Le 16 juin, avec la santé, pour nos services publics et pour nos droits !

La gestion de la crise du Covid-19 a montré si besoin en était quelles étaient les priorités du gouvernement : et sans surprise, ce n’est pas de garantir la santé de la population, mais bien de rétablir au plus vite les profits des entreprises. Les belles paroles du président au début du confinement apparaissent pour ce qu’elles sont : des paroles creuses destinées à masquer le cynisme et la voracité des classes dominantes, responsables depuis plusieurs décennies de la casse des services publics. Pour que le monde d’après ne soit pas comme le jour d’avant : le 16 juin, faisons exploser notre colère !

Soutien à la santé, défense des services publics

Le 16 juin, c’est avant tout une date de mobilisation du secteur de la santé. Les professionnels du secteur ne s’y trompent pas : les promesses de Macron pendant la crise sanitaire resteront du vent s’il n’y a pas une mobilisation d’ampleur de la part des travailleurs et travailleuses, mais aussi des usager-e-s et donc de l’ensemble de la population. Leurs revendications sont légitimes : participons massivement aux cortèges pour les aider dans la construction du rapport de force !

Au-delà de la santé, ce sont tous les services publics qui ont subi depuis plusieurs décennies les attaques incessantes de la part des capitalistes : coupes budgétaires, précarisation, nouvelles pratiques managériales et souffrance au travail en sont le lot commun. Le 16 juin, défendons nos services publics, pour une société solidaire et de justice sociale !

Dans l’éducation aussi, combattons la régression orchestrée par le ministre et opposons-nous à l’instrumentalisation de la crise sanitaire

La crise sanitaire pourrait être, si les travailleurs et les travailleuses ne se mobilisent pas, une opportunité majeure pour les capitalistes pour poursuivre leur démantèlement des droits (temps de travail, congés, salaires…) au motif que la crise sanitaire a un coût qu’il faudra bien assumer. Dans l’éducation, le ministre a pris les devants en reprenant la logique précédente : directions d’école, territorialisation, resserrement des apprentissages sur les fondamentaux… le ministre avance sur ses chantiers à la faveur de la crise. Le resserrement du calendrier des réformes ministérielles montre bien la stratégie du choc voulue par Blanquer, avec sa majorité, pour mieux imposer ses lubies. Malgré la crise sanitaire, il recourt à la répression des personnels mobilisés contre ses réformes autoritaires, libérales et réactionnaires.

Avec la mise en œuvre des 2S2C, le ministre fait d’une pierre plusieurs coups : en organisant le transfert des activités sportives et artistiques, il recentre les apprentissages scolaires sur les fondamentaux supposés (lire-écrire-compter) ; en transférant une partie du temps scolaire aux collectivités, il accélère la territorialisation, et donc les inégalités face à l’éducation. SUD éducation s’oppose fermement aux mesures de démantèlement du service public d’éducation !

Pour que le monde d’après ne soit pas comme le jour d’avant : le 16 juin , faisons exploser notre colère !

Liberté de manifester : la santé oui ! Le bâillon non !

Il ne suffit pas dans un régime démocratique de proclamer l’existence de droits politiques, économiques, sociaux et culturels. Encore faut-il pouvoir les exercer effectivement.
Et l’un des moyens pour y parvenir, c’est en usant de la liberté fondamentale que constitue le droit de se rassembler et de manifester dans l’espace public.

Le droit de manifester est un droit garanti par la Constitution. Alors même que la liberté de circuler sur notre territoire a été rétablie, que les bars-restaurants ont été réouverts avec bien souvent plus de 10 personnes sur les terrasses, de même que certains parcs d’attraction, que la reprise des célébrations religieuses a été autorisée, il n’est pas cohérent que les rassemblements – et donc les manifestations – à plus de 10 personnes sur la voie publique restent purement et simplement interdits.

L’état d’urgence sanitaire ne peut plus le justifier dans la mesure où les prescriptions d’ordre sanitaire nécessaires sont mises en œuvre pour permettre de concilier la protection de la santé et la liberté de manifestation.

Il ne saurait être dérogé au droit constitutionnel, fondamental individuel et collectif, que constitue le droit de manifester.

Alors que les élections municipales sont programmées, alors que les droits des salariés sont menacés, alors que des choix cruciaux pour le monde d’après doivent être décidés, le confinement de notre liberté d’expression ne peut nous être imposé plus longtemps.

C’est pourquoi, les organisations syndicales CGT, FSU, SAF, Syndicat de la magistrature et Union Syndicale Solidaires, engagent devant le Conseil d’État une procédure de référé-liberté afin que toutes et tous puissent continuer à jouir pleinement de leurs droits fondamentaux.

Exemple d’un rassemblement du week-end dernier à Rennes, malgré l’interdiction de la Préfecture :
https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/rennes-des-centaines-de-manifestants-au-rassemblement-contre-les-violences-policieres-6860274

Déclaration préalable SUD – CGT 35 à la CAPD du jeudi 4 juin

Monsieur l’Inspecteur d’Académie,

La crise sanitaire a été une aubaine pour l’école réactionnaire. Pourtant, la situation actuelle
particulière ne peut pas faire oublier les droits des personnels de l’Éducation Nationale et ne
peut être le prétexte d’une aggravation des conditions de travail des enseignant·es. La CGT
éduc’action et SUD éducation ne sont pas dupes de la communication du ministère. Nous
dénonçons et dénoncerons les décrets et lois liberticides et antipédagogiques imposé·es par le
ministère.

Alors que la santé des personnels est en jeu, les atermoiements du gouvernement et du
ministère ont considérablement aggravés les inquiétudes des personnels des écoles et
augmenté leur charge de travail déjà considérable en cette période : protocole sanitaire pour les
écoles sortit quelques jours avant la réouverture puis modifié après la reprise, directives
contradictoires suivant les services (DSDEN, Rectorat, Inspection de circonscription),
communication promettant aux parents que tous les enfants rejoindront l’école alors que les
conditions de réouverture ne peuvent le permettre, aides et formations en distanciel proposées
alors que les classes étaient déjà réouvertes… Les équipes et particulièrement les
directeur·trices ont du faire face seul·es. Puisque le ministre Blanquer n’était pas prêt, la reprise
aurait du attendre !
Grâce au dévouement des équipes, les conditions sanitaires et d’enseignement se régulent
chaque jour davantage. Pourtant, des enseignant·es (TRS, remplaçant·es, enseignant·es des

UPE2A, …), de part leur itinérance, prennent des risques importants pour eux et elles, et les
personnes qu’il·les côtoient. Personne ne peut s’adapter à un protocole différent dans chaque
école, un protocole qui est parfois découvert en même temps que la prise en charge d’un
groupe d’élèves.

Enseignement à distance et présentiel à temps plein sont incompatibles. De plus, le climat
actuel, particulièrement anxiogène, fatigue beaucoup les collègues. Pourtant, beaucoup de
professeur·es n’osent arrêter l’enseignement en distanciel.
L’enseignement à distance ne peut se substituer à l’enseignement en présentiel comme le laisse
entendre un projet de loi. La « continuité pédagogique » a seulement permis de garder un lien
avec les élèves et leur famille. Aucun nouvel apprentissage ne pouvait avoir lieu dans ces
conditions. L’échange entre pairs ou les interactions avec l’enseignant·e sont nécessaires à tout
apprentissage. L’école à distance n’est pas celle que nous voulons, ni celle que souhaitent les
élèves et leur famille pour l’avenir.

Le 12 mai 2020 une proposition de loi a été déposé à l’assemblée nationale visant à instaurer
une fonction de directeur·trice d’école. Ce statut est un serpent de mer qui rejaillit très
régulièrement et qui est présenté comme une solution aux problèmes réels qui se posent pour
nombre de directeur·trices. Leur charge de travail a considérablement augmenté ces dernières
années : tableaux à remplir en différents exemplaires, animations des équipes pédagogiques,
travail en lien avec des partenaires multiples… La crise sanitaire que nous sommes en train de
vivre a encore donné du travail aux directeur·trices qui doivent composer dans l’urgence avec
un protocole sanitaire lourd et des injonctions contradictoires.
Pour autant un statut ne nous semble pas améliorer la situation. Les principaux leviers sont la
baisse de la charge de travail donc un allègement des taches non nécessaires au
fonctionnement des écoles : remontées d’indicateur en tout genre qui ne servent qu’à montrer
que l’on travaille. La possibilité de directions plus collectives doit être évoqué : donner du temps
aux équipes pour qu’elles puissent organiser le travail en fonction de leur expertise. Les
quelques centaines d’euros de prime ne nous ferons pas oublier le désastre de cette période.

