ESR : l’inaction du ministère et des universités accroît encore les inégalités

Après avoir accusé les étudiant-e-s d’être des vecteurs de contaminations pour justifier la fermeture des universités, le gouvernement ne semble pas revenir sur la fin d’année universitaire à l’heure où les étudiant-e-s retournent à dose homéopathique sur les campus. Ce gouvernement aura finalement failli du début à la fin, étant incapable d’anticiper, planifier et organiser une année universitaire en y mettant les moyens suffisants. Les étudiant-e-s et les personnels de l’ESR termineront cette année universitaire, soumis-e-s à une fermeture des sites sans précédent, un enseignement en distanciel qui a révélé la faillite des universités et les lourdes inégalités sociales. Par son inaction, le gouvernement porte la responsabilité de la paupérisation massive des étudiant-e-s. Ce soir, rien n’a été annoncé pour prendre en compte leur situation sociale.

Pire, la ministre F. Vidal en aura profité pour imposer une loi de précarisation de la recherche contre l’avis de la grande majorité de la communauté universitaire, et entrepris une campagne nauséabonde et réactionnaire contre les universitaires, les libertés académiques et des organisations syndicales.

Dans les quelques mois qu’il reste avant la fin de l’année universitaire, SUD éducation poursuivra son combat pour imposer des investissements massifs dans l’ESR tant en termes humain (EC, BIATSS, chercheurs…) que financier, à la hauteur des enjeux, à la hauteur du mépris qu’à eu ce gouvernement pour l’ESR depuis 1 an.

Alors que des universités préparent déjà une rentrée 2021 avec des formules hybrides de cours en présentiel et distanciel, il est temps d’engager toutes nos forces pour défendre un ESR ouvert et des conditions de travail et d’études dignes pour ses personnels et ses étudiant-e-s.

Mardi 6 avril : mobilisons nous contre la casse du service public et pour préparer la rentrée universitaire 2021 – Communiqué unitaire

Le secteur public et la fonction publique ont joué et jouent un rôle primordial dans la société française pour affronter la crise sanitaire et faire face à ses conséquences sociales dramatiques. Seuls des services publics forts permettront de répondre aux défis de demain et aux enjeux de justice sociale. Pourtant, refusant d’en reconnaître le caractère fondamental, le gouvernement poursuit son entreprise de destruction.

Dans la Fonction Publique, lutter contre la précarité et défendre nos droits

Aujourd’hui, une grande partie de la population et notamment la jeunesse se retrouve en situation de précarité, voire de pauvreté. Dans l’ESR, pour le personnel, cette précarité résulte à la fois du gel du point d’indice qui se traduit, année après année, par une baisse du pouvoir d’achat qui affecte plus particulièrement les collègues des catégories C et B, ainsi que par l’augmentation de l’emploi précaire. La mise en œuvre de la « Loi de Programmation de la Recherche » (LPR), dont nous demandons l’abrogation, accentuera encore cette précarité. Nous exigeons une véritable revalorisation indiciaire des rémunérations dans l’ESR et non une revalorisation aléatoire et inégalitaire reposant sur l’augmentation ponctuelle des primes individuelles.

Alors que la crise sanitaire montre la nécessité d’avoir des instances représentatives en capacité d’agir, la loi dite « de transformation de la Fonction publique » de 2019 a au contraire supprimé la plupart de leurs prérogatives.

Pour les moyens nécessaires à la reprise des enseignements sur site

Alors que d’autres secteurs éducatifs n’ont jamais cessé ou ont pu progressivement retrouver un fonctionnement quasi-normal, dans le respect des consignes sanitaires, la plupart des établissements universitaires sont aujourd’hui quasiment déserts et peinent à atteindre 20% des effectifs d’étudiant·es en présence. Ni les besoins d’aménagement des locaux établis dès l’été 2020 (capteurs CO2, aérations, filtre HEPA, ni la nécessité de multiplier les tests rapides n’ont été pris en compte). Cette situation reflète le mépris du gouvernement pour la formation et l’émancipation de la jeunesse. La baisse limitée du taux de présence aux examens du premier semestre ne doit pas dissimuler la réalité du décrochage et des retards pris dans l’acquisition des connaissances. Beaucoup d’étudiant·es sont aujourd’hui dans une situation de détresse matérielle et psychologique que nous ne pouvons ignorer.

Nos organisations exigent les moyens nécessaires pour garantir la santé et la sécurité des agent·es et des usager·es et un retour sur site pour l’intégralité des enseignements de toutes et tous les étudiant·es à la rentrée 2021. Nous exigeons que les personnels de l’ESR qui le souhaitent soient vaccinés au plus vite, en particulier celles et ceux qui sont en contact avec le public ou assurent des fonctions sur site, et que les aménagements des locaux soient effectués sans aucun délai.

Pour une recherche publique au service de la population

Les décrets d’application de la LPR mettent en place de nouveaux contrats précaires (CDI de mission, chaires de « professeur·e junior », post-doc de droit privé etc.) et le recrutement des enseignant·es-chercheur·es hors du cadre national. En parallèle, en donnant toujours plus de poids à l’Agence nationale de la recherche (ANR), le gouvernement entérine le fonctionnement par appels à projet, au détriment des crédits de base des laboratoires, ce qui augmente mécaniquement les contrats précaires. Ce fonctionnement court-termiste a pourtant montré sa nocivité. La crise sanitaire actuelle illustrant très bien la nécessité de développer la recherche fondamentale. Pourtant, de l’argent pour financer une recherche de qualité, il y en a : il suffirait de réorienter les milliards du crédit impôt recherche, qui bénéficie essentiellement aux grands groupes, comme Sanofi qui se révèle incapable d’élaborer un vaccin, tout en annonçant de nouveaux licenciements de chercheur/ses.

Pour l’emploi titulaire

Outre les mesures d’urgence liées à la rentrée, nous considérons comme indispensable la mise en œuvre dès cette année d’un plan pluriannuel de recrutements de 65 000 postes titulaires sur 10 ans, dont 8500 créations de postes pour l’année 2021, pour l’ensemble de l’ESR, tous corps confondus et la titularisation des contractuel·les recruté·es sur fonctions pérennes, l’arrêt de l’externalisation et de la privatisation des fonctions supports, la revalorisation significative des salaires, ainsi qu’un effort budgétaire programmé sur 10 ans de trois milliards d’euros supplémentaires par an dont 1Md€ pour la recherche et 2Md€ pour l’enseignement supérieur. Le nombre de contrats doctoraux doit être augmenté (+7000) pour permettre la délivrance annuelle de 20 000 doctorats financés.

