Situation sanitaire : le gouvernement doit prendre des mesures immédiatement ! Communiqué unitaire CGT-FSU-SNALC-SUD

Le lundi 27 décembre, le Premier ministre et le ministre de la Santé et de la solidarité ont détaillé un ensemble de mesures sanitaires, dans le contexte de la nouvelle vague pandémique et de la propagation du variant Omicron. Aucune nouvelle mesure ne concerne spécifiquement les écoles et les établissements scolaires. Alors que l’ensemble de la société est concernée par les mesures, et notamment le monde du travail, notre système scolaire apparaît une nouvelle fois comme un angle mort de la politique sanitaire du gouvernement qui préfère instrumentaliser le débat binaire école ouverte/fermées alors qu’aucune de nos organisations syndicales ne demande leur fermeture : nous exigeons la sécurisation des écoles et établissements scolaires afin qu’ils restent ouverts le plus longtemps possible.

Le protocole mis en œuvre le 29 novembre dans le premier degré, en passant de la règle de la fermeture de la classe dès le premier cas à celle du retour en classe des élèves testés négatifs, a laissé la possibilité à de nombreux élèves porteurs·ses du virus mais asymptomatiques ou en cours d’incubation de continuer à aller en cours, et a pu contribuer ainsi à la circulation du virus. En outre ce protocole engendre pour les personnels une surcharge de travail liée à la gestion du statut sanitaire des élèves, du retour de ces derniers au compte-goutte au gré des résultats de tests. Il est également source d’inégalité entre élèves en particulier selon les capacités des familles à obtenir un test rapidement. Enfin il laisse croire aux parents que les personnels pourront assurer en parallèle leurs cours et la continuité pédagogique, ce qui est impossible. Dans les collèges et les lycées, les dix derniers jours avant les vacances ont vu une augmentation des cas positifs et des cas contacts, preuve que nos établissements du second degré sont aussi touchés par la 5e vague.

Nos organisations sont très inquiètes concernant les conditions de la rentrée prévue le 3 janvier. Dans les conditions prévues, les écoles et établissements seront fortement désorganisés par les absences non remplacées de personnels malades ou cas-contacts, alors même que depuis le début du quinquennat, le ministère n’a rien fait pour renforcer les moyens de remplacement ! Cela mettrait en péril la continuité du service public d’éducation.

Des mesures doivent être prises d’urgence en amont de la rentrée pour protéger les élèves, les personnels et leurs familles. L’État doit dégager une dotation sur fonds propres pour permettre l’acquisition des capteurs de CO2 indispensables, des travaux d’amélioration de la ventilation mécanique et la dotation de purificateurs d’air nécessaires. Des moyens en remplacement doivent être dégagés immédiatement par l’admission des reçu·es sur listes complémentaire. Une politique de tests ambitieuse, massive et régulière, doit être mise en œuvre dès le jour de la rentrée. Cette campagne doit être organisée par les autorités sanitaires compétentes, et notamment les agences régionales de santé, et non par les personnels de l’Éducation nationale dont ce n’est pas la mission.

Le protocole sanitaire doit être revu et renforcé. Une dotation en masques chirurgicaux et masques FFP2 doit être faite pour l’ensemble des personnels et des élèves. Une communication claire doit être faite au plus tôt aux personnels, et notamment aux directeurs et directrices d’écoles, pour que toutes et tous aient le temps de se préparer.

C’est à ces conditions que les écoles et établissements pourront ouvrir et rester ouverts le plus longtemps possible, ce qui a toujours été notre objectif, et ce à quoi ont toujours œuvré les personnels du service public d’éducation.

Les organisations syndicales CGT Éduc’action, FSU, SNALC et SUD éducation se reverront pour faire le bilan rapide de la reprise et des actions engagées par les personnels, qu’elles soutiennent.

Nouveau protocole sanitaire : une raison de plus pour se mobiliser dès la rentrée !

Le ministère vient de publier une mise à jour du protocole sanitaire. La primeur de son contenu avait été réservée à un journal payant, comme le ministre a maintenant l’habitude de le faire, au mépris des personnels et de leurs organisations. Celui-ci décline les annonces faites par le Premier ministre et le ministre de la Santé et des solidarités lors de leur conférence de presse du 27 décembre. Ce protocole aggrave encore une tendance déjà présente : plus il y a de contaminations, moins le protocole est protecteur.

En effet, il n’y a aucune réponse concernant les légitimes revendications des personnels et de leurs organisations, rappelées notamment dans un récent communiqué unitaire SUD éducation – CGT – FSU – SNALC. Rien sur les demi-jauges, rien sur les capteurs de CO2 ni les purificateurs d’air, rien sur le recrutement de personnels pour combler les besoins en remplacement, rien sur la mise en place d’une politique de tests massive et pérenne des personnels et des élèves. Le ministère n’annonce pas non plus l’abandon du protocole mis en œuvre le 29 novembre et qui mettait fin à la règle de fermeture de la classe dès le premier cas positif.

Le ministère, en cohérence avec les consignes gouvernementales par ailleurs, assouplit en réalité le protocole. Si la répartition des élèves en cas d’absence de professeur·e dans le premier degré est impossible, la règle de la fermeture de la classe à partir de 3 cas positifs est abandonnée : plus aucune fermeture automatique de classe n’est dorénavant prévue. Les règles d’isolement des personnels et des élèves sont drastiquement revues à la baisse. Le nombre de jours d’isolement de personnels positifs est réduit à 7 jours maximum, 5 jours si l’on est en mesure de présenter un test négatif et en l’absence de symptômes. Pour les personnels cas-contacts vacciné·es, il n’y a plus aucune mesure d’isolement. Pour ce qui est des élèves, un test négatif le jour du contact avec une personne positive suffit à rester en classe, test qui doit être confirmé le troisième et le cinquième jour, avec à chaque fois un maintien en classe en cas de test négatif.

Cette stratégie de fuite en avant ressemble fortement à une recherche de l’immunité collective au variant omicron par le biais de la levée des mesures qui étaient à même de freiner la circulation de celui-ci, au détriment de la santé de la population. L’objectif assumé du gouvernement est en effet bien de permettre aux entreprises de continuer à fonctionner coûte que coûte, alors même que l’on sait que les hôpitaux ne seront pas en mesure d’absorber le surplus d’hospitalisations que cette stratégie va entraîner. Il s’agit là d’un cynisme révoltant.

Mais au-delà d’envoyer personnels et élèves au casse-pipe, ce nouveau protocole va rendre encore plus difficiles des conditions de travail qui l’étaient déjà largement trop. Dans le premier degré, en particulier, le suivi des tests des élèves cas-contact va être ingérable. La gestion du retour des élèves munis d’un test positif, dans le cadre du protocole mis en œuvre le 29 novembre, était déjà difficile pour les personnels : suivre dorénavant la transmission de trois tests pour chaque élève cas-contact va être infaisable pour les directeurs et directrices d’écoles, sans parler des professeur·es des écoles dont ce n’est dans tous les cas pas la mission. Dans le 2d degré, il en est de même, et ce seront de nouveau les personnels les plus précaires, et notamment les AED, qui vont voir leurs missions s’alourdir.

Dans ces conditions, SUD éducation réaffirme son appel à la mobilisation. SUD éducation appelle les personnels à :

  • se réunir dès demain en AG pour échanger sur les conditions sanitaires et les revendications à porter localement, en fonction de la situation sanitaire dans les départements et la configuration des écoles et établissements ;
  • faire valoir au plus tôt leurs revendications à leurs supérieurs hiérarchiques ;
  • définir des perspectives de mobilisation en cas d’absence de prise en considération de leurs revendications, y compris la grève.

Nous rappelons que SUD éducation a déposé un préavis de grève pour l’ensemble du mois de janvier, portant notamment sur les revendications d’ordre sanitaire. Ce préavis de grève couvre l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale qui souhaiteraient s’en emparer.

SUD éducation se tiendra disponible pour défendre les droits et la santé des personnels et des élèves : n’hésitez pas à nous contacter !

Télécharger le document Nouveau protocole sanitaire : une raison de plus pour se mobiliser dès la rentrée ! (format pdf)

Annulation de la paye anticipée des AED : une nouvelle marque de mépris de l’institution !

Vous êtes AED ? Vous avez dû recevoir un mail de votre secrétariat ce matin annonçant que la paye ne sera pas anticipée pour vous cette année. SUD éducation 35 trouve cela profondément injuste et scandaleux et l’a fait savoir en envoyant ce courrier à l’administration :

Madame, Monsieur,

Notre organisation syndicale est sollicitée depuis ce matin par de nombreux AED du département qui ont eu la mauvaise surprise de recevoir un mail de l’administration concernant le versement de leur paye en décembre.

En effet, comme vous le savez, traditionnellement la paye est versée de façon anticipée au mois de décembre pour tous les personnels. Mais cette année, les plus précaires d’entre eux et elles ne seront pas concerné·es par ce versement anticipé.

Les AED sont en colère de ce mépris une nouvelle fois affiché à leur égard et à raison. Tout d’abord par le fait qu’ils et elles soient notifié·es à la dernière minute quelques jours avant la fermeture des établissements et la date de versement prévu.

Ensuite, car ce changement ne concerne a priori que les AED et non les personnels titulaires qui seront bien payés de façon anticipée comme tous les ans. Cette différence de traitement entre les personnels est en soit injuste et elle l’est d’autant plus qu’elle frappe les plus précaires d’entre nous qui en ont justement le plus besoin. Devons-nous rappeler la précarité grandissante à laquelle est exposée la jeunesse étudiante, qui – faut-il le rappeler – constitue la base de recrutement des AED ? Est-il besoin de joindre à ce mail les photos des files d’attente aux distributions alimentaires organisées à l’Université Rennes 2 ?

Beaucoup d’assistant·es d’éducation comptaient sur cette paye anticipée qui existe depuis des années : pour prendre leurs billets de train et rejoindre leur famille pour les fêtes, ou encore acheter leurs présents. Nous comprenons alors aisément leur désarroi de ce matin face à cette nouvelle de dernière minute.

Enfin, dernière marque de mépris, ce changement ne s’accompagne d’aucune autre forme d’explication. Qu’est-ce qui justifie ce changement soudain ? Un budget mal géré ou un obscur problème de logiciel que nous ne sommes en mesure de comprendre ? Les personnels AED ne seraient-ils même pas dignes de recevoir une explication ?

Faut-il rappeler à l’administration les multiples grèves des vies scolaires qui ont marqué les dernières années pour que leur travail soit enfin reconnu à sa juste valeur, par un statut mais aussi et surtout, par un salaire juste et digne.

Une telle injustice si elle perdurait pourrait, à juste titre, aboutir à une nouvelle mobilisation des AED visant à se voir restaurer dans leurs droits à traitement égal. Notre syndicat s’y associerait alors pleinement et mettrait ses moyens humains et financiers à la dispositions des AED qui souhaiteraient agir comme certain·es nous l’ont déjà clairement annoncé depuis ce matin.

Dans un contexte de fin d’année traditionnellement compliqué, marqué par l’épuisement des personnels et cumulé à une recrudescence épidémique, peut-on croire que les établissements pourraient se passer des AED sur cette dernière semaine ?

Comptant sur le fait qu’il n’est pas trop tard pour corriger cette mise en difficulté dans les conditions d’existence de nombreux-ses AED, doublée d’une injustice flagrante, qui ne sauraient être dignes d’un employeur public,

Nous vous prions de croire en notre engagement sincère pour le service public d’éducation.

SUD éducation 35

Les vies scolaires qui souhaitent se mobiliser et se mettre en grève ne doivent pas hésiter à nous contacter en nous écrivant à syndicat@sudeducation35.fr.  Notre syndicat vous accompagnera par tous les moyens dont il dispose.

Discours de Blanquer : toujours, le déni de réalité – Communiqué de SUD éducation

Ce jeudi 25 novembre, le gouvernement a présenté en conférence de presse la situation sanitaire et le développement de la cinquième vague épidémique. De nouveau, le ministre Blanquer a minimisé la situation en prétendant contre toute évidence que les établissements scolaires étaient davantage épargnés par cette cinquième vague que les autres secteurs de la société du fait d’un meilleur respect des gestes barrière et d’une couverture vaccinale importante.

La seule nouvelle mesure annoncée concerne un assouplissement de l’existant dans le premier degré, avec une nouvelle règle : en cas de cas positif détecté dans une classe, il n’y aura pas de fermeture de la classe, mais éviction des élèves en attendant qu’ils puissent présenter un test négatif. L’absence de précision apportée sur la nature des tests et les modalités de déclaration de leurs résultats par les parents montre que le risque est important qu’il s’agisse d’une nouvelle usine à gaz.

