Nouveaux venus dans la grande famille des précaires : les « médiateurs de la réussite ».
La circulaire du 27 janvier 2009 porte création de ces postes en CAE ou CAV, censés faire baisser
de 50% en trois ans le taux d’absentéisme dans les établissements bénéficiant de cette dotation, le
personnel déjà en poste : assistants de service social, conseillers principaux d’éducation, assistants
d’éducation (eux-même en situation de précarité), infirmiers scolaires… méritant sans doute le
qualificatif de médiateurs de l’échec.
Alors, malvenus dans les établissements, scolaires, ces nouveaux collègues ? C’est un chapeau que
l’on tente de nous faire porter lorsque nous -militants syndicaux ou non, personnels de la
communauté éducative- nous élevons contre ces « non embauches sur des non postes » :
Comment osons nous refuser cette « superbe opportunité de travail à des personnes en recherche
d’emploi » ? Comment ne pouvons nous approuver ce « merveilleux coup de pouces aux jeunes »,
comme l’a fait remarquer un inspecteur général lors de son passage dans un lycée professionnel
d’Ille et Vilaine dans lequel (malencontreux hasard ou reflet de la triste réalité ?) la moyenne d’âge
des premiers candidats reçus en entretien d’« embauche » la veille avoisinait les 40 ans..
Non,bien sûr collègues, militants ou non, ne se trompent pas de cible. Ce ne sont bien évidemment
pas les personnes embauchées sur ces postes qui sont les fossoyeurs de l’éducation nationale, mais
bien ceux qui cautionnent ce système destructeur du service public, jetant l’opprobre dans un même
temps sur les opposants à ces recrutements en profitant du dilemme dans lequel se sentent plongés
bien des collègues : des moyens en plus, comment les refuser ? Des personnes en situation de
recherche d’emploi, de quel droit m’opposerai-je à leur embauche ? Ceci, bien sûr, ne résiste pas à
une analyse à plus long terme : embauche de vacataires ou contractuels égale disparition du statut
de fonctionnaire, embauche de personnes non formées et qui ne bénéficieront d’aucune formation
digne de ce nom, égale baisse de la qualité de la prise en charge des élèves, égale perte de crédibilité
du service public d’éducation, égale montée en puissance des inscriptions dans les écoles privées.
Le même I.G. expliquait sans rire un peu plus tôt qu’il y a bien moyens supplémentaires dans les
établissements, notamment au niveau de la vie scolaire, mais ces embauches – sur des postes non
pérennes- interviennent malheureusement et par le plus pur des hasards, au moment où, en effet, il y
a « quelques suppressions de postes ». Certains esprits mal éclairés y ont vu une relation de cause à
effet. Pas du tout :« la mesure est bonne, mais le gouvernement n’a pas su l’expliquer ». Et voilà,
madame, pourquoi votre fille est muette….
La normalisation de la précarisation dans le service public est maquillée d’effets d’annonce
(5OOO postes créés !!), effets d’annonce qui ont pour but d’escamoter les vraies questions sur le
devenir de l’école publique et les causes de l’absentéisme des élèves.
Objectif annoncé dans la circulaire : « prévenir les situations de décrochage qui compromettent les
conditions de réussite et perturbent l’insertion future des élèves dans la vie sociale et
professionnelle »
Absents parce que pas assez « cadrés », ou absents pour des raison beaucoup plus dérangeantes ?
Outre les personnels de service social, de santé, de vie scolaire et d’enseignement, les parents
d’élèves eux aussi dénoncent « la non prise en compte des causes multiples de l’absentéisme
scolaire » (communiqué de presse de la FCPE).
Orientation non choisie, classes surchargées qui empêchent tout suivi individuel, non prise en
compte de la parole de l’élève, système scolaire inégalitaire dénoncé en son temps par Bourdieu,
mais dont la dichotomie est toujours d’actualité.. ;
Des moyens supplémentaires, nous sommes pour ! De vrais emplois dans l’éducation nationale, nous
sommes pour !
Non seulement le traitement de problèmes aussi graves ne peut se satisfaire de mesures « poudre aux
yeux », mais envisagé sous l’angle répressif au mépris de toute réflexion éducative, il risque
d’aggraver une situation déjà dramatique dans bon nombre d’établissements.