Rejoignez la mobilisation des AESH ! Toutes et tous en grève le 3 juin !

 

Le 8 avril dernier, nous avons été des milliers à nous mobiliser pour dire non aux PIAL et revendiquer un vrai statut et un vrai salaire. Une nouvelle journée de grève est appelée par l’intersyndicale le jeudi 3 juin. Ce doit être encore plus fort et toutes les raisons de la colère sont là :

CONTRE LES PIAL ET LA MUTUALISATION

Depuis la rentrée 2019, les Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisé sont déployés et leur généralisation est prévue pour la rentrée 2022. Derrière cette réorganisation de notre travail présentée par le ministère de l’Éducation nationale comme un atout, les PIAL sont un outil du développement de la mutualisation et de la rationalisation des moyens. Nos conditions de travail s’en trouvent dégradées car nous accompagnons de plus en plus d’élèves sur un territoire géographique étendu, tandis que les conditions d’accompagnement des élèves sont elles aussi fortement impactées car ils et elles bénéficient de moins en moins d’heures d’aide humaine.

Le ministère compense les difficultés de recrutement sur notre dos, nous réduisant ainsi à une variable d’ajustement des politiques de l’école inclusive.

POUR UN VRAI STATUT, POUR UN VRAI SALAIRE

Les CDD de trois ans n’ont rien changé aux difficultés que nous rencontrons : c’est une institutionnalisation de la précarité de notre statut. Les revalorisations salariales mises en place dans plusieurs académies ne sont pas une victoire : nos salaires augmentent de seulement quelques euros sur l’ensemble de notre carrière. Le passage à 41 semaines annuelles ne permet pas de compenser le temps de travail invisible et permet aux académies d’organiser des formations hors temps scolaire, formation par ailleurs largement insuffisante à notre pratique professionnelle. Les moyens sont insuffisants pour nous protéger face à l’épidémie de Covid19.

Assez de mépris ! Notre rôle et nos pratiques pédagogiques et éducatives, en tant que professionnels de l’inclusion et de l’adaptation scolaire doivent être reconnus !

Pour la reconnaissance de notre métier !

JEUDI 3 JUIN, TOUTES ET TOUS EN GRÈVE ET EN MANIFESTATION !

SUD éducation revendique :
– la titularisation dans un corps de fonctionnaire de tou-te-s les AESH et la création d’un métier d’éducatrice-éducateur scolaire spécialisé-e, sans condition de nationalité ou de diplôme ;
– des réelles augmentations de salaires, l’accès à la prime REP-REP+ et la reconnaissance d’un temps plein à 24h d’accompagnement plus les heures connexes ;
– la mise en place partout sur le territoire d’une véritable offre de formation, initiale avant le début de tout accompagnement et continue tout au long de la carrière. La réadaptation permanente qu’exige notre métier ne peut s’en dispenser.

La commémoration de Napoléon à l’école, révélatrice d’une approche nationaliste et autoritaire

Le 5 mai, le ministre Blanquer tweetait : “2021: Année Napoléon. Occasion pour nos élèves d’approfondir leur connaissance d’un personnage fondamental de notre histoire, avec son génie, ses fulgurances, ses erreurs et ses fautes. Et ses créations institutionnelles (lycées…).”. Il s’inscrit ainsi dans la démarche du président, qui tweetait le même jour : “L’héritage de Napoléon à notre Nation est éternel. Nous l’assumons.”.

La date du 5 mai correspond au bicentenaire de la mort de Napoléon, survenue le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène.

Un portail éduscol, comprenant un nombre important de fiches, est consacré dans ce contexte à Napoléon. Comme le tweet de Blanquer, il se prévaut d’une approche “équilibrée” et multiplie les précautions oratoires. Néanmoins, pour SUD éducation, il est clair qu’il s’agit d’une nouvelle offensive nationaliste et autoritaire, faisant de l’école le vecteur d’une idéologie conservatrice assumée.

1. La fonction idéologique de la commémoration de Napoléon

La fiche note la différence entre “commémoration” et “célébration”, expliquant que la première n’a pas de connotation positive ou négative.

  1. Cela n’a aucun sens : la mort de Napoléon ne fait pas dans ce cadre l’objet d’un traitement scientifique mais d’une mobilisation nationale, ce qui a une fonction idéologique de valorisation.
  2. Ainsi, on peut noter par exemple que la Commune de Paris, dont le mouvement social fête actuellement les 150 ans, ne fait l’objet d’aucune “commémoration” de la part du ministère. Quelles que soient les précautions oratoires (“erreurs”, “fautes”, “zones d’ombre”…), un choix est clairement effectué entre ce qui relève de la mémoire nationale officielle et ce qui doit être rejeté dans l’oubli.
  3. Rappelons que SUD éducation appelle à l’inverse à s’affranchir du récit national imposé et à s’approprier la mémoire ouvrière, porteuse d’émancipation, en participant aux célébrations de la Commune de Paris.

2. Les choix pédagogiques des fiches éduscol

Les fiches éduscol ont pour objectif de guider les enseignant-e-s dans la construction de leurs cours.

Ces fiches prétendent aborder de manière équilibrée les aspects positifs et négatifs du bilan de l’empereur. C’est d’une part problématique, et d’autre part assez faux.

  1. D’une part, avoir comme objectif de dresser un bilan équilibré est en soi une prise de position idéologique. Par exemple, mettre un crime contre l’Humanité qu’est le rétablissement de l’esclavage sur le même plan que le Code civil, présenté comme un acquis progressiste, n’est pas acceptable. Une telle décision suffit à elle seule à disqualifier l’ensemble de l’œuvre et interdit d’évoquer ses supposées “génies et fulgurances” comme le fait le ministre.
  2. D’autre part, les fiches consacrent une partie importante de leur effort à euphémiser le bilan négatif de Napoléon.
  • Ainsi, le rétablissement de l’esclavage n’est d’après la fiche qu’une conséquence de la lutte indépendantiste et anticolonialiste de Saint-Domingue. Sur le rôle de Napoléon, la fiche prend soin de préciser que “Si le rôle personnel de Napoléon Bonaparte dans le rétablissement de l’esclavage est indéniable, ses motivations personnelles semblent plus difficiles à cerner. Il semble qu’il ait surtout agi par pragmatisme.”
  • Concernant le rôle de Napoléon dans la fin de la séquence républicaine : la fiche précise que le “sujet est assez complexe”. Certes le Directoire n’est pas un modèle de démocratie, mais tourner autour du pot ainsi est étrange : on peut dire bien plus simplement que ne le fait la fiche que Napoléon est le fossoyeur de la République.
  • Concernant les guerres incessantes (guerres de conquêtes, de rapines, annexions) et leurs centaines milliers de morts, la fiche se montre peu critique, de même que sur l’ensemble de la politique intérieure.
  • aucune analyse du sexisme du code “Napoléon” qui assurait une dépendance totale de la femme vis à vis de son mari. Code civil tellement immuable que la France n’accorda le droit de vote aux femme qu’en 1948 et leur droit de travailler sans l’autorisation de leur mari qu’en 1965. Avec le code civil, la situation des femmes françaises devient une des pires d’Europe: l’homme doit protection à sa femme et cette dernière doit soumission à son époux (art 213), incapacité civile de la femme mariée (elle ne peut pas travailler, par exemple, sans autorisation de son mari, et son salaire est versé à son mari.)

Le Ministre doit satisfaire les revendications des AED

Depuis décembre 2020, les personnels de Vie scolaire se mobilisent contre la précarité, pour avoir de vraies perspectives d’avenir, de meilleures conditions de travail et un vrai salaire. Au-delà de la période de crise sanitaire durant laquelle les personnels de Vie scolaire sont en première ligne et depuis plus d’un an voient leurs conditions de travail se dégrader, les services de Vie scolaire sont largement sous dotés et les conditions d’exercice des personnels AED sont inacceptables : des contrats d’un an renouvelable dans une limite de 6 ans, temps partiels parfois imposés, salaires largement insuffisants, temps de formation insuffisant.

Pourtant le ministre refuse de répondre aux revendications légitimes des AED mobilisés : diminution du temps de travail, recrutement massif de postes supplémentaires, augmentation du temps de formation, augmentation de salaire, versement des primes REP et REP+ et de vraies perspectives d’avenir, ce qui passe dans un premier temps par l’arrêt des menaces de licenciements et des licenciements tout court…

Pour toutes ces raisons, les collectifs AED appellent à une nouvelle semaine d’action et de grève le 17 mai 2021 et à une manifestation nationale à Paris le 20 mai, un préavis de grève a été déposé.

