Conference d’Angelique del Rey la « compétence »

Angelique del Rey sera à Vitré mardi pour expliquer en quoi la notion de « compétence » actuellement développée à tous les niveaux de l’Education Nationale pervertit la notion d’enseignement.

Les enseignants et les parents deviennent les complices d’un système utilitariste qui réduit la formation du jeune à la production d’individus « employables ».

En se pliant à cette logique, les enseignants se soumettent ainsi à l’obligation de justifier leurs « résultats » : taux de progression, taux de réussite, taux d’échec des élèves… En imposant la logique des « compétences » l’institution fait semblant d’oublier que la première cause d’échec scolaire sont les inégalités sociales et son refus absolu de les remettre en cause.

En quoi cette approche par les compétences pourrait-elle laisser espérer une quelconque amélioration des processus d’apprentissage, ou des pratiques pédagogiques ? En quoi les normes qu’elle véhicule sont elles les carcans futurs de notre métier ? débat et réponses mardi soir.

Réunion publique au Centre social de Vitré mardi 15 février à 18h30.

Extrait :

Se présentant comme une solution sérieuse (technique) aux questions d’employabilité des jeunes au sortir du système éducatif, l’approche par compétences de l’éducation est fondée en réalité sur un système de gestion formatant de façon binaire et simplificatrice le problème de l’école. Le jeune n’a pas trouvé d’emploi au sortir de l’école ? Avait-il (ou avait-elle) acquis les compétences de base ? Quelles compétences garantir aux « plus fragiles » pour que leur taux d’employabilité soit plus satisfaisant ? Question qui en implique aussitôt d’autres (de même nature), emboîtées les unes dans les autres, comme des poupées russes : quelles compétences faut-il que les enseignants aient pour que le taux d’acquisition par les élèves des compétences listées par le Socle commun soit optimal ? Quelles compétences faut-il au personnel administratif, aux établissements scolaires, aux collectivités territoriales ? Quelles compétences relèvent de l’État ? Et, pour revenir à la dimension pédagogique : quelles (micro)compétences permettent de « garantir » un fort taux d’acquisition des compétences clés ?

Tandis donc que les compétences représentent une réponse à la crise par un formatage technique de la situation, une autre perspective consiste à prendre acte de la crise tout en relevant le défi de penser et d’agir sans la recherche d’une solution. Autrement dit, à penser et agir sans se fonder sur les termes d’un progrès … Même si ce n’est pas mon intention, j’ai conscience que cette formule, « agir sans être en quête de solution », peut choquer… Suspendre la recherche d’une solution semble en effet impliquer que nous ne pourrions plus rien faire et cela nous décourage : « Quoi, la perspective du chômage, les inégalités scolaires, la montée de la violence, les difficultés d’insertion, le désintérêt des élèves, ces problèmes qui menacent l’équilibre de l’école ne pourraient être résolus ? Si c’est le cas, à quoi bon agir ? » Pouvons-nous former des jeunes (ou des adultes) sans chercher à tout prix à l’intégration au marché du travail ? Pouvons-nous éduquer sans chercher à tout prix le progrès culturel et social ?