Rafle des réfugiés Afghans dans la jungle de Calais, déportation barbare de réfugiés afghans vers leur pays en guerre, lapsus révélateur du ministre de l’Intérieur Hortefeux : « Quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a problème », la loi sur l’immigration choisie qui permet de trier les étrangers comme des marchandises, création d’un « ministère de l’identité nationale » et sa conséquence directe : chasse aux sans papiers traqués, piégés, expulsés : le « débat sur l’identité nationale » du ministre « de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire », M. Besson, s’annonce sous les pires auspices !
Dans ce contexte, un tel débat a une fonction : celle de mettre à l’index la fraction de notre population qui est d’origine étrangère, en particulier les jeunes issus des peuples des anciennes colonies de la France.
La façon de poser les questions est édifiante :
A la question de départ : « Pour vous, qu’est-ce qu’être Français aujourd’hui ? » il n’y a et ne devrait y avoir qu’une seule réponse : il suffit d’avoir avoir la nationalité française – et ensuite toutes les différences ne sont plus des écarts risquant de disqualifier les migrants et autres sans-papiers mais des différences de fait qu’il faut prendre en considération ! On est Français parce qu’on est né dans ce pays ou parce qu’on a demandé à en acquérir la nationalité. On peut être fasciste, raciste, machiste, homophobe ou xénophobe, si on dispose d’une carte d’identité française on est « bien français » !
Mais la suite du questionnaire du ministre montre bien quel est son objectif, sous couvert de poser la question de l’apport de l’immigration à l’identité nationale : « Comment mieux faire partager les valeurs de l’identité nationale : auprès des ressortissants étrangers qui entrent et séjournent sur le territoire national ? Auprès de ceux qui accèdent ensuite à notre communauté nationale ? »
L’étranger, même celui « qui a accédé ensuite à notre communauté », doit s’assimiler et partager « nos valeurs » de l’identité nationale. Quelles sont-elles ? Peu importe, puisque ce sont les « bons Français », les Français par nature indiscutables qui les définissent.
Pour faire vibrer une fibre nationaliste, M. Besson ranime le débat sur la place des symboles et emblèmes nationaux ; l’obligation pour l’ensemble des jeunes français de chanter au moins une fois par an l’hymne national ; la mise en place de cours d’instruction civique dans les préfectures ; le développement du dispositif de contrat d’intégration républicaine pour les étrangers entrant ou séjournant sur le territoire ; la mise en place d’un contrat avec la Nation lors de l’accession à la nationalité française ; etc.
Ces diverses propositions ainsi que le calendrier choisi (conclusion du processus quelques semaines seulement avant les élections régionales de 2010) trahissent la véritable finalité de cette initiative, à savoir : remettre sur le devant de la scène les questions qui avaient permis à N. Sarkozy de rallier une bonne part de l’électorat du Front national lors des présidentielles de 2007. Pour atteindre ce but, le gouvernement n’hésite pas à mettre les forces de l’Etat au service de la seule stratégie électorale de l’UMP. Ainsi, selon le ministre de l’Education nationale, ce débat va être étendu à l’école. Attendons-nous à devoir résister aux injonctions hiérarchiques en la matière !
Le gouvernement espère focaliser l’espace médiatique sur les seules questions d’identité nationale et d’immigration, pour détourner l’attention des conséquences dramatiques engendrées par une politique gouvernementale de remise en cause systématique de tous les acquis sociaux au seul service du patronat et des nantis : licenciements en cascade, explosion des chiffres du chômage et chute du pouvoir d’achat.
Ce débat sur l’identité nationale reflète les résistances réactionnaires de l’élite gouvernante à accepter une France devenue de fait multicolore et multiculturelle. Cette provocation a un autre but : diviser les travailleurs de toutes couleurs, origines, cultures, avec ou sans papiers, face à la broyeuse sociale patronale, fragiliser davantage des populations entières et favoriser la montée de la xénophobie, du racisme, de l’exclusion et des communautarismes.
SUD Education réaffirme que l’urgence aujourd’hui n’est pas à la mise en œuvre de politiques basées sur les divisions et le rejet de l’autre, mais bien au contraire à des politiques de lutte contre les discriminations, pour l’égalité des droits et contre l’insécurité sociale généralisée.
SUD Education fait siennes les revendications de la coordination nationale des sans-papiers : abrogation des lois racistes Pasqua/Debré/Chevènement/Sarkozy/Hortefeux/Besson – Arrêt de la chasse à l’humain étranger et de la politique des quotas d’expulsions – Fermeture des Centres de Rétention – Arrêt des expulsions – Régularisation de tous les sans-papiers – Pas de frontière entre les travailleurs , libre circulation – Suppression de l’appellation « Ministère de l’identité nationale » – Egalité des droits.