Disons-le tout net : le ministre ne prend une nouvelle fois pas la mesure de la situation et continue dans la politique du déni. SUD éducation avait dénoncé dès cet été l’absence de critère objectif de classement dans l’une ou l’autre des catégories dans le protocole sanitaire. Le fait que Blanquer ait annoncé le maintien, malgré le contexte actuel, de l’ensemble de l’Éducation nationale dans la catégorie 2 montre que ce classement relève en réalité d’un choix politique et non de critères scientifiques objectifs.

Nos revendications restent inchangées. Pour faire face de manière durable à la crise sanitaire, la seule solution pérenne est de recruter massivement des personnels afin de faire baisser de manière durable le nombre d’élèves présent·e·s simultanément dans les classes, les écoles et les établissements. Au-delà des personnels enseignants, il est également urgent de recruter des personnels AESH, AED, infirmier·es et assistant·es de service social. C’est pour cela que, depuis le printemps 2020, SUD éducation revendique un plan d’urgence pour l’éducation. Dans l’immédiat, il est urgent de fournir des capteurs de CO2 et des purificateurs d’air dans le cadre d’une dotation d’État, et non de renvoyer leur acquisition aux collectivités.

SUD éducation se prononce contre le passe sanitaire, et pour la levée de l’obligation vaccinale pour les personnels concernés. Néanmoins, la campagne de vaccination doit être rendue possible de manière massive par la mise en place au plus près des personnels et des élèves, dans les écoles, les établissements ou à proximité, de centres de vaccination pris en charge par l’Éducation nationale. La vaccination sur temps de travail doit pouvoir être effective, par des autorisations d’absence de droit sans difficulté faite par la hiérarchie, telle que le prévoit la réglementation.

Encore une fois, l’inaction du ministre est patente : SUD éducation appelle les personnels à se réunir localement et à définir leurs revendications, et demande à ce que les CHS d’établissements, des CSHCT départementaux et académiques soient réunis au plus vite pour définir les modalités à mettre en oeuvre pour faire face à la cinquième vague.

L’extrême droite de Le Pen à Zemmour est un danger pour l’école, pour les personnels et pour les élèves !

Une progression alarmante de l’extrême droite

À l’approche des élections présidentielles, l’extrême droite est quasi omniprésente dans les médias : Zemmour et Le Pen imposent les termes du débat public.
D’une part, l’extrême droite impose sa vision du monde qui repose sur la peur et la haine de l’autre : les personnes immigrées, musulmanes, juives ou LGBTI… et l’exaltation d’une “nation française” entendue comme excluante.
D’autre part, la progression de l’extrême droite et la diffusion de ses idées réactionnaires dans la société encouragent l’action des groupes d’ultra-droite violents : depuis 2017, neuf attentats terroristes, dont trois depuis août 2021, ont été déjoués et leur menace est grandissante. Ces groupes violents appellent à s’en prendre à des lieux de culte (mosquées et synagogues), à des lieux qu’ils associent à l’immigration, ou à des lieux « de gauche », des personnalités politiques ou encore dernièrement des centres de vaccination.
20 ans après les manifestations anti-Le Pen, les candidat·es d’extrême droite se sont hissé·es en haut des sondages d’opinion. SUD éducation décrypte leur programme pour l’école.

L’école doit être un rempart social contre l’extrême droite

Du temps du FN de Jean-Marie Le Pen, le discours de l’extrême droite sur l’école se concentrait sur la défense d’une école privée largement confessionnelle. Depuis, avec la tentative de dédiabolisation engagée par Marine Le Pen, le Rassemblement national a essayé de s’implanter via le Collectif Racine dans l’Éducation nationale, heureusement sans succès. Le collectif Racine créé en 2013 a pour objectif de diffuser sa vision décliniste de l’école auprès des personnels. Pour ce collectif dont la plupart des membres soutiennent actuellement Zemmour, l’école est en “péril” du fait de l’esprit de mai 68 et des théories pédagogiques : c’est bien mal connaître les difficultés des personnels dans l’école actuelle !
L’Éducation nationale, c’est plus d’un million de personnels. Il est vital de ne pas fléchir face aux discours de l’extrême droite et de continuer à convaincre nos collègues que l’extrême droite consiste un danger colossal pour l’école, pour ses personnels et ses élèves mais aussi pour la démocratie sociale en général. Les programmes du RN et de Zemmour pour l’école poursuivent deux objectifs :
→ accentuer la ségrégation sociale en instaurant un service public d’éducation au rabais, ce qui a pour objectif d’organiser la fuite vers l’enseignement privé pour les élèves des classes supérieures,
→ instrumentaliser le service public d’éducation pour diffuser une idéologie réactionnaire.

L’extrême droite soutient la politique de Blanquer

Depuis l’investiture du ministre Blanquer, le Collectif Racine n’a rien écrit des politiques de casse du service public d’éducation orchestrées par celui-ci : rien sur les suppressions de postes, rien sur les réformes des lycées qui ont pourtant dégradé les conditions de travail des personnels, ni sur Parcours sup’ qui opère une sélection sociale inacceptable !
L’extrême droite de Le Pen à Zemmour est satisfaite de l’action du ministre Blanquer et se félicite :
– de la priorité au développement de l’école privée, largement confessionnel : la plus forte augmentation de budget pour la rentrée 2022 concerne l’enseignement privé et l’obligation de scolarisation à partir de 3 ans oblige l’État à financer le développement des écoles privées,
– des attaques contres la liberté pédagogique des enseignant·es afin d’uniformiser les pratiques,
– de l’aggravation de la sélection sociale et la mise en concurrence des élèves via les réformes des lycées et Parcours sup’,
– de la liquidation de l’éducation prioritaire via une baisse drastique de moyens pour les établissements qui accueillent les élèves les plus défavorisés,
– de l’absence de véritable politique de prévention et de lutte contre les discriminations,
– du dévoiement de la laïcité pour diffuser des idées islamophobes.

Zemmour et Le Pen veulent une école qui consacre les inégalités et les discriminations

Lorsque l’on observe les propositions du Rassemblement national ou de Zemmour pour l’école, on remarque qu’il n’y a pas de remise en cause de la politique actuelle de Blanquer. Bien au contraire, l’extrême droite propose des mesures encore plus rétrogrades, dangereuses et inégalitaires.

→ L’extrême droite ne parle pas des vraies difficultés de l’école

Dans son programme, le RN ne parle jamais des difficultés des personnels de l’Éducation nationale : du bâti délabré, des injonctions permanentes de la hiérarchie, du manque de moyens et de formations pour les personnels, du manque de personnels médico-sociaux et AESH…. Au contraire, l’école n’apparaît dans le programme du RN, que pour appuyer un discours xénophobe sur l’insécurité. Sur les 18 brochures programmatiques du RN, aucune ne concerne l’école ! Même constat chez Zemmour, pour qui le thème de l’école rime avec “théorie du genre”, “immigration”, “effondrement du niveau” mais jamais avec “manque de moyens”, “classes surchargées”, “organisation pathogène du travail”, “manque de reconnaissance pour les personnels” : cette instrumentalisation de l’école par l’extrême droite est insupportable.
→ L’extrême droite instrumentalise le discours républicain pour diffuser ces idées inégalitaires
Le programme du RN diabolise les “banlieues” et crée un récit fantasmé de celles-ci. Le RN dit vouloir y rétablir “sans concession de l’ordre républicain” qui se décline dans son Plan Banlieue en trois mots : “discipline”, “sécurité” et “répression”. Au contraire, SUD éducation et l’ensemble des organisations progressistes revendiquent le rétablissement des services publics dans les quartiers populaires avec un financement à la hauteur des besoins afin de garantir l’accès de tou·tes aux droits constitutionnels : le droit à l’éducation, à la santé, au logement… Les services publics et les droits sociaux sont le fondement d’une société qui garantit l’égalité de traitement entre tou·tes.
La traduction dans le secteur de l’école de ce dévoiement du discours républicain s’incarne dans “l’action 19” du “Plan banlieue” du RN qui consiste à “Développer les internats d’excellence et y instaurer la priorité nationale”.
L’action du RN consiste donc à développer un dispositif dont les personnels sur le terrain ont déjà éprouvé l’inefficacité et les résultats décevants, en y ajoutant une mesure profondément raciste. Ici le RN montre son vrai visage : celui d’un parti qui discrimine les enfants et détruit le vivre-ensemble en imposant un régime d’inégalités en fonction de la nationalité. C’est l’extension d’un régime de préférence nationale aux élèves qui est proposée par le RN. Cette proposition va à l’encontre de notre projet d’une école ouverte à tou·tes !

L’urgence pour l’éducation prioritaire n’est pas de développer les dispositifs d’excellence mais bien d’élever la qualité du service public d’éducation qui est largement dégradé dans les quartiers populaires du fait du manque de moyens.

→ Nostalgie du retour à l’école de la IIIe République : inégalités et autoritarisme au programme

La prose de Le Pen et celle de Zemmour mettent au jour une vision autoritaire de l’école. La première mesure du RN pour l’école est d’instaurer un uniforme ou une blouse à l’école et au collège pour les élèves. A nouveau, le RN ne propose que des mesures “de vitrine”, passéistes et rétrogrades, qui ne permettront pas d’améliorer les conditions d’étude des élèves. Le retour à l’uniforme fait partie d’une vieille rengaine de l’extrême droite nostalgique de l’école de la IIIe République.
Or il faut rappeler que l’école de la IIIe République était une école profondément inégalitaire qui organisait une ségrégation et une hiérarchie sociale accrue. L’école de la IIIe République opérait une sélection forte puisque les enfants du peuple n’avaient pas accès aux mêmes écoles que les enfants des classes supérieures. C’était également une école des inégalités entre les filles et les garçons. Sans compter que cet école soutenait et diffusait le discours colonial de l’impérialisme français.
Le collectif Racine va plus loin dans la nostalgie de cette école du passé en proposant, comme Zemmour, la suppression du “collège unique” afin d’orienter vers la voie professionnelle les élèves dès la fin de la sixième pour commencer au plus tôt l’apprentissage.
Zemmour en appelle sur le site de son mouvement “Génération Z” à “une école sélective et méritocratique”. Son modèle est explicite : il faut, pour Zemmour, sélectionner les élites prioritairement parmi les enfants des élites. Pour lui, la sous-représentation des enfants d’ouvrier·es et d’employé·es dans l’enseignement supérieur et en particulier dans les filières les plus sélectives, s’explique par leur manque de “mérite”, contrairement aux enfants des classes les plus favorisées qui sont eux sur-représentés dans l’enseignement supérieur et en particulier dans les grandes écoles. Ainsi Zemmour tend à confond le mérite et la naissance. Au contraire, le rôle d’une démocratie sociale est de donner davantage à celles et ceux qui, par les conditions sociales dans lesquelles ils et elles vivent, ont moins de chances de poursuivre les études de leur choix.
La fin du collège unique incarne la politique ségrégative de l’extrême droite dont l’objectif est d’orienter le plus tôt possible les enfants des classes populaires vers un métier nécessitant peu de qualifications scolaires en brimant leur accès à une culture commune dispensée dans les enseignements généraux. Au contraire, la question pour SUD éducation est celle de rendre le service public d’éducation plus accessible aux élèves qui ont des difficultés scolaires et sociales plus importantes, et surtout pas de les exclure de l’école comme le propose l’extrême droite. La scolarité unique via “le collège unique” est un progrès social que le manque de moyens (les classes surchargées, l’absence de fléchage d’heures pour financer les options…) met en danger.
De même, selon les brochures du RN, le retour de l’uniforme permettrait d’imposer “l’unité nationale” dans “les quartiers”. Les personnels de l’Éducation nationale savent que le RN pose les mauvaises questions avec son obsession du nationalisme et qu’imposer un vêtement ne constitue pas une solution aux défaillances des missions régaliennes de l’État dans les quartiers populaires.
Néanmoins, les mesures autoritaires du RN ne concernent pas uniquement les élèves, mais également les personnels. L’une des mesures énoncées par le RN pour l’école concerne le lancement d’un “plan de contrôle des enseignements” afin que “les enfants aient bien accès à un enseignement conforme à nos valeurs”. Le RN prône une instrumentalisation de l’école au service de son idéologie. Les valeurs du RN ne sont pas celles de l’école ni de ses personnels. Il est à craindre des fortes restrictions contre la liberté pédagogique des enseignant·es si l’extrême droite arrivait au pouvoir.
Les attaques contre les personnels ne s’arrêtent pas là car Zemmour attribue la soi-disant et très controversée “baisse du niveau de l’école” aux méthodes pédagogiques des enseignant·es qui ne pratiquent pas selon lui suffisamment le “modèle d’antan”, c’est-à-dire “les méthodes traditionnelles d’acquisition des savoirs, le « par cœur », la leçon magistrale, l’autorité du maître.” : les enseignant·es sont pourtant les mieux placé·es pour évaluer les difficultés de leurs élèves et mettre en œuvre des méthodes pédagogiques adaptées, même si celles-ci ne plaisent pas au polémiste d’extrême droite.
SUD éducation s’oppose à cette conception rétrograde de l’enseignement et défend la diffusion des pédagogies émancipatrices.