Pour les libertés académiques et la défense de tout le personnel de l’ESR

Les attaques de Frédérique Vidal contre les libertés académiques, dont la liberté de recherche, sont sans précédent. Nos organisations, ainsi que les plus de 22.000 collègues qui ont signé une pétition exigeant la démission de F. Vidal, les ont immédiatement dénoncées. Nous ne pouvons accomplir nos missions de service public en subissant les injures et les menaces qui en ont résulté. Tous et toutes les fonctionnaires doivent pouvoir bénéficier de la protection due par leur employeur lorsqu’ils ou elles sont attaqué·es dans le cadre de leurs fonctions et cette protection doit aussi s’appliquer aux non-titulaires, en particulier les doctorantes et doctorants. La défense des libertés académiques est aussi indissociable du maintien d’instances collégiales élues et de l’amélioration de nos conditions de travail.

Nos organisations dénoncent enfin la montée de la criminalisation de l’action syndicale, les mesures et projets de lois liberticides imposés par ce gouvernement et demandent notamment le retrait des décrets de fichages des opinions du 2 décembre 2020.

Elles demandent le respect de la liberté de revendication, y compris pour les organisations étudiantes: il n’appartient ni aux ministres, ni aux élu·es de dicter leur comportement aux organisations syndicales ; elles demandent que cessent les menaces que le gouvernement fait peser sur l’existence du syndicat étudiant UNEF.

Les organisations signataires appellent le personnel de l’ESR à participer aux actions du 6 avril partout en France, pour faire entendre sa colère face aux attaques gouvernementales contre les libertés académiques, pour exiger des moyens supplémentaires pour la rentrée à venir et faire entendre ses revendications et propositions concernant l’enseignement supérieur et la recherche publiques.

Paris, le 30 mars 2021

Signataires : SNTRS-CGT, CGT FERC SUP, CGT-INRAE, SNESUP-FSU, SNEP-FSU, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SUD EDUCATION, SUD RECHERCHE EPST, SOLIDAIRES ETUDIANT-E-S, UNEF, L’ALTERNATIVE

Universités : contre l’instrumentalisation réactionnaire, défendons le savoir émancipateur

Au cours des derniers jours, dans le cadre de « l’affaire de Sciences Po Grenoble », le nom de Samuel Paty a été fréquemment invoqué par l’un des protagonistes de l’affaire invité dans plusieurs médias, ainsi que par de nombreux éditorialistes. Ce faisant, le nom de Samuel Paty se retrouve honteusement associé à une affaire à laquelle il est étranger, et instrumentalisé à des fins politiques réactionnaires. Ces basses instrumentalisations interpellent tous les personnels, de la maternelle au supérieur, personnel enseignant ou administratif.

Les enquêtes en cours à l’IEP de Grenoble devront faire la lumière sur les faits et les responsabilités, et il n’est pas du rôle de notre fédération d’intervenir dans ce cadre. Toutefois, l’écho national que rencontre cette affaire n’est rendu possible que par les campagnes de dénigrement de la recherche en sciences sociales auxquelles se livrent les ministres Blanquer et Vidal depuis plusieurs mois. Il et elle portent une responsabilité dans cette affaire, en participant à la confusion des registres entre le débat d’opinion d’une part, et le débat scientifique et fondé sur une méthode d’autre part. En construisant l’épouvantail de « l’islamo-gauchisme », il et elle portent une responsabilité morale dans les campagnes haineuses à l’encontre de chercheur-e-s et d’étudiant-e-s. Il et elle rendent également possible la radicalisation d’organisations d’extrêmes droites qui, aujourd’hui, dans l’affaire de Grenoble comme dans l’affaire nationale des « 600 », jettent en pâture les noms d’enseignant-e-s, de chercheur-e-s et de membres du personnel administratif. SUD éducation apporte son soutien et sa solidarité à ceux et celles qui sont aujourd’hui l’objet de ces campagnes haineuses.

 

Les attaques ministérielles contre les sciences sociales, et l’instrumentalisation du nom de Samuel Paty par des éditorialistes, nous concernent tous et toutes. En électrisant le débat public, en s’attaquant au SHS, et en détruisant le service public de l’éducation, les ministres Blanquer et Vidal trahissent, chaque jour un peu plus, la volonté de construire un savoir émancipateur dans un service public d’éducation laïque.

Caisse de grève AED Chateaubriand

Bonjour les camarades,

Nous sommes AED au lycée Chateaubriand à Rennes et nous sommes en grève suite aux appels pour une semaine de grève nationale à partir du 22 mars (grève des AED pour l’amélioration des conditions de travail) et d’une journée grève le jeudi 25 mars (grève interprofessionnelle dans l’Education Nationale)

Nous avons décidé de mettre en place une caisse de grève pour les AED et AESH grèvistes du lycée Chateaubriand à Rennes.
Celle-ci peut nous aider, si vous souhaitez y contribuer. L’ensemble des dons sera attribué aux AED et AESH grévistes. (Le lien est à la fin du mail)

Dans notre vie scolaire 16 collègues feront grève !

Solidairement,

Hugo et Florian (sud éducation et solidaires étudiant•es)

Loi Rilhac adoptée au Sénat : les écoles n’ont pas besoin d’une nouvelle strate hiérarchique, mais de collectif et de solidarité

Le Sénat vient d’adopter la proposition de loi “créant la fonction de directrice ou de directeur d’école” proposée par la députée Cécile Rilhac.

Le gouvernement et le ministre Blanquer ont soutenu à cette occasion un amendement adopté prévoyant que les directeurs et directrices d’école disposent désormais d’“une autorité fonctionnelle permettant le bon fonctionnement de l’école et la réalisation des missions qui lui sont confiées”. Cet amendement dispose ainsi qu’ils et elles bénéficieront d’une délégation de compétences de l’autorité académique”.

À l’issue de l’adoption du texte en première lecture à l’Assemblée nationale, une maigre garantie apportée aux personnels avait subsisté : la mention explicite que les directeurs et directrices n’exerceraient pas d’autorité fonctionnelle sur leurs collègues. Dans la version du texte adopté par le Sénat, ce dernier garde-fou a disparu. Le flou des termes du projet de loi laisse craindre toutes les dérives, jusqu’à l’évaluation par les collègues chargé-e-s de direction des autres enseignant-e-s de l’école.