Jean-Michel Blanquer a aussi proposé de dépecer encore davantage l’école avec la création du
dispositif « Santé Sport Culture Civisme » (2S2C). Il s’agit d’externaliser certaines disciplines et
activités confiées aux collectivités locales en remplacement des cours d’EPS, d’éducation
musicale et d’Arts plastiques. Nous ne sommes pas dupes, cela vise à retirer de l’enseignement
obligatoire les enseignements d’éducation physique et des arts en général, pour concentrer le
travail des enseignants sur les fondamentaux. En pratique, ce dispositif se développe de
manière inégalitaire. Certaines villes mettent en place des activités dans des écoles. Nous
n’acceptons pas que la crise sanitaire soit le pretexte pour démanteler l’éducation nationale.

Enfin, cette réunion aborde le passage à la hors classe et la formation continue. Nous en
profitons pour rappeler nos positions sur le sujet :

  • Nous continuons à revendiquer que les avis d’inspection ne conditionnent pas l’avancement de
    carrière et revendiquons un même avancement dans un grade unique, sur le rythme le plus
    rapide, pour toutes et tous.
  • Nous proposons une formation des professeur·es des écoles pendant le temps scolaire,
    comme pour les enseignant·es du secondaire.
  • Nous demandons la prise en compte de l’auto-formation (par exemple, les groupes de travail
    sur la Pédagogie Freinet) dans les 18h de formation obligatoires.

2S2C : SUD éducation dénonce une attaque d’ampleur contre le service public d’éducation

Le 21 avril, dans le cadre des annonces concernant la réouverture des écoles et établissements, le ministre Blanquer annonçait la mise en place des dispositifs 2S2C, pour “Santé, sport, citoyenneté, culture”. Ce dispositif est mis en place dans le cadre de conventions entre l’Éducation nationale et les collectivités territoriales. Le but affiché est de favoriser la prise en charge des enfants en-dehors des écoles et établissements, pour permettre à ceux-ci et celles-ci de respecter l’application du protocole sanitaire.

Au vu des annonces, il apparaît maintenant clairement qu’il s’agit d’un nouveau cheval de Troie de la casse des statuts et une étape d’ampleur de la territorialisation de l’école. Le résultat en sera un transfert de compétences de l’Éducation nationale vers les collectivités, et de ce fait un accroissement des inégalités entre les territoires en matière d’offre de formation. Blanquer utilise ainsi cyniquement la crise sanitaire pour faire avancer son projet d’école libéral et réactionnaire.

Le projet consiste en effet à externaliser ce qui concerne le sport et les activités artistiques vers les collectivités. Que ce soit dans le premier ou le second degré, ces enseignements font intégralement partie des missions des personnels enseignants. Pour Blanquer, il s’agit là d’une nouvelle opportunité de recentrer les apprentissages scolaires sur le “lire-écrire-compter”, et d’éloigner l’école de la société. Pour SUD éducation, les activités physiques et artistiques font partie intégrante d’un enseignement émancipateur, contre une vision utilitariste de l’école qui se limite à l’enseignement des supposés fondamentaux. Elles nécessitent une formation initiale et continue importante et la professionnalité des enseignant-e-s qui les dispensent ne peut être foulée aux pieds de cette manière.

Ce transfert de compétences est de plus une menace contre les garanties statutaires. L’avenir du corps des professeur-e-s d’EPS est particulièrement concerné, dans le cadre qui se dessine d’un remplacement l’EPS par les clubs de sports. Celui des enseignant-e-s artistiques l’est aussi. Au-delà, avec la perspective d’une articulation du temps éducatif entre enseignements scolaire le matin et activités prises en charge par les collectivités l’après-midi, c’est bien une attaque d’ampleur contre les obligations de service qui s’annonce.

Enfin, il s’agit d’une nouvelle étape dans la territorialisation de l’école, qui va aggraver les inégalités scolaires. En effet, le transfert de compétences annoncé va creuser l’écart entre les collectivités en terme d’offre de formation. Si les enseignements sportifs et artistiques sont pris en charge par les collectivités, il est certain qu’ils ne seront pas de même qualité entre une collectivité riche et une collectivité pauvre : il est d’ores et déjà certain que la compensation envisagée par le ministère ne couvrira pas la dépense des collectivités. Encore une fois, ce seront les enfants des milieux populaires et des espaces ruraux qui en feront les frais.

Pour SUD éducation, le dispositif 2S2C, c’est donc :

  • un projet réactionnaire de réduction de l’école aux savoirs supposés fondamentaux
  • une attaque contre les statuts des personnels
  • une nouvelle étape dans la territorialisation de l’école, qui va aggraver les inégalités scolaires

Pour toutes ces raisons, SUD éducation refuse catégoriquement ce projet et appelle les personnels à se positionner et à engager une mobilisation contre ce nouveau projet de réforme libéral et réactionnaire.

Nos outils de travail doivent être pris en charge par l’employeur

Trop souvent, les enseignant-e-s pourvoient sur leurs propres deniers à l’achat d’un certains nombre de fournitures allant de la papeterie jusqu’au matériel audiovisuel ou informatique.

Le sous-équipement de certains de nos lieux de travail, le matériel non-fourni ou en quantité insuffisante ou tout simplement le nombre insuffisant de postes de travail conduisent nombre de collègues à s’équiper par eux-mêmes. Rare sont ainsi celles et ceux qui ne possèdent pas aujourd’hui un ordinateur personnel pour préparer leurs séquences.

L’explosion du télétravail a conduit à amplement exploiter ce matériel personnel qui, déjà, était mis au service de notre activité professionnelle.

De plus, des dizaines, voire des centaines d’appels, ont dû être passés pour maintenir le lien avec les élèves et leurs familles. Dans la quasi-totalité des cas, ils l’ont été depuis les téléphones personnels des enseignant-e-s et des personnels de vie scolaire, y compris celles et ceux à qui l’on imposait de demeurer joignables comme les directrices et directeurs d’écoles.
Certains collègues ont ainsi amplement dépassé leur forfait, engendrant des frais importants, sans même évoquer le partage d’un numéro de téléphone personnel qui rend difficile le cloisonnement entre vie personnelle et vie professionnelle. Cette crise sanitaire a révélé la dépendance du système éducatif à l’égard de l’équipement personnel des agent-e-s.

Ces situations posent question. Pour SUD éducation, il est de la responsabilité de notre employeur de nous fournir la capacité d’effectuer nos missions.

SUD éducation revendique l’équipement des personnels de l’Éducation nationale par leur employeur et non plus au hasard des dotations des collectivités territoriales. Un enseignant-e doit bénéficier d’un ordinateur professionnel. Les personnels dont on exige qu’ils et elles soient joignables (chargé-e-s de direction, suivi de PFMP…) doivent disposer d’un téléphone et d’une ligne professionnels.

À défaut, l’employeur doit verser sans délai une indemnité afin de couvrir les frais engagés par la mise en œuvre de la continuité pédagogique, à l’image de ce que le code du travail impose aux entreprises.

Plus Jamais ça : 34 mesures pour un plan de sortie de crise

Mardi 26 mai, 20 organisations associatives et syndicales publient un plan de sortie de crise. Dans un document détaillé de 24 pages, les organisations signataires défendent 34 mesures pour répondre de concert aux enjeux sanitaires, sociaux, économiques et écologiques auxquels font face nos sociétés.

