Grand recyclage de la droite des années 2000 à l’Éducation Nationale ! Revoilà au ministère le porte-flingue des années de Robien, Darcos et Chatel !
Jean-Michel Blanquer est un intime de la droite française. Sur les bancs des écoles primaires privées de Paris, il se liait d’amitié avec un certain François Baroin. Le même Baroin versa une larme lorsque son copain fut nommé Ministre de l’Éducation Nationale le 17 mai dernier. Un ami si intime qu’il rédigea en 1992 une biographie de l’influent Baroin père : « C’est de très loin le meilleur […], c’est quarante ans de vie commune, c’est comme un frère pour moi, mon père l’adorait », François Baroin (Le Figaro, 20.05.2017).
Familier du ministère et de tous les réseaux de la droite, des plus libéraux (Macron, Institut Montaigne, …) aux plus réac’ (Fillon, SOS Éducation, Espérance Banlieue, Sens Commun…), J-M. Blanquer n’est pas l’inconnu de la société civile (sic) que Macron nous promet.
C’est en 2004 que Jean-Michel Blanquer apparaît à l’Éducation Nationale : François Fillon, alors ministre de l’Éducation Nationale le nomme recteur de Guyane. Il s’évertua alors à faire consensus tout en appliquant soigneusement les politiques de casse du service public mitonnées en métropole. De retour à Paris, il se mit au service du ministre Gilles de Robien comme directeur de cabinet (2006-2007) (augmentation du temps de travail, méthode syllabique, bivalence des enseignants…). Dès 2007, il accompagna la Sarkozie aux commandes et reprit son costume de recteur à Créteil sous Xavier Darcos, ; il en fit alors une zone d’innovation libérale à tout crin : cagnotte à assiduité, internats d’excellence, chant de la marseillaise…
Un dévouement à droite qui paya puisqu’il se retrouva n°2 du ministère pour « seconder » Luc Chatel comme directeur de la DGESCO entre 2009 et 2012. Une consécration qui l’amena à piloter la suppression des RASED et de la formation des maîtres, l’évaluation des enseignants (masquée derrière l’évaluation nationale des CE1 et des CM2 – une commande de Sarkozy), la suppression massive de postes, et il inspira le fichage des élèves « à risque » en maternelle…
À partir de juin 2013, recalé de la direction de l’Institut d’Études Politiques, Jean-Michel Blanquer devient directeur général du groupe ESSEC, une école de commerce privée qu’il porta à la 3e place mondiale du classement du Financial Times (Les Échos, 23.05.2017).
À la tête de l’ESSEC depuis quatre ans, Jean-Michel Blanquer a toujours nourri ses ambitions vis à vis de l’Éducation Nationale en publiant un livre programmatique et en entretenant tous ses réseaux à droite. Proche d’Alain Juppé, il a participé à la rédaction de son livre programmatique sur l’école (Mes chemins pour l’école, J.-C. Lattès, 2015). Si Nicolas Sarkozy avait remporté la primaire et l’élection présidentielle, Blanquer aurait été son ministre de l’éducation : « c’était acté » a dit François Baroin (Le Figaro 20.05.2017). Par-delà les primaires, il s’était fait connaître auprès des Fillonistes chez qui il était aussi ministrable (Le Figaro, 17.05.2017).
La droite historique laminée, la Macronie se charge donc de le porter au pinacle : très « Macron compatible » (Le Monde, 17.05.2017), sa vision de l’enseignement est d’ailleurs on ne peut plus proche du think tank libéral Institut Montaigne qu’il remercia dans son ouvrage programmatique pour avoir nourri son texte (Libération 17.05.2017) : le patronat cherche encore et toujours à soumettre l’école à ses intérêts…
Depuis longtemps déjà en marche pour le ministère, quelque fut la droite issue des élections, Jean-Michel Blanquer, fort de ses expériences, a publié son programme ministériel dès la rentrée 2016 dans L’école de demain (Odile Jacob).