La mise en place d’une formation prétendument certifiante pour devenir directeur ou directrice d’école qui dispose d’une décharge complète de service pour sa direction.

Cela ne correspond en rien à la revendication des personnels, qui revendiquent le caractère démocratique et collectif des décisions prises entre professionnel-le-s dans l’école, et une baisse de la charge de travail des collègues chargé-e-s de direction.

Le projet prévoit désormais l’institution de “référent-e-s direction” dans les départements. Derrière cette usine à gaz se dissimule le souhait d’instaurer encore un nouvel échelon hiérarchique visant à faciliter la mise en œuvre des réformes de dégradation du service public d’éducation contre lesquelles les personnels se sont massivement mobilisés ces dernières années.

Cette nouvelle mouture de la proposition de loi ne répond aucunement aux enjeux auxquels fait face la profession en raison de la dégradation des conditions dans lesquels les collègues chargé-e-s de direction exercent leur mission : suppression des aides administratives, baisse du temps de décharge, lourdeur des tâches administratives et pression des IEN.

À rebours de ce projet de loi, ce dont ont besoin immédiatement les directrices et directeurs est :

  • une augmentation du temps de décharges ;

  • un allégement des tâches administratives ;

  • une revalorisation salariale ;

  • le recrutement de personnels formé et titularisé sur le poste d’aide à la direction, et intégrés au corps des Adjaenes.

Cette proposition de loi constitue une attaque importante contre les statuts des personnels. La proposition de loi sera soumise dans les prochaines semaines à une seconde lecture à l’Assemblée nationale.

Pour SUD éducation, l’heure est donc à la construction d’une large mobilisation des personnels du premier degré, et à instaurer un rapport de force de nature à obtenir non seulement le retrait de ce projet délétère, mais aussi l’amélioration générale des conditions de travail des personnels enseignants, directeurs et directrices dans le premier degré.

SUD éducation invite d’ores et déjà les personnels à se réunir en assemblées générales, et réunions d’informations syndicales pour préparer la riposte.

Profilage des postes CP et CE1 dédoublés : remise en cause profonde de toute l’organisation des écoles !

Aujourd’hui nous alertons les personnels sur les dangers de ce que le ministère essaie de mettre en place dans les Académies d’Aquitaine et de Toulouse par le fléchage  des postes de CP/CE1 à 12.

A Toulouse, informé-e-s le 09 mars, les enseignant-e-s en poste dans ces classes vont devoir choisir avant le 31 mars : être titularisé-e-s sur un poste à profil cantonné-e-s à un seul niveau en signant un nouvel arrêté de nomination ou bien participer au mouvement. Les  enseignant-e-s titulaires devront accepter des nouvelles missions dont ils n’ont actuellement pas connaissance.

En Aquitaine, c’est pire, les collègues en poste vont devoir passer un entretien pour rester sur leur propre poste, sachant que d’autres pourront postuler.

Les DASEN ont décidé en urgence et sans consultation du CTSD et du CDEN cette  mesure de profilage des postes qui aura de graves incidences sur le fonctionnement pédagogique de l’école. En nette contradiction avec le Décret n° 89-122 du 24 février 1989 relatif à la répartition des élèves entre les classes et les groupes, elle dessaisit le conseil des maîtresses et maîtres  du libre choix de l’organisation pédagogique et introduit la mise en concurrence  entre les collègues.

C’est une atteinte grave, non seulement à la liberté pédagogique, mais également une remise en cause profonde de toute l’organisation des écoles ! En effet, une véritable double gestion des écoles va se mettre en place : cycle 2 d’un côté et cycle 3 de l’autre, y compris pour le mouvement.

Par cette mesure Blanquer veut introduire une logique de contrat avec les établissements classées en éducation prioritaire, contrôler et choisir les enseignant-e-s y exerçant et  conditionner les moyens accordés à la satisfaction de certains objectifs. Contractualiser c’est introduire la logique de l’entreprise privée dans l’école publique

SUD éducation demande l’abandon immédiat du profilage des postes de CP et CE1 dédoublés.

L’école n’est pas une entreprise , l’éducation n’est pas une marchandise !

Pas d’éducation sans moyens : mobilisation le 17, tous·tes en grève le 25 mars !

Mercredi 17 mars à 15h
Rassemblement place de la République à Rennes

Jeudi 25 mars
Journée d’actions et de grève – rdv à 12h30 au Rectorat à Rennes

La préparation de la rentrée 2021 se déroule dans un contexte alarmant.

Alors que le ministre Blanquer joue au bon élève en rendant à Bercy près de 240 millions d’euros du budget de l’Éducation Nationale pour 2020 (soit l’équivalent de 4 200 postes d’enseignants), dans le même temps, il programme pour l’an prochain la suppression de 1 883 emplois dans les collèges et les lycées, bien que 43 000 élèves supplémentaires sont attendus. Pour le premier degré, ce sont des dotations bien en-deçà des nécessités du terrain qui sont transmises aux écoles.

Enseignant-es, directrices et directeurs d’école, CPE, AED, AESH, Psy-EN, nous revendiquons l’amélioration de nos conditions de travail et assumons ces revendications : exigeons les postes nécessaires, et préparons la mobilisation pour obtenir satisfaction !

Mouvement 1er degré 2021 : le calendrier

Le mouvement départemental 2021 aura lieu jusqu’au 21 avril, date de fermeture du serveur de saisie des vœux. Retrouvez ci-dessous le calendrier.

Calendrier Mouvement 2021

▶️ Consultation de la circulaire départementale : 2.04.2021 (00h00) au 31.08.2021 (00h00)

▶️ Consultation des postes : 2.04.2021 (00h00) au 31.08.2021 (00h00)

▶️ Saisie des vœux : 06.04.2021 (14h00) au 21.04.2021 (23h59)

▶️ Accusé de réception sans barème : 23.04.2021 (14h00) au 21.05.2021 (00h00)

▶️ Accusé de réception avec barème initial : 21.05.2021 (14h00) au 04.06.2021 (23h59)

▶️ Accusé de réception avec barème final : 11.06.2021 (14h00) au 31.08.2021 (00h00)

▶️ Consultation du résultat : 15.06.2021 (14h00) au 31.08.2021 (00h00)

DIRECTION 1er degré : Plus que jamais, nul besoin de la proposition de loi Rilhac ! – Communiqué intersyndical

Plus que jamais, nul besoin de la proposition de loi Rilhac!Le 10 mars, la proposition de loi Rilhac sur la direction d’école sera soumise au Sénat. Dans la version adoptée par l’assemblée nationale, le sénat souhaite maintenir la délégation de compétences des autorités académiquespour les directrice·teurs (qui seraient donc amené·es à prendre des décisions relèvant des inspectrice·teurs de l’Éducation nationale). Le sénat souhaite également retirer la phrase précisant l’absence de lien hiérarchique alors que la majorité de la profession refuse cette autorité.