Les organisations syndicales CGT Éduc’action, SNES-FSU, SNUEP-FSU, SNALC, FNEC FP-FO, SUD-Éducation soutiennent la semaine d’action et de grève du 17 mai 2021 des personnels AED.

Paris, le 12 mai 2021

Sauver le climat – gagner des droits – créer des emplois – Les propositions du Collectif “Plus jamais ça”

L’Union syndicale Solidaires dont fait partie SUD éducation est pleinement investie dans les travaux du collectif “Plus jamais ça” qui regroupe organisations syndicales et ONG luttant pour la défense de l’environnement. SUD éducation relaie les propositions du collectif. Voici l’introduction de la brochure, et le document entier est à télécharger également.

« Pour sauver la planète, il faudrait faire des sacrifices » ; mais aussi « les propositions de la Convention citoyenne pour le climat sont inapplicables, elles détruiraient trop d’emplois » : pour justifier alternativement les politiques d’austérité et l’inaction climatique, le discours dominant ne cesse d’opposer les causes sociale et  environnementale.
Pour nos organisations, au contraire, la pandémie confirme le double diagnostic qui fonde notre coalition : on ne pourra préserver l’environnement sans justice sociale, il n’y aura pas d’emplois sur une planète morte. La crise sanitaire mondiale manifeste brutalement les limites d’un système capitaliste et productiviste qui détruit à la fois les équilibres sociaux et environnementaux en prétendant justement refuser toute limite. Les mesures de lutte contre la pandémie et les confinements ont entraîné une réduction temporaire des émissions de gaz à effet de serre et autres polluants, mais au prix d’une flambée de la précarité et des inégalités. La récession, la crise économique ne sont en aucun cas une solution à la crise écologique.
Dans l’urgence, des entreprises ont réorienté leur production, démontrant une capacité d’adaptation. Les gouvernements et les banques centrales ont déployé  d’énormes moyens financiers. Mais en l’absence d’une pression sociale suffisante, les plans de relance ne cherchent qu’à reconduire et accélérer les trajectoires  antérieures. Les moyens consacrés à la relocalisation et à la reconversion du système productif vont du dérisoire à l’inexistant.

Au lieu de mettre la science et la technologie au service des besoins humains vitaux, le système les instrumentalise pour entretenir une fuite en avant irresponsable :  l’intelligence artificielle, les biotechnologies, la géoingénierie seraient notre seul salut. De nombreux scientifiques nous alertent sur les nouvelles crises sanitaires,  sociales, écologiques et démocratiques encore plus graves qui se préparent si nous continuons à ravager la planète : pour les éviter, nous devons vite réorienter et  relocaliser nos systèmes productifs, redistribuer les richesses, approfondir la démocratie politique et économique.

Depuis un an, mise en place des gestes barrières, confinement et couvre-feux ont conduit à la limitation de l’action collective, à des tentatives de nous empêcher de  nous réunir, de manifester, d’agir ensemble pour la justice sociale et environnementale. Comme le dit le philosophe Jacques Rancière, la « politique » a dû laisser la  place à la « police », l’inventivité sociale à la gestion sanitaire et sécuritaire. Mais l’épidémie a renforcé notre volonté de travailler ensemble. Dans ces circonstances  adverses, nous avons travaillé et élaboré ensemble ce document destiné à nourrir les débats et les mobilisations sociales à venir. Pour chacun des thèmes évoqués,  nous sommes partis de quelques idées reçues qui trottent dans beaucoup de têtes et bloquent la pensée et l’action commune entre les luttes pour les « fins de mois »  et contre la « fin du monde ». Puis nous avons cherché à définir des principes et des propositions communes, sans chercher à masquer les débats et controverses qui  demeurent. Nous avons souvent été surpris, au cours de ce travail, par l’étendue de nos points d’accord. Mais nous n’avons pas réponse à tout : nous avons laissé  certains débats ouverts, pour les approfondir par la confrontation et l’expérimentation sur le terrain, par la délibération démocratique. Notre pari : que les citoyen·nes  de notre pays s’emparent de ces propositions et de ces controverses pour leur donner vie et les imposer dans le débat public.

Annonces sur les examens : le ministre est toujours loin du compte

Après avoir reçu les syndicats ce mercredi 5 mai, Jean-Michel Blanquer a, comme à son habitude, réservé ses annonces aux médias. Le ministre annonce maintenir toutes les épreuves du baccalauréat.

Quelques aménagements à la marge sont annoncés, notamment le remplacement de la note de l’épreuve de philosophie par la moyenne du contrôle continu si la première lui est inférieure. L’épreuve anticipée de français n’est modifiée également qu’à la marge : une augmentation du nombre de sujets. Cette modification peut même s’avérer contre-productive et faire perdre un temps précieux en analyse des sujets.
Le ministre a annoncé contre tout bon sens le maintien de l’épreuve du grand oral : SUD éducation n’a eu de cesse de dénoncer le caractère socialement discriminant de cette épreuve et demander sa suppression. En cette année où les élèves auront encore moins eu le temps de la préparer, le petit aménagement proposé (annoncer les sujets n’ayant pas été traités en cours) ne saurait être suffisant. En lycée professionnel, le ministère persiste à maintenir l’épreuve de chef d’œuvre de CAP. Les lycéen-ne-s réclament l’annulation de cette épreuve et les pétitions à ce sujet comptent de nombreux signataires. On voit ici encore l’entêtement du ministre, prêt à tout pour sauver les apparences et faire croire que le baccalauréat conserve sa valeur de diplôme national. SUD éducation continue à réclamer la suppression de cette épreuve pour cette année et pour celles à venir.
SUD éducation revendique pourtant depuis 12 mois l’aménagement et l’adaptation des programmes à la crise sanitaire. Le ministre Blanquer est resté sourd à cette revendication de bon sens. Il porte la responsabilité de la désorganisation actuelle et de l’angoisse des lycéen-ne-s à l’approche des épreuves. SUD refuse de se laisser enfermer dans un dilemme entre le maintien à tout prix des épreuves terminales (discriminantes au vu de l’année écoulée) et l’effet d’aubaine que représente la crise sanitaire pour les partisans du démantèlement du baccalauréat national.
Les lycéen-ne-s ont de nombreuses raisons d’être en colère et de se mobiliser pour dénoncer l’injustice qui préside aux décisions du ministère. Ils et elles s’étaient déjà mobilisé-e-s en novembre contre la mauvaise gestion de la crise sanitaire par le ministre. SUD éducation les soutient une nouvelle fois dans leurs actions et dénonce la répression policière et administrative dont ils font l’objet.
Face à l’entêtement du ministre, la question de l’annulation ne doit pas être tabou. Il est déjà arrivé que le baccalauréat soit accordé à tout-e-s les candidat-e-s. SUD éducation appelle les personnels à se réunir en assemblées générales et à définir leurs revendications et modalités de soutien aux lycéen-ne-s.
SUD éducation continue de revendiquer l’abrogation des réformes Blanquer du lycée et du baccalauréat.

Réforme des IUT : une attaque contre le service public, des conditions de travail dégradées, des étudiant-e‑s abandonné-e‑s.

À la rentrée 2021 une réforme de fond va affecter les IUT. L’objectif de cette réforme est d’allonger la scolarité jusqu’à Bac+3 pour délivrer un nouveau diplôme appelé B.U.T. pour Bachelor Universitaire de Technologie. Initialement ces établissements avaient pour vocation la formation de technicien-ne-s supérieur-e-s de niveau Bac+2.

À première vue le projet semble alléchant : un allongement des études pour un meilleur niveau de qualification. Mais derrière la façade de nombreux points de la réforme de cette filière sont très inquiétants.

Le nom choisi, un cadeau aux écoles privées

Déjà Le choix de baptiser le diplôme final « Bachelor » interroge. Ce nom est abondamment utilisé par certaines écoles « hors contrat » pour délivrer, moyennant finance, des diplômes de pacotille appelés « Bachelor ». Par le choix d’appeler le diplôme d’IUT « Bachelor » au détriment de « licence » on apporte ainsi une opportunité aux écoles privées qui voudront concurrencer le service public.

Une absence cruelle de moyens

Allonger les études d’une année supplémentaire implique, pour les personnels titulaires, un accroissement de la charge de travail. Ce n’est plus deux, mais trois promotions d’étudiant-e-s qu’ils et elles auront à encadrer et gérer simultanément.

Ce passage à 3 ans ne s’accompagne d’aucune création de postes. Et ceci alors que ces établissements fonctionnent déjà avec un sous encadrement chronique. La situation est actuellement tellement dégradée que les heures postes ne couvrent même plus la moitié des heures nécessaires pour assurer l’enseignement défini dans les référentiels nationaux des IUT. Pour fonctionner ces établissements recourent massivement aux heures supplémentaires et à une armée de non titulaires (vacataires, doctorant-e-s, contrats divers).