Depuis janvier, les différentes organisations ont multiplié les rencontres et collaborations, convaincues qu’il n’est pas de réponse à l’urgence écologique sans une réelle justice sociale. Ce collectif qui a lancé le 27 mars une pétition appelée Plus jamais ça, n’a eu de cesse de souligner l’impérieuse nécessité d’une rupture avec les politiques menées jusqu’à présent, nécessité dramatiquement rappelée par la crise actuelle. Poursuivant cette démarche, il publie ce 26 mai, une série de mesures concrètes pour répondre à la crise sanitaire et la crise économique qui suit, tout en posant les jalons d’un nouveau projet de société.

Décliné en 34 mesures, le plan précise « faire la démonstration qu’il y a des alternatives au capitalisme néolibéral, productiviste et autoritaire, et que ces alternatives sont crédibles, désirables et réalisables, à condition que les moyens politiques soient mis au service des objectifs de transformation sociale et de préservation de l’environnement. »

Les deux premières parties de ce plan s’attachent à formuler des propositions pour répondre de façon urgente et efficace à la double crise sanitaire et sociale. La troisième partie de ce plan indique les mesures pour une refondation de la fiscalité et du système financier au service d’une juste répartition des richesses et d’une véritable transition écologique. La dernière partie du document présente à la fois les moyens à mettre en oeuvre pour une reconversion sociale et écologique de la production agricole, industrielle et des services ; tout en dressant un plan ambitieux de relocalisation des activités accompagné de mesures fortes de solidarité internationale.

Ce plan est donc global – à l’image des crises actuelles – mais les mesures proposées se veulent concrètes et spécifiques. Car, pour le collectif, l’action est urgente et des décisions s’imposent dès aujourd’hui, en s’appuyant sur les luttes collectives et le développement de pratiques alternatives. Seules ces décisions définiront le visage du Jour d’Après et permettront d’affirmer réellement : « Plus jamais ça ! ».

Dans sa démarche de proposer un changement concret de paradigme pour construire l’après, l’alliance a présenté son plan de sortie de crise lors d’une rencontre avec plusieurs partis politiques de gauche le 20 mai.

La liste des organisations signataires du “plan de sortie de crise” :

  • Action Aid
  • Alternatiba
  • ANV-COP 21
  • Attac
  • CGT
  • Confédération paysanne
  • Convergence nationale des services publics
  • Droit Au Logement
  • Fondation Copernic
  • FSU
  • Greenpeace France
  • Notre Affaire à Tous
  • Les Amis de la Terre
  • Oxfam
  • Reclaim Finance
  • Solidaires
  • UNEF
  • UNL
  • Youth for Climate France
  • 350.org

5 Milliards d’€ pour la recherche… Ce n’est même pas le minimum !

Le 19 mars, le président E. Macron a annoncé une augmentation de 5 milliards d’€ du budget de la recherche sur twitter… en 2030. Outre le fait que d’ici 2030, deux élections présidentielles auront eu lieu, on peut s’interroger sur ce que représente une telle somme et la manière dont il est prévu qu’elle soit distribuée. Le dossier de presse du ministère du 25 mars 2020 apporte quelques éléments concernant ce dernier point. En parallèle, la Direction générale des ressources humaines (DGRH) du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) nous a donné quelques précisions complémentaires lors de réunions bilatérales (cf. nos comptes-rendusici).

Mais tout d’abord, que représentent ces 5 Milliards ?

Une augmentation du budget de la recherche est donc prévue : de 5 Md € au bout de 10 ans, à raison d’augmentations annuelles de 400 M € les premières années et de 600 M € pour les dernières.

Selon la Ministre il s’agirait là d’un effort considérable et inédit ; en cumulant les abondements cumulés, elle aboutit au chiffre de 25 Milliards d’€ qu’elle égrène dans la presse.

Une augmentation annuelle de 400 à 600 millions d’€ du budget de la recherche pendant 10 ans représente-t-elle réellement un effort considérable et à la hauteur pour répondre aux constats partagés par l’ensemble de la communauté – y compris les groupes de travail mis en place par le ministère l’an passé [1].- d’une recherche publique au bord de l’asphyxie ?

De fait, que représentera 400M€ de plus au budget de la recherche en 2021 ?
400M€ représentent 2,2% des dépenses de recherches publiques qui s’élèvent actuellement à 17,6 milliards d’€ [2] sachant que l’inflation s’élève elle à environ 1% par an.

Plus 400M€ c’est quasiment la même chose que les augmentations des autorisations d’engagement des principaux programmes budgétaires couvrant la recherche (P172, P190 et P194) ces dernières années. Voici les augmentations prévues par les Projets de Loi de Finances ces dernières années : PLF2017 : +566M€, PLF2018 : +400M€, PLF2019 : +318M€, PLF2020 : +356M€… Augmentations qui n’ont en rien empêché la situation de se dégrader…

D’autre part, on ne peut s’empêcher de comparer cet effort « considérable » aux 8 Milliards d’€ offerts chaque année aux entreprises pour « soutenir » leur recherche et développement [3] À noter que, concernant le crédit d’impôt recherche, il n’aura fallu que 7 ans pour l’abonder de 5Md€ entre 2003 et 2010 !

Enfin, rappelons qu’en septembre 2017, le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) a voté à une très large majorité (44 voix pour, 7 contres et 2 abstentions) un texte [4] concluant qu’il était « urgent de programmer sur 10 ans un effort budgétaire pour l’ESR avec 1 milliard d’euros supplémentaire par an pour la recherche publique et 2 milliards d’euros supplémentaires par an pour le service public de l’enseignement supérieur. » Avec 5 milliards au bout de 10 ans on est toujours loin du compte !

… Et comment ces 5 Milliards d’€ seront-ils distribués ?

Ce que nous réclamons – comme d’autres organisations syndicales – depuis des années c’est avant tout une augmentation conséquente des crédits de base récurrents des laboratoires ainsi que des postes de titulaires pour combattre la précarité galopante dans nos laboratoires et services, et pour assurer la continuité, l’indépendance et la qualité du service public de recherche [5] . Mais, force est de constater, rien de tout ça dans ce qui est prévu.

Concernant le financement de la recherche, il n’y a pas d’argent directement prévu pour abonder les crédits des laboratoires, mais 1 milliard de plus pour l’ANR en 2017, ce qui devrait en gros doubler son budget… et donc mathématiquement doubler le nombre de précaires !

Il s’agirait aussi d’augmenter la part du préciput attribuée aux établissements porteurs des contrats [6] de 11% actuellement à 40%. Pour le ministère, c’est cet argent qui servira à abonder les crédits de bases des laboratoires… selon la grande idéologie du ruissellement !

Mais comment cet argent sera-t-il distribué ? Il y a de fortes chances qu’il ira à ceux et à celles qui le valent bien, qui ramènent des ressources propres à l’établissement (puisqu’il y aura un lien de cause à effet), et donc ceux et celles qui sont déjà les mieux dotés ! Ceci étant, 40% de préciput pour un budget de l’ANR à 2Md€ dans 7 ans, ça ne fait guère que 950€ de plus par chercheur-e-s et par an [7]

Concernant l’emploi, outre l’augmentation du nombre de doctorant-e-s (2000 contrats doctoraux supplémentaires en 2027),ce qui est prévu dans le projet de loi c’est d’amplifier le recours à l’emploi précaire (logique quand on prévoit d’augmenter le financement par projet), au travers principalement du CDI de mission scientifique qui permettra d’embaucher-débaucher quasiment sans contrainte (la souplesse pour les employeurs, la précarité à vie pour les employé-e-s !), de contrats postdoctoraux, et de chaires de professeurs juniors qui seront réservées à quelques stars identifiées (seuls emplois pour lesquels il est prévu un financement spécifique : 200k€ par chaires et objectif de 1500 chaires en 2027). Ces mesures sont à l’opposé de l’indispensable plan de titularisation des précaires.

L’autre volet concernant les ressources humaines est la revalorisation des carrières. Là, le maître mot est de ne pas toucher aux grilles. Ainsi, pour répondre à la communication ministérielle « 2 Smic pour les jeunes chercheur-e-s recrutées » tout se fera par le truchement d’une amélioration des conditions de reclassement. Pour le reste, il n’est donc prévu que de la revalorisation indemnitaire (92M€ par an, soit 644M€ au bout de 7 ans et ceci pour l’ensemble des agent-e-s titulaires et contractuel-le-s sur subvention d’état du MESRI) ; il s’agit principalement de faire de l’alignement indemnitaire sur certains corps du MESRI, mais on peut gager qu’il y aura bien aussi quelques hochets pour certain-e-s…

Voilà à peu près toutes les informations que avons pu avoir (Plus de détails sur notre site : ici et .).