En effet, depuis des années, nos collègues expriment leur rejet d’un statut pour les directrices et directeurs et l’ont massivement rappelé en décembre 2019 lors de la grande consultation ministérielle sur la direction d’école.

L’École a bien d’autres sujets brûlants et urgents en ce moment. Les sénateur·trices seraient bien inspiré·es de rejeter la proposition de loi Rilhac dont nos organisations syndicales demandent l’abandon.

Le ministre doit arrêter de surcharger les directeurs de tâches qui ne relèvent pas de leurs missions, cesser les ordres et les contrordres permanents notamment dans le cadre de la crise sanitaire et de répondre enfin à leurs revendications et celles des personnels :

  • Une aide administrative statutaire dans chaque école;
  • Un réel allègement des tâches administratives;
  • Une amélioration des quotités de toutes les décharges de direction afin que chaque école bénéficie d’une décharge hebdomadaire;
  • Une réelle augmentation indiciairebien supérieure à la «revalorisation» indemnitaire de 37,50€ brut par mois que le ministre vient d’accorder aux directrice·teurs!

Expérimentation des “e‑Inspés”: des millions d’euros pour une formation sans formateur-trices !

La direction de Canopé a annoncé récemment par voie de presse la création d’une plateforme en ligne “e-Inspé” voulue par le ministre Blanquer. Cette plateforme va bénéficier d’un financement public de 10 millions d’euros sur 10 ans.

Alors que la réforme de la formation initiale des enseignant-es est unanimement décriée depuis des mois, une expérimentation est déjà en cours pour la réalisation de la plateforme “e-Inspé” : les premiers parcours virtuels de formation pour les enseignant-e-s ont été lancés en février sur les thèmes de la “didactique des fondamentaux, la gestion de classe ou l’EMI”.

Depuis des années la dégradation de la formation continue est largement ressentie par les personnels. Elle est en partie liée à la mise en place de Magistère: déshumanisation de la formation, contenus inadaptés, gestion administrative chaotique selon les académies…
Aujourd’hui, la formation à distance menace également la formation initiale.

SUD éducation dénonce les dérives de ce “tout numérique” qui, sous-couvert d’innovations technologiques, reste un moyen pour le ministère de faire croire qu’il forme toujours aussi bien ses enseignant-es, alors qu’en réalité, il réduit le nombre d’heures de formations en présence et par voie de conséquence le nombre de formateurs-trices.

Plus inquiétant encore, Canopé permet déjà en Aquitaine à des start-up de proposer leurs “solutions” à des panels d’enseignant-es. Il s’agit ici d’une nouvelle intrusion de l’entreprise dans le service public d’éducation. SUD éducation dénonce la marchandisation de l’école à l’œuvre dans ces partenariats.

SUD éducation revendique:

  • le retrait de la réforme de la formation des enseignant-es
  • des moyens supplémentaires pour assurer à tous-tes les enseignant-es une formation continue publique, en présence et gratuite à la hauteur des besoins
  • le financement des services publics par des fonds publics.

À l’appel d’une AG inter-INSPÉ et de onze organisations syndicales dont SUD éducation, une journée de grève et de mobilisation sur la Formation des enseignant-es aura lieu le jeudi 11 mars avec un rassemblement devant le ministère de l’Éducation nationale.

AED : mobilisation dès le 22 mars

Les mobilisations inédites en décembre et en janvier ont montré l’ampleur de la colère et la détermination des AED de toute la France.

La coordination nationale appelle à une semaine complète de grève à partir du 22 mars.
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Vous pouvez nous contacter si vous êtes intéressé•es par la mobilisation par mail AED35@outlook.fr ou sur instagram aed35sud

Hugo et Florian

Les collectifs d’assistant·e·s d’éducation appellent à une semaine de grève et de mobilisation à compter du 22 mars 2021.

SUD éducation dépose préavis de grève spécifique aux AED pour la période.

SUD éducation ouvre une caisse de grève en ligne pour soutenir financièrement les AED et AESH en grève.

RDV le mercredi 24 mars à 16H00 dans notre salle de Solidaires 35 ou en visioconférence.


SUD éducation revendique :

– la titularisation sans condition de tous les personnels assistant-e-s d’édu- cation qui le souhaitent par la création d’un statut d’éducateur-trice sco- laire ;
– l’augmentation des salaires et la baisse du temps de travail ;

– l’obtention de la prime REP/REP+ pour tous les personnels travaillant en
éducation prioritaire ;
– le recrutement massif de personnels AED et la n du recrutement par les chef-fe-s d’éta- blissement, pour un recrutement académique ;
– l’accès à une formation initiale et continue et l’augmentation du crédit d’heure pour for- mation ;
– du matériel de protection fourni par l’employeur et le versement de la prime Covid.

AESH : luttons pour un vrai statut – Une brochure de SUD éducation

Il y a deux ans, à l’occasion de la restitution de la concertation nationale de l’école inclusive, le Ministre de l’Éducation nationale et la secré- taire d’État chargée des Personnes handicapées annonçaient la déprécarisation et la professionnalisation des accompagnant-e-s des élèves en situation de handicap. Quelques mois plus tard est parue la circulaire modifiant le cadre de gestion des contrats avec pour mesure phare de cette déprécarisation le passage de 6 CDD d’un an à 2 CDD de trois ans, la possibilité de CDI- sation et des effets d’annonce sur la formation. Nous ne pouvons nous en satisfaire !

Au final cela revient à six années de CDD et à la poursuite de la logique contractuelle. Les salaires restent au plus bas et les temps partiels imposés sont la norme. Le ministère s’enfonce dans une logique d’institutionnalisation de la précarité.
Alors que les besoins sont en constante augmentation, les difficultés de recrutement sont prégnantes. Les académies mutualisent donc à outrance et les PIAL ont été déployés sur presque tout le territoire. On nous demande d’accompagner de plus en plus d’élèves pour de moins en moins d’heures, sur un territoire géographique étendu. Comment faire notre travail correcte- ment lorsqu’on doit accompagner 5 élèves sur trois écoles différentes ?