Une complexité administrative digne du père UBU

Ce nouveau diplôme de B.U.T. a pour ambition de mettre en application une approche par compétences. L’approche par compétence (A.P.C.) est au départ un fantasme bureaucratique pensé par des gens déconnectés de toute pratique pédagogique. Sa mise en œuvre a pour conséquence une explosion de la complexité des règles qui cadreront ce futur diplôme.

Ainsi par exemple, les années universitaires, déjà sous-découpées en semestre, comporteront plusieurs « blocs de compétence » (de l’ordre de 5 ou 6) par semestre.Mais un bloc de compétence n’est ni une matière, ni un regroupement thématiques de matières ! C’est un mixage de morceaux de matières enseignées. Par exemple, les « compétences » mathématiques pourront se répartir sur plusieurs blocs de compétence.

Les étudiant-e-s livré-e-s à eux-mêmes et elles-mêmes pour développer leur autonomie

Une partie des enseignements se fera sans enseignant-e-s !

Jusqu’à présent cette situation existait dans le cadre des projets qui étaient « tuteurés » et non « encadrés ». Les enseignant-e-s ne sont pas payé-e-s (ou très peu) pour le temps qu’ils et elles passent à enseigner à leurs étudiant-e-s. Cette situation avait pour conséquence que beaucoup d’étudiant-e-s se retrouvaient livré-e-s à eux-mêmes et elles-mêmes.

Avec le B.U.T., cette situation se généralise puisque toutes les matières comporteront une part importante d’enseignements non encadrés mais évalués.

Le message à destination des étudiant-e-s est clair : pour apprendre, débrouillez-vous tout-e-s seul-e-s !

L’avenir ?

Comme on l’a vu, cette réforme se fait sans bourse délier, sans vrai investissement, avec des techniques d’illusionnistes : autonomie des étudiant-e-s pour ne pas payer les enseignant-e-s, complexité administrative pour donner l’illusion de faire mieux.

Les enseignant-e-s devront faire face à un surcroît de travail :

  • plus d’étudiant-e-s à encadrer
  • plus de complexité administrative
  • une autonomie des étudiant-e-s qu’il faut quand même « accompagner »
  • Pour la rentrée de septembre 2021, année de mise en place de la réforme, les enseignant-e-s devront soit travailler beaucoup plus pour satisfaire aux exigences de cette réforme, au risque d’arriver à l’épuisement, soit lâcher du lest, accepter une baisse des exigences et par conséquent un déclin du service public.

SUD éducation demande des réformes qui apportent des moyens et en particulier des moyens humains pérennes (des postes statutaires) pour mieux encadrer et aider les étudiant-e-s.

SUD éducation s’oppose fermement à toute réforme visant à dégrader le service public pour faire de l’enseignement supérieur un marché lucratif.

Pour les écoles : 5 mesures urgentes !

Les réformes de Blanquer, aggravées par la gestion calamiteuse de la crise sanitaire dans l’éducation, ont détérioré les conditions de travail des personnels et ont fragilisé les élèves. Pour répondre aux besoins urgents liés à la crise, nous proposons 5 mesures :

Circulaire Blanquer contre l’écriture inclusive : SUD appelle les personnels à ne pas la respecter

Ce jeudi 6 mai, le ministre Blanquer a fait paraître une circulaire destinée exclusivement à proscrire l’usage de l’écriture inclusive dans le cadre de l’enseignement.

Le ministère de l’Éducation nationale est incapable de garantir des conditions d’enseignement correctes durant cette crise épidémique. Les inégalités scolaires s’accroissent en raison du manque criant de personnels. Parcoursup est toujours plus une machine de tri social.
Pourtant, le ministre n’a rien de plus pressé que d’interdire l’usage de l’écriture inclusive aux personnels qui s’efforcent dans leurs choix pédagogiques de rendre visibles les femmes, suivant en cela une pratique défendue depuis de nombreuses années par les féministes et des institutions comme le Haut Conseil à l’Égalité entre les hommes et les femmes. Le ministre pousse le cynisme jusqu’à prendre pour prétexte les élèves atteint-e-s de handicap, alors même que les AESH, profession féminisée à 80 %, subissent des temps partiels imposés, le refus du ministère de verser les mêmes indemnités qu’aux autres personnels, et ne peuvent obtenir de titularisation.

L’obsession de Jean-Michel Blanquer pour l’affichage de son idéologie réactionnaire va de pair avec son bilan désastreux en ce qui concerne la gestion de la crise sanitaire.

SUD éducation exige du ministre qu’il cesse d’essayer d’imposer son passéisme à la communauté éducative. SUD appelle les personnels à ne tenir aucun compte de ces instructions d’un autre temps, et à exercer comme ils le souhaitent en fonction des situations professionnelles le plein usage de leur liberté pédagogique.

Fiches et analyses – Pour réduire les inégalités de genre à la maison et au travail : allongement du congé et accueil de l’enfant

Le 23 octobre dernier, l’Assemblée nationale a adopté l’allongement de la durée du congé « paternité » à 28 jours dont 7 jours obligatoires. Ce dispositif entrera en vigueur à compter du 1er juillet 2021. Pour rappel, actuellement, ce congé, mis en place en 2002, est facultatif et dure 11 jours consécutifs seulement auxquels s’ajoutent trois jours de congé de naissance (soit 14 jours au total). Avec l’application de la nouvelle mesure, trois jours de congé de naissance seront indemnisés par l’employeur et 25 jours de congé « paternité » seront indemnisés par la Sécurité sociale (32 jours en cas de naissance multiple). Cette mesure s’appliquera également à la fraction du congé que les parents se partagent en cas d’adoption d’un enfant. L’Assemblée Nationale a également voté le passage de dix à seize semaines du congé des familles adoptant un enfant. L’allongement de la durée de ces congés est une légère avancée pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes mais il est largement insuffisant. Aujourd’hui encore, l’essentiel de la charge liée aux enfants, qu’elle soit mentale, sociale ou professionnelle, repose sur les femmes.

SUD Education revendique:

● La suppression du terme congé «paternité» et le remplacement par«congé accueil de l’enfant», plus inclusif, notamment pour les couples lesbiens mais aussi les couples adoptant un enfant.

● Immédiatement: l’obligation pour l’employeur de donner un congé second parent et son allongement à 9 semaines avec une obligation de le fractionner, à sa convenance sur la période pré ou post-arrivée de l’enfant (naissance ou adoption). (4 semaines avec la mère, 5 semaines après la fin du congé maternité).

● À plus long terme : l’allongement jusqu’à 16 semaines comme pour le congé maternité.

● Une société plus égalitaire. Cela passe notamment par la lutte contre le patriarcat qui assigne des rôles selon le genre. Les femmes et les minorités de genre doivent avoir les mêmes droits que les hommes cis-genre, qu’iels décident ou non d’avoir des enfants.

Appel au blocage des lycées lundi 10 mai

En accord avec l’appel du syndicat Union Nationale Lycéenne et du mouvement #bacnoir, Brequistance et les mouvements lycéens rennais appellent au blocage de tous les lycées de Bretagne!

Voir l’événement sur Facebook : https://www.facebook.com/UNLnational

Reprise du 26 avril : attention danger !

Une semaine après la reprise, l’heure est aux revendications

Le bilan de la première semaine depuis la reprise n’est pas satisfaisant. De nombreux-ses élèves dont les enseignant-e-s n’étaient pas présent-e-s en classe n’ont pu être pris-e-s en charge du fait de l’absence de remplaçant-e-s. Il faut de toute urgence recruter massivement les enseignant-e-s pour faire face à cet accroissement des besoins. La campagne de tests promise tarde à se mettre en place : livraison tardive d’autotests, peu de visibilité sur le rythme à venir des livraisons, absence de mise en œuvre de la campagne de tests salivaires. La prétendue vaccination des personnels de plus de 55 ans ne fonctionne pas, faute de centres de vaccination et de créneaux disponibles en nombre suffisant. Au-delà, c’est bien tous les personnels de l’éducation qui doivent faire de toute urgence l’objet d’une priorisation. SUD éducation revendique la mise à disposition sans délai du vaccin pour tous les personnels de l’Éducation national et de l’enseignement supérieur.