À ce stade on ne peut que constater que les orientations choisies, basées sur les éternels mêmes dogmes – précarisation, compétition, individualisation – restent néfastes et inacceptables.

Il est donc essentiel de continuer à se mobiliser contre le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche et de se questionner, à la lumière de la crise du covid et de l’urgence imposée par la crise écologique, sur les bons choix à faire sur l’usage de l’argent public alloué.

Nous, SUD recherche EPST et SUD éducation, appelons, avec d’autres acteurs sociaux, à clarifier le rôle de la recherche face à la destruction généralisée de la planète, pour la mettre au service des alternatives écologiques et démocratiques.


[1Exemple : « Pour éviter un décrochage scientifique, dont les conséquences économiques et stratégiques sur le long terme seraient graves, il faut réagir et investir dans la recherche à la hauteur de nos ambitions. » (Introduction du rapport du GT1)

[2« Dépenses de recherche et développement en France » Note d’info du SIES de janvier 2020.

[3Aux 6,1Md€ de crédit d’impôt recherche, il faut ajouter 0,19Md€ de crédit d’impôt pour les jeunes entreprises innovantes et 2,7Md€ de contrats et subventions publiques pour les travaux de R&D privés et retrancher 0,9Md de contrats privés au bénéfice de la recherche publique. ibid..

[5Voir notre texte « Quel service public de recherche voulons-nous ? » que nous n’avons pas manqué de redistribuer à nos interlocuteurs lors des diverses réunions sur le projet de LPPR, voir le compte-rendu.

[6Dans le cadre de la LPPR les bénéficiaires du préciput devraient être élargis à l’ensemble des employeurs des participants au contrat sur la base d’un taux de répartition défini par la loi.

[7Le calcul et plein d’autres information sur le projet de loi dans notre diaporama : «  LPPR : Avril 2020, où en est-on ? » .

INSPÉ : L’arrêt des réformes c’est maintenant !

Dans une période où la crise sanitaire déstabilise l’ensemble de la vie sociale et professionnelle du pays (y compris celles des enseignant·es), le ministre de l’Education Nationale a fait savoir par la presse spécialisée qu’une « mission » a été confiée à Mark Sherringham, Inspecteur général, sur la réforme des INSPE, aux fins de conseiller les recteurs et rectrices dans la mise au pas de la formation (voir la lettre de mission ici) : il s’agit de veiller à l’installation des directeurs et directrices compatibles avec la gestion souhaitée, de contrôler le nombre des personnels sous l’autorité du Ministère de l’éducation nationale (MEN) qu’il s’agit d’imposer à l’Université, de vérifier les maquettes de formation…

ici On y apprend aussi qu’un travail de définition et de conception de classes préparatoires au professorat des écoles doit être conduit, avec une mise en place dès la rentrée de septembre 2020, dans 3 ou 4 académies pilotes. Apprendre la création d’un tel dispositif qui pourrait impacter la formation des professeur·es des écoles dès la rentrée 2020 est inadmissible. C’est une négation du dialogue social.

Lors de sa première allocution concernant la crise sanitaire, le président de la République avait pourtant annoncé la suspension des réformes en cours, précisant qu’il faudrait tirer toutes les leçons de cette épreuve collective inédite.

Le SNESUP-FSU, la CGT Ferc Sup et Sud Education dénoncent ce coup de force du ministre Blanquer qui profite de la vacuité démocratique d’une période de confinement pour poursuivre et accélérer la mise en oeuvre de sa “réforme” Ecole de la confiance.

Rappelons que, selon le Code de l’éducation, les INSPÉ sont des composantes de plein droit de leur université, laquelle reste décisionnelle pour ce qui est de la conception des enseignements et des décisions de recrutement. Au travers de ses multiples expressions comme dans son relais des pétitions et expressions des collègues et de leurs associations, les organisations signataires n’ont cessé de répéter dans toutes les instances leur opposition à une telle “réforme” de la formation des enseignant·es.

Les organisations signataires refusent cette volonté de contrôle et de surveillance des enseignant·es, des formateur/trice·s comme des étudiant·es de master MEEF et s’étonnent du silence assourdissant du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) qui se désengage du champ d’une formation aussi essentielle dans la société que celle des enseignant·es, en laissant le champ libre à la vision court-termiste de l’employeur.

Elles demandent que, concernant la formation, l’action des ministères MESRI et MEN se focalise prioritairement dans les semaines à venir sur les mesures à mettre en œuvre de toute urgence pour qu’étudiant·es et stagiaires ne soient ni discriminé·es ni pénalisé·es dans leurs parcours de formation et leurs carrières professionnelles.

Enfin, elles demandent à nouveau solennellement la suspension immédiate de toute réforme dans la formation des enseignant·es, CPE, et Psy-EN et, dès que la situation sanitaire le permettra, l’ouverture de véritables concertations et négociations dans les instances habilitées.

Circulaire de réouverture : SUD éducation dénonce une circulaire autoritaire et dangereuse

Lundi 4 mai, le ministère de l’Éducation nationale mettait en ligne en catimini une circulaire qui prétend organiser le retour dans les écoles et établissements des élèves et des personnels d’éducation (enseignant-e-s, AESH, AED, CPE).

Rouvrir à partir du 11 mai est dangereux, comme cela se constate dans de nombreux pays : le Portugal, l’Italie, l’Espagne, l’Irlande et l’État de New York n’ouvriront qu’en septembre, l’Allemagne reporte sa décision sur la réouverture des écoles, le Danemark constate une recrudescence des infections deux semaines après avoir fait revenir les enfants. D’ailleurs, partout en France des maires annoncent la fermeture des écoles

Dans sa circulaire, le ministre Blanquer exige des personnels qu’ils changent de mission et se substituent immédiatement aux infirmier-ère-s, assistant-e-s sociaux et sociales, aux psychologues scolaires. Il faut dire que le ministère de l’Éducation nationale ne compte qu’un millier de médecins pour plus de 12 millions d’élèves. Cette circulaire a pour vocation de dissimuler le manque pourtant criant de personnels sociaux et de santé au service de la santé des élèves.
De même, il n’y a qu’à peine 81 médecins du travail en équivalents temps-plein pour plus d’un million d’agent-e-s, soit un-e médecin pour 13 000 personnels. À Mayotte, où l’épidémie fait rage, le ministère lui-même reconnaît qu’il n’y en a aucun. Le Ministre Blanquer est responsable des risques qu’il fait courir aux personnels, aux élèves, et aux familles, ainsi que du climat anxiogène que cette circulaire contribue à aggraver.

Dans ce contexte, la réouverture à compter du 11 mai des écoles dans tous les départements y compris les zones classées rouges, c’est-à-dire notamment où les services de santé sont encore saturés ou bien où le virus circule activement relève de la provocation. Si les collèges se voient donner une semaine de délai supplémentaire (et encore n’accueilleront-ils que les élèves de 6e et de 5e), il y semble tout aussi irréaliste d’y accueillir les élèves dans des conditions sanitaires qui répondent aux préconisations, déjà a minima, du conseil scientifique.

Cette précipitation à faire retourner les élèves en classe n’a rien de pédagogique. Une fois de plus, le ministère affiche son mépris des personnels en se livrant une nouvelle fois à des injonctions pédagogiques réactionnaires.

Les élèves auront des enseignements différents en fonction de leur présence en classe ou chez eux, tandis dans les écoles et établissements les élèves ne retrouveront pas le groupe classe au sein duquel ils et elles avaient suivi ensemble les apprentissages. Au-delà d’une organisation dont la charge retombera encore sur les équipes pédagogiques, cela montre bien que l’école se transformera essentiellement en lieu d’accueil.

Il s’agit en premier lieu de faire retourner en classe en priorité les élèves les plus jeunes, que leurs parents devraient garder sinon, pour servir les intérêts du patronat.