La gestion de la crise sanitaire a également été révélatrice de la place qui nous est faite : absent-e-s des protocoles sanitaires, les AESH n’ont reçu aucun moyen de protection spécifique alors que les règles de distanciation ne peuvent être appliquées dans la plupart des situations d’accompagnement. Avec les PIAL le brassage est sans limite…
 

Retrait de la réforme de la formation des enseignants ! Réforme des concours ! – Communiqué intersyndical

Les enseignant·es, enseignant·es-chercheur.e.s, formatrices et formateurs, étudiant·es réunis les 11 février et 3 mars en AG inter Inspé et représentant presque tous les Inspé de France, demandent l’arrêt et le retrait de la réforme de la formation des enseignants et des CPE et des concours que le gouvernement compte mettre en place à la rentrée 2021. Contrairement à ce que prétend le ministère, cette « réforme » ne rendra pas le métier d’enseignant plus attractif et n’améliorera pas la formation. Au contraire, elle les dégradera fortement. Engagée sur une vision purement gestionnaire et une méconnaissance des réalités du métier, cette « réforme » :

– Crée des inégalités entre les étudiants formant aux métiers de l’enseignement (MEEF) alternants et non alternants, entre les académies en fonction des moyens qu’elles peuvent mettre dans la formation, entre les lauréats des concours eux-mêmes, en fonction de leur parcours antérieur.

– En fétichisant le terrain, transforme les étudiants en formation en contractuels précaires et sous-payés, utilisés comme moyens d’enseignement puisqu’ils seront en responsabilité seuls devant les élèves avant même que leur qualification ait été reconnue par le diplôme de master et par la réussite au concours qu’ils préparent.

– Accentuera encore la souffrance déjà grande des étudiants des masters MEEF. Les étudiants alternants devront tout à la fois faire la classe en responsabilité, préparer les cours pour les élèves, réussir un master, incluant un mémoire de recherche et préparer les épreuves du concours. Tout ceci pour environ 670 € / mois.

– Abaisse dramatiquement le niveau d’exigence disciplinaire et professionnelle des concours de recrutement des professeurs du premier et du second degrés.

– Sacrifie finalement les élèves de l’école publique, à commencer par les plus fragiles, qui ont besoin d’enseignant·es réellement formé-es sur les plans disciplinaire, didactique et professionnel. Cette réforme prépare ainsi la voie à un enseignement public au rabais dans lequel les savoirs des enseignant·es ne sont plus garantis.

La diminution des postes offerts aux concours, l’absence de plan pluriannuel de recrutements, visent à mettre sur le marché du travail des personnes ayant échoué au concours mais titulaires du master. Beaucoup de futurs enseignants, embauchés localement, seront soumis au risque du licenciement et aux pressions de leur employeur, ce qui réduira drastiquement leurs libertés (pédagogique, syndicale, etc.).

Cette “réforme” ouvre les conditions de l’affaiblissement du concours comme modalité de recrutement des enseignants de la Fonction publique sous statut de fonctionnaire. La seconde épreuve orale, transformée en entretien d’embauche, change la nature des concours de recrutement.

Cette « réforme » dévalorise les métiers d’enseignant et de CPE, desquels se détournent déjà de plus en plus les étudiants. Il faut renoncer à la logique d’économies budgétaires et de précarisation à tout va qui l’anime et se donner enfin les moyens d’un financement des études, d’une réelle formation des enseignants et d’un recrutement de qualité. Nous en appelons au retrait de cette mauvaise « réforme » : le sort des prochaines générations d’élèves se joue dès aujourd’hui. Il est plus qu’urgent d’écouter les acteurs et actrices de la formation et d’agir en conséquence !

Le 11 mars, tous et toutes en grève, mobilisé-es pour une autre formation des enseignant-es et CPE ! Assemblées générales dans toutes les académies, rassemblements devant les rectorats partout où c’est possible et en Ile de France devant le ministère de l’Éducation nationale, audiences, conférences de presse, courriers aux députés,… faisons-nous entendre !

AG nationale inter INSPE à 18h pour faire le bilan de cette journée d’action.

Épreuves d’admissibilité des concours de la session 2021 : toujours plus d’improvisation et de précipitation !

Le samedi 7 mars 2021, deux arrêtés du 24 février 2021 ont été publiés au journal officiel. Ils reportent les dates d’épreuve d’admissibilité du CAPES interne de documentation ainsi que du CAPEPS interne du mercredi 3 février au vendredi 12 mars.

Le report est ainsi officiellement annoncé plus d’un mois après la première date prévue de l’épreuve. De surcroît, la nouvelle date officielle est annoncée moins d’une semaine à l’avance.

SUD éducation dénonce l’amateurisme, la précipitation et le mépris du ministère de l’Éducation nationale pour les candidat-e-s qui se retrouvent, une fois encore, prévenu-e-s à la dernière minute. Cette précipitation s’observe également dans la mise en place de la réforme de la formation des enseignant-e-s qui devrait s’appliquer dès la rentrée 2021 alors que bon nombre d’interrogations restent encore en suspens et que cette réforme est unanimement dénoncée par les organisations syndicales des personnels enseignants.

Fiche pédagogique : La boîte à livres (CDI)

Séance d’emprunts de livres du CDI sur un thème demandé par la-le professeur-e de la classe

Objectifs

— Faire connaître les ressources du CDI, ainsi que le lieu

— Faire lire les élèves

— Faire découvrir différents aspects de la lecture (notamment plaisir)

— Aborder des thèmes du programme de façon moins traditionnelle

Mise en place

La professeure-documentaliste fait une sélection de livres (ou périodiques) en fonction d’un thème demandé par le ou la collègue de la classe : 1re guerre mondiale, amours contrariées, récits épistolaires, la peur, celles et ceux qui ont dit non, récits mythologiques… Cela peut aussi être thème libre, lecture plaisir !

Il est possible de proposer aux élèves de lancer des thèmes en vue d’une sélection. Sii achats il doit y avoir, cela toutefois peut prendre pas mal de temps selon les établissements. Une autre possibilité est d’emprunter des documents à la médiathèque du coin pour compléter les boites à livres.

La séance peut avoir lieu au CDI ou dans la salle de classe.