C’est dans ce contexte inquiétant que les personnels du 2d degré vont retourner sur leurs lieux de travail à partir de lundi. La mise en œuvre des demi-jauges en 4e et 3e dans les départements les plus touchés se fait dans certains cas de manière inacceptable. En effet, les recteurs imposent parfois aux chef-fe-s d’établissement d’alterner des classes entières, au lieu de faire des demi-groupes. Cela pose plusieurs problèmes, sur le plan sanitaire comme pédagogique. Encore une fois, l’absence de cadrage au niveau national entraîne des disparités incompréhensibles. Ce sont bien des demi-groupes, et non des demi-jauges calculées à l’échelle des niveaux de classe, que revendiquent les personnels. Au-delà des 4e et 3e, les demi-groupes doivent être accordés pour l’ensemble des niveaux dès que les personnels en font la demande.

Aucune annonce nouvelle n’est venue préciser cette semaine le déroulement des examens. Les aménagements sont pour l’heure insuffisants, et le flou qui règne autour de ces moments cruciaux de la scolarité des élèves engendre un stress inacceptable. Les protocoles d’administration des auto-tests pour les lycéen-ne-s frisent l’absurde. Les protocoles sont irréalistes au point qu’il est raisonnable de penser que les autotests ne pourront pas être utilisés massivement dans les établissements.

Pour SUD éducation, les raisons de se mobiliser sont multiples : moyens insuffisants pour faire face notamment aux besoins en remplacement, conditions sanitaires toujours inquiétantes, menaces sur les conditions de travail. SUD éducation appelle les personnels à se réunir en Assemblée générale et à définir leurs revendications et leurs moyens d’action.

Partout où cela sera nécessaire, SUD éducation appuiera les équipes qui choisiront de se mettre en droit de retrait ou de faire grève pour obtenir satisfaction sur leurs revendications. SUD éducation met ainsi à disposition des équipes son préavis de grève.

Pour faire face à la crise de manière durable, il est nécessaire de recruter massivement pour permettre une baisse des effectifs sans diminution des heures de cours en présentiel. C’est le sens du plan d’urgence pour l’éducation que revendique SUD éducation depuis le printemps 2020.

Vœux parcoursup : Blanquer favorise le privé

Les commissions commencent à se réunir pour classer les candidat-e-s aux formations dans le supérieur. Parmi les critères se trouvent toujours la mention du lycée d’origine, et les activités extrascolaires qui conduisent à opérer un tri social entre les candidat-e-s aux formations. Les élèves des lycées prestigieux en sortent en effet naturellement favorisé-e-s.

À ces éléments de mise en concurrence entre lycées organisés par les réformes Blanquer vient aussi s’ajouter, en cette période de crise sanitaire, la mention des “choix pédagogiques de l’établissement”. En utilisant cet intitulé, les établissements peuvent indiquer qu’ils n’ont pas ou très peu respecté la règle des demi-jauges obtenue par les personnels à la faveur d’une grève massive en novembre dernier.

Ainsi, un certain nombre d’établissements se félicite d’avoir fait passer la santé du plus grand nombre derrière l’image de marque de leur établissement.

C’est particulièrement le cas chez les établissements du secteur privé, qui ont échappé à tout cadrage strict qui aurait dû être imposé par le ministère de l’Éducation nationale.

Depuis plusieurs mois, SUD éducation revendique l’application d’un cadrage strict au plan national pour tous les établissements, dans l’intérêt de la santé des personnels et des familles comme de l’équité au regard du traitement des élèves.

Jean-Michel Blanquer a fait le choix de renvoyer le plus possible les décisions au local : ce choix a pour conséquence une inégalité de traitement à craindre pour les lycéens et lycéennes.

SUD revendique la suppression sans délai des mentions d’établissement d’origine, activités extra-scolaires, et de choix pédagogique des établissements dans parcoursup, et que ces critères soient écartés des algorithmes mis en œuvre par les établissements du supérieur. SUD revendique plus généralement la fin du système parcoursup, qui n’est autre qu’un dispositif de tri social accroissant les inégalités.

Confinements, virage numérique et attaque contre les libertés académiques : quel enseignement supérieur et quelle recherche voulons-nous ?

Les politiques néo-libérales de gestion du service public ont conduit aux dysfonctionnements et aux inégalités criantes que dévoile au plus grand nombre l’épidémie de Covid-19. Aujourd’hui, les situations d’urgence que nous constatons dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche (détresse des étudiant-e-s, précarisation accrue des personnels, perte de sens) imposent non seulement la critique de la succession des réformes délétères subies, mais aussi la construction d’un horizon collectif de revendications révolutionnant son fonctionnement.

1. Une succession de réformes néolibérales dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR)

Les récentes réformes (mise en place de la sélection en master en 2017, ORE-Parcoursup en 2018 ou encore le baccalauréat dit Blanquer en 2019) ont contribué à accentuer les inégalités d’enseignement dans le supérieur. Parcoursup renforce la sélection sociale et scolaire dans l’accès aux filières les plus demandées. Cela accentue la mise en concurrence des candidat-e-s, mais aussi des formations du supérieur. Cette réforme, comme celle du bac Blanquer, vise une individualisation des parcours. Or, la sociologie de l’éducation montre que plus l’éventail de choix est large, plus les inégalités se structurent en fonction du capital scolaire de la famille des élèves et étudiant-e-s.
Tout cela s’ajoute à des conditions de travail et d’études qui se dégradent depuis des années. L’autonomie des universités (loi LRU de 2007) s’est traduite par des contraintes budgétaires très fortes imposées par le ministère et, par voie de conséquence, par le gel massif de postes de titulaires, par le recours croissant aux vacations, aux heures complémentaires (qui représentent environ 1/3 des heures d’enseignement), et plus généralement aux contrats précaires, qu’il s’agisse du travail enseignant comme administratif. Ces contrats courts génèrent une rotation importante dans les équipes. Certains départements fonctionnent avec des moyens extrêmement faibles et sont amenés à diminuer les volumes horaires des formations. La mise en place de nouveaux dispositifs à moyens constants, notamment sur le plan administratif, se traduit par une diversification et une densification du travail pour les personnels administratifs.

Depuis décembre 2019, les mobilisations contre la réforme de la recherche (LPR) se sont organisées dans le contexte du mouvement contre la réforme des retraites, celle du chômage ou de la fonction publique. Cette mobilisation récente a pu s’appuyer sur des luttes précédentes, notamment celle contre la précarité dans la recherche depuis 2017, ou la lutte contre la LRU de 2007 à 2009. La vision de la recherche exprimée par la LPR est élitiste et individualiste : elle promeut une mise en concurrence exacerbée des chercheurs et des établissements scientifiques, en particulier en renforçant le financement par projet. Adoptée par l’Assemblée nationale le 20 novembre 2020, via une procédure accélérée, la LPR instaure de nouveaux dispositifs inégalitaires comme les contrats de mission, ou la mise en place de recrutements locaux, sur le modèle américain des tenure-tracks. En supprimant la qualification par le CNU pour devenir professeur-e et sous certaines conditions pour devenir maître-sse de conférences, la LPR fait sauter un frein au clientélisme de certains recrutements locaux. Enfin, la LPR organise une porosité accrue entre le service public et le secteur marchand. Depuis le Pacte pour la Recherche de 2006, le partenariat public-privé et la rentabilité commerciale sont devenus des critères cruciaux pour accorder les moyens et crédits de recherche. La répartition de ces derniers montre que la légère hausse budgétaire de la recherche se fait principalement à destination de l’Agence nationale de la Recherche, donc hors financements pérennes, donc au détriment de la masse salariale des universités. La programmation budgétaire ne permettra pas d’adapter les recrutements aux évolutions démographiques ou de pallier le manque actuel de postes statutaires. En parallèle, le scandale du Crédit Impôt Recherche (CIR), passé de 1,5 milliards à plus de 6 milliards annuels (à comparer au budget du Centre National de la Recherche Scientifique, autour de 3,5 milliards), se poursuit dans la plus grande opacité.

La LPR ne fait ainsi qu’aggraver la précarisation dramatique du travail dans la recherche, allant de pair avec une emprise toujours plus grande des entreprises privées dans ce secteur.Les conditions de convocation des instances et la manière dont elles se sont tenues confirme le mépris par le ministère des instances représentatives des personnels de l’ESR.

2. Une précarité accrue par la crise pandémique et son « virage numérique »

Décrétée en l’espace de quelques jours en mars 2020, la fermeture des universités et des laboratoires a eu des conséquences désastreuses sur les conditions de travail des personnels et sur les conditions d’étude du public accueilli, en imposant brutalement le télé-enseignement pour les enseignements, et le télé-travail pour les activités techniques, administratives et de recherche. Pour les personnels les plus précaires et les plus fragiles, travailler à la maison peut s’avérer une source d’angoisse et de multiplication de risques (manque de place, TMS, « continuités » pédagogiques et administratives, etc.). L’injonction à faire tourner la machine à produire des diplômes dans ces conditions a également suscité, chez les étudiant-e-s, des situations de stress où elles et ils étaient sommés de réussir leur année comme si rien ne se passait, alors que les moyens habituels déjà faibles, ne leur étaient pas offerts (fermeture des bibliothèques, par exemple).