Pour les évaluations, la pression demeure : même si les notes attribuées depuis le 16 mars ne comptent pas pour l’attribution du brevet ou du bac, elles peuvent se transformer en une appréciation des professeur-e-s sur le livret scolaire sur la motivation et l’assiduité des élèves. SUD éducation revendique l’obtention du brevet et du bac pour tous et toutes.

Pour SUD éducation, les conditions sanitaires ne seront pas réunies et ne permettent pas une reprise en mai : il devient impératif de réfléchir à une rentrée en septembre et de la préparer sérieusement. Durant ce temps, il s’agit de continuer d’accueillir sur la base du volontariat les enfants des personnels soignants et autres services publics vitaux, et de faire jouer à plein les mécanismes de solidarité comme les fonds sociaux pour pallier autant que faire se peut l’incidence de l’éloignement de l’école pour les familles.

Dès à présent, il faut que la rentrée de septembre soit préparée avec sérieux, non seulement sur le plan des garanties sanitaires mais également par la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour l’éducation.

Face au risque que fait courir l’administration aux personnels ainsi qu’aux élèves et à leur famille, SUD éducation soutiendra les personnels qui feront usage de leur droit de retrait.

SUD éducation met à disposition des personnels tous les outils pour mettre en œuvre leurs droits (fiches pratiques, modèles de recours), ainsi qu’un préavis de grève pour couvrir tous les personnels, notamment au cas où les droits de retraits ne seraient pas reconnus.

SUD éducation appelle l’ensemble des personnels à décider des suites à donner à la mobilisation, et à définir eux-mêmes et elles-mêmes les garanties préalables à tout retour en classe.

Enseignant-e-s / AESH et garde d’enfant : il faut des garanties

Le ministère a déclaré aux organisations syndicales que pour les enseignant-e-s et AESH ayant des enfants et ne souhaitant pas les mettre à l’école, le télétravail serait possible dans un premier temps. Dans le cas où ils ou elles ne pourraient pas faire du télétravail, ils pourraient obtenir des ASA.

Ces déclarations d’intention sont sujettes à caution. Elles doivent être suivies d’effet par une mise en oeuvre claire dans les rectorats et les directions académiques. En effet, ce n’est pas le cas à l’heure actuelle, et le renvoi au local n’est pas acceptable. D’autre part, elle n’ont à ce jour pas de cadre réglementaire. Enfin, elles sont supposées s’arrêter au 1er juin.

Pour SUD éducation, ce bricolage montre que la reprise annoncée des cours le 11 mai est largement précipitée. Les conditions ne sont pas réunies, ni sur le plan des garanties sanitaires ni sur le plan des dispositions réglementaires.

Dans tous les cas, si volontariat des parents il y a, les dispositions prévues doivent être prolongées au-delà du 1er juin et inscrites dans la réglementation de manière pérenne, et mise en oeuvre au plus tôt par les rectorats et et les DSDEN.

Pour SUD éducation, les conditions sanitaires ne seront pas réunies et ne permettent pas une reprise en mai dans de bonnes conditions pour les élèves et le personnel. Face au risque que fait courir l’administration aux personnels ainsi qu’aux élèves et à leur famille, SUD éducation soutiendra les personnels qui feront usage de leur droit de retrait.

Protocole sanitaire : des exigences intenables à mille lieues des préoccupations pédagogiques

Le ministère de l’Éducation nationale vient de dévoiler le protocole sanitaire pour la réouverture des écoles primaires à partir du 11 mai. Ce document soumet les personnels à une pression très importante. Ils et elles n’ont que 10 jours pour préparer une reprise permettant de garantir la protection sanitaire des personnels, des élèves et de leur entourage alors même que de nombreuses incertitudes demeurent sur le rôle des enfants dans la propagation de l’épidémie, les risques qu’ils encourent et leur degré réel de contagion. Surtout, le protocole ne répond pas à de nombreuses incertitudes de ces dernières semaines, notamment dans l’application concrète des mesures préconisées.

SUD éducation constate que nous restons sans garanties sur l’état de la chaîne logistique concernant l’approvisionnement en masques, gel hydroalcoolique, savon, produits désinfectants, etc. Dans la version finale du protocole publié, la date de livraison des masques (à l’efficacité douteuse) aux personnels a été retirée, alors qu’initialement le ministère s’engageait à des livraisons le 11 mai. De plus, de trop nombreuses décisions sont renvoyées au niveau local dans une grossière tentative du ministère de se décharger de sa responsabilité et induisant un risque accru d’inégalités territoriales.
Au vu des préconisations du protocole, il apparaît que de nombreuses écoles n’auront pas la capacité d’y répondre et ne pourront donc pas garantir la protection des personnels et élèves. SUD éducation revendique de limiter le nombre d’élèves à 10 en élémentaire et de réduire à moins en maternelle.
Le ministre Blanquer a justifié à de nombreuses reprises ce retour dans les écoles par un objectif pédagogique. Le contenu du protocole contredit cette affirmation. Il est ainsi interdit aux élèves de maternelle d’utiliser le matériel pédagogique mis à disposition dans leur classe, d’utiliser les livres dans les coins bibliothèques, ou de jouer aux jeux d’imitation pourtant indispensable dans le développement des apprentissages en maternelle. Les activités sportives et les récréations doivent se faire sans aucun matériel. De plus, les personnels devant rester à 1 mètre de leurs élèves, l’enseignement ne pourra se faire qu’en frontal, ce qui est impossible pour les plus jeunes et une aberration pédagogique pour les plus grand-e-s. Il s’agit donc bien de transformer les écoles en garderie pour que les parents retournent sur leurs lieux de travail.
Les consultant-e-s du cabinet Veritas ont produit un protocole sur la base d’une école imaginaire accueillant des élèves imaginaires. Plutôt que de recourir à des officines privées sans aucune transparence et manifestement non qualifiées, le ministère de l’Éducation nationale aurait mieux fait de consulter les personnels et leurs organisations syndicales. C’est celles et ceux qui travaillent au quotidien dans les établissements qui connaissent le mieux l’école et les élèves. Cela aurait évité ce document qui comporte de nombreuses approximations, injonctions contradictoires voire erreurs manifestes.
Les gestes barrières et la distanciation physique seront manifestement impossibles à respecter. Les personnels, les élèves ainsi que leur entourage seront donc mis en danger et soumis à une pression constante très anxiogène.

Pour SUD éducation, les conditions sanitaires ne seront pas réunies et ne permettent pas une reprise en mai dans de bonnes conditions pour les élèves et le personnel : une rentrée en septembre permettrait d’avoir le temps de mieux préparer les classes et les établissements au niveau matériel ainsi que l’embauche de personnels supplémentaires.

Pour SUD éducation, la rentrée de septembre doit donner lieu non seulement à la mise en œuvre de toutes les garanties sanitaires que le gouvernement se montre incapable de fournir actuellement, mais aussi à un plan massif d’investissement dans l’éducation, de manière à compenser les inégalités qui se sont accrues pendant la période de confinement.

SUD éducation soutiendra les personnels qui, face au risque que fait courir l’administration ainsi qu’aux élèves et à leur famille, feront usage de leur droit de retrait.

9 raisons de rouvrir les établissements scolaires en septembre

À la une !

Dans cette vidéo retrouvez les propositions de SUD éducation pour une rentrée réussie.