L’idée est que chaque élève reparte avec un livre qu’elle ou il a choisi, à lire à la maison. 2 temps différents dans la séance : un temps de présentation, puis le temps du choix et de l’emprunt.

Pour la présentation, elle peut être faite par la prof-doc (on fait un très court résumé à l’oral de chaque livre) ou par les élèves (chaque élève a un livre devant soi, et a quelques minutes pour en faire une courte présentation à ses camarades). Dans les deux cas, la présentation de chaque livre doit être très courte (1 minute) et donner envie aux élèves d’emprunter ce livre.

Les élèves doivent noter sur un brouillon au moins 3 titres qu’ils et elles ont aimé, afin de procéder ensuite à un emprunt choisi et non subi.

Pour la seconde phase, l’emprunt : on montre un livre à la classe, et le ou la 1er-e élève qui lève le doigt peut l’emprunter. Et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le monde ait un livre. Il est possible de demander un top 3 aux élèves mais cela demande plus de temps. Si 2 élèves souhaitent le même livre, pour contrer d’éventuelles frustrations, il est possible de leur proposer un autre ouvrage du-de la même auteur.rice, sur le même thème, de la même taille ou d’en trouver un doublon.

Prévoir un temps pour noter les emprunts afin d’avoir une trace.

Il est possible selon le projet de continuer sur une séance d’exposés, ou de faire des carnets de lecture, des avis de lecture sur marque-pages…

Retours sur l’expérience

— On a remarqué que quand un-e élève présente un livre au groupe, il ou elle a souvent envie de l’emprunter !

— Prévoir plus de livres que d’élèves, afin d’essayer de contenter tout le monde au mieux.

— Si vraiment il y a des élèves frustré-es, prévoir un temps à la fin de la séance ou à un autre moment pour aller au CDI et leur permettre de trouver un livre à leur goût.

— Il faut parfois que les adultes fassent un peu médiation, en fonction du niveau des élèves et du livre choisi (livre trop dur pour un-e élève ou au contraire un-e bon-ne lecteur-rice qui choisit le livre le plus petit).

— Prévoir des livres de différents niveaux et de différentes tailles : des romans de littérature jeunesse, des BDs, des romans graphiques, mais aussi des romans classiques (ou en abrégé). Même s’ils ne sont pas forcément empruntés (mais parfois si !), cela permet aux élèves d’en connaître l’existence.

— On peut créer des ambiances en fonction du thème (salle obscure, bruits mystérieux en fond pour les livres sur la peur par exemple).

Ni précariser ni conformer : former les enseignant·es et les CPE est un impératif citoyen ! Tribune signée par la Fédération SUD éducation

Ni précariser ni conformer : former les enseignant·es et les CPE est un impératif citoyen !  

Tribune signée par la Fédération SUD éducation :

https://www.humanite.fr/ni-precariser-ni-conformer-former-les-enseignantes-et-les-cpe-est-un-imperatif-citoyen-700293).

Un texte d’appel pour une journée d’action le 11 mars 2021 est en cours de rédaction.

Ni précariser ni conformer : former les enseignant·es et les CPE est un impératif citoyen !

 

Plus de mille acteurs et actrices de la formation s’opposent à la “réforme” de J.-M. Blanquer qui entend appauvrir les contenus des formations, utiliser les étudiant·es comme moyens d’enseignement, minimiser le rôle des formateurs et formatrices, casser les INSPÉ et les équipes qui les font vivre – en rêvant sans doute que des officines privées les remplacent, comme le permet désormais l’article qu’il a imposé dans la loi dite « Pour une école de la confiance ».

 

Le ministère de l’Éducation nationale veut à nouveau réformer la formation des enseignant·es et CPE[1] (FDE) dès la rentrée 2021. Les objectifs qu’il affiche paraissent louables : améliorer et harmoniser les contenus et les modalités de la formation, attirer davantage de candidat·es dans les différents concours de façon à enrayer la crise du recrutement, favoriser l’accès aux métiers de l’enseignement et de l’éducation… Pourtant cette énième “réforme” fait l’unanimité contre elle : depuis deux ans, se sont succédé communiqués, motions, pétitions, lettres ouvertes de composantes universitaires, de sociétés savantes, votes d’opposition dans les instances universitaires ou ministérielles sans que, jamais, le ministère de l’Éducation nationale ni celui de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ne s’émeuvent ni ne dévient de la trajectoire qu’ils sont déterminés à imposer. Pourquoi nous opposons-nous à cette « réforme » ?

Une “réforme” qui dégrade les conditions de la formation et va aggraver les difficultés à s’engager dans le métier

« C’est en forgeant qu’on devient forgeron » dit le proverbe. Mais ce n’est pas en plaçant un·e étudiant·e seul·e en responsabilité face à des élèves qu’il ou elle devient, du jour au lendemain et de facto, enseignant·e ! Durant le confinement, les parents d’élèves ont fait la délicate, et parfois amère expérience qu’enseigner est un métier qualifié, qui exige des compétences. Enseigner ne se résume pas à « gérer une classe » et surveiller la réalisation d’exercices. Il faut maîtriser des connaissances approfondies, savoir concevoir et animer des situations pédagogiques et didactiques qui permettent à tou·tes les élèves d’apprendre, et intégrer cela dans un projet éducatif global porteur de valeurs d’émancipation. C’est tout l’objet d’une formation universitaire et professionnelle des enseignant·es, qui s’emploie à faire construire progressivement les compétences professionnelles, disciplinaires et réflexives nécessaires à des métiers si essentiels, de plus en plus complexes, dont l’enjeu se révèle aujourd’hui vital : il s’agit bien de permettre la connaissance, la compréhension et la prise en charge du monde, aujourd’hui et demain. Pour cela, il y a des conditions précises : du temps, une expérience progressive et sécurisée qui rende possible l’expérimentation et son analyse, et des formateurs et des formatrices qualifié·es.

Or que propose la “réforme” que nous condamnons ? L’inverse ! Les étudiant·es, embauché·es comme contractuel·es, avant même le recrutement par concours et l’obtention du master « métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » (MEEF), se retrouveront, seul·es en responsabilité d’une ou plusieurs classes, à faire « comme si… ».