Cette crise sanitaire, et la réponse apportée par le gouvernement, révèle et accentue les inégalités sociales et les rapports de domination que nous dénonçons depuis si longtemps. Comme dans l’Education Nationale, le vocable de « continuité pédagogique » masque de profondes inégalités. Pour les étudiant-e-s, les enquêtes soulignent non seulement des inégalités d’accès à de l’équipement informatique et à une connexion stable, mais aussi des conditions de confinement très contrastées (densité d’occupation du logement, personnes à charge, entourage touché par la maladie, obligation de continuer à travailler ou perte d’emploi et de revenu, etc.). La précarité et la détresse étudiante n’ont fait les premières pages des journaux qu’au début 2021, longtemps après le constat de l’ampleur des besoins et de la faiblesse des dispositifs d’aide sociale. S’en sont suivis des annonces contradictoires et complètement déconnectées du mode de fonctionnement des universités, pour feindre une volonté de retour partiel des étudiants sur site (pour exemple ). Comble de la provocation, sur la base de données de fréquentation des facultés, la ministre de l’ESR conclut : « 40% des étudiant-e-s ne reviennent pas en présentiel, car le mode d’enseignement à distance leur convient », alors que bien d’autre facteurs expliquent ce chiffre (décrochage, logement rendu pour retrouver le domicile familiale, difficulté de traduction pratique des consignes de reprises sans moyen, etc.). On décèle sans difficultés la construction d’un discours légitimant le tout numérique pour l’avenir, sur la base de chiffres interprétés hors sol, dévoyés. Or, en dehors des situations dramatiques, le quotidien montre que l’autonomie de travail à distance dépend du capital scolaire et de la socialisation au métier étudiant, renforçant les inégalités.

Du côté des personnels également, les conditions de confinement se révèlent très inégales. Les mobilisations des 11 février et 5 mars 2020 (la journée contre la précarité dans l’ESR et l’opération « L’université et la recherche s’arrêtent ») ont permis de mettre à nouveau en lumière le poids considérable et l’exploitation des travailleurs-euses précaires, du fait d’une politique de sous-investissement chronique, engendrant la disparition massive de postes de titulaires. La crise que nous traversons amplifie la précarité et exacerbe ces inégalités qu’il n’est plus possible d’ignorer. Les vacataires d’enseignement sont soumis-e-s à des injonctions à la « continuité pédagogique » sans garantie de salaire versé à la fin du mois, alors même que leurs faibles revenus, bien souvent, ne leur permettent pas de disposer d’un espace de travail dans leur logement privé ; les doctorant-e-s voient leurs bourses de recherche suspendues ; dans les SHS, très féminisées, la double journée se ressent d’autant plus qu’on est confinée. L’imposition, par ordonnance, de semaines de « congés » obligatoires et la perte de jours de RTT pendant le premier confinement ont sonné comme une provocation pour les personnels BIATSS et ITA, d’autant plus pour des précaires payé-e-s au SMIC et sans garantie de renouvellement ou pour les femmes, qui très largement ont été les premières à se mettre en ASA pour s’occuper de la garde des enfants.

L’université est, comme l’ensemble de la société, traversée par les inégalités de genre ainsi que les violences sexistes et sexuelles que la crise sanitaire a d’ailleurs mis en lumière. En accentuant la précarité, en normalisant les logiques de compétitions et de concurrence, la LPR va renforcer ces inégalités et en particulier ces inégalités de genre.
Révélatrice des inégalités dénoncées par notre fédération syndicale, cette crise sanitaire montre du même coup la légitimité des revendications que nous portons pour l’ESR, en révélant les contradictions du fonctionnement actuel de ce secteur. La recherche publique est sacrifiée (gel des postes, épuisement des crédits récurrents de recherche des laboratoires) alors qu’elle constitue une ressource irremplaçable dans la situation que nous traversons. Généraliser les financements par projet au détriment de la recherche fondamentale sur le long terme nous conduit dans l’impasse, comme l’illustre la recherche sur les maladies à coronavirus (sans financement après l’extinction de la première épidémie de SRAS). Le fonctionnement absurde d’une recherche soumise à des injonctions de court-terme, à la productivité, aux intérêts privés et à la concurrence généralisée, va de pair avec un renforcement des inégalités pour les étudiant-e-s comme les personnels administratifs et enseignants. Face à ces réformes et aux conséquences de la crise pandémique, nos revendications articulent l’exigence de protocoles sanitaires et la mise en place de conditions d’études et de travail correctes dans l’ESR sur le long terme.

3. (Re)penser et (re)construire l’ESR !

Toute crise pose la question d’un horizon : l’organisation juste de la société. Esquissons la place que pourrait y occuper l’Enseignement Supérieur et la Recherche.

3.1 Fédérer et auto-gérer l’ESR : une Université émancipatrice

Depuis l’Empire, l’ESR n’est unifié que formellement, comme une grande corporation hétéroclite douée d’un ministère propre. Ainsi, l’instauration du collège unique (1975), dans le second degré, n’a pas d’équivalent dans l’enseignement supérieur. L’opposition entre Grandes Écoles, entraînant des classes préparatoires toujours plus compétitives, les institutions techniques ou technologiques, directement articulés à des marchés de production, et les universités, enfin, dont les filières générales se délabrent, devient féroce. La compétition entre équipes, laboratoires et instituts de recherche est tout aussi délétère. Les statuts et les situations différenciées, professionnelles et estudiantines, explosent : notre ESR est un système à plusieurs vitesses. Pourtant, une Université entendue comme lieu de réflexion, de création, de diffusion et de transmission, d’épanouissement humain et scientifique, peut constituer un horizon unifié de l’ESR. Pour penser ce couple enseignement-recherche comme « forme sociale », il convient d’envisager l’émancipation comme sa finalité première. Cela impose d’en finir avec les intérêts économiques privés, les logiques de compétition, qui renforcent les inégalités, qui technocratisent et bureaucratisent les savoirs et les sciences. L’émancipation impose la réappropriation de l’ESR par toutes ses composantes intérieures (étudiant-e-s, enseignant-e-s, chercheur-e-s, personnels techniques et administratifs) et non par ses composantes hiérarchiques centralisées (ministère, Conférences des présidents d’universités ou de grandes écoles, directions d’établissements et de composantes). Par ses dimensions collectives, participatives et démocratiques, l’autogestion des établissements au sein d’un réseau public d’universités et de laboratoires fédérés, avec instauration de statuts titulaires de la fonction publique, garantirait la diversité des approches, la production libre et indépendante des savoirs, ainsi que leur partage serein, sans concurrence ni précarité.

3.2 Démocratiser et ouvrir l’ESR

Nous souhaitons un service public de l’ESR accessible à toutes et à tous, ouvrant la diffusion des activités de recherche et d’enseignement. Cette conception de l’Université comme lieu de connexion entre connaissances scientifiques et savoirs populaires ou encore entre créations scientifiques et artistiques, exige que les universités, écoles et laboratoires soient des lieux publics, accessibles gratuitement à toutes et tous. Cette ouverture dépend surtout du financement des études (bourses, logements), y compris pour les reprises d’études et la formation continue. Un maillage territorial, pensé sur le mode du réseau (permettant la circulation des usagers et des personnels), permettrait l’accueil des personnes les plus éloignées de l’outil universitaire, qu’elles le soient pour des raisons géographiques, sociales, économiques, ou d’accessibilité physique. Plus largement, il s’agit de repenser les pratiques de formation et de recherche pour élargir la participation (étudiant-e-s, personnels, « non spécialistes »), en construisant des savoirs et savoir-faire émancipateurs. Cette conception des savoirs comme biens communs va de pair avec des pratiques durables, sur des temporalités longues permettant des productions interdisciplinaires en lien avec les collectifs locaux, institutionnels (associations, collectivités, services publics) comme informels. Ce lien entre pratique académique et société doit se construire loin d’une posture uniquement centrée sur l’expertise, allant souvent avec une instrumentalisation politique de la recherche. Les interactions propres au travail d’enseignement et de recherche sont cruciales, et étrangères au « virage numérique » actuel. Cette reconfiguration des pratiques pose la question du métier et de son indépendance, aujourd’hui invalidés par la recherche de financement, la technocratisation du portage de projet, la précarisation des contrats, l’individualisation du travail et la démultiplication des tâches administratives.