→ L’extrême droite défend une conception nationaliste, sexiste et xénophobe de l’école

Pour l’extrême droite, de Zemmour à Le Pen, il faut mettre davantage en avant l’enseignement du français et de l’histoire, considéré comme “des fondamentaux”. Cette obsession montre bien la méconnaissance du secteur de l’éducation par l’extrême droite, ainsi que sa volonté d’instrumentaliser l’école au service de son idéologie. Par ailleurs, on peut facilement déduire que cette proposition s’applique prioritairement aux élèves issus des classes populaires qui étudient au sein de l’école public, les élèves issus des classes supérieurs auront eux toujours accès à une formation plus complète et plus riche grâce à toutes les officines privées de cours particuliers, de cours du soir ainsi qu’au sein de l’école privée.
Le programme du RN au sujet du contenu des enseignements s’attache principalement à renforcer le volume horaire des cours d’histoire et de français dans une visée exclusivement nationaliste : il s’agit de “mettre en place un Roman national qui redonne des repères historiques, identitaires et culturels uniques à tous les petits Français” selon les mots du RN. On voit bien à quel point l’enseignement est instrumentalisé par l’extrême droite. Pour l’extrême droite, l’exaltation de la nation, c’est avant tout l’exclusion et la domination pour tou·tes celles et ceux qui n’entrent pas dans ce “roman national” homogène et unique. Au contraire, à l’école, on apprend aussi le vivre-ensemble et la tolérance. Le RN œuvre pour rendre invisibles les différences et uniformiser la population autour du fantasme de la nation française.
C’est pourquoi le RN propose deux mesures visant à discriminer les populations qu’il ne juge pas conformes à son idéologie nationaliste.
D’abord, le RN revendique la suppression des enseignement des langue et de culture d’origine (ELCO) : cette mesure est une mesure purement xénophobe qui a pour but de discriminer les personnes immigrées en les contraignant à couper les liens linguistiques qu’elles pouvaient conserver avec leur pays d’origine.
De plus, le RN vise spécifiquement les élèves de confession musulmane en revendiquant l’interdiction des repas de substitution dans les cantines. Pourtant les repas de substitution ne dérogent pas aux exigences de neutralité du service public. Le Conseil d’État a rendu une décision en ce sens le 11 Décembre 2020 en indiquant que : « la laïcité n’est ni le reniement ni le cantonnement des religions. Elle est la condition du respect des choix personnels dans une société ouverte où histoire et patrimoine ont été souvent forgés par les grandes traditions spirituelles ou religieuses.
La laïcité de l’État implique donc une neutralité des services publics à l’égard de toutes les croyances ou pratiques religieuses ». Avec sa proposition d’interdiction des repas de substitution, le RN continue de dévoyer l’idée de laïcité à des fins islamophobes et antisémites.
Sur le site de Génération Z, on peut lire un résumé très explicite du programme de Zemmour pour l’école puisqu’il est écrit qu’“Éric Zemmour estime que l’idéologie progressiste occupe une place trop importante dans les programmes scolaires de l’enseignement secondaire”, c’est pourquoi Zemmour défend un programme composé des pires régressions sociales pour l’école : il dénonce la place des femmes dans les programmes d’histoire et de tous les enseignements qui permettraient de lutter contre les discriminations et de sensibiliser les élèves aux enjeux de la crise climatique.
En octobre 2021, suite à la sortie de la circulaire concernant l’accueil des élèves trans en milieu scolaire, il disait vouloir interdire leur interdire l’accès à l’école : Zemmour défend le règne de l’intolérance et de la maltraitance.
Zemmour se fait ainsi la voix des groupes d’ultradroite, des suprémacistes blancs, des antisémites mais aussi des militant·es de la Manif pour tous qui le soutiennent activement.

Les personnels de l’Éducation doivent être un rempart contre l’extrême droite

L’extrême droite instrumentalise le discours républicain et la laïcité afin de véhiculer des idées contraires aux valeurs démocratiques de la République. Chacune des propositions du RN ou de Zemmour sur l’école a une visée raciste, islamophobe, nationaliste, autoritaire ou rétrograde.
Les personnels de l’Éducation nationale œuvrent chaque jour à construire une école émancipatrice pour les élèves mais aussi à construire la société de demain en sensibilisant les élèves à la lutte contre les discriminations, aux enjeux environnementaux mais aussi aux idéaux de justice sociale. Ces aspirations des personnels sont incompatibles avec le discours de l’extrême droite, qu’il soit celui de Marine Le Pen, d’Eric Zemmour ou d’autres colporteurs de haine.
SUD éducation porte cette démarche dans un cadre unitaire, notamment à travers la publication récente d’une tribune dans le quotidien Libération appelant les personnels à faire front contre l’extrême droite et ses idées.
Les personnels subissent depuis 5 ans l’action désastreuse d’un ministre autoritaire et ultra-libéral. L’extrême droite au pouvoir ne remettra pas en cause la politique de Blanquer : elle ne fera que l’accentuer en réprimant, en discriminant davantage jusqu’à mettre en danger la démocratie elle-même.

Personnels de l’éducation, nous devons rester toutes et tous uni⋅es contre l’extrême droite ! – Tribune intersyndicale SUD-CGT-FSU-UNSA

En 2017, lors de la dernière élection présidentielle, moins de 5% des enseignant·es et des personnels de l’éducation ont voté pour Marine Le Pen. Le monde de l’éducation a jusqu’alors résisté à la percée de l’extrême-droite de ces dernières décennies. Depuis 2017, les médias montent en épingle des enseignant·es engagé·es auprès de Marine Le Pen ou aujourd’hui d’Éric Zemmour. Or on constate qu’il s’agit, et heureusement, d’un phénomène très marginal.

Comment l’expliquer ? En tant que syndicalistes nous avons une connaissance privilégiée de l’institution et de ses personnels. Nous sommes convaincu·es que cette résistance aux idées d’extrême-droite est bel et bien indissociable des aspirations qui président aux métiers de l’éducation.

Et pour cause : être un·e professionnel·le de l’éducation, c’est faire sien l’héritage des Lumières, de la Révolution française, des conquêtes républicaines, contre l’obscurantisme et la pensée rétrograde. C’est porter l’histoire de la construction d’une école émancipatrice, des grandes batailles pour la laïcité et contre la mainmise des églises sur l’enseignement, pour l’extension et la défense du service public.

Être un·e professionnel·le de l’éducation, c’est avoir la conviction que chaque élève a sa place dans notre société. C’est donc œuvrer au quotidien pour la tolérance et, à l’échelle de sa classe, de son établissement, pour que les préjugés antisémites, racistes, LGBTIphobes et sexistes ainsi que toutes les formes de discriminations reculent. C’est d’ailleurs ce qu’exigent de nous les programmes scolaires !

Enfin, être un·e professionnel·le de l’éducation, c’est assumer la ferme conviction que notre objectif est bien de former des citoyen·nes éclairé·es, et que la pédagogie, la bienveillance, la construction de la confiance avec les élèves et les familles, l’innovation ne sont pas des gros mots mais bien les leviers d’une école qui permette à toutes et tous de réussir.

Or, l’extrême droite représente l’inverse de tout cela. Elle incarne le courant politique issu en droite ligne de l’opposition à la République et à ses valeurs, depuis la Révolution jusqu’à la guerre d’Algérie, en passant par le régime de Vichy. Les récentes interventions de certain·es de ses représentant·es les plus médiatiques le confirment, même si plusieurs années de tentative de “dédiabolisation” ont pu le faire oublier. Elle représente le courant le plus hostile au syndicalisme, à la démocratie sociale, aux acquis du mouvement ouvrier.

Elle est hostile à l’immigration, au féminisme, aux droits des personnes LGBTQIA+ : dans le champ de l’éducation, elle s’est illustrée ces dernières années par son opposition à toutes les politiques visant à promouvoir l’égalité. Plus généralement, on ne compte plus le nombre de personnalités d’extrême-droite condamnées par la justice pour provocation à la haine raciale.

Enfin, elle est vent debout contre ce qu’elle appelle le “pédagogisme”, revendique un retour à l’école de l’estrade et des punitions, porte dans la société une vision décliniste et rétrograde de l’école, dans laquelle les enseignant·es seraient au fond les idiot·es utiles d’une menace sourde sur le destin de la France. Elle porte la lourde responsabilité de la désignation des enseignant·es comme bouc-émissaire des colères identitaires.

L’extrême-droite ne condamne jamais l’insuffisance des moyens attribués à l’éducation. Jamais l’extrême-droite ne parle des vraies difficultés des personnels qui ont vu leurs conditions de travail se dégrader. Jamais l’extrême droite ne porte un regard critique sur les inégalités scolaires et sociales des élèves qui n’ont cessé de se renforcer.

Au contraire elle instrumentalise les craintes pour dénigrer l’école et ses personnels ou pour imposer des mesures de préférence nationale au sein du service d’éducation. Elle fait de l’école un prétexte pour imposer sa vision xénophobe et sécuritaire de la société.

Il n’est pas difficile d’imaginer ce que deviendrait l’école si l’extrême droite prenait les rênes du pouvoir. Nous en avons déjà une illustration dans les municipalités tenues par l’extrême droite avec des mesures anti-sociales telle que la fin de la gratuité de la cantine ou des transports pour les enfants des familles démunies, ou encore des entraves dans l’accès aux activités périscolaires.

Pour nous, responsables syndicaux·ales de plusieurs organisations de l’Éducation nationale, les personnels ont un rôle à jouer, particulièrement en cette période de campagne pré-électorale. Nous appelons donc solennellement les personnels de l’Éducation nationale à faire front contre la montée de l’extrême droite et ses idées, sur nos lieux de travail comme dans le débat public.

Frédéric Marchand, Secrétaire général de l’UNSA EducationBenoît Teste, secrétaire général de la FSUMaud Valegeas, Co-secrétaire fédérale de SUD éducationIsabelle Vuillet, Co-secrétaire générale de la CGT Educ’action

Laïcité : reprenons l’offensive ! – 4 pages et affiche de SUD éducation

Pour l’arrêt du financement et la nationalisation de l’enseignement privé !

Contre les récupérations politiques racistes et  islamophobes !

Pour le respect plein et entier de la loi de 1905 !

Vous trouverez dans cet article un 4 pages et une affiche produits par SUD éducation.

Les conquêtes laïques sont les nôtres !

La laïcité est un principe pour lequel se sont battues des générations de militant·es du progrès social. Les lois laïques de la IIIe République, sont le résultat d’un compromis : entre celles et ceux qui voulaient avant tout une offensive contre le cléricalisme et la religion, et celles et ceux qui souhaitaient préserver les institutions de l’influence de la religion. Le résultat en fut la notamment la loi de 1905, qui instaure la séparation des Églises et de l’État, et garantit à toutes et tous la liberté de croire ou de ne pas croire. Il s’agit d’un acquis fondamental de la construction de l’école publique. Ce principe a été précisé à plusieurs reprises, notamment par la loi de 2004, stipulant que « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit ». Précisons qu’encore aujourd’hui, la loi de 1905 n’est pas appliquée partout, et notamment en Alsace-Moselle, qui n’étaient pas sur le territoire français au moment de son adoption, ni dans certains territoires ultra-marins issus de la colonisation.  SUD éducation réclame l’extension de la loi de 1905 à l’ensemble des territoires qui n’en bénéficient pas.

C’est notre camp social qui s’est battu pour la laïcité, pas celui de ce gouvernement au service des capitalistes. Pour SUD éducation, la loi de 1905 doit être défendue pleinement et entièrement. C’est bien l’État et les institutions qui doivent être défendues contre l’intrusion de la religion, et non les individus. Les conquêtes laïques sont les nôtres , elles n’appartiennent pas aux réactionnaires !

SUD éducation revendique toujours l’abrogation du concordat en Alsace-Lorraine et l’application des lois laïques sur l’ensemble du territoire.