Est-ce en recrutant des contractuel·les, précaires, rémunéré·es 670 € par mois, que l’on va faire face à la crise de recrutement des enseignant·es ? Est-ce en mettant les étudiant·es sans formation préalable un tiers de leur temps devant des élèves qu’on peut se targuer de les aider à préparer dans des conditions acceptables à la fois un master, incluant un mémoire de recherche, et un concours ? Est-ce en étant en difficulté devant leurs élèves qu’ils et elles vont prendre confiance dans leurs propres capacités à les faire progresser ?

Le recours à l’alternance telle que les textes de cette “réforme” la prévoient, n’est qu’un prétexte grossier pour faire des économies au détriment des étudiant·es et des élèves. Cela ne fait que renforcer la tendance déjà à l’œuvre d’exploiter les étudiant·es pour pallier la carence des moyens en personnels alors qu’il faudrait sécuriser leur parcours avec une entrée dans le métier progressive et sereine.

Une “réforme” qui vise à formater les formations, à l’opposé des enjeux et de la complexité des métiers de l’enseignement

Le ministère annonce des concours plus « professionnels », qui visent à mieux prendre en compte les savoirs et compétences indispensables pour enseigner : comment ne pas s’en réjouir ? Les nouvelles épreuves révèlent pourtant de tout autres visées. La multiplication des prescriptions, telles les directives sur les « fondamentaux » (français, mathématiques, connaissance du système éducatif) ou les manuels, guides et normes d’évaluation imposés « d’en haut », fait système avec une formation qui donnera moins de place à la recherche et à la réflexivité. Et pour vérifier que cette posture est bien assimilée, une épreuve orale d’entretien de motivation et de présentation de son profil est insérée dans le concours.

Pourtant, former un citoyen·ne de plein exercice dans un monde de plus en plus complexe exige de développer une grande variété de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être. La hiérarchisation et la mise en concurrence organisée des disciplines entravent les collaborations et le tissage des savoirs nécessaires à une formation et à une expérience scolaire riches, à même de faire réussir tou·tes les élèves.

Une “réforme” qui crée des inégalités et des incohérences

En créant les INSPÉ, le ministère prétendait harmoniser les contenus de la formation et les pratiques des futur·es enseignant·es. La “réforme” manifeste surtout une défiance à l’égard des équipes universitaires, en principe en charge de concevoir et de faire vivre les maquettes des formations dont elles ont la responsabilité. La logique est celle de l’« adaptation locale », selon les moyens disponibles, des directives nationales. Il y aura donc de grandes inégalités entre universités, comme entre académies, selon les ressources attribuées pour construire et mettre en œuvre les maquettes et les stages, voire entre les étudiant·es d’un même INSPÉ selon les sites départementaux, plus ou moins dotés en moyens et en formateurs et formatrices.

L’idée, constamment avancée, d’un continuum de formation, de la préprofessionnalisation en licence jusqu’au master, puis se poursuivant par de la formation continue après le concours, est ainsi repoussée aux calendes grecques. Pire, la réforme organise la concurrence entre diverses voies d’accès aux métiers : classes préparatoires au professorat des écoles (nouvelle lubie du ministre, imposée sans réflexion collective) contre préprofessionnalisation en licence ; master MEEF contre master disciplinaire… On voit bien comment, devant ce schéma si peu lisible, les organismes privés pourront fleurir et exploiter le désarroi des candidat·es.

Même traitement inégalitaire des stagiaires, après les concours : certain·es, venant d’un master MEEF, enseigneront directement à temps plein (qu’ils aient déjà une expérience en responsabilité devant élèves ou non), tandis que d’autres seront fonctionnaires stagiaires en alternance à mi-temps. Dans ces conditions, il n’est pas sûr qu’un.e étudiant·e ait intérêt à suivre un master MEEF, alors même qu’il est conçu pour préparer au métier.

 

Pour une formation universitaire et professionnelle des enseignant·es et CPE

Nous portons une autre vision de l’école et de la formation des enseignant·es, dont l’ambition est de permettre à tous les enfants de comprendre le monde, et pas seulement à une élite toujours plus précocement sélectionnée. Nous refusons de voir formater, d’un même mouvement, les futur.es enseignant.es et leurs élèves, qui sont les citoyen·nes de demain.

Les enseignant·es doivent bénéficier d’une formation progressive et cohérente, qui donne autant d’importance aux savoirs universitaires qu’aux savoirs professionnels, articulant contenus disciplinaires, didactiques, de sciences de l’éducation et des théories d’analyse de l’activité ; une formation qui s’appuie sur les savoirs et les expériences des formateurs et formatrices et la grande richesse des recherches.

 Ni précariser ni conformer : former des enseignant·es est un impératif citoyen ! Nous en appelons donc au retrait de cette mauvaise « réforme » et à l’ouverture de concertations de grande ampleur : le sort des prochaines générations d’élèves se joue dès aujourd’hui. Comme pour le réchauffement climatique, les effets de l’inaction passée et actuelle se font et se feront sentir sur le long terme : il est plus qu’urgent d’écouter les acteurs et actrices de la formation et d’agir en conséquence !

Le 8 mars, en finir avec la précarité pour les femmes : un statut pour les AESH

À l’occasion du 8 mars, SUD éducation rappelle sa revendication d’une mesure sociale pour les personnels de l’Éducation nationale qui ont un rôle essentiel dans la scolarisation des élèves en situation de handicap et dont 90 % sont des femmes : un vrai statut de la Fonction Publique pour les AESH.

La contractualisation des AESH = une des cause des inégalités salariales entre hommes et femmes dans l’ Éducation nationale

Dans l’Éducation nationale, les femmes gagnent en moyenne 16 % de moins que les hommes. Une des causes de cette inégalité, c’est la surreprésentation des femmes dans les professions les moins rémunérées : 90 % des AESH sont des femmes. Le salaire moyen des AESH est de 750 euros nets par mois pour des contrats de 24h. Nombre d’AESH sont contraint-e-s de cumuler plusieurs emplois dans l’Éducation nationale et le périscolaire pour pouvoir vivre.

Augmenter les salaires de tou-te-s les AESH, hommes et femmes, aurait pour conséquence de réduire les inégalités salariales entre les hommes et les femmes dans l’Éducation nationale et dans la société.

Pour un temps complet à 24h devant élèves avec un salaire complet !