3.3 Une autre société : l’Université solidaire et anti-hiérarchique

Nous dénonçons tous les rapports hiérarchiques, d’oppressions et de domination. L’Université est un lieu de solidarité entre personnels de toutes catégories et étudiant-e-s, impliqué-e-s dans la co-création du savoir, en prise avec la société et le monde. Toute restructuration de l’ESR au nom de « l’excellence », « d’objectifs nationaux », de « prestige », de « classement », n’est donc qu’une gestion extérieure de notre outil collectif d’émancipation.
La titularisation de toutes les personnes précaires et la garantie de moyens récurrents supplémentaires sont nécessaires. De même, le pluralisme local et l’autogestion dans la prise de décision, contre le pouvoir centralisé des directions ministérielles et d’établissement. De même, la suppression de toutes les évaluations et primes inscrites dans un « management » individualisé, porteur d’inégalités, de soumission et de rupture avec la collégialité de nos métiers. De même encore, l’arrêt de tout processus de sous-traitance (pour les agent-e-s d’entretien, etc.) et l’arrêt du pillage de l’argent public (CIR, partenariats public-privé). Les rapports enseigné-e-s/enseignant-e-s demandent aussi à être repensés pour éviter des formations où l’évaluation serait le principal objectif. Nous revendiquons une augmentation générale des revenus, la réduction des écarts de rémunération vers un salaire unique, ainsi que l’instauration d’un véritable salaire social étudiant pour toutes et tous, à tout moment de la vie. Prioritairement, celles et ceux qui se destinent à l’enseignement primaire et secondaire doivent être dotés d’un statut de fonctionnaire dès leur entrée en études, et d’une véritable formation universitaire continue sur toute leur vie.

Nous affirmons l’importance du respect des libertés académiques et, avec Marie Curie, la « reconnaissance du droit des savant-e-s », notamment le droit à disposer de moyens de travail nécessaires. Le partage des savoirs demande des débats empiriques et fondamentaux au-delà de la communauté académique, sur les conditions en permettant accès à toutes et tous.

Répression antisyndicale contre les 4 de Melle : Blanquer désavoué par le Conseil d’État

Les quatre camarades de SUD éducation au lycée de Melle ont comparu devant un conseil de discipline à l’automne 2020 en raison de leur participation au mouvement de grève contre la réforme Blanquer. La rectrice projetait initialement de déplacer d’office les camarades de Melle. Les séances des conseils de discipline qui ont mis au jour la répression antisyndicale à l’œuvre, ainsi que l’incompétence de la hiérarchie à tous les niveaux, les mensonges de l’administration, le non-respect des garanties élémentaires de la défense, les erreurs de procédure. L’enquête administrative reposait sur des questions posées aux personnels concernant leur appartenance syndicale et leurs opinions politiques. Les représentant-e-s des personnels ont unanimement refusé toutes les sanctions mises aux voix par l’administration.

La rectrice a dû renoncer au déplacement d’office pour trois des quatre de Melle, mais elle a persisté à vouloir déplacer notre camarade Sylvie.

Le juge administratif a rapidement suspendu en urgence cette sanction, en raison de son caractère manifestement disproportionné et illégal. Le ministre, obsédé à l’idée de sanctionner des enseignant-e-s mobilisé-e-s contre sa réforme, a porté l’affaire devant le Conseil d’État.

Aujourd’hui, la décision du Conseil d’État est sans appel : ce dernier rejette la demande du ministre sans même une audience. C’est à nouveau un désaveu cinglant infligé à Jean-Michel Blanquer.

SUD éducation exige l’abandon immédiat des sanctions contre les personnels victimes de répression anti-syndicale et leur rétablissement dans leurs droits, à Melle comme ailleurs, dernièrement à Châteaudun où une camarade de SUD éducation est menacée de sanction pour avoir exercé son droit syndical.

Reprise ce lundi 26 avril : toujours largement insuffisant

Aujourd’hui, les écoles primaires rouvraient leurs portes, tandis que les personnels du second degré poursuivaient l’enseignement à distance.

Le décalage entre les annonces du ministre Blanquer et la réalité du terrain s’est une nouvelle fois fait pleinement sentir.

Dans les écoles, de nombreux personnels manquaient à l’appel en raison de l’épidémie : cas contacts, vulnérables, malades, de très nombreux personnels enseignants et AESH n’étaient pas en capacité de se trouver face aux élèves ce lundi. Pourtant, les recrutements nécessaires réclamés par SUD éducation dans le cadre d’un plan d’urgence depuis plus d’un an n’ont pas été faits. Ainsi, de nombreux parents n’ont pu laisser leur enfant à l’école ce matin là où la consigne de non-répartition des élèves dans d’autres classes était respectée. Dans d’autres écoles, la hiérarchie a fait pression, contre les instructions ministérielles, pour obtenir des équipes un accueil inconditionnel des élèves.

Dans ce cadre, les livraisons de masques, et d’autotests connaissent déjà des retards. La campagne de tests salivaires n’a toujours pas commencé, faute de matériel comme de personnel qualifié.
Rien n’est prévu en ce qui concerne la restauration scolaire qui est un lieu important de contamination des élèves mais n’est pas considéré par les protocoles sanitaires successifs.

Sur le plan de la vaccination, les remontées de terrain de SUD éducation montrent que le prétendu accès prioritaire aux personnels d’éducation de plus de 55 ans à la vaccination n’existe pas. Les centres de vaccinations sont en effet peu nombreux, parfois réduits à un seul centre par département, ou bien les créneaux réservés à la vaccination sont si réduits qu’il est impossible d’obtenir un rendez-vous. Les personnels sont légitimement inquiets de reprendre sans s’être fait vacciner : ils doivent faire l’objet d’une réelle priorisation dans le calendrier gouvernemental de vaccination.

Dans le second degré, les dysfonctionnements dans l’enseignement à distance étaient encore notables aujourd’hui, que ce soit dans le Val d’Oise, la Normandie, les régions Grand-Est, et Rhône-Alpes. Le ministère n’a toujours pas tiré les leçons de ses deux échecs précédents.

Pour SUD éducation, il est manifeste que les personnels doivent une nouvelle fois composer avec l’impréparation de l’administration qui les met en danger. Partout où cela sera nécessaire, SUD éducation appuiera les équipes qui choisiront de se mettre en droit de retrait ou de faire grève pour obtenir satisfaction sur leurs revendications. SUD éducation met ainsi à disposition des équipes son préavis de grève.

Pour faire face à la crise de manière durable, il est nécessaire de recruter massivement pour permettre une baisse des effectifs sans diminution des heures de cours en présentiel. C’est le sens du plan d’urgence pour l’éducation que revendique SUD éducation depuis le printemps 2020.

Reprise du 26 avril : attention danger ! – Tract de SUD éducation

Le ministère avait trois semaines pour préparer la reprise. Il n’a strictement rien fait et s’apprête à envoyer élèves et personnels au casse-pipe. SUD éducation soutiendra les équipes décidant de se mettre en droit de retrait et met à disposition son préavis de grève. SUD éducation appelle d’ores et déjà les personnels à se réunir pour définir leurs revendications et choisir leurs moyens d’action. Face à l’irresponsabilité du ministère, voici nos exigences :

  1. Vaccins

Les annonces concernant les créneaux réservés pour les personnels de plus de 55 ans sont très insuffisantes : seulement 13,26% des personnels concernés, catégories entières exclues de la mesure (PsyEN, CPE, AED…), créneaux difficiles à obtenir. Encore une fois, le ministre met en danger la santé des personnels en rouvrant les écoles le 26 avril dans ces conditions. SUD éducation revendique que dès à présent la vaccination soit rendue possible pour tous les personnels qui le souhaitent. Au-delà, SUD éducation revendique la levée des brevets sur les vaccins.

2. Tests

La règle de la fermeture des classes dès le premier cas devrait être maintenue. Sauf qu’en l’absence d’une politique de tests ambitieuse, elle sera de fait caduque. Les campagnes de tests organisées jusqu’à présent sont en nombre très insuffisant, et les tests naso-pharyngés sont peu acceptés par les élèves. SUD éducation revendique dès à présent la mise en place de campagnes massives de tests salivaires ou d’auto-tests gratuits et le respect d’un protocole de fermeture de classes permettant de briser les chaînes de contamination.

3. Protocole sanitaire

Les protocoles sanitaires successifs mis en œuvre par le ministère ont prouvé leur inefficacité, et ont dégradé les conditions de travail des personnels. Ceux-ci sont les mieux placés pour décider des mesures à mettre en œuvre : SUD éducation revendique que partout où les personnels le jugeront nécessaire, des dédoublements soient mis en place dès à présent, en particulier en collège, et dans la stricte limite des obligations de service des enseignant-e-s. Masques et gels doivent être fournis en nombre et gratuitement.