SUD éducation se prononce toujours fermement : 

   -contre l’interdiction faite aux mères portant un signe religieux d’accompagner des sorties scolaires

   -contre l’extension de la loi de 2004 à l’université

Combattre le retour du catholicisme d’État

Mise en avant de son éducation chez les Jésuites, admiration pour Paul Ricoeur… Macron avait bien mis en scène pendant sa campagne son inscription dans la foi chrétienne. Depuis, son pélerinage à Lourdes et sa visite auprès du pape montrent qu’au plus haut sommet de l’État, le principe de séparation avec l’Église catholique n’est pas sans ambivalence. Plus récemment, plusieurs événements sont venus confirmer cette alliance de fait du gouvernement avec l’Église catholique. D’une part, le refus de Darmanin de condamner le président de la Conférence des évêques de France suite à ses déclarations sur le fait que le «secret de la confession» concernant les violences sexuelles envers les enfants était supérieur aux lois de la République. D’autre part, la visite du premier ministre auprès du pape, le 18 octobre, se soldait par un tweet dans lequel il évoquait «le lien millénaire, au point d’être qualifié de filial, avec l’Église catholique».   

Son ministre de l’Éducation n’est pas en reste. Il cherche absolument à se donner une image de grand laïc, mais en réalité ses liens avec les milieux catholiques conservateurs sont connus, à commencer par SOS éducation, association qui s’était illustrée, dans la continuité de la Manif pour Tous, dans sa lutte contre les ABCD de l’égalité (un outil pédagogique dont le but est de lutter contre les stéréotypes filles-garçons et d’éduquer à l’égalité et au respect entre hommes et femmes). Jean-Michel Blanquer s’est aussi illustré par le soutien qu’il a apporté à la Fondation pour l’école et Espérance banlieues, dirigées par des proches de la mouvance catholique intégriste. Toujours au sein de son ministère, la secrétaire d’État Nathalie Elimas était également partisane de la Manif pour Tous. La laïcité, pour le gouvernement, est moins importante que la valorisation de l’identité chrétienne de la France. Plus que jamais, il est nécessaire de réaffirmer le principe de séparation des Églises et de l’État.

Reprendre l’offensive pour la laïcité, c’est commencer par dénoncer ces compromissions. Car il ne faut pas se leurrer : le gouvernement ne défend pas la laïcité, il défend l’alliance historique des capitalistes avec le catholicisme, pour mieux chasser sur les terres de l’extrême droite en cette période d’élections présidentielles. 

Ne laissons pas Blanquer faire de la laïcité un outil de stigmatisation et de répression !

La conception qu’a Blanquer de la laïcité se résume en deux points :

-D’une part un dévoiement, largement partagé par une large frange de la sphère politique, qui consiste à stigmatiser de manière systématique la population musulmane ou considérée comme telle.

-D’autre part une manipulation qui lui permet de mettre en cause le travail et la probité d’une partie des personnels qui lui sont hostiles, en les accusant de refuser les valeurs de la République, à commencer par la laïcité.

Petite chronologie des propos islamophobes de Blanquer

Septembre 2019 : Blanquer déclare que «le fondamentalisme islamiste dans certains territoires a fait que certaines petites filles vont à l’école le plus tard possible», ce qui a d’ailleurs été contredit par un rapport de la DEPP d’août 2019. Dans la foulée, il condamne une affiche de campagne la FCPE présentant une maman voilée.

Octobre 2019 : Blanquer refuse de dénoncer à l’agression par un élu RN d’une mère voilée accompagnant une sortie au Conseil régional de Franche-Comté. Refusant toute condamnation, il avait expliqué que selon lui «le voile n’est pas souhaitable dans notre société».

Septembre 2021 : Blanquer fait publier une série d’affiche, moquées par toute la profession, intitulées «·c’est ça, la laïcité·». Ces affiches associent phénotypes, prénoms et appartenance religieuse supposée, dans un pur registre colonial. Elle présente l’immigration comme une menace au vivre-ensemble, et la laïcité comme un remède à ces fractures supposées.

Blanquer menace les personnels

Le ministre Blanquer utilise sa vision dévoyée de la laïcité pour mettre en cause toute une partie des personnels de l’éducation. Récemment encore, dans ses déclarations au CNAM, Blanquer a diffamé et menacé les personnels, en disant qu’une partie de ceux-ci ne respectent pas les valeurs de la République, à commencer par la laïcité, et en sous-entendant que certain·es devraient “sortir du métier”, et qu’il pourrait y avoir des mesures sur le plan de la “gestion de la carrière des personnes”.

Ce discours s’inscrit dans la droite lignée du rapport Obin, mis en musique en cette année 2021-2022 dans le cadre du plan de formation des enseignant·es sur la laïcité, et dont l’angle principal, plus que la promotion de la laïcité, est une chasse aux sorcières contres les «islamo-gauchistes» qui gangrèneraient supposément les INSPE et les universités.

Pour SUD éducation, cette chasse aux sorcières doit cesser immédiatement. Les personnels de l’Éducation sont bien les premier·es à défendre au quotidien les valeurs de la République, dont la laïcité, et non les fossoyeurs de l’école publique, comme l’est ce gouvernement.

La lutte pour la nationalisation de l’enseignement privée, une lutte toujours d’actualité

La concurrence entre l’enseignement public et l’enseignement privé est un débat vieux comme l’école publique. Il est en revanche toujours d’actualité ! Dans un grand nombre de départements, la concurrence de l’enseignement privé est tel qu’il n’y a parfois tout simplement pas d’école publique dans la commune. Ailleurs, qui n’a pas connu tel ou tel élève quittant l’école publique pour aller s’inscrire dans l’école privée voisine ? Le dualisme scolaire provoque objectivement une inégalité face à l’éducation, autant que la promotion de l’enseignement religieux.

Et pour cause : l’école privée est, depuis la loi Debré de 1959, largement financée par l’État, qui organise ainsi sa propre mise en concurrence. Le projet de loi Savary de 1984, qui avait déclenché des manifestations importantes en faveur de l’école dite «libre», a fait long feu. Depuis, aucun gouvernement n’a tenté de remettre en question l’existence de ce dualisme scolaire qui met en cause l’égalité de toutes et tous les élèves face à l’éducation.

Pire encore, aujourd’hui, le ministre Blanquer accentue cette politique en faveur de l’enseignement privé. Les lois de finance successives favorisent toujours davantage l’école privée, dont le budget augment plus vite que celui de l’enseignement public. Récemment, plusieurs établissements privés ont pu intégrer les expérimentations en cours liés à la réforme de l’éducation prioritaire.

Pour SUD éducation, il est plus que jamais temps de reprendre le débat sur la fin du dualisme scolaire :

   -en mettant fin au financement public de l’enseignement privé

    -en nationalisant l’enseignement privé, sans indemnité ni rachat, et en tranférant ses personnels dans les corps correspondants de l’enseignement public

L’enseignement privé en quelques chiffres (loi de Finances 2022) : 

Une part importante… 

   -7 996 000 000 €,

   -10,5% du buget de l’enseignement scolaire

…en augmentation : le budget de l’enseignement privé sous contrat augmente plus vite que celui du public    

  •    1er degré public +2,32%
  •    2d degré public de +1,51%
  •    Privé sous contrat +3,21%

Commission permanente : garder le contrôle

De nouvelles dispositions entrent en vigueur sur les compétences des conseils d’administration. Il s’agit, sous couvert d’autonomie des établissements une nouvelle fois pour le ministère d’essayer de faire entrer un cheval de Troie dans les C. A. pour limiter la capacité des élu⋅es à contrôler l’action de l’administration.
Alors que la plupart des conseils d’administrations des lycées se tiendra dès la rentrée, une nouvelle question est soumise aux équipes élues.
L’article R241-22 va s’appliquer dans sa nouvelle rédaction :

Le conseil d’administration se prononce, lors de la première réunion qui suit le renouvellement de ses membres élus, sur la création d’une commission permanente et sur les compétences qu’il décide, en application du dernier alinéa de l’article L. 421-4, de lui déléguer parmi celles mentionnées aux 6°, 7°, 8°, 9°, 10° et 12° de l’article R. 421-20.
Lorsqu’elle a été créée, il peut soumettre à la commission permanente toute question sur laquelle il souhaite recueillir son avis.

Une attaque sur le contrôle de l’administration par les personnels

Cette nouvelle rédaction applicable comporte un effet particulièrement dangereux : le Conseil d’Administration, instance la plus large regroupant les membres de la communauté éducative, peut se voir privée d’un certain nombre de compétences, parmi lesquelles :

  • les règles relatives au dialogue avec les familles (R421-20 6° a et R421-20 7° b) ;
  • le fonctionnement de l’association sportive (R421-20 6° b) ;
  • l’adhésion à un groupement d’associations (R421-20 6° c) ;
  • la plupart des marchés, contrats et conventions passées par l’établissement (R421-20 6° d) ;
  • l’insertion dans le plan de formation d’un Greta (R421-20 6° e) ;
  • les voyages scolaires (R421-20 6° f) ;
  • le programme école-collège (R421-20 6° g) ;
  • les questions d’hygiène, de santé et sécurité, et donc les conditions de travail (R421-20 7° c) ;
  • les actions en justice, recevoir des dons, acheter et vendre des biens (R421-20 9°) ;
  • les actions en matière de harcèlement scolaire (R421-20 12°).

Ces compétences peuvent être déléguées par le premier C. A. de l’année à la commission permanente.

Pour SUD éducation, c’est une ligne rouge : il faut s’opposer à toute délégation de compétence du C. A. vers la commission permanente. Il est nécessaire que l’instance la plus représentative de l’établissement use de l’ensemble de ses prérogatives.

La commission permanente remise en question

Le code de l’Éducation permet désormais de ne pas créer de commission permanente. Selon les établissements, cette situation peut avoir des effets différents.
Dans certains établissements, la hiérarchie peut essayer d’utiliser à son profit la commission permanente pour créer une situation de huis-clos avec des représentant⋅es élu⋅es moins nombreuses et nombreux. Elle essaiera aussi de déléguer un maximum de compétences à la commission permanente. Dans ce cas, il faudra que les équipes soient particulièrement vigilantes dans tous les cas à refuser toute délégation de compétence, et utilisent la commission permanente comme une première réunion où les choix de l’administration seront discutés.

Dans d’autres établissements, la hiérarchie essaiera au contraire de ne pas créer la commission permanente pour se soustraire à ses obligations, par exemple en matière de transmission en amont des documents. Dans ce cas, exiger sa création peut être utile. En effet, le C. A. peut parfaitement demander un avis à la commission permanente : ce peut être un moyen pour les équipes de mener des enquêtes précises sur des montages budgétaires, des conditions de travail dégradées dans une filière, le manque de moyens…

Dans tous les cas, le choix doit demeurer aux représentant⋅es et leur permettre de construire du collectif.

Égalité professionnelle entre les femmes et les hommes à la rentrée 2021 : l’Éducation nationale est très en retard !

Le ministère de l’Éducation nationale est dans l’obligation de décliner l’accord du 30 novembre 2018 relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique. Cet accord prévoit de supprimer les situations d’écarts de rémunération et de déroulement de carrière, de mieux accompagner les situations de grossesse, la parentalité et l’articulation des temps de vie professionnelle et personnelle et de renforcer la prévention et la lutte contre les violences sexuelles, le harcèlement et les agissements sexistes.

Près de 3 ans après la signature de cet accord, on remarque que le ministère de l’Éducation nationale est très en retard dans son application alors même que 73% des personnels de l’Éducation nationale sont des femmes.

Les causes de l’aggravation des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes

La rémunération des agentes de l’Éducation nationale relève d’une grille indiciaire commune aux hommes et aux femmes. Alors d’où viennent ces écarts de salaire?

Les hommes sont sur-représentées dans les postes les mieux rémunérés

83% des professeur·es des écoles sont des femmes mais elles ne représentent que 52% des agrégé·es.

De même, seul·es 36% des recteurs et rectrices d’académie et 29% des DASEN sont des femmes.

Les femmes sont sur-représentées dans les postes les moins bien rémunérés

On compte 129 000 personnels AESH en 2021. Le salaire moyen des AESH est de 750 euros nets par mois. Or le ministre Blanquer refuse de reconnaître leur métier en créant un vrai statut de la Fonction publique pour les AESH avec un temps plein à 24 d’accompagnement par semaine. Rémunéré· es au SMIC, ces personnels subissent les temps incomplets imposés car les conditions d’emploi dans les écoles et dans les établissements scolaires ne permettent pas aux AESH de travailler à temps plein.

La politique du “tout-indemnitaire” et l’augmentation des heures supplémentaires est défavorables aux femmes

Alors que les hommes sont très largement minoritaires chez les professeur· es des écoles, ils sont sur-représentés dans les postes qui donnent accès à des primes et indemnités spécifiques : 17% d’entre eux exercent une fonction de direction et 40% sont conseillers pédagogiques. Ainsi le salaire net des hommes est de 11% plus élevé que celui de leurs collègues femmes, l’écart de primes est de 43% entre les femmes et les hommes

Du côté des certifié·es, on observe un écart de salaire de 8%. Les hommes gagnent plus entre autres raisons car ils effectuent davantage d’heures supplémentaires (+51%) que les femmes et prennent en charge des missions qui donnent droit à des indemnisations et des primes (29% de plus que les femmes). Par ailleurs, les femmes sont sur-représentées chez les personnels qui, du fait de leur temps partiel, ne peuvent se voir imposer d’heures supplémentaires.

