des hiérarchisations entre options et parcours qui favorisent la reproduction des inégalités sociales et culturelles. Quant à l’extériorisation hors de la classe du traitement de la difficulté scolaire, elle a été mise en œuvre au primaire et au lycée (aide personnalisée). Dans les deux cas, c’est un échec. Son extension au collège témoigne du renoncement à la création des conditions pour que les difficultés des élèves soient traitées au sein de classe.
  • De toutes parts, la casse des statuts des enseignant-e-s du 1er et du 2nd degrés est programmée. Le ministère prévoit une usine à gaz de 13 groupes de travail avec les organisations syndicales. La Cour des comptes recommande de graves remises en cause : annualisation, toutes et tous remplaçant-e-s, hiérarchie partout, service au bon vouloir des chefs locaux, polyvalence au collège, mobilité forcée inter-degrés, recrutement local, poste à profil pour tout le monde, affectation à la tête du client, salaires au mérite… Elle n’a pas été désavouée par V. Peillon. Et les premiers éléments qui se dégagent des projets ministériels sont sans ambiguïté : au collège, la tripartition du temps des élèves pourrait être l’occasion de revoir à la hausse les maxima de service, sous prétexte par exemple qu’une heure « d’encadrement » d’activités de renforcement ne pourrait être comptée comme une heure de classe… Pour mettre en œuvre sa réforme des rythmes au primaire, le ministère entend définir les obligations réglementaires de service hebdomadaire des PE non plus à 24 heures, mais à « 24h en moyenne, avec récupération ». Ce qui est programmé, c’est donc une flexibilisation du temps de travail des PE, soumis à l’arbitraire des DASEN.
  • Enfin, c’est la rentrée d’une nouvelle attaque sur les retraites : poursuite de la loi Fillon, augmentation de la durée de cotisation jusqu’à 43 annuités, baisse des pensions et des salaires. Il nous faut construire la mobilisation la plus large pour refuser tout nouveau recul.

Pour l’éducation comme pour le reste, le véritable changement dépend de nos mobilisations. La fédération SUD éducation appelle les personnels à se réunir en assemblée générale de rentrée et à participer massivement à la grève et aux manifestations du mardi 10 septembre. La grève et les manifestations du 10 septembre sont la première étape dans la construction d’un mouvement d’ensemble pour changer les rapports de force : par nos luttes, empêchons toute régression de nos droits, imposons l’abrogation des contre-réformes et la satisfaction de nos revendications, pour une autre école, une autre société.

LES ENSEIGNANTS STAGIAIRES S’ORGANISENT

Des professeurs stagiaires créent un collectif le CESB ( collectif des enseignants stagiaires de Bretagne, nous soutenons leur démarche que nous relayons ici (contact : ces.bretagne@gmail.com)

Bonjour,

Suite à une réunion pour les stagiaires du second degré, nous avons décidé de mettre en place une action dont les idées essentielles se résument aux points suivants :

  • Envoi d’une lettre au recteur demandant le maintien des stagiaires à temps partiel (qui sera effectif ce lundi 11 octobre)
  • Diffusion de ce courrier afin que de collecter des soutiens de manière efficace
    — > Pour le premier point, nous avons donc créé un nom de collectif et un mail permettant de montrer une forme de mobilisation collective tout en préservant un anonymat réclamé par de nombreux stagiaires.

Q1 Cependant nous ne savons si cette démarche est suffisante et si nous ne devrions pas envisager d’avoir une boite postale ?

— > Pour le second point, nous avons envisagé plusieurs possibilités :

* alerter les médias en leur donnant cette lettre ouverte et leur demandant de la diffuser dans la presse

* diffuser ce courrier lors de la manifestation du 12 en demandant aux personnes rencontrées de bien vouloir renvoyer le modèle fourni à leur nom afin de montrer leur soutien en espérant que la masse des courriers reçus puisse solliciter (l’inquiétude et) l’intérêt du rectorat

Q2 Pourriez vous nous donner un soutien logistique (urgent et efficace) pour ces deux points : pour avoir des contacts dans les médias et pour faire des photocopies de ce courrier

* Enfin nous avons également abordé la possibilité de donner ce courrier aux parents à la sortie des classes. Cependant certains collègues craignent de perdre de leur crédibilité et préfèrent cacher leur statut de stagiaire (inconnu des élèves et parents le plus souvent).

C’est pourquoi nous aurions souhaités que les titulaires en place se mobilisent de cette démarche dans les établissements

Q3 Vous serait-il possible de relayer cette demande via vos réseaux afin de diffuser au mieux le message à un maximum de collègues de tous les établissements (ce que nous ferons aussi de notre mieux de notre côté) afin qu’un maximum de lettres de collègues et parents d’élève soient renvoyées au rectorat pour nous soutenir

Nous souhaiterions qu’à toutes ces questions vous puissiez une réponse extrêmement rapide afin que nous puissions assurer la diffusion de nos messages d’ici mardi prochain.

Évidemment vous pouvez contacter par téléphone les quelques collègues que vous connaissez déjà et qui se mobilisent pour cette démarche…

Nous sommes attentifs à toutes vos remarques tant sur la forme que le fond de notre démarche.

Dans l’attente de votre réponse.

Cordialement

le CESB