Sommaire :
- #1 Se laisser le temps d’éditer un cadre réglementaire clair
- #2 Se laisser le temps de la concertation
- #3 Se laisser le temps de réaliser les embauches nécessaires
- #4 Se laisser le temps de former le personnel
- #5 Se laisser le temps d’avoir des masques adaptés
- #6 Se laisser le temps de mettre en place une politique de dépistage
- #7 Se laisser le temps d’adapter les locaux scolaires
- #8 Se laisser le temps de mieux connaître la maladie
- #9 Se laisser le temps maintenant pour ne pas hypothéquer la rentrée de septembre

Lire le communiqué « Point de situation à l’approche du 11 mai

Consulter l’article « Se protéger pour le 11 mai : les moyens légaux »

Déclaration des organisations syndicales au CTM

Déclaration unitaire CGT-FO-FSU-SGEN-SNALC-SUD-UNSA
Après le discours du Premier ministre devant l’Assemblée nationale, nos organisations syndicales ne peuvent que constater, à ce jour, que la date d’ouverture de l’École et l’organisation de la reprise sont précipitées.
La reprise scolaire envisagée par le gouvernement repose sur le volontariat des familles ce qui contrevient aux objectifs du système scolaire. Beaucoup d’entre elles d’ailleurs subiront des pressions économiques qui les contraindront à envoyer leurs enfants à l’École.
Les annonces du Premier ministre d’une reprise avec un cadre insuffisamment préparé mettent les personnels en difficulté et insécurité et font peser sur les acteurs locaux une responsabilité qui n’est pas la leur.
Les réalités matérielles existantes (sanitaires, superficie des salles de classe et des locaux…), le nombre d’adultes effectivement présents (enseignants, AESH et ATSEM) et les équipements de protection réellement disponibles font que les conditions sanitaires d’une réouverture des écoles n’ont pas été apportées par le gouvernement pour une reprise à partir du 11 mai.
Notre priorité est d’abord la santé des élèves et des personnels et l’ouverture des écoles doit être conditionnée à des garanties indispensables.
Nos organisations demandent au président de la République et à son gouvernement de renoncer à l’imposer, elles s’opposeront à toutes tentatives de pression sur les personnels.
Paris, le 05 mai 2020

 

SUD éducation entame une procédure en justice pour l’annulation de la réouverture des écoles et établissements

Lundi 4 mai, une circulaire était rendue publique sur le site du ministère. Cette circulaire n’est toujours pas publiée au bulletin officiel de l’Éducation nationale. Le gouvernement et le ministère de l’Éducation nationale agissent dans la précipitation, sans tenir compte des impératifs sanitaires. La circulaire enjoint les personnels du premier degré prioritairement de retourner dans les écoles.

Le protocole sanitaire rédigé par le bureau Veritas, déjà très en deçà des prescriptions du conseil scientifique, ne fait pas l’objet d’une circulaire lui donnant un caractère impératif dans l’organisation des services. La circulaire le renvoie au rang de simple guide, et ne donne aucune garantie aux personnels, en termes de matériel, de formation, ni de soutien médical ou psychologique. Le ministère se défausse de toutes ses responsabilités sur l’échelon local. Alors même que la circulaire n’est pas encore publiée, elle donne seulement trois jours ouvrés aux personnels du premier degré pour organiser la réouverture des écoles, et une semaine aux personnels des collèges. Cela conduit à travailler sur la base d’annonces médiatiques qui ne cessent de se contredire plutôt que sur des textes réglementaires.
Qui plus est, le ministre Blanquer se permet d’ajouter les injonctions pédagogiques réactionnaires dont il est coutumier tant sur le contenu pédagogique que sur les notes que les élèves auraient eu durant le confinement qui pourraient être métamorphosées en observation dans le livret scolaire ou le dossier de contrôle continu pour les élèves amenés à passer un examen.

La gabegie ministérielle entretient un climat délétère et anxiogène pour les personnels comme pour les élèves. Le ministre ne peut plus se cacher : il organise la réouverture des écoles et des établissements au mépris de la santé, des conditions de travail et de la sécurité.

En conséquence, la fédération SUD éducation a décidé de demander en justice, en urgence, l’annulation de la circulaire, et de demander au Conseil d’État de contraindre le gouvernement à prendre les mesures de protection qui s’imposent avant toute réouverture d’école.

Pour SUD éducation, les conditions sanitaires ne seront pas réunies et ne permettent pas une reprise en mai dans de bonnes conditions pour les élèves et le personnel.

Pour SUD éducation, il s’agit bien plutôt de préparer la rentrée de septembre qui doit donner lieu non seulement à la mise en œuvre de toutes les garanties sanitaires que le gouvernement se montre incapable de fournir actuellement, mais aussi à un plan massif d’investissement dans l’éducation dont l’embauche de personnels supplémentaires, de manière à compenser les inégalités qui se sont accrues pendant la période de confinement.
Face au risque que fait courir l’administration aux personnels ainsi qu’aux élèves et à leur famille, SUD éducation soutiendra les personnels qui feront usage de leur droit de retrait.

Nouvelles contraintes sur le dispositif de chômage partiel : une mise en cause discriminatoire du volontariat des parents

Dans son discours du mardi 28 avril, le premier ministre a déclaré que le retour des élèves en classe se ferait sur la base du volontariat des parents, confirmant ainsi les propos tenus une semaine plus tôt par le ministre Blanquer. Cette proposition de volontariat indique bien que les conditions sanitaires ne sont pas garanties et que les enfants courent des risques certains.

Cette décision place les parents dans une situation impossible : soit ils et elles sont en mesure de garder leurs enfants à la maison et, dans ce cas, les tiennent éloigné-e-s de l’école et de leurs camarades, soit ils les envoient à l’école, mais prennent dans ce cas le risque de les exposer au Covid-19 et d’être contaminé-e-s à leur tour. Aucune bonne solution n’est donnée aux parents, qui se voient contraints à un choix entre deux mauvaises alternatives, et renvoyés au choix individuel et à la culpabilité.

Ce faux volontariat, dès le départ insatisfaisant, a été rendu caduc par l’annonce, hier mercredi 29 avril, de la fin du dispositif de chômage partiel à compter du 1er juin, excepté pour les parents qui pourraient fournir un justificatif de l’école de leur enfant indiquant que celle-ci n’est pas en mesure de l’accueillir.

À partir du 1er juin, seuls les parents qui pourront faire le choix de ne pas envoyer leurs enfants à l’école seront donc ceux qui ne sont pas salariés, ou ceux dont l’employeur accepte qu’ils jonglent entre télétravail et garde de leurs enfants. Toutes celles et ceux dont l’employeur exigera qu’ils et elles reviennent sur leur lieu de travail n’auront d’autre choix que de mettre leur enfant à l’école, ou de poser des RTT ou des jours de congés qui ont d’ores et déjà en partie été prélevés lors du confinement. Dans la Fonction publique, où le chômage partiel n’existe pas, les autorisations d’absence pour garde d’enfants seront supprimées et les personnels devront poser des RTT ou des jours de congés s’ils et elles souhaitent ne pas mettre leurs enfants à l’école et les aider dans leurs apprentissages. Pour les personnels qui ne sont pas libres de leur choix de congé comme notamment les enseignant-e-s, il n’y aurait pas d’alternative au retour à l’école des enfants.

Cela introduit une situation discriminatoire entre deux catégories de parents, certains pouvant s’épargner une mise en danger en gardant leurs enfants à la maison, et d’autres ne le pouvant pas. Cette situation inacceptable montre encore une fois que la priorité du gouvernement est le retour au travail, au mépris de la santé de la population.

Pour SUD éducation, cela montre une nouvelle fois que la réouverture précipitée des écoles et établissements se fait au détriment de l’intérêt général, et en l’espèce au prix d’une inégalité discriminatoire entre parents. 

Cela confirme que les conditions ne seront pas réunies pour une reprise en mai : il devient impératif de réfléchir à une rentrée en septembre et de la préparer sérieusement, sur le plan des garanties sanitaires, des moyens et dans le respect des droits des personnels et des parents. 

SUD éducation revendique le maintien de l’ensemble des dispositifs d’aide jusqu’à la reprise pleine et entière de l’ensemble des élèves.