4. Plan d’urgence

Pour faire face à la crise de manière durable, il s’agit au-delà de ces revendications immédiates de recruter massivement pour permettre une baisse des effectifs sans diminution des heures de cours en présentiel. C’est le sens du plan d’urgence pour l’éducation que revendique SUD éducation depuis le printemps 2020 et pour lequel une mobilisation d’ampleur est plus que jamais nécessaire.

À une semaine de la reprise, Blanquer s’apprête à envoyer personnels et élèves au casse-pipe

Le gouvernement a eu trois semaines pour préparer la réouverture des écoles. Dès les annonces de Macron le mercredi 31 mars, SUD éducation revendiquait un ensemble de mesures à mettre en place d’urgence, fondé sur le tryptique vaccination, tests et recrutements immédiats. SUD éducation a, dans le cadre d’une large intersyndicale, porté dès le mardi 13 avril ces revendications par une pétition signée d’ores et déjà par près de 50 000 personnes. Une nouvelle fois, force est de constater que rien n’a été fait, alors même que la situation ne s’est pas améliorée et que de nouveaux variants du virus sont apparus.

En ce qui concerne la vaccination, les seules annonces concernent les personnels de plus de 55 ans, pour lesquels des créneaux de vaccinations sont censés être réservés. Il s’agit là d’une mesure d’affichage. D’une part cela concerne seulement 13,26 % des personnels. Certaines catégories de personnels sont exclues de la mesure, comme les AED, les PsyEN ou les CPE. D’autre part, les créneaux réservés sont dans la réalité très peu nombreux, et il est très difficile, dans les académies, d’aller au bout de la démarche. Cette mesure est donc très loin des besoins réels en termes de préservation de la santé des personnels. Encore une fois, le ministre met en danger la santé des personnels en rouvrant les écoles le 26 avril dans ces conditions.

La règle de la fermeture des classes dès le premier cas devrait être maintenue. Sauf qu’en l’absence d’une politique de tests ambitieuse, elle sera de fait caduque. Au vu de la difficulté à organiser des tests naso-pharyngés massifs dans les écoles et établissements, il est urgent de mettre en œuvre des campagnes massives de tests salivaires ou d’auto-tests. Or, à ce stade, rien n’est annoncé, et les ordres de grandeur des campagnes de tests mises en place avant la fermeture sont une goutte d’eau dans l’océan des besoins.

Les protocoles sanitaires fantômes mis en œuvre par le ministère depuis septembre ont prouvé leur inefficacité, et ont considérablement dégradé les conditions de travail des personnels. Or, ceux-ci sont les mieux placés pour décider des mesures à mettre en œuvre pour garantir des conditions sanitaires et pédagogiques acceptables. SUD éducation revendique que partout où les personnels le jugeront nécessaire, des dédoublements soient mis en place dès à présent, en particulier en collège, et dans la stricte limite des obligations de service des enseignant-e-s.
Les enseignant-e-s du second degré s’apprêtent le 26 avril à retrouver le chemin de l’enseignement à distance, toujours sans matériel mis à disposition par l’employeur et dans le cadre d’environnements numériques de travail dont on peut penser qu’ils ne tiendront pas plus la charge que lors de la semaine du 5 avril.

Face à cette incurie du ministère, les personnels et au premier chef ceux du premier degré qui reprendront en présentiel dès le 26 avril, auront toute légitimité à se considérer en danger.
• Partout où cela sera nécessaire, SUD éducation appuiera les équipes qui choisiront de se mettre en droit de retrait ou de faire grève pour obtenir satisfaction sur leurs revendications.  SUD éducation met ainsi à disposition des équipes son préavis de grève.
• Dès à présent, SUD éducation appelle les personnels à anticiper la reprise en organisant des Assemblées générales pour faire le point sur la situation et établir leurs revendications.
• SUD éducation appelle enfin à signer et à faire signer massivement la pétition intersyndicale “Pour la reprise du 26 avril : il faut agir rapidement”.

Pour faire face à la crise de manière durable, il s’agit au-delà de ces revendications immédiates de recruter massivement pour permettre une baisse des effectifs sans diminution des heures de cours en présentiel. C’est le sens du plan d’urgence pour l’éducation que revendique SUD éducation depuis le printemps 2020 et pour lequel une mobilisation d’ampleur est plus que jamais nécessaire.

Il faut supprimer l’épreuve du « Grand oral » du baccalauréat

SUD éducation relaie la pétition qui revendique la suppression du « Grand oral » du baccalauréat, une épreuve particulièrement discriminante socialement.

Le ministre privilégie l’application de sa réforme plutôt que l’adaptation, en faveur de la réussite des élèves, des modalités d’évaluation du baccalauréat aux contraintes sanitaires.
Pour signer la pétition, rendez-vous ici.

LA PÉDAGOGIE FREINET AU SECOND DEGRÉ EN LANGUES VIVANTES : QUELS POSSIBLES ET QUELS OUTILS ?

Avant-propos : La pédagogie Freinet est un mouvement politique et social qui vise à développer la coopération, l’expression de soi et l’autonomie en école publique. Si vous souhaitez en savoir plus, contactez le Groupe Freinet de votre Département (GD) afin d’assister aux réunions ou aux congrès de l’ICEM. Intégrer un groupe d’enseignant-e-s Freinet est la meilleure solution pour développer et surtout maintenir votre pratique.

N.B : Des exemples précis d’exploitation des activités ou méthodes présentées sont à retrouver sur le padlet en lien en bas de la fiche.

Invariant pédagogique n°7 : « Chacun aime choisir son travail, même si ce choix n’est pas avantageux. » C. Freinet.

1. Favoriser l’expression libre en langues vivantes

– A l’oral : le « Quoi de neuf ? » ou l’expression orale libre.

L’expression orale est l’un des objectifs principaux du cours de langues vivantes, rendu parfois difficile par le nombre d’élèves en classe et le peu d’heures de cours dont dispose l’enseignant-e pour permettre à tou-te-s de s’exprimer. Plusieurs fonctionnements peuvent entrer dans le cadre d’une pratique d’expression libre :

  • L’oral libre en début de cours, à chaque séance, sous forme de « Quoi de neuf ? » : les élèves proposent spontanément une prise de parole. La prise de parole peut être limitée dans le temps (ex : 3 min maximum, 3 interventions maximum par cours), et peut être suivie d’un temps d’échange avec les autres élèves sous forme de questions-réponses. Il peut être intéressant de prendre des notes lors de ces prises de paroles pour en garder une trace (l’enseignant-e faisant rôle de secrétaire, ou bien mission qui peut être déléguée à un-e élève).

Le « Quoi de neuf ? », en quelques mots :

C’est un moment d’écoute et de prise de parole, qui fait le pont entre l’école et la maison. Idéal en début de journée ou de séance, il est facile à présenter aux élèves.

Le principe : un-e élève va devant la classe pour parler de quelque chose d’intéressant qu’il ou elle a fait ou vu en dehors de l’école et qu’il ou elle a envie de partager à la classe, ou présenter un objet qu’il ou elle a ramené de chez lui ou chez elle. Les « Quoi de neuf » sont souvent l’occasion d’élargir le périmètre du cours, de faire le lien avec la maison ou ce que vit la société, mais aussi de proposer des pistes de travail pour la classe ou pour le travail en autonomie (faire un exposé sur le sujet, rédiger un texte libre…).

  • L’oral libre sur un créneau spécifique dans le cadre d’un plan de travail (ex : tous les jeudis de 15h à 16h, c’est « expression orale »). Les élèves s’inscrivent pour cette prise de parole qu’ils et elles préparent en amont et présentent à leurs camarades. Elle peut s’appuyer sur un travail de recherche documentaire (type « exposé »), être le fruit d’un travail de groupe autour d’une thématique vue en classe (mise en scène d’un dialogue, débat, …) ou encore prendre la forme d’une oralisation de texte libre.
    • Objectifs principaux : faciliter la prise de parole en permettant le libre choix du sujet, ne pas la restreindre à un contexte d’évaluation, ne pas la conditionner au thème étudié en classe, la rendre régulière et donc moins impressionnante, développer des compétences transversales d’expression orale.

– A l’écrit : le texte libre en langues vivantes.

Compte-tenu des contraintes organisationnelles, plusieurs fonctionnements sont envisageables.