La politique de Blanquer de l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires à absorber pour les personnels est donc responsable d’une aggravation des écarts de rémunération entre hommes et femmes.

La sur-représentation des femmes parmi les personnels à temps partiel

Dans la Fonction publique, 23% des femmes fonctionnaires travaillent à temps partiel contre seulement 6% des hommes. Les femmes sont sur-représentées parmi les personnels travaillant à temps partiel car le partage des tâches reste encore aujourd’hui inégal dans la société : 72% des tâches ménagères et 65% des tâches parentales sont effectuées par les femmes. De même, les salaires des femmes étant majoritairement inférieurs à ceux de leurs conjoints, ce sont les femmes qui travaillent à temps partiel ou bénéficient du congé parental.

Mieux accompagner les situations de grossesse, la parentalité et l’articulation des temps de vie professionnelle et personnelle?

On peut interroger l’action du ministère de l’Éducation nationale sur cet axe pourtant important de l’accord de 2018. L’Éducation nationale a fait le choix de ne pas aller plus loin que les dispositions générales à la Fonction publique (pas de jours de carence pour les congés maladie en période de grossesse par exemple).

L’allongement de la durée du congé « paternité » à 28 jours dont 7 jours obligatoires et le passage de dix à seize semaines du congé des familles adoptant un enfant, votés à l’Assemblée nationale, sont de petites avancées pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes mais elles sont largement insuffisantes. Aujourd’hui encore, l’essentiel de la charge liée aux enfants, qu’elle soit mentale, sociale ou professionnelle, repose sur les femmes.

SUD éducation revendique :

  • la suppression du terme congé « paternité » et le remplacement par « congé 2ème parent » , plus inclusif, notamment pour les couples lesbiens.
  • l’obligation d’un congé second parent et son allongement à 9 semaines avec une possibilité de le fractionner.
  • la possibilité d’allongement jusqu’à 16 semaines comme pour le congé maternité.

Une politique de prévention et de traitement des violences sexuelles et sexistes au travail insuffisante : l’omerta doit cesser !

Sur le papier, alors que le ministère affiche des objectifs fondamentaux : mettre en place un dispositif de signalement, de traitement et de suivi des actes de violences sexistes et sexuelles auprès des services de l’Éducation nationale, former les publics prioritaires à la prévention et à la lutte contre les discrimination, les actes de violence, de harcèlement moral ou sexuel et les agissements sexistes et accompagner les agent·es victimes de violence.

La théorie :

Dans le plan national d’action pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes 2021-2023, L’Axe 5 intitulé “Prévenir et traiter les discriminations, les actes de violences (dont les violences sexistes et sexuelles), de harcèlement moral ou sexuel ainsi que les agissements sexistes” traite ce sujet en mesures :

La mesure 1 rappelle que “la lutte contre les discriminations, les actes de violences, de harcèlement moral ou sexuel ainsi que les agissements sexistes,” est “ une thématique obligatoire du plan national pour l’égalité professionnelle des MENJS et MESRI et de ses déclinaisons dans les académies et dans les établissements”. Cette obligation s’appuie sur loi TFP du 6 août 2019 et sur le décret du 4 mai 2020.

La mesure 2 évoque la mise en “place un dispositif de signalement, de traitement et de suivi des actes de violences, discriminations, harcèlement moral ou sexuel, agissements sexistes auprès des services centraux, déconcentrés et des opérateurs” qui se réduit à un numéro de téléphone et une adresse mail.

La mesure 3 évoque la formation des “publics prioritaires à la prévention et à la lutte contre les discriminations, les actes de violences, de harcèlement moral ou sexuel et les agissements sexistes”

La mesure 4 évoque l’accompagnement des “agents victimes de violences”

Cet accompagnement peut mobiliser plusieurs leviers :

la médecine de prévention ;

les services sociaux du personnel ;

les services d’action sociale : aide au logement, aide financière, etc. ;

les services RH pour faire cesser les faits en prenant toutes mesures conservatoires (protection de la victime et neutralité de l’enquête administrative) ou pour des mesures de gestion, notamment dans le cadre des demandes de mobilité qui pourront être traitées hors barème pour le MENJS et hors campagnes de mobilité. À l’inverse, il importe de ne pas déplacer systématiquement la victime, sauf volonté contraire de l’intéressé(e) ;

les services RH et/ou juridiques pour faciliter l’octroi de la protection fonctionnelle. Par ailleurs, toute personne ayant qualité de témoin cité dans le cadre d’une procédure disciplinaire et qui s’estime victime notamment de violences sexistes ou sexuelles et/ou de discriminations de la part du fonctionnaire convoqué devant l’instance disciplinaire, peut demander à être assisté, devant cette même instance, d’une tierce personne de son choix ;

les acteurs et dispositifs de soutien psychologique internes ou externes (MGEN, etc.).”

La mesure 5 traite de “Responsabiliser les employeurs dans la conduite de l’action disciplinaire”

Les MENJS et MESRI mettent en oeuvre une politique disciplinaire ferme à l’encontre des auteurs de discriminations, actes de violences, de harcèlement moral ou sexuel et d’agissements sexistes. Cette politique doit être visible, assumée et garantir la mise en œuvre du principe de « tolérance zéro ». Elle implique de mobiliser l’ensemble des dispositifs juridiques relatifs à la sanction de ces actes. Dès lors, doivent être mises en œuvre sans délai, comme le rappelle la circulaire du 9 mars 201828, tant les procédures répressives prévues par le Code pénal que les procédures disciplinaires prévues par les dispositions de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires. La procédure disciplinaire peut être menée indépendamment de toute procédure pénale en cours. ”

La réalité du terrain

Sur le terrain, la réalité est toute autre. Les équipes SUD éducation accompagnent des personnels dont la parole n’est pas entendue ou discréditée par l’administration. Les supérieurs hiérarchiques minimisent trop souvent les violences sexuelles ou sexistes qui sont dénoncées et refusent de prendre des mesures conservatoires pour protéger les victimes. Dans certains départements, des formations concernant la prévention et le traitement des violences sexuelles et sexistes au travail à destination des équipes de direction ont été mises en place mais les personnels de direction n’y participent que trop rarement. Les référent·es égalité professionnelle, diversité et lutte contre les discriminations déployés depuis 2018 dans les rectorats sont souvent les responsables des Ressources Humaines, au contraire cette mission nécessite un emploi à plein temps afin d’être pleinement accomplie.

Sur le terrain, on remarque que lorsque des violences sont dénoncées, ce sont les victimes qui sont déplacées ou qui mutent afin d’y échapper. De même, l’administration refuse d’octroyer la protection fonctionnelle tant qu’une plainte n’a pas été déposée au pénal et lorsque c’est le cas, elle borne l’exercice de la protection fonctionnelle à un hypothétique remboursement des frais de justice alors qu’elle devrait prendre des mesures de protections de la victime.

Le silence complice de l’administration est une épreuve de plus pour les personnels qui sont victimes de violences sexuelles et sexistes sur leur lieu de travail.

Un bilan d’activité de ces dispositifs doit être présenté dans les instances académiques et dans les CHSCT, réclamons-les !

SUD éducation revendique l’application de la circulaire du 9 mars 2018 qui prévoit:

  • une campagne de prévention et de formation sur les violences sexistes et sexuelles ;
  • des dispositifs d’information, de communication et de sensibilisation auprès de l’ensemble des personnels avec la diffusion d’un numéro vert, le rappel de la loi, l’organisation de réunions de sensibilisation ;
  • la définition et la mise en œuvre d’un dispositif de signalement et de traitement des violences sexistes et sexuelles : ce dispositif est aujourd’hui inexistant ! Les signalements des personnels restent sans réponse de l’administration.
  • la protection et l’accompagnement des victimes : l’employeur a la responsabilité de protéger les personnels : il doit prendre des mesures conservatoires !
  • de sanctionner les auteurs des violences : aujourd’hui, bien souvent l’administration se contente de déplacer soit la victime soit l’auteur des violences ou attribue une sanction parmi les plus basses aux auteurs de violences sexistes ou sexuelles !

Quelques chiffres concernant les violences sexuelles et sexistes en France :

  • 93 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année,
  • 32% des femmes ont déjà subi du harcèlement sexuel au travail,
  • 1,2 million de femmes sont la cible d’injures sexistes chaque année.

Loi Rilhac : Une proposition de loi à rejeter – Communiqué SUD-CGT-SNUipp-FO

Après son vote en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, la proposition de loi Rilhac doit maintenant être examinée par le Sénat mercredi 20 octobre.

Elle ne répond toujours pas aux besoins exprimés par les directrices et directeurs, mais aussi par les enseignant·es, pour améliorer le fonctionnement de l’école. Les parlementaires, soutenu·es par le ministre, s’obstinent dans la création d’une autorité fonctionnelle qui mettrait à mal la place centrale du conseil des maîtresses et maîtres animé par les directrices et directeurs, lieu de débats et de démocratie au sein des écoles. Nos organisations syndicales continuent d’intervenir et de mobiliser pour faire échec à ce projet qui bouleverserait en profondeur le fonctionnement actuel des écoles. Les personnels n’ont pas besoin de hiérarchie dans l’école, mais de renforcer le collectif pédagogique.

L’expérimentation annoncée à Marseille s’inscrit dans cette même logique d’ajouter au sein des écoles un échelon à la chaîne hiérarchique. Nos organisations syndicales apportent tout leur soutien aux enseignant·es des écoles marseillaises qui se mobilisent actuellement pour refuser cette expérimentation.

Dans le même temps, nos organisations poursuivent leur mobilisation pour mettre en échec ces attaques contre l’école, qui doivent être abandonnées.

Les organisations SNUipp-FSU, Snudi-FO, CGT Educ’action et Sud Education continuent à diffuser et à faire signer largement la tribune « Nous, directrices et directeurs, refusons la proposition de loi Rilhac ! » qui a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures. Elles multiplient également  les RIS dans les départements afin de débattre des suites de ces actions.

Elles se donnent rendez-vous dès le 21 octobre afin de construire ensemble de nouvelles mobilisations après les vacances d’automne et soutiennent toutes les actions et mobilisations qui se développent sur le territoire.

AESH une nouvelle journée de mobilisation massive pour l’abandon des PIAL et revendiquer un vrai statut et un vrai salaire !

Après celles des 8 avril et 3 juin dernier, c’est aujourd’hui la troisième journée de grève nationale des AESH à l’appel de l’intersyndicale. Nous nous félicitons de la réussite de cette grève : les AESH ont encore une fois démontré leur capacité de mobilisation et leur détermination. Plusieurs milliers de collègues se sont mis·es en grève et plus d’une centaine de rassemblements et manifestations ont eu lieu devant les DSDEN, rectorats et devant le ministère de l’éducation nationale. 

Cette rentrée 2021 a été marquée par la généralisation des Pôles inclusifs pour l’accompagnement localisés (PIAL), outil de la mutualisation des moyens d’accompagnement. À l’inverse de l’évaluation des besoins des élèves au plus près de la réalité, c’est une logique de rentabilité et d’économie des moyens qu’impose le ministère. Les conditions d’accompagnement des élèves sont de plus en plus détériorées, les conditions de travail des AESH de plus en plus difficiles.

Pour les personnels, le ministère continue d’imposer sa logique de contractualisation et de précarisation : avec un salaire moyens de 750 euros, les AESH enchaînent les années de CDD. Au bout de 6 ans, la CDIsation n’offre aucune garantie statutaire. Cela pousse bon nombre de collègues à démissionner et les difficultés de recrutement sont prégnantes. Les revalorisations salariales annoncées par le ministre Blanquer à la fin de l’été ne sont qu’un leurre tellement elles sont faibles.

Après cette journée de grève massive, la mobilisation doit marquer le pas. Pour gagner il faut instaurer un rapport de force puissant. SUD éducation appelle les AESH à constituer des collectifs locaux auto-organisés, pour s’opposer aux conséquences des PIAL (démultiplication des lieux de travail et du nombre d’élèves à accompagner, mutations forcées, pressions hiérarchiques, etc.) et imposer des avancées locales aux académies (offre de formation, brigades de remplacement, gestion des personnels, etc.).