Les personnels AESH subissent un calcul du temps de travail qui n’est pas compatible avec leurs missions et qui explique, entre-autres, les bas salaires : le temps plein est calculé sur la base de 1607h réparties sur 41 semaines, avec un temps de travail hebdomadaire de 39h. Or, les emplois du temps des élèves accompagné-e-s ne permettent que très rarement aux AESH d’effectuer 39h d’accompagnement. Ce calcul du temps de travail minimise tout le travail « invisible » qui est demandé aux AESH : auto-formation, formation, concertation, adaptation des supports pédagogiques, concertation avec les équipes… L’annualisation ne prend pas en compte les conditions d’exercice du métier.

La plupart des AESH sont donc recruté-e-s sur des temps partiels (entre 21h et 30h hebdomadaires) avec des salaires par conséquent partiels.

SUD éducation revendique pour les AESH une titularisation sans condition qui s’accompagne de la création d’un statut dans la Fonction Publique d’Éducateur-trice scolaire spécialisé-e, avec un salaire à 1700 euros net en début de carrière et la reconnaissance d’un temps plein correspondant à 24h d’accompagnement plus les heures connexes.

Métiers sous-rémunérés, métiers dévalorisés, métiers féminisés

Le métier d’AESH est sous-rémunéré car il est considéré comme « féminin ». En refusant de reconnaître leur métier, le ministre Blanquer refuse de reconnaître la valeur sociale et la spécialisation du travail des AESH. Pourtant les personnels AESH sont bien plus des éducateurs et des éducatrices spécialisé-e-s sur les questions de pédagogie et de handicap que des accompagnant-e-s.

L’Éducation nationale justifie l’absence de statut par des stéréotypes sexistes qui n’ont que trop duré : les compétences requises pour favoriser la scolarisation des élèves en situation de handicap ne sont pas des compétences maternelles ou féminines, les AESH exercent des gestes professionnels spécialisés. Pourtant le ministère dévalorise ce métier et le cantonne à de l’« accompagnement » parce que les personnels qui l’exercent sont à 90 % des femmes.

Il est temps que le ministère abandonne ses préjugés discriminants et engage une politique volontariste pour lutter contre la précarité qui est imposée aux professionnel-le-s des métiers les plus féminisés, les AESH.

Pour la journée de lutte pour les droits des femmes, SUD éducation revendique la reconnaissance du métier d’AESH avec un vrai statut et un vrai salaire !

Un vrai statut pour les aesh, c’est permettre à 100 000 femmes d’en finir avec les contrats précaires ! #unemesuresocialepourle8mars

Vidal porte atteinte à la liberté de recherche des universitaires : un tel obscurantisme est inadmissible, la ministre Vidal doit partir !

Dimanche 14 février, sur un plateau télé de CNEWS (chaîne sur laquelle un animateur a par ailleurs été condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale) la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, interrogée par Jean-Pierre Elkabbach à propos de l’article « Comment l’islamo-gauchisme gangrène les universités » du Figaro (12/02) déclarait : « Moi je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et que l’université n’est pas imperméable, [elle] fait partie de la société ». Elle a annoncé par la suite devant la représentation nationale qu’elle allait demander « notamment au CNRS » de faire une enquête sur « l’ensemble des courants de recherche » à propos de « l’islamo-gauchisme » à l’université, « de manière à ce qu’on puisse distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ».

Un gouvernement qui souhaite museler les universitaires ?

Alors que les universités sont encore largement fermées, les étudiant-e-s dans une précarité sociale, une détresse psychologique et une incertitude pédagogique sans précédent, que l’ensemble de la communauté universitaire tient à bout de bras un enseignement supérieur et une recherche que le ministère vient d’affaiblir, précariser et libéraliser encore plus via la LPR rejetée massivement, la ministre tente un contre-feu digne de son collègue de l’Éducation nationale. Que la ministre reprenne les termes de l’extrême-droite à travers sa dénonciation du mythe, du fantasme de « l’islamo-gauchisme » marque une fois de plus la volonté du gouvernement de mise au pas de l’Université, de ses enseignant-e-s chercheurs-euses et de son personnel en général. Nous avons déjà connu ces derniers mois une volonté de restriction des libertés académiques, de la recherche, de criminalisation des mobilisations universitaires de la part de ce gouvernement. Cette fois-ci, toutes les limites sont franchies.

En demandant au CNRS (et donc ses agent-e-s) à travers l’Alliance Athéna de mener des enquêtes sur des « courants de recherche », la ministre piétine les fondements même de la recherche publique. Mme Vidal veut-elle instituer une police de la pensée ? Interdire certaines thématiques de recherche (telles les études postcoloniales ou décoloniales, les travaux portant sur les discriminations raciales, etc.) comme c’est le cas dans certaines universités en Hongrie, Brésil ou Roumanie ?

Une offensive répressive et autoritaire tout azimut

Derrière ces propos, il y a plus que le « gauchisme », la stigmatisation de l’Islam et de ses pratiquant-e-s, ou supposé-e-s comme tel-les. Ce n’est pas un hasard si la ministre professe ces attaques quelques jours seulement après le « débat » entre Darmanin et Le Pen dans lequel le gouvernement a montré toute sa dimension réactionnaire, ou à quelques heures du vote de la loi « séparatisme » stigmatisante et discriminatoire.

La rhétorique est classique dans cette période de crise sanitaire, économique et sociale : masquer les responsabilités de l’État et du ministère dans la situation dramatique dans laquelle se trouve l’Université et la recherche aujourd’hui et allumer des contre-feux.

À travers les lois « séparatisme » et « sécurité globale », le gouvernement s’attaque frontalement à nos libertés fondamentales ; à travers les propos de la ministre, il menace aujourd’hui les libertés académiques et la possibilité d’un enseignement et d’une recherche critiques.

Pour SUD Éducation et SUD Recherche EPST :

Tout gouvernement qui se prétend démocratique doit accepter les critiques nées de l’analyse scientifique de ses actions. S’attaquer à l’université c’est s’attaquer à un lieu de construction d’un savoir critique.

— Aucun-e collègue, au CNRS comme dans des universités, quel que soit son statut, ne doit participer à cette campagne de dénonciation.

— Les libertés académiques et de recherche sont fondamentales et non négociables, pour un ESR émancipateur et débarrassé d’injonctions idéologiques comme économiques d’où qu’elles viennent.

Nous réaffirmons notre opposition aux lois « séparatisme » et « sécurité globale » comme à la LPR.

La ministre F. Vidal, que l’on connaissait déjà autoritaire et hermétique à la détresse du monde universitaire, a perdu toute légitimité avec ces propos injurieux et menaçants : elle doit partir.