Dans l’urgence sanitaire actuelle et face aux carences du ministère, les équipes professionnelles sont sous tension. Elles doivent faire face à des réorganisations permanentes qui dégradent les conditions d’enseignement pour les élèves et les conditions de travail pour les personnels. Pour éviter les fermetures d’établissements, le dédoublement des classes devient incontournable. Dès lors, le télétravail partiel s’instaure.
Avec le dédoublement des classes, l’urgence est à un allègement des programmes scolaires et donc à une adaptation des évaluations et des examens en conséquence. Cela requiert de repenser l’organisation des apprentissages et leur articulation entre le présentiel et le distanciel. Pour cela, les personnels doivent pouvoir s’appuyer sur leur collectif de travail afin de déterminer ensemble un fonctionnement adapté à leur réalité de travail.
Il s’agit pour les personnels d’articuler des contenus adaptés aux conditions de vie et d’apprentissage des élèves avec leurs propres conditions de travail et d’existence. L’exigence de télétravail va à l’encontre de la conception que les personnels ont de leur métier à bien des égards et les expose à des conflits éthiques. Ils savent que souvent les conditions ne sont pas favorables à l’apprentissage (existence de zones blanches, coût de la connexion, plusieurs personnes utilisant les mêmes outils et connexion, pas d’espace dédié et ambiance bruyante).
Ces arbitrages se font dans un contexte de réorganisations permanentes, de pressions hiérarchiques des chef-fe-s de service pour imposer une organisation du travail, de surcharge liée à l’autoformation pour palier les manquements de l’administration et donc de conflits entre personnels épuisés par l’incurie de l’employeur, à quoi d’ajoutent des pressions de la part des familles, l’isolement, un chevauchement accru de la vie professionnelle et de la vie privée. Devoir travailler dans un tel contexte est source d’épuisement psychique.
Face à cela, faire vivre notre collectif de travail, avec nos collègues, permet de combattre ces risques et constitue notre meilleur rempart pour protéger notre santé et nos conditions de travail. Cela nécessite de se retrouver pour échanger, sur temps de travail. Grâce à ces temps collectifs, les personnels peuvent s’accorder sur les nouvelles modalités de travail et éviter de se mettre en concurrence dans l’exercice de leurs missions. Cela permet également de contrebalancer l’individualisation provoquée par le travail à distance, et d’éviter les conflits entre collègues. SUD éducation rappelle que tout risque doit être évalué et faire l’objet de mesures visant à les supprimer ou les réduire. Cela implique que les CHSCT et les équipes locales soient consulté-e-s sur la mise en place du télétravail et que les mesures de prévention soient intégrées et consultables dans le DUER (document unique d’évaluation des risques professionnels).
Dans le cas où vous subiriez des pressions, il faut se rappeler que l’administration n’a pas le droit de vous obliger à effectuer du travail à distance (si cette modalité de télétravail n’est pas interdite, encore faut-il qu’elle soit soumise à votre accord, et que la partie réalisée en télétravail corresponde réellement à la même durée de service. L’Éducation nationale ne fournit d’ailleurs pas à ses agent-e-s les moyens matériels et la formation nécessaire à ces modalités de travail.