Le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) nous avait habitué à des calendriers serrés et des “décisions” tardives, la rentrée 2021 ne déroge pas à la règle. En diffusant une circulaire cadrant les dispositions sanitaires un 5 août, le MESRI ne laisse aux personnels des établissements universitaires que quelques semaines (jours?) pour organiser une rentrée 2021 qui se doit pourtant d’assurer un retour à un enseignement en présentiel après tant de mois de souffrance pour les étudiant-e-s et les personnels.
Si la circulaire nous assure un retour des enseignements en présentiel à 100% nécessaire après 2 années universitaires perturbées et un recours au distanciel catastrophique pédagogiquement et socialement, cet objectif sera difficilement atteignable puisque assortie à aucune annonce en termes de moyens humains et financiers. D’ailleurs, dans un article du Parisien du 15 août, 10 jours après la diffusion de la circulaire donc, “l’entourage de Frédérique Vidal explique que les protocoles sanitaires ont été réactualisés pour tenir compte du nouveau variant Delta”.
De plus, en laissant les modalités d’examens entre présentiel et distanciel “au libre choix de l’établissement”, le MESRI porte directement atteinte à un véritable retour au 100% présentiel.
Le MESRI abandonne les limitations de jauge dans les salles de cours et les amphis, tout en appelant à « respecter la capacité d’accueil maximale des salles de cours »… ces salles de cours qui étaient déjà largement bondées avant la crise sanitaire. Pour SUD éducation, l’heure est plus que jamais à la construction massive de salles de cours, à la réquisition de locaux pour assurer des mesures barrières efficaces.
La circulaire énonce aussi qu' »une attention particulière doit être apportée à la préservation de la qualité de l’air et de l’aération des salles. Les établissements peuvent recourir à des dispositifs de mesure du dioxyde de carbone dans l’air ». Cette préconisation est trop insuffisante et par ailleurs en deçà du projet de circulaire que le MESRI avait soumis aux organisations syndicales lors du CHSCT en juillet puisqu’alors on nous promettait une aération assurée et une marche à suivre selon la concentration de CO2. En laissant les mesures de protection des étudiant-e-s et des personnels à la bonne volonté des établissements, le MESRI ne prend pas ses responsabilités dans l’organisation de la rentrée.
La campagne de vaccination des étudiant-e-s sur site se doit d’être une réussite. Pour SUD éducation, cela ne peut reposer sur les services de santé universitaires déjà exsangues et doit donner lieu à une enveloppe budgétaire spécifique. Idem pour les personnels et les services de médecine préventive.
Il est inacceptable que les “colloques ou séminaires scientifiques accueillant des personnes extérieures à l’établissement”, c’est-à-dire la quasi-totalité de ceux-ci, soient soumis au passe sanitaire puisqu’ils font partie intégrante des activités professionnelles universitaires. SUD éducation, avec son union syndicale Solidaires, dénonce fermement la mise en œuvre du passe sanitaire. En effet, le gouvernement n’a pas été capable d’organiser une vaccination massive de la population et fait payer son incurie aux travailleurs et travailleuses.
Pour les personnels en télétravail, le régime de droit commun et le nouvel accord sur le télétravail redeviennent la règle. Pour SUD éducation et Solidaires Fonction Publique, cet accord, sans présenter de reculs pour les agent-e-s, se contente surtout de lister des bonnes intentions sans réelles mesures prescriptives ou contraignantes. Il aurait pu représenter des avancées majeures par rapport au décret de 2016. Ce n’est pas réellement le cas. Si nous avons bien noté l’avancée en termes d’indemnité de frais de télétravail portant à 220€ le montant brut annuel, cette somme reste encore insuffisante et ne couvrira pas l’ensemble des sommes engagées pour les agent-e-s afin d’exercer leurs missions à leur domicile.
Le télétravail imposé durant de longs mois a souvent été synonyme de souffrance, source de troubles musculo-squelettique ou de risques psychosociaux pour les personnels: il est urgent que le ministère en prenne la mesure en dégageant un budget qui permette aux personnels de travailler dans des conditions assurant leur sécurité sanitaire et en revalorisant les salaires pour des personnels qui ont largement contribué au maintien du service public de l’ESR.
A deux semaines de la rentrée et avec les quelque 34 000 places supplémentaires ouvertes juste avant l’été et qui n’ont fait l’objet d’aucune annonce de financement ou de recrutement, SUD éducation craint que cette rentrée ne se fasse encore dans l’impréparation totale.
Pour SUD éducation, affronter durablement la crise sanitaire implique l’attribution de moyens spécifiques, un véritable plan d’urgence: recrutement massif de personnels enseignant et BIATSS, construction d’universités et ouverture de locaux, augmentation conséquente du budget pour le MESRI pour rattraper des années de retard et faire face à la crise qui a déjà fait trop de dégâts dans l’ESR.