Au plan national, SUD éducation portera au sein de l’intersyndicale la construction d’une nouvelle date de grève pour continuer d’imposer un rapport de force au ministère sur la question des salaires et du statut. 

Aux côtés des AESH, SUD éducation revendique : 

– la création d’un statut d’éducatrice/éducateur scolaire spécialisé·e et une titularisation sans condition dans un corps de fonctionnaire ;

– la reconnaissance d’un temps plein pour 24 heures d’accompagnement auxquelles s’ajoutent les heures connexes pour le travail de préparation, de suivi et de concertation ;

– l’accès à la prime REP/REP+ au même titre que les autres personnels ;

– l’abandon des PIAL et de la logique de mutualisation ;

–  une véritable formation initiale et continue.

SUD éducation a chiffré le coût financier de ses revendications : créer un statut de fonctionnaire pour 129 000 AESH avec un temps plein à 24h et un salaire net à 1 700 euros coûterait 0,211 milliards d’euros, soit une augmentation de 0,27 % du budget du ministère de l’éducation nationale.

Blanquer menace et diffame les personnels : qui ne respecte pas les valeurs de la République ?

Mardi 19 octobre, le ministre Blanquer a présenté au Conservatoire national des Arts et métiers son plan de formation de la laïcité. Celui-ci est tiré du rapport Obin, dénoncé par SUD éducation comme faisant partie d’une vaste entreprise de dévoiement de la laïcité à des fins de mise au pas des enseignant·es.

De fait, Blanquer est allé plus loin encore que le rapport. D’une part, il diffame les personnels de l’Éducation, en disant qu’une partie de ceux-ci ne respectent pas les valeurs de la République, à commencer par la laïcité. D’autre part, il menace les personnels, comme il en a l’habitude, en sous-entendant que certain·es devraient “sortir du métier”, et qu’il pourrait y avoir des mesures sur le plan de la “gestion de la carrière des personnes”.

Si on le prend au mot, c’est bien le ministre et le gouvernement qui ont un problème avec les principes qui fondent la République :

  • la liberté, et notamment la liberté syndicale, mises à mal par plusieurs années de répression généralisée et d’autoritarisme ;
  • l’égalité, foulée au pieds notamment par la mise en œuvre de la casse du baccalauréat national, la réforme des lycées et parcoursup ;
  • la fraternité, remise en cause par des années de discours haineux et stigmatisants de la part du ministre, par les expulsions de familles sans-papiers et en bafouant le droit à la scolarisation des mineur·es étrangers·ères

En particulier, c’est bien le ministre Blanquer qui ne respecte pas la laïcité comme il le devrait :

  • en augmentant chaque année la part du privé dans le budget de l’Éducation nationale, au détriment de l’enseignement public ;
  • en intégrant des établissements de l’enseignement privé catholique dans les expérimentations à venir de l’Éducation prioritaire ;
  • en publiant une campagne d’affichage qui dévoie la laïcité sur des bases racistes et islamophobes ;
  • en prenant des positions publiques contraires aux dispositions de la loi et du statut de la fonction publique sur la laïcité, concernant l’accompagnement des sorties scolaires par les parents d’élèves notamment. 

SUD éducation dénonce fermement les propos du ministre et réaffirme que la laïcité est du côté de celles et ceux qui défendent l’école publique, et non de ses fossoyeurs.

SUD éducation demande que le ministre revienne immédiatement sur ses propos et s’excuse auprès des personnels de ses propos inacceptables.

« Les crises passent, la gestion de nos vies se renforce »

Analyse du groupe de travail de SUD éducation 35 à propos de l’instauration du passe-sanitaire en France et des manifestations spontanées qu’elle a suscité

« Il ne pourra être un droit d’accès qui différencie les français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis. » […] « Il sera en revanche obligatoire dans les lieux ou des événements rassemblant plus de 1 000 personnes, comme des stades, des festivals, des parcs de loisirs, des concerts, des foires, des salons ou des expositions. »

Site internet du gouvernement à propos du passe sanitaire, jusqu’à fin mai 2021.

« L’usage du passe sanitaire sera réservé aux grands-événements [i.e. + de 1000 personnes]. L’accès à un restaurant, un cinéma ou une entreprise ne pourra être conditionné à la présentation d’un tel passe »

 Citation de Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des lois de l’Assemblée nationale, devant l’hémicycle le 11.05.21, lors du vote de la loi encadrant la possibilité d’un passe sanitaire

Mais contre ces annonces « rassurantes » du gouvernement et de l’Assemblée Nationale, le président Macron décrète par surprise, lors de l’allocution télévisée du 12 juillet 2021, l’instauration du passe sanitaire sur le territoire français à partir du 9 aout 2021. Cette décision qui ne devra rendre de compte à personne est prise dans le huis-clôt du « conseil de défense » et va à l’encontre de ce qu’avaient décidé la représentation nationale et le gouvernement devant elle responsable.

Certes, l’émergence du « variant delta » particulièrement virulent et la baisse du rythme de vaccination volontaire observé à cette période pouvaient laisser supposer de réagir. Par ailleurs, les préconisations toutes récentes du « conseil scientifique » (rapport du 6.07.21, page 21) recommandaient de « mettre en place un « pass vaccinal » à visée individuelle pour pouvoir accéder à certains « espaces de libertés » (restaurants, activités culturelles, sportives…). Ceci permettrait de limiter les restrictions sanitaires qui devront être envisagées pour limiter la 4e vague. Les personnes non vaccinées pourraient accéder à ces espaces en présentant un test antigénique ou un test PCR réalisé 1 ou 2 fois par semaine. Il est néanmoins utile d’indiquer que la gratuité de ces tests pourrait prendre fin à l’automne, et devenir payant comme cela est le cas déjà dans plusieurs pays de l’UE. L’application « Tous Anti Covid » pourrait être le support technique de cette mesure. Le Conseil scientifique a pleinement conscience des enjeux éthiques, démocratiques, organisationnels et d’acceptabilité sociale que représenterait une telle décision, qui demeure éminemment politique. Néanmoins, dans une vision d’anticipation et compte-tenu des délais législatifs probablement nécessaires, le Conseil scientifique propose que cette éventualité soit instruite dès maintenant, en prenant en compte l’avis de représentants de la société civile par les autorités politiques. »

Mais ne nous laissons pas « aspirer » par l’ambiance d’urgence qui régnait alors et l’argument d’autorité de la « science » utilisé en politique. Si nous ne contestons pas l’importance d’une vaccination de masse dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, nous récusons profondément la disparition d’un débat réellement politique à propos des choix opérés, qui plonge dans l’oubli ou dans l’impensé la hiérarchie des buts poursuivis par le pouvoir, les solutions alternatives existantes et toutes les conséquences associées dont il n’est jamais question. Au premier rang desquelles la poursuite du rythme effréné de l’économie capitaliste et l’émergence d’une société de contrôle mise à son service.

Au surcroît, en s’habituant à ce que le « discours d’autorité de la science » (alors qu’au contraire, les connaissances scientifiques ne sont qu’un constat temporaire et toujours contestable à l’avenir, à l’aune de nouvelles observations ou théories, d’où la posture radicale de « doute » du scientifique) dicte les choix politiques, ce que nous perdons c’est l’autonomie de la sphère politique qui renvoie à l’expérience collective purement « humaine » du désir et de la responsabilité, loin de la « gestion de choses inertes » à laquelle tente de nous réduire la présentation politico-médiatique des enjeux de la pandémie de COVID-19.

Bientôt trois mois après l’imposition du passe sanitaire, 50 millions de personnes ont reçu une double dose de vaccin. Le taux de couverture vaccinale atteignant 86% de la population majeure, le maintien d’une mesure aussi autoritaire apparait comme très illégitime. Cela alors que depuis le 30 septembre, l’exigence du passe sanitaire est étendue aux 12-17 ans pour accéder aux lieux publics dans les mêmes conditions que leurs aînés.

La loi permettant l’instauration du passe sanitaire prendra fin le 15 novembre 2021, mais on apprend qu’un projet de loi sera présenté le 13 octobre au parlement donnant la possibilité au gouvernement de recourir au pass sanitaire « si la situation l’exige ». En tout état de cause, l’horizon de « l’immunité collective » qui a servi de justification initiale à l’instauration du passe sanitaire a été écarté depuis longtemps par les scientifiques.

A l’instar des « mesures d’exception » imposées par l’Etat dans la dernière décennie et inscrites par la suite dans le droit commun : l’urgence et les justifications s’envolent, la structure de contrôle reste

Cette structure de contrôle est la conséquence d’une double « déresponsabilisation » :

  • Un Etat qui se cache derrière l’urgence, le discours du conseil scientifique posé comme « faisant autorité » et une présentation des faits purement « technique » pour ne plus assumer sa responsabilité politique. Ce gouvernement « d’expert » niant la conflictualité potentielle de toute décision repeint en « obscurantiste », « égoïste » ou « complotiste » n’importe quelle personne qui discuterait la légitimité de ses mesures. Mais en plus de cela, le gouvernement enrôle de force de simples citoyens qu’il rend de fait responsable (pénalement) de l’application de décision qu’il n’a pas les moyens matériels d’appliquer lui-même par « l’externalisation » du contrôle des passes sanitaires.
  • Des citoyens déresponsabilisés, amenés à suivre les va-et-vient incessants des mesures sanitaires sans jamais être associés à la prise de décision et à ses enjeux, ni même consultés ou simplement considérés. Cette infantilisation culmine dans une nouvelle « bonne conscience » qu’on voit fleurir dans une part de la population vaccinée : tous ces « authentiques citoyens conscients et engagés » qui ont le mérite de s’être fait courageusement vacciner et qui prétendent tracer une nouvelle ligne séparant les individus vertueux des infâmes non-vaccinés, renforçant encore la dépolitisation, le moralisme psychologisant et le confusionnisme ambiant, au détriment d’une analyse sérieuse de l’autoritarisme qui s’installe.

Dans une situation où ni l’Etat, ni les citoyens ne sont plus responsables de rien, ce qui subsiste c’est un système technique qui prend en charge la « gestion » de nos vies d’où disparaissent toutes « attentes humaines ». Ceci s’observe facilement dans les caractéristiques du dispositif mis en place :

  • L’ensemble du corps social, dans ses dimensions les plus intimes et quotidiennes, doit s’adapter à une solution « unique », alors qu’il semble que les réponses sanitaires les plus efficaces soient un « mix » de mesures (incluant le vaccin, mais pas seulement), mais cet aveu diminuerait l’argument d’autorité et risquerait trop d’inciter à la réflexion, à la discussion et à la réappropriation des enjeux par la population.
  • L’abandon aux applications technologiques exprime au mieux la défiance envers tout ce qui serait trop « humain », dans la filiation à une matrice « néolibérale » qui postule que notre cerveau n’est pas naturellement « rationnel », qu’il faudrait corriger ses biais comportementaux pour qu’il réponde plus efficacement aux attentes posées par les différents systèmes de gestion des flux (« nudge », économie comportementale, etc.). Ainsi on ne saurait s’en remettre à la vertu des représentants de l’Etat, à la capacité du corps médical à convaincre, ni aux citoyens pour s’approprier eux-mêmes les solutions mises à leur disposition.
  • Assez logiquement, en l’absence de construction démocratique, collective et consenties de choix politiques qui ne s’appuient finalement que sur des solutions « uniques » et « techniques », il n’y a plus que la répression qui soit à même d’en garantir l’application.

Cette répression consiste principalement dans l’exclusion sociale des individus qui ne se plient pas intégralement aux attentes des dispositifs disciplinaires rampants qui s’immiscent dans les situations les plus quotidiennes : accès aux commerces, aux espaces et services publics, à l’emploi sont remis en cause en l’absence de passe sanitaire. Il s’ensuit d’une part la création d’une catégorie de « sous-citoyens » ne possédant pas une réelle effectivité de leurs droits et d’autre part l’enrôlement d’autres citoyens qui devront contrôler le public qu’ils rencontrent dans leur activité et en exclure les membres non-vaccinés.

Mais les applications techniques que l’on commence à entrevoir offrent des gisements immenses d’atomisation et de contrôle des vies qui promettent de renforcer d’autant la répression potentielle. Ainsi, « l’économie des données » visant à rendre lisibles et prévisibles les individus, déjà installée avant la pandémie, pourra maintenant permettre un perfectionnement toujours accru de la surveillance. Par ailleurs, les procédés créés à l’occasion de la pandémie pour maintenir le travail pourront renforcer opportunément l’isolement et la dépossession (télétravail, visio-conférence, rôle accru des écrans et des dispositifs numérisés, etc…) substituant à des conditions sur lesquelles les individus avaient collectivement un minimum de prise des dispositifs techniques auxquels il sera de plus en plus difficile de se soustraire.