Préavis de grève, crise sanitaire, du 11 mai au 19 juillet 2020

Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, Madame la ministre de l’Enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation,

La Fédération des syndicats SUD éducation dépose auprès de vous, conformément à la législation en vigueur un préavis de grève couvrant, du 11 mai au 19 juillet 2020, l’ensemble des personnels travaillant dans les établissements scolaires (enseignant-e-s, enseignant-e-s-chercheurs-chercheuses et chercheurs-chercheuses, IATOSS, ITA et personnels éducatifs, titulaires ou précaires, de droit public ou de droit privé, employé-e-s par le ministère de l’Éducation Nationale, le Ministère de l’enseignement Supérieur et de la recherche, le Ministère de l’intérieur, de l’outre-mer et des Collectivités Territoriales, le Ministère des affaires étrangères ou via l’AEFE, le Ministère de la fonction publique) qui se mobiliseront :

Pour la protection des personnels :
- Des dépistages systématiques et réguliers de l’ensemble des personnels de l’éducation, des agent-e-s des collectivités territoriales et des élèves (et non uniquement des cas symptomatiques et de leur entourage). Il est hors de question que la maladie entre à l’école et en sorte.
–Un plan de suivi sanitaire rapproché des personnels et des élèves, et à court terme la constitution d’une médecine de prévention en mesure d’assurer ses missions.
–La mise à disposition du matériel de protection nécessaire pour tous les personnels et les élèves (masques de protection FFP2 ou chirurgicaux, gel hydro-alcoolique, accès aux lavabos et savons), la désinfection régulière des locaux (en particulier pour les zones fréquemment touchées et utilisées dont les toilettes) et l’accès permanent dans tous les établissements à des sanitaires et lavabos avec mise à disposition de savon.
- Le respect des mesures de distanciation et de protection de l’ensemble de la communauté éducative, non seulement dans les classes, mais aussi dans tout lieu ayant trait à la scolarisation : transports scolaires, cantines, cours de récréation, couloirs, internats, …
–L’octroi de moyens supplémentaires dès la réouverture des classes pour permettre une baisse des effectifs à même de garantir la distanciation sociale dans les salles de classe
- Les règles prévues dans la réglementation concernant la santé des personnels soient enfin respectées, et notamment la visite médicale de droit. Cela implique la création d’une médecine de prévention digne de ce nom, et donc un recrutement massif de médecins, alors qu’actuellement il n’y a qu’un-e médecin de prévention pour 22 000 personnels de l’éducation
Pour l’enseignement à distance :
- Ne pas faire étudier de nouvelles notions pendant cette période, ce qui aurait nécessairement pour effet d’accentuer les inégalités scolaires plus fortes encore que d’habitude.
- Il ne saurait y avoir une quelconque prise en compte d’évaluations durant cette période.
Pour les examens :
- La prolongation du confinement implique l’abandon des épreuves de fin d’année du baccalauréat et du DNB.
- Valider l’examen pour tou-te-s les candidat-e-s inscrit-e-s (tout en autorisant le redoublement pour celles et ceux qui le souhaiteraient).
- Dans l’enseignement supérieur, il ne doit pas non plus y avoir d’épreuves, que ce soit en présentiel ou à distance.
Pour les stagiaires et les concours de recrutement :
- Les épreuves doivent être limitées à des écrits, organisés avec toutes les garanties sanitaires, et permettre une prise de poste en septembre avec la formation nécessaire.
- L’ensemble des enseignant-e-s stagiaires doit recevoir au plus vite la garantie d’être titularisé-e-s, et recevoir dès leur première année une formation conséquente sur temps de travail pour favoriser au mieux leur entrée dans le métier
Sur les difficultés sociales des familles :
- L’accès à la demi-pension représente pour un nombre important de familles une garantie d’accès à un repas équilibré pour chaque jour d’école. SUD éducation demande le versement sans démarches préalables aux familles du montant des prestations sociales qui auraient dû leur être versé en l’absence de confinement.
- Les violences intra-familiales, notamment les violences faites aux femmes et sur enfants (et notamment en raison de leur orientation sexuelle) , explosent durant cette période. Nous exigeons que les moyens les plus importants soient déployés pour protéger les plus fragiles, et qu’une communication claire sur les procédures à suivre soit adressée aux personnels, qui peuvent être amenés dans cette période à avoir connaissance de tels faits.
Pour l’orientation, Parcoursup et l’enseignement supérieur :
- L’abandon du dispositif de sélection à l’entrée à l’université qu’est Parcoursup.
- Attribuer à chaque bachelier-e une place dans la filière de son choix. Cela demandera des créations de postes
- Un investissement dans les services publics et notamment dans l’enseignement supérieur et la recherche.
- L’abandon de la loi LPPR et la titularisation de toutes et tous le précaires
Des moyens indispensables pour la prochaine rentrée :
- Des créations massives de postes dans le premier et le second degré pour permettre au mieux une pratique pédagogique tenant compte du contexte, notamment par le biais de la limitation du nombre d’élèves par classe.
Pour les droits des personnels
- Pour le respect du droit de retrait s’il a un motif raisonnable de penser que la situation présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu’il constate dans les systèmes de protection.
- Pour le retrait de toutes les mesures de remise en cause ou limitation du droit de grève (service minimum, négociations préalables, déclaration d’intention de grève).

Je vous prie de croire, M. et Mme les Ministres, à notre attachement au service public de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Tract Solidaires : 1er mai, 2 épidémies à combattre le virus et le capitalisme

Le 1er mai est le jour où les travailleurs et travailleuses du monde entier se lèvent et s’organisent dans une solidarité sans frontières. La grève du 1er mai 1886 à Chicago inaugure une séquence qui conduit à l’obtention de la journée de 8 heures pour les travailleurs et travailleuses américain-es et, en un sens, pour celles et ceux du monde entier dans les années qui suivent. Ces événements ont pour conséquence une répression extrêmement violente de la manifestation du 4 mai à Haymarket, à Chicago, durant laquelle la police ouvre le feu sur les manifestant-es. Un procès inique, tout à la charge des syndicalistes, condamne à la pendaison 8 d’entre eux. Ce moment de l’histoire est un condensé de la lutte des classes.
134 ans plus tard, le monde s’apprête à vivre un 1er mai, devenu journée internationale des droits des travailleurs et travailleuses, dans le confinement pour la plupart des pays.
Les manifestations traditionnelles n’auront pas lieu cette année. Pourtant, en 2020, cette journée, qui est à la fois un rappel des luttes passées et l’expression d’exigences sociales, est plus que jamais d’actualité.

Blanquer sur les plateaux de télévision : SUD éducation dénonce l’improvisation et le cynisme du ministre

Le ministre Blanquer a décliné sur les plateaux de télévision les annonces d’Édouard Philippe du mardi 28 avril devant l’Assemblée nationale, devant laquelle il a été une nouvelle fois désavoué.

Le ministre s’est révélé, comme depuis le début de la crise, incapable d’apporter la moindre précision sur la capacité de l’administration à remplir les conditions fixées par le Conseil scientifique, qui s’est par ailleurs opposé à la réouverture des écoles et établissements scolaires avant septembre. Il renvoie à un protocole sanitaire qui ne règle aucune des questions liées au matériel.

Il a en revanche admis avec cynisme que la réouverture des écoles correspond à un enjeu économique : renvoyer les salarié-e-s au travail. Le retour en premier des élèves les plus jeunes le confirme, et ce alors même qu’aucune donnée n’indique que le risque sanitaire est nul pour les enfants. Blanquer, en entretenant un tel flou sur la reprise, ne fait rien pour dissiper le climat anxiogène tant pour les personnels que pour les élèves et les familles. Dans ce contexte, tout retour généralisé en classe, en particulier dans le premier degré, est inacceptable.

Pour SUD éducation, les conditions sanitaires ne seront pas réunies et ne permettent pas une reprise en mai : il devient impératif de réfléchir à une rentrée en septembre et de la préparer sérieusement. Durant ce temps, il s’agit de continuer d’accueillir sur la base du volontariat les enfants des personnels soignants et autres services publics vitaux, et de faire jouer à plein les mécanismes de solidarité comme les fonds sociaux pour pallier l’incidence de l’éloignement de l’école pour les familles.

SUD éducation demande que la rentrée de septembre donne lieu non seulement à la mise en œuvre de toutes les garanties sanitaires que le gouvernement se montre incapable de garantir actuellement, mais aussi à un plan massif d’investissement dans l’éducation, de manière à rattraper autant que faire se peut les mois d’enseignement en classe perdus cette année scolaire.

Pas de rentrée en mai pour les AED, AP et AESH !

SUD éducation revendique que l’administration protège ses salarié-e-s précaires en terme de santé. L’urgence est d’abord sanitaire !