  • Il peut s’agir une pratique régulière (donc bien intégrée par les élèves) qui revient de façon cyclique et amène à plusieurs publications au cours de l’année. Par exemple, sur un des trois cours de la semaine, consacrer 20min à l’écriture libre / la révision des textes / les lectures / la mise en place de la publication.
  • On peut envisager également une pratique plus ponctuelle mais « condensée » comme un atelier ou un mini-stage : sur une période de 15 jours (par exemple avant des vacances, en transition entre deux séquences), consacrer tous les cours à cette pratique avec plusieurs étapes (rédaction, toilettage et révision, lectures puis publication).
  • Enfin, on peut aussi imaginer une pratique plus régulière mais qui ne reprendrait pas tous les aspects du texte libre, comme par exemple de brefs exercices d’écriture libre intégrés à la séquence en cours, pouvant donner lieu au bout d’un certain temps à la création d’un recueil et à une publication.
  • Objectifs principaux : faciliter le passage à l’écrit en permettant le libre choix du sujet, ne pas le restreindre à un contexte d’évaluation, ne pas le conditionner au thème étudié en classe, la rendre régulière, travailler la grammaire et l’acquisition de lexique, …

2. Développer l’autonomie par le Plan de travail et le Travail individuel ou Autonome

La difficulté de l’organisation en collège et lycée peut complexifier l’usage d’un Plan de Travail : malgré tout, plusieurs expérimentations sont menées par des collègues pour le mettre en place dans le cadre d’un enseignement de langue vivante, à raison de 3h à 1h de cours par semaine (collège ou lycée, LVA ou LVB, séries générales ou technologiques). Voici quelques exemples d’organisation :

  • Les heures de cours « fléchées » ou « colorées » selon les activités proposées.

Voici un exemple de répartition des horaires hebdomadaires en espagnol LVB en 2de :

  • 1h de cours « classique (étude de documents et axes du programme +point de langue)
  • 1h de Travail individuel avec le Plan de travail,
  • 1h ( 1 semaine /2) de présentations orales à partir des travaux réalisés en TI.
  • Le Plan de travail par périodes (ex : sur 3 semaines) : les heures ne sont pas « colorées ». L’élève reçoit en début de séquence un plan de travail proposant différents objectifs, qu’il remplira au fur et à mesure de son avancée personnelle dans la séquence. A chaque séance, plusieurs possibilités d’activités s’offrent à lui. Certaines sont incontournables, d’autres facultatives.
  • Que faire pendant les heures de TI/TA (travail individuel / travail autonome) ? : toutes les activités « typiques » du cours de langue sont envisageables ou presque, et peuvent être planifiées via un plan de travail. Les élèves peuvent pratiquer la Compréhension (écrite via des textes à disposition et des fiches méthodologiques de CE selon leur niveau, ou orale si l’établissement est bien équipé en outils de baladodiffusion), l’Expression (orale dans le cadre d’un travail par binôme, la préparation d’un exposé, l’enregistrement d’un audio, ou écrite via des exercices de rédaction, du texte libre, etc…). Il peut aussi s’agir d’activités de révisions ou entraînement à caractère plus linguistique (type fiches d’exercices de langue en autocorrection).
  • Objectifs du Plan de Travail et du travail individuel / autonome : développer l’autonomie de l’élève, lui permettre un parcours plus individualisé et donc plus respectueux de son rythme d’apprentissage, le rendre acteur ou actrice de sa progression voire de la programmation de ses apprentissages, varier les modalités et les supports de travail, faire une place à l’expression libre, travailler sur l’auto-évaluation, …                                                Le plan de travail en quelques mots : Sur le site de l’ICEM, on trouve la description suivante : « le plan de travail est un outil pédagogique, le plus souvent sous forme d’un document papier, élaboré conjointement par l’enseignant-e et par l’élève, qui permet à ce ou cette dernier-e de planifier son travail. Il permet à l’élève de gagner en autonomie et de se repérer dans les moments de travail individualisé. Il confronte envies, projets et besoins de l’élève, laissant une trace de son parcours d’apprentissage. »                                                 Et en langues vivantes ? Cela soulève plusieurs questions organisationnelles : comment maintenir une certaine avancée collective ? Quel sera le matériel nécessaire pour mettre en place une grande diversité d’organisation et d’activités ? Avoir « sa salle » s’avère plus facile pour mettre en place ce type de dispositifs. A défaut, un établissement bien équipé en outils de baladodiffusion permet aussi plus de flexibilité pour mettre en place ce type de dispositifs.

3. Développer les compétences citoyennes et l’émancipation en langues vivantes

Le développement de compétences citoyennes et la recherche de l’émancipation de l’enfant font partie intégrante des objectifs d’une pédagogique inspirée des idées de Célestin et Élise Freinet. Les cours de langues vivantes peuvent être en ce sens des espaces de développement de cette démarche émancipatrice par la grande liberté de sujets et d’organisation pédagogique qu’ils offrent.

  • Le débat d’idées : les thématiques abordées en langue en collège et lycée sont souvent propices à l’expression de points de vue, la confrontation d’idées (notamment via les Axes au programme au cycle terminal). On peut instaurer des temps de débat ponctuels (type « projets finaux » de séquence préparés tout au long de la séquence) ou récurrents (revenir de façon régulière lorsqu’un sujet évoqué suscite l’intérêt des élèves. Ces débats peuvent également s’inspirer des techniques de discussions à visée démocratique et philosophiques (ou DVDP) développées notamment par Michel Tozzi ou Sylvain Connac. Dans de telles démarches, un des outils d’émancipation est celui des « rôles » ou « métiers » utilisés par Freinet mais aussi en pédagogie institutionnelle, afin de formaliser le débat et donner à chacun des objectifs différents : le/la président/e de séance, un/e secrétaire, un/e bâton de parole, des reformulateur/trices, des expert/es etc… Ces différentes fonctions se retrouvent également dans le Conseil coopératif.
  • Le conseil coopératif : cet outil est souvent utilisé en pédagogie Freinet dans le 1er degré, mais également par des professeur-e-s principales-aux dans le 2nd degré. L’enseignant-e de langues pouvant être parfois également professeur-e principal-e, le travail autour de l’émancipation et de l’autonomie peut passer par la mise en place de Conseils coopératifs (en LV ou non), permettant la régulation et l’organisation de la classe coopérative. Voici la description qu’en propose l’ICEM : « Le conseil traite plusieurs aspects de la classe : les relations, l’avancée du travail, l’organisation matérielle, spatiale et temporelle de la classe, les projets. L’enseignant-e n’est donc plus seul-e à proposer et à décider ». Il permet de discuter le plan de travail, les quoi de neuf : en ce sens, c’est un outil qui complète une démarche de pédagogie alternative inspirée des techniques de Freinet.
  • Objectifs principaux : instaurer et développer l’écoute en classe, apprendre la gestion de la prise de parole, développer des compétences sociales, argumenter, développer son esprit critique, …

Quelques ressources numériques pour explorer la pédagogie Freinet dans le secondaire :

Lettre adressée au ministre sur les injonctions faites aux personnels AED par les chef-fe‑s d’établissement

Monsieur le ministre,

SUD éducation a été alertée par ses adhérent-e-s d’injonctions faites aux personnels  de se rendre dans leur établissement scolaire d’exercice. 

SUD éducation a appris  ainsi que certain-e-s chef-fe-s d’établissements ont demandé à des AED d’être présent-e-s pour effectuer des tâches administratives ou de jardinage, à des personnels contractuels de prendre en charge les enfants des personnels prioritaires, ou à des AESH de prendre en charge les élèves en situation de handicap, ceci, sans que la question du volontariat ne se pose. 

Pourtant, le président Macron a indiqué le mercredi 31 mars que le télétravail devait être la règle pour éviter la propagation du virus. En l’absence de consigne nationale, les personnels sont soumis à l’arbitraire des chef-fe-s d’établissement, et les disparités sont grandes d’un établissement à l’autre. 

SUD éducation vous rappelle que :

 – les personnels doivent être volontaires et leurs tâches circonscrites à l’accueil des élèves des personnels prioritaires. Il n’intervient pas dans les missions des AED de faire du secrétariat, de faire du jardinage,  trier des bulletins ou mettre à jour des PAP. 

– le télétravail est encadré dans la Fonction Publique (Décret 2016-151 modifié par le Décret n° 2020-524) : il se fait à la demande de l’agent·e et l’administration doit fournir les équipements en respectant les normes d’équipement en vigueur. 

La Fédération SUD éducation vous demande de rappeler ces règles aux chef-fe- s d’établissement afin que cessent ces pratiques par lesquelles les personnels  les plus précaires sont inutilement exposés au virus, d’autant que  l’employeur est responsable de la santé et de la sécurité des personnels .  

Veuillez croire, monsieur le ministre de l’éducation nationale,  en notre attachement sincère au service public de l’éducation,