Nous considérons donc comme primordial de rompre avec « l’utopie de la numérisation des vies » en opposant aux solutions descendantes, uniques, techniques et répressives des initiatives concertées, multiples, humaines et démocratiques.

Dans cette déresponsabilisation politique générale, le manque qui se fait le plus fortement ressentir est celui de la démocratie. Les manifestants contre le passe sanitaire ont raison de pointer cette carence, mais les dispositifs qui gèrent nos vies et réduisent à néant la « liberté » sont déjà installés depuis longtemps, ils ne font que se généraliser à de nouvelles catégories de population et s’approfondir. Une véritable prétention démocratique suppose une responsabilité individuelle et un engagement collectif d’envergure et ne saurait se limiter à crier ‘liberté » ou attendre seulement de mener sa vie individuelle tranquillement. C’est une cause réellement juste mais exigeante impliquant des efforts pour s’informer, un esprit de compromis et de nuance, un souci des membres des autres catégories sociales et une volonté de construire des dynamiques collectives réellement offensives envers les adversaires identifiés : le principal étant à nos yeux la structure capitaliste de notre société.

        Plus que jamais il est nécessaire de sortir des logiques capitalistes si nous souhaitons venir à bout de cette crise sanitaire qui, rappelons-le, touche bien plus durement les populations et les pays les plus pauvres, mais dont certaines entreprises multinationales (GAFAM et laboratoires pharmaceutiques en têtes) profitent largement. 

C’est pourquoi nous revendiquons la levée immédiate des brevets afin de permettre la production partout où cela est possible de vaccins à bas-coûts, seule condition à un reflux durable de la maladie partout dans le monde, pas uniquement dans les pays riches, et seul moyen de lutter contre l’apparition de variants toujours plus dangereux. Par ailleurs, les laboratoires privés qui ont développé ces vaccins n’ont pu le faire que grâce au soutien des Etats, par le biais notamment de technologies issues de la recherche publiques. Ces entreprises, ne peuvent même pas prétexter une prise de risque pour justifier leurs profits indécents, tant ils ont été gavés d’argent publique par le biais de subventions et de préachat de doses. En toute cohérence, la technique des vaccins doit donc être transformée en « bien public mondial » pour permettre à tous les Etats d’en produire la quantité qu’ils souhaitent.

Au niveau national, la « guerre » sanitaire annoncée par Macron est aussi, et peut être surtout une guerre sociale. Nos services publiques, vampirisés par des années de néolibéralisme se sont révélés fragilisés, épuisés par le manque de moyens organisé depuis des décennies par nos dirigeants. La crise sanitaire n’a en rien freiné ce mouvement : 5700 lits d’hôpitaux ont été supprimés en 2020 !

Nous avons lutté et nous lutterons a nouveau partout où cela sera nécessaire contre la privatisation des services publiques et leur management déshumanisé, qui broie les travailleurs.e.s, abandonne les plus précaires et détruit le sens de nos métiers. A l’occasion de la pandémie, la politique de santé a renforcé cette privatisation en recourant de plus en plus à des entreprises privées (doctolib, cabinets de conseil, etc…). Ces derniers ne défendent que leurs intérêts économiques et voient notre santé comme un nouvel « objet à gérer » et une source de profits à réaliser !

À l’hôpital comme dans les collectivités territoriales, nous défendons un service publique inclusif et émancipateur, incompatible avec le passe sanitaire qui ne fait qu’exclure de la culture, des loisirs, de la santé et de l’emploi des populations principalement issues des classes défavorisées.

Ces classes défavorisées, premières victimes de l’exploitation capitaliste et de la ségrégation de classe, voient leur sort aggravé à l’issu de la crise économique entrainée par les confinements de la population. Ainsi, les faillites de petits commerces, les plans sociaux dans les grandes entreprises, le tarissement de l’embauche pour les intérimaires et les jobs étudiants plongent dans la misère des pans entiers de la population. Constater qu’en même temps croissent les profits des grandes entreprises et le patrimoine des plus riches rend encore plus urgente la réappropriation et le partage de la production. Sans quoi la reconfiguration des métiers observée durant la pandémie et les multiples confinements sera l’occasion d’une nouvelle augmentation de la productivité des travailleurs.e.s permise par une continuité croissante entre notre emploi et notre vie privée, un contrôle accru de l’activité rendu possible par l’effritement des collectifs de travail et leur remplacement par des applications technologiques, une destruction des conquis sociaux et du droit du travail. La hausse de productivité générera une nouvelle fois une déshumanisation des conditions et du sens du travail, une précarisation de l’emploi et une hausse du chômage tout en renforçant la richesse des riches et l’accumulation de capital technique.

Il nous apparaît que c’est bien pour « sécuriser » cette situation explosive qu’émergent des dispositifs croissants de contrôle des population, d’isolement des individus et de dépendance à des configurations techniques de la vie sociale. En effet, les décideurs.e.s de la sphère politique appartiennent à la même classe sociale que les profiteurs.e.s de la sphère économique, et partagent donc spontanément une vision commune de leurs intérêts. L’idéal d’un aménagement de la société et de l’environnement naturel permettant l’extorsion sécurisée de profits partagés par les membres des classes sociales dominantes est la cause première de l’émergence de la pandémie et des multiples dispositifs mis en place pour la « gérer ». Nul besoin de « complot » pour mettre à jour les logiques à l’œuvre dans une économie capitaliste et dans la classe sociale à laquelle elle profite.

Les conspirationnistes ne cherchent pas à analyser les causes de problèmes réels, mais se réfugient dans des préjugés, des postures morales, des condamnations univoques, des suspicions interminables, une personnalisation de mécanismes abstraits. Une analyse sérieuse des problèmes soulevés par les manifestations anti-passe sanitaire est possible et nécessaire, mais elle doit être orientée vers les véritables causes du problème : le système économique capitaliste, la gestion autoritaire des populations par l’Etat au service des classes dominantes, la misère et l’exclusion sociale, la destruction des institutions démocratiques. Par comparaison aux crises qui promettent d’être plus nombreuses et graves à l’avenir à cause de l’instabilité écologique, géopolitique et sociale grandissante des sociétés, la crise de la pandémie de COVID-19 apparaît comme presque anodine. Mais ce qui ne l’est pas, c’est l’ensemble de réflexes de contrôle et de tropismes technophiles bien acquis socialement dans la classe dominante, qui ont pu se déployer à travers tous les dispositifs que nous avons dénoncés dans cet écrit et jouer le rôle fonctionnel de « répétition générale » avant la crise, la vraie.

Portée par les affects de peur et de dépossession générés par la maladie en elle-même et la perte des repères habituels entraînée par sa gestion chaotique, l’extrême droite sort renforcée de cet épisode et a pu investir opportunément à certains endroits les manifestations anti-passe sanitaire. Il n’est pas nécessaire de considérer les incohérences plus que manifeste de ce courant politique face aux enjeux écologiques, à la liberté et la démocratie, alors qu’il soutient l’aménagement capitaliste de l’environnement, le contrôle des « étrangers », des pauvres et des mouvements sociaux, ainsi que le déploiement de l’arsenal sécuritaire et répressif mis en place par les gouvernements « démocratiques » qui se succèdent. Mais pour autant, ce relatif succès doit nous interroger sur les logiques de repli, de délire et de haine que l’on observe lorsque les causes sociales profondes ne sont plus affirmées clairement et combattues. L’instabilité et la volonté de contrôle des dominants promettant d’être grandissantes, nous devons à l’avenir porter les analyses que nous considérons comme réellement émancipatrices dans les mouvements qui contestent (même sans le savoir) ce qui est en fait la gestion capitaliste de nos vies, telles que les manifestations contre le passe sanitaire.

13.10.2021

Assassinat de Samuel Paty : de nouveau, un hommage bâclé

Dans un courrier adressé aux recteur·ices le 6 octobre, le ministère demande qu’un hommage soit organisé dans les écoles et établissements le vendredi 15 octobre, un an après l’attentat atroce dont a été victime notre collègue Samuel Paty.

Comme l’année dernière, le ministère bâcle de manière inacceptable un hommage qui demande une mobilisation pleine et entière de la profession et de la communauté éducative. Les délais impartis sont beaucoup trop courts pour permettre une mise en œuvre sensée et cohérente de l’hommage. Dans de nombreux endroits, celui-ci n’aura lieu que de manière superficielle, faute de temps de préparation suffisant.

De nouveau, aucun créneau n’est dégagé pour permettre aux personnels d’échanger entre eux pour décider de la façon de mener l’hommage. Les initiatives les plus inadaptées pourront très bien être décidées localement par la hiérarchie, au mépris de toute initiative des collègues.

Rappelons que l’année passée, le ministère avait refusé, dans une volte-face de dernière minute d’une brutalité inouïe, la banalisation des heures de 8h à 10h pour permettre aux personnels d’échanger entre eux. SUD éducation avait revendiqué à l’époque que le lundi soit consacré à la préparation de l’hommage, entre pairs le matin et avec un accueil des élèves l’après-midi. Face à la surdité du ministère, les personnels avaient dû se mettre en grève pour prendre de force le temps de concertation qui leur était refusé.

Les modalités de la cérémonie officielle, largement inadaptées, avaient révélé tout le cynisme du ministre qui avait imposé la lecture d’un texte de Jaurès dont avaient été caviardés les passages qui lui déplaisaient.

SUD éducation porte toujours les mêmes revendications : que l’hommage à notre collègue se fasse dans des conditions dignes et respectueuses de la liberté pédagogique des équipes, avec un temps d’échanges prévu entre collègues et un dispositif permettant une mobilisation toute entière de la communauté éducative.

Une bien curieuse vision de la laïcité

Samedi 18/09 dernier était inauguré le collège privé catholique Sainte-Marie à La Richardais en présence de l’archevêque de Rennes, du directeur diocésain de l’enseignement catholique et….. du président PS du conseil départemental Jean-Luc Chenut. Ce dernier osant même exprimer sa « reconnaissance devant cette composante essentielle de l’éducation » qu’est l’enseignement catholique! Cette déclaration est inadmissible dans une République laïque.

Rappelons que le financement public pour l’enseignement privé confessionnel, c’est près de 12 milliards par an (8,317 par l’État et 4 pour les collectivités territoriales), quand dans le même temps l’État ne cesse de répéter qu’il n’a pas les moyens d’investir dans l’éducation nationale, qu’il gèle les salaires des personnels, ne construit pas suffisamment d’établissements….  En Ille-et Vilaine, c’est près de 5,5 millions qui ont été alloués aux collèges privés diocésains en 2020! 

Loin d’être essentiel, l’enseignement privé nuit clairement au service public d’éducation !

Pour SUD éducation 35, l’État doit cesser de financer le secteur éducatif privé largement confessionnel. Ainsi nous:

  • Condamnons le dualisme scolaire qui prévaut en France (et qui creuse les inégalités entre l’enseignement privé et l’enseignement public au détriment de ce dernier)
  • Revendiquons l’abrogation de la loi Debré (1959) qui octroie des subventions publiques à l’école privée. Comment l’État peut-il affirmer sa laïcité en énonçant d’une part que “La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte” (Loi de 1905 article 2) quand il finance les écoles confessionnelles sur le budget de l’Éducation nationale ?
  • Revendiquons une intégration et nationalisation des écoles privées sous contrat dans l’école publique et proposons à leurs personnels d’avoir accès au statut de fonctionnaires d’État.

Alors que le ministre Jean Michel Blanquer apporte son soutien public à l’enseignement privé, comme il l’a fait avec la Fondation pour l’école, organisation imprégnée de valeurs catholiques intégristes et opposées à la laïcité, alors que le ministère lance une campagne d’affichage supposément axée sur la laïcité qui est en réalité un dévoiement raciste et xénophobe de la laïcité , appuyée sur un imaginaire colonial, à  l’opposé de ces valeurs d’intolérance, de division et de réaction, SUD éducation 35 rappelle son attachement à une école publique laïque, gratuite, égalitaire et émancipatrice.

Revalorisation des AESH : des mesures toujours insuffisantes !

Le ministère de l’éducation nationale vient de faire paraître un décret et un arrêté relatifs à la rémunération des AESH au Journal officiel. Cela fait suite aux annonces faites en juin dans le cadre des conclusions du Grenelle de l’octroi d’une enveloppe budgétaire consacrée au salaire des personnels accompagnant-e-s.

Que prévoient ces deux textes ?