AED : protégeons les travailleurs et travailleuses précaires face au Covid-19 : https://www.sudeducation.org/AED-protegeons-les-travailleurs-et-travailleuses-precaires-face-au-Covid-19.html?var_mode=calcul

AESH : Protégeons les travailleurs précaires face au Covid-19 : https://www.sudeducation.org/AESH-Protegeons-les-travailleurs-precaires-face-au-Covid-19.html?var_mode=calcul

AED, AESH, Enseignant-e-s et Agent-e-s contractuel-le-s : la reprise ne devra pas se faire au détriment de votre santé !
https://www.sudeducation.org/AED-AESH-Enseignant-e-s-et-Agent-e-s-contractuel-le-s-la-reprise-ne-devra-pas.html?var_mode=calcul

Le guide AESH de SUD éducation : https://www.sudeducation.org/Guide-AESH.html?var_mode=calcul

Covid-19 et instrumentalisation des classes populaires : les moyens sont toujours insuffisants !

Depuis l’annonce présidentielle de réouverture des établissements scolaires on assiste à une instrumentalisation des classes populaires de la part du gouvernement, qui est inacceptable. SUD éducation depuis plusieurs années dénonce l’insuffisance des moyens dans les quartiers populaires et l’éducation prioritaire.
La fermeture des établissements scolaires à partir du 16 mars 2020 a eu pour effet un creusement des inégalités sociales et scolaires. En effet, les élèves et les familles les plus éloignées de l’école se sont retrouvées encore plus à distance de cette dernière. Malgré les efforts des personnels de l’Éducation nationale pour maintenir le lien avec les élèves des zones d’éducation prioritaire, nous faisons le constat de ce creusement des inégalités.

Confinement et creusement des inégalités

Le gouvernement et le ministère ont renvoyé au local la recherche de solutions pratiques. Malheureusement, cela se fait en toute méconnaissance des conditions de vie et de ressources des familles dans les zones prioritaires.
Le ministre parle d’une perte de 5 à 8 % des élèves dans le cadre de son invention de « continuité pédagogique », ce chiffre est largement sous-estimé.
Le gouvernement plutôt que de se focaliser sur le monde économique aurait dû prendre une mesure d’égalité sociale en rendant l’accès à Internet gratuit pendant la période de confinement et en équipant les élèves et les familles qui ne l’étaient pas en moyens informatiques : cela aurait pu s’inscrire dans le cadre d’une réquisition de biens et de services utiles aux populations les plus défavorisées. Le gouvernement aurait également pu mettre en place une “trêve des loyers” pour aider les familles en difficulté financière. Ceci afin de corriger les inégalités sur le plan matériel, mais il ne faut pas oublier que les inégalités d’accès aux savoirs scolaires sont aussi essentiellement dû au milieu familial et sont donc très largement amplifiées dans cette période de confinement.
Enfin, nombre d’élèves des quartiers populaires ont fortement souffert de l’absence de la demi-pension durant la période de confinement. SUD éducation a écrit au ministre pour que les familles se voient obtenir sans démarche les fonds sociaux correspondant pour toute la période du confinement.
Pourtant ce gouvernement montre qu’il a des moyens, mais il les consacre largement à la répression dans les quartiers et cités populaires qui subissent, aujourd’hui comme hier, beaucoup plus de contrôles (abusifs notamment) et de violences policières.

Réouverture le 11 mai : l’argument de renouer le lien avec les populations défavorisées n’est qu’un alibi

Le gouvernement se cache derrière un argument faussement social, qui ferait de la réouverture le 11 mai une solution pour retrouver les élèves laissé-e-s sur le bord du chemin, notamment dans les classes populaires. Or, il n’en est rien ! La motivation de cette réouverture est avant tout économique et vise à faire reprendre l’appareil productif qui ne s’est pas arrêté. De nombreux parents sont à domicile en arrêt de travail pour garde d’enfants de moins de 16 ans du fait de la fermeture des établissements scolaires : l’objectif du gouvernement est qu’ils et elles retournent au travail, ce que montre également la mesure de suppression de l’arrêt du travail pour garde d’enfants de moins de 16 ans au 1er mai. Nous ne croyons pas que cette mesure soit une disposition de justice sociale, puisque en faisant passer les salarié-e-s en garde d’enfants en activité partielle le patronat va réaliser de substantielles économies.
Les zones prioritaires concentrent les emplois les moins qualifiés, le gouvernement souhaite avant tout que les travailleuses et travailleurs retournent au boulot.

Enfin, le gouvernement a annoncé que le retour à l’école se ferait sur la base du volontariat des familles, ce qui est au passage un aveu de la dangerosité de la réouverture des écoles. Cette annonce concernant le volontariat est scandaleuse : en effet, elle fait porter sur les familles le poids de la responsabilité d’exposer leurs propres enfants au virus. Or, pour beaucoup de familles, ce ne sera pas un choix : elles seront purement et simplement contraintes de retourner au travail, notamment par la suppression des dispositifs d’aide (garde d’enfants, chômage partiel, aides sociales exceptionnelles …). Enfin, les parents des classes populaires ont moins que les autres la possibilité de télé-travailler. Le faux volontariat voulu par le gouvernement, c’est d’abord les familles des classes populaires qui le subiront !

Délaissement de l’éducation prioritaire : des moyens maintenant !

Les quartiers prioritaires sont de plus en plus délaissés par les gouvernements successifs et connaissent des fermetures de services publics vitaux à la population.
Les moyens dans l’éducation prioritaire ne sont pas là.
Depuis 2005, on assiste également à la suppression méthodique des Réseau d’Aide Spécialisée aux Elèves en Difficulté (RASED) qui pouvaient fournir des aides à la remédiation pour les élèves des zones d’éducation prioritaires. L’enseignement spécialisé coûtant trop cher au ministère, il choisit de le liquider !
Le ministère a fait jouer sa communication à plein régime avec les CP/CE1 « 100 % de réussite », ce qu’il a oublié de dire c’est que leur mise en place s’est faite à moyens constants sans création de postes, en redéployant des moyens existants, et notamment en supprimant un grand nombre de PDMQDC. Ceci a eu pour effet de vider les moyens de remplacements à disposition dans le département et de laisser des classes sans enseignant-e-s quand le/la titulaire du poste est en arrêt.
Le rapport Mathiot-Azémat sur l’éducation prioritaire qui a été remis au ministre de l’Éducation nationale nous inquiète particulièrement sur l’avenir des zones d’éducation prioritaires : seuls les REP+ resteraient sous la gestion ministérielle et les REP seraient laissés à la gestion des recteur·rice·s qui décideraient de l’octroi du label. Les choix politiques qui sont faits concernant l’éducation prioritaires le sont avant tout sous le sceau des économies budgétaires, et pas sous celui de la pédagogie et de la volonté de combler les inégalités sociales et scolaires sur le territoire.
Enfin, à la fin de l’année scolaire 2018-2019, 70 « cités éducatives » ont été lancées sur le territoire national : ces coquilles vides sont un cheval de Troie de la contractualisation des moyens et de la territorialisation de l’école. Si c’est ça l’éducation prioritaire que veut le gouvernement, pour SUD éducation ce sera non !

Nous refusons que les classes populaires servent d’alibi à la mise en danger de la population, et leur stigmatisation, en envoyant les enfants des classes populaires en première ligne dans les écoles face au virus (alors que les autres auraient le choix de ne pas y aller).

Pour SUD éducation il y a urgence à prendre des mesures immédiatement :

  • Un plan d’investissement massif dans les services publics dont celui d’éducation dans les zones prioritaires.
  • Diminuer les effectifs par classes : 16 élèves maximum en REP et REP+.
  • Un recrutement de personnels à hauteur des besoins (Enseignant-e-s, AED, AESH,…) réels en ouvrant plus de postes au concours et en titularisant tou-te-s les contractuel-le-s déjà en poste.
  • L’abandon du projet de réforme de l’éducation prioritaire basé sur le rapport Mathiot-Azéma.
  • Un moratoire sur les loyers pour l’ensemble des familles concernées, comme l’ont fait certaines mairies.
  • L’arrêt des violences policières et des contrôles au faciès.