Quatre principes fondent son projet pour l’école : l’autorité émanerait des directeurs et chefs d’établissement transformés en supérieurs hiérarchiques ; l’autonomie accrue des établissements permettraient à ces chefs de décider des dotations horaires entre les disciplines et du recrutement ; la focalisation sur les « fondamentaux », c’est-à-dire un enseignement quasi exclusif de maths et de français ; et enfin, un tri et une professionnalisation précoce des élèves.
Jean-Michel Blanquer défend une logique de redéploiements et non pas d’investissements puisque, pour lui, « dans l’ensemble, la création de postes pose plus de problèmes qu’elle n’en résout » (L’Express, 09.01.2017). Devant les sénateurs et surtout le lendemain même dans la presse (L’Est républicain, 29.06.2017), il annonçait l’austérité budgétaire à l’Éducation Nationale en répétant : « Nous devons raisonner sur l’évolution qualitative de notre système […]. Aujourd’hui, nous pouvons penser que nous avons le nombre de postes qui convient. »
En matière d’autonomie, outre un volume commun dédié aux fondamentaux, Jean-Michel Blanquer préconise une flexibilité totale du système : les établissements organiseraient comme ils le souhaitent les heures restantes et recruteraient librement en conséquence.
Jean-Michel Blanquer avance au pas des « sciences » qui sont sa boussole en matière de réforme. Ce scientisme cherche à faire croire qu’il n’y a pas d’alternative aux méthodes qu’il entend promouvoir, le TINA de Margaret Thatcher à la sauce scolaire ! « J’attache la plus grande importance à la lumière des sciences cognitives, de la révolution numérique, de l’expérience et des expérimentations » a-t-il dit au Sénat le 28.06.2017. La recette Blanquer, c’est une école du bon sens que lui a révélé la Science : la Science dicte la bonne gestion du personnel et la bonne administration des établissements, la Science dicte les bons apprentissages qu’il faut faire au bon moment avec la bonne pédagogie et le bon manuel, la Science détecte les élèves difficiles et la Science permet aussi d’évaluer scientifiquement les dispositifs mis en place au nom de la Science.
La méthode Blanquer en ce début de quinquennat est pour le moins très macroniste. Une semaine avant d’être nommé ministre, il se réjouissait dans Le Point à l’idée que Macron serait « à la recherche d’une troisième voie [pour] en finir avec la querelle stérile entre « pédagogistes » et « traditionalistes » » (Le Point, 09.05.2017). Ministre, il assure à qui veut l’entendre que « le clivage gauche-droite »fait plus de mal à l’école que de bien » » (Le Monde, 20.05.2017).
Son credo ? Confiance, consensus et optimisme : il assure rapidement vouloir laisser la place au terrain sans énième réforme »descendante », en appelant à l’innovation des enseignants. Pour ce faire, il réclame qu’on ne lui fasse « pas de procès d’intention » et que le monde enseignant avance dans la « sérénité, la confiance et l’unité autour de son école ». Pour réussir, il réclame de la « bonne volonté partagée » autour d’un « consensus pour l’école », de la « vaillance » et de « l’allant » ! (France culture, 04.06.2017).
En quelques semaines, on ne compte plus les initiatives azimutées de Blanquer : dédoublement des CP de REP+, menaces sur les maîtres +, contre-réforme des rythmes scolaires, retour du redoublement, les « devoirs faits », rentrée en chanson, les fables offertes… et de très nombreuses annonces comme la réforme du bac, des réformes pédagogiques en maternelle et au collège, le gel des recrutements, etc.
Mais le tout doit se faire avec foi puisque les sciences et le consensus macronien nous y invitent ! En somme, dormez brave gens, le temps que je puisse dérouler le programme de Macron et de l’Institut Montaigne.
Austérité, antipédagogie, autonomie, scientisme, numérisation, etc. Le projet Macron-Blanquer pour l’éducation est une menace pour l’école que défend SUD Éducation au quotidien ! Les idées et les méthodes du ministre Blanquer sont celles de la droite des années 2000 ! Nous n’en voulons toujours pas !
SUD Éducation lutte tous les jours pour :
- Une école de l’émancipation qui aide à devenir autonome et à s’épanouir.
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- Une école qui s’affranchit du capitalisme et des intérêts patronaux.