Le salaire est calculé sur la base d’un indice de rémunération, multiplié à un point d’indice et rapporté à la quotité de travail de l’agent-e. Jusqu’alors une grille de revalorisation indiciaire était annexée à la circulaire Cadre de gestion du 5 juin 2019 mais sans que celle-ci s’applique de fait pour les personnels : chaque académie avait la latitude de faire à sa sauce. Le décret n°2021-1106 du 23 août 2021 impose donc une grille de revalorisation indiciaire sur tout le territoire. Elle est précisée par l’arrêté du 23 août 2021 relatif à l’échelonnement indiciaire des accompagnant-e-s des élèves en situation de handicap et comprend 11 échelons. Le passage d’un échelon à l’autre s’effectuera tous les trois ans. Les personnels AESH ne seront pas reclassé-e-s à un indice inférieur à leur échelon actuel.

Au 1er septembre, date de son entrée en vigueur, les indices de rémunération de l’ensemble des personnels devront donc être revalorisés selon le schéma suivant :
au premier CDD de trois ans : échelon 1 correspondant à l’indice brut 359 (indice majoré 335) pour un traitement net de 1 335 euros pour un temps plein et 814 euros pour un 61%,
au second CDD de trois ans : échelon 2 correspondant à l’indice brut 374 (indice majoré 345) pour un traitement net de 1 374 euros pour un temps plein et 838 euros pour un 61%,
à la signature du CDI, soit six ans d’ancienneté : échelon 3 correspondant à l’indice brut 388 (indice majoré 355) pour un traitement net de 1 413 euros pour un temps plein et 861 euros pour un 61%.

Nouvelle grille salariale

AnciennetéÉchelonIndice brutIndice majoréTraitement à temps pleinTraitement à 61 %Par rapport à la grille de 2019
Au recrutement13593351335€814€+14€
Après 3 ans23743451374€838€+36€
Après 6 ans33883551413€861€+22€
Après 9 ans44043651454€886€+61€
Après 12 ans54223751494€911€+56€
Après 15 ans64373851524€929€+74€
Après 18 ans74503951574€960€+78€
Après 21 ans84634051615€985€
Après 24 ans94784151653€1008€
Après 27 ans104934251692€1032€
Après 30 ans115054351733€1057€

On voit bien avec cette nouvelle grille de rémunération que les bas salaires sont la conséquence des temps incomplets imposés ! Pour augmenter les salaires des AESH, il faut reconnaître que 24h d’accompagnement c’est un temps plein avec une rémunération à 100% ! Au traitement annoncé dans cette grille, il faut ajouter diverses indemnités qui s’ajoutent (Indemnité de résidence, supplément familial de traitement…) Par ailleurs SUD éducation continue, avec les personnels AESH syndiqué-e-s et non-syndiqué-e-s, ses actions en justice pour obtenir l’indemnité REP pour les AESH.

Et maintenant il faut poursuivre la mobilisation !

Ces augmentations sont minimalistes et bien loin des revendications des AESH. Cependant si le ministre Blanquer s’est senti dans l’obligation d’annoncer cette revalorisation alors que tout était au point mort depuis des mois, c’est bien grâce à la mobilisation sans précédent des personnels AESH des 8 avril et 3 juin dernier ! Celle-ci doit se poursuivre car il y a encore beaucoup de choses à gagner et ces annonces ne doivent pas nous faire oublier que cette rentrée sera marquée par la généralisation des PIAL sur l’ensemble du territoire.

Pour gagner de nouveaux droits, un statut de la Fonction publique, une réelle augmentation de salaire, une reconnaissance d’un temps plein à 24h d’accompagnement, contre les PIAL et la mutualisation des moyens, SUD éducation se tient aux côtés des personnels AESH pour construire la suite de la mobilisation !

Formation obligatoire sur la laïcité et les valeurs de la République : vers une mise au pas supplémentaire ?

L’arrêté du 16 juillet 2021 sur la formation obligatoire des personnels d’enseignement et d’éducation sur la laïcité et les valeurs de la République a été publié au Journal officiel du 12 septembre. 

Il s’inscrit dans le cadre du rapport Obin, publié le 14 mai 2021, qui dénonçait la faible participation des enseignant·e·s aux formations “laïcité et valeurs de la République” et l’enseignement dans les INSPE de notions telles le “racisme systémique” ou l’”islamophobie”.

L’arrêté concerne la formation initiale, avec notamment un volume de 36 heures réparties sur les deux années de master, mais aussi la formation continue. Dans ses objectifs, on retrouve les thématiques classiques de connaissances des valeurs Républicaines, mais aussi de manière plus prescriptive un item sur les droits et obligations du fonctionnaire dans ces domaines, notamment sur les réseaux sociaux.

La conception de la laïcité du gouvernement, et celle du ministre en particulier, ne cesse de nous inquiéter : la dernière campagne d’affichage en date est un nouvel exemple d’un dévoiement de la laïcité. Au vu de la constance du ministère en la matière, il est vraisemblable que ces formations obligatoires poursuivent dans cette voie délétère.

SUD éducation sera vigilante quant au contenu de ces formations, au cadre institutionnel dans lequel elles seront organisées, et continuera à revendiquer une laïcité détachée des polémiques et des récupérations racistes et islamophobes du gouvernement.

S’il est évidemment souhaitable que la laïcité fasse l’objet de formations institutionnelles, SUD éducation oeuvrera pour que soit respecté le droit à la formation continue des personnels et leurs choix concernant les modules proposés, ainsi que la liberté pédagogique dans l’enseignement des éléments de programme concernés.

Laïcité et communication ministérielle : une inquiétante confusion – Communiqué SUD-CGT-FO

Nos organisations ont pris connaissance de la campagne d’affichage ministérielle sur la laïcité. Ces affiches entretiennent une série de confusions et suscitent une inquiétude et un rejet important dans la profession, sur une thématique qui demande de la clarté et de la sérénité.

En effet, elles entretiennent la confusion entre l’apparence et le patronyme des élèves représentés et leur identité religieuse supposée. Le rôle de l’école n’est pas d’assigner les élèves à telle ou telle identité mais au contraire de viser à l’émancipation de toutes et tous. D’autre part, les affiches entretiennent une confusion entre la laïcité et des valeurs comme le vivre-ensemble, la coexistence ou le multiculturalisme. Les différences entre élèves sont ainsi présentées de manière négative, comme si elles mettaient en difficulté ces valeurs, et comme si la laïcité était une solution à ces difficultés. Enfin, le choix des prénoms et des caractéristiques phénotypiques renvoie à l’idée que les enjeux de promotion de la laïcité concerneraient en premier lieu les élèves issus de l’immigration. À aucun moment ne sont rappelés ni même évoqués les fondements de la laïcité, à savoir la liberté de conscience, la neutralité de l’État et l’égalité des droits. De plus, cette campagne va totalement à l’encontre des contenus pédagogiques utilisés par les enseignants et enseignantes pour appréhender au mieux cette notion avec les élèves.

Ces choix ne correspondent ni à l’esprit ni à la lettre de la loi de 1905, mais bien plutôt à un dévoiement de la laïcité à des fins politiques, notamment en stigmatisant les jeunes issus de l’immigration. Cela s’inscrit dans une série d’attaques récentes contre le principe de laïcité : suppression de l’Observatoire de la laïcité, rapport Obin, loi sur le Séparatisme, sans parler du détournement des fonds publics chaque année au profit de l’enseignement privé confessionnel.

Pour toutes ces raisons, cette campagne d’affichage nous semble malvenue. Elle doit être retirée. Le principe de laïcité doit sortir des polémiques et des instrumentalisations de tous ordres. Le respect de la loi de 1905, le Statut de fonctionnaire d’Etat et la liberté pédagogique constituent la meilleure protection pour les personnels et les élèves eux-mêmes.

Rentrée 2021 : à deux semaines de l’échéance, une préparation insuffisante

La rentrée a lieu dans quinze jours en France métropolitaine, après avoir commencé à la Réunion et en Kanaky. Mayotte suivra le 23 août. À ce stade, aucune communication ministérielle autre que le protocole sanitaire publié fin juillet n’a eu lieu pour préciser ses conditions. Au vu d’un certain nombre de données concernant le variant Delta, ce silence a de quoi inquiéter.

Rappelons que le protocole sanitaire prévoit une gradation des mesures du protocole sanitaire en quatre catégories, en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. Or, nous n’avons à ce stade aucune information concernant les critères utilisés pour définir le classement des territoires dans l’une ou l’autre des catégories. L’exemple récent de la rentrée à la Réunion montre bien qu’à défaut de critères objectifs, le classement est bel et bien politique : dans ce territoire, le préfet a décrété un couvre-feu et le confinement, et pourtant le rectorat a classé le territoire en zone 2 – jaune. Ce flou est inacceptable : SUD éducation revendique de toute urgence la publication des critères sur lesquels se fonde un tel classement, et qu’ils s’appliquent sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin. Par ailleurs, le classement des territoires dans les différentes catégories pour la rentrée doit être annoncé dès à présent, afin de permettre à l’ensemble des acteurs – personnels, élèves, familles – d’anticiper les conditions de rentrée et de s’y préparer au mieux. 

Le protocole sanitaire est excessivement laconique au sujet de l’organisation des enseignements. Une hybridation des enseignements est évoquée dans les catégories 3 et 4 concernant les lycées et les classes de 4e et 3e. Une nouvelle fois, la décision sera vraisemblablement renvoyée au local, au moins pour la catégorie 3. Par ailleurs, dans ce cas de figure, c’est la mise en place de demi-groupes qui doit être systématisée avec un aménagement des programmes, et non une hybridation qui impliquerait nécessairement un accroissement du temps de service de la part des enseignant-e-s. Pour éviter une nouvelle année de flou et d’arbitraire local, des garanties doivent être immédiatement données sur ce point dans le cadre d’instructions effectuées au niveau national. 

Dans les écoles, aucune nouveauté n’est prévue pour cette rentrée. Les mesures préconisées par les différentes variantes du protocole sanitaire restent difficiles à mettre en œuvre, en particulier la désinfection des surfaces, faute de personnels en nombre suffisant. Le protocole prévoit également la fermeture de la classe dès le premier cas. L’Éducation nationale doit donc mettre en œuvre des campagnes de tests adaptés à l’âge des élèves ainsi qu’aux personnels des écoles afin de détecter au plus vite d’éventuelles contaminations. De même une information renforcée doit être diffusée aux familles en cas de cas de personnes porteuse du virus dans l’entourage de l’élève. Cette responsabilité ne peut incomber uniquement aux enseignant-e-s : il faut créer immédiatement des postes médico-sociaux dans les écoles. Enfin, l’an passé, le nombre d’enseignant-e-s non remplacé-e-s dans le 1er degré a explosé du fait de la pandémie. Les créations de postes sont nécessaires afin de garantir la présence d’enseignant-e-s devant les élèves dans un contexte de circulation importante du virus. De plus, rien n’a été prévu pour lutter contre les inégalités d’apprentissage engendrées par les non-remplacements dus à la pandémie. En effet, certain-es élèves ont vu leurs nombres d’heures d’enseignement baissés. A SUD éducation, nous dénonçons cette inégalité de traitement entre les établissements où les cours ont été assurés et les autres. Nous revendiquons, en plus d’un recrutement massif de remplacant-es titulaires, un recrutement de maître-sses spécialisé-es ( maître-sses  E, G) afin de pallier à l’augmentation des difficultés scolaires dans certaines écoles, ainsi que le recrutement de maître-sses supplémentaires.

En ce qui concerne la vaccination, la mise en place des annonces gouvernementales est toujours insuffisamment précisée. En ce qui concerne l’éviction des cas-contacts non-vacciné-e-s, on ne sait pas qui serait en charge d’effectuer le traçage. Il serait inacceptable que cela fasse partie des missions des personnels de l’Éducation nationale. La campagne de vaccination sur site se doit d’être une réussite. Mais à ce stade, on n’a aucune information précise sur son ampleur, le nombre d’établissements concernés, les catégories de personnels en charge de la mettre en œuvre. Pour SUD éducation, elle doit être effectuée par des personnels formés, en ayant recours à des personnels extérieurs aux établissements pour ne pas alourdir la charge de travail des personnels médicaux, dans le cadre d’une enveloppe budgétaire spécifique. 

Pour SUD éducation, affronter durablement la crise sanitaire implique l’attribution de moyens spécifiques, que SUD éducation revendique sous le terme de plan d’urgence. La réduction des effectifs doit être pérenne : il faut pour cela procéder en urgence aux recrutements nécessaires, par le biais du recours aux listes complémentaires, l’admission des admissibles aux concours, en particulier internes, par la création de concours supplémentaires, par la titularisation des non-titulaires. Des moyens supplémentaires doivent être également débloqués rapidement pour financer, à court terme, l’acquisition de purificateurs d’air, qui semblent un palliatif utile. Cette acquisition doit être faite par l’Éducation nationale et non renvoyée aux collectivités, ce qui conduirait à des inégalités territoriales dans l’accès à ce matériel.