J’ai cru que j’allais pouvoir vivre de la photo de théâtre mais ça n’a pas marché. Souvent demandée, souvent pas payée ou mal. Alors j’ai « roulé ma bosse » au RMI, avec quelques commandes, quelques expositions, quelques ateliers photo dans les établissements scolaires. Autant dire que la crise économique, c’était tous les jours. Pendant mes années de service au RMI, j’ai rencontré beaucoup de travailleurs sociaux – des conseillers ANPE, des assistantes sociales, des animatrices locales d’insertion – qui tous ont tenté de me convertir aux joies du travail bien exploité ; mais cela pourrait faire l’objet d’une rencontre avec chômeurs et précaires de tous poils. J’ai sollicité une formation Photoshop qualifiante qui m’a été refusée.
Alors j’ai décidé de chercher un travail « honnête » qui pourrait me plaire (tant qu’à faire), à temps partiel pour garder du temps pour continuer la photo et quantité d’autres choses.
Un travail intéressant (j’ai le droit), à temps partiel, sans qualification, euh…. pas trouvé ! Il n’y avait guère que les fameux contrats aidés et, dans l’éventail proposé, que les EVS dans l’Education Nationale qui pouvaient me convenir.
J’ai cherché sur le site de l’ANPE et j’ai trouvé. Je précise que ladite ANPE m’avait envoyé un mail me précisant qu’il n’y avait aucun emploi correspondant à ma demande. Or, sur le site, j’ai trouvé 22 annonces pour ce type d’emploi !
Comment cela se passe t-il ? C’est important de le savoir.
Une annonce ANPE indique le profil de poste, les qualifications et diplômes requis, le nombre d’heures hebdomadaires, le salaire horaire, le type de contrat et sa durée, la localité mais pas l’employeur. Vous êtes prié d’envoyer CV et lettre de motivation (avec le code) à l’ANPE qui opère une sélection et décide si votre candidature est recevable, ceci sans entretien préalable et sans vous tenir au courant de la suite donnée à vos candidatures.
J’ai donc déposé 22 candidatures à l’ANPE. Il y avait 3 postes proposés à Rennes et tous les autres dans des localités plus proches de mon domicile : j’habite à la Chapelle Bouëxic (près Maure de Bgne), à mi chemin de Rennes et Redon (35 km de part et d’autre).
J’ai très vite reçu une convocation pour un entretien au Collège des Hautes Ourmes à Rennes. Premier entretien, candidature retenue ; c’était rassurant. J’ai attendu d’autres convocations en pensant que si l’employeur peut choisir, le candidat également. Moi, j’aurais préféré le primaire et surtout plus près de chez moi. Passent les jours, rien ne vient. J’appelle l’ANPE pour m’assurer que tous mes courriers avaient bien été envoyés puisqu’à postes identiques, CV et lettres de motivations identiques. L’ANPE n’avait d’abord envoyé que 5 courriers (les 3 pour Rennes !) et sans aucune explication à me donner. Puis, comme le Collège des Hautes Ourmes avait averti que ma candidature avait été retenue, les autres courriers sont partis à la poubelle !!!
L’annonce : « Contrat Avenir ; Emploi Vie Scolaire ; Accompagnement d’un enfant en situation de handicap dans tous les aspects de sa vie scolaire. Aucun diplôme, aucune qualification requis ; débutants acceptés ; 26 heures hebdomadaires ; SMIC horaire »
L’entretien : Nous serons deux EVS pour le collège ; j’aurai à accompagner plus particulièrement un élève de 3è SEGPA, autiste, en cours et en séances particulières de « méthodo-travail ». J’aurai également 2 ou 3 autres élèves en séances de « méthodo-travail ». 26 heures annualisées = 30 heures hebdomadaires. Travail en étroite collaboration avec les enseignants, rencontres éventuelles avec les parents, formation probable, un mois d’essai, date d’embauche = 15 octobre 2008.
Cela me convient.
Le contrat : signé une semaine après l’embauche (donc 3 semaines avant la fin du mois d’essai).
« Activités répondant à des besoins collectifs non satisfaits, entre autres : aide à la vie scolaire, à la surveillance et à l’encadrement des élèves, ou pour toute autre tâche rentrant dans cet objet.
Les horaires de travail peuvent être modifiés par le responsable hiérarchique en fonction des besoins du service.
Le salarié s’engage à suivre des actions de formation y compris hors temps de travail ; ces actions hors temps de travail ne donnant pas lieu à rémunération.
L’indemnité de fin de contrat prévue à l’article L122-3-4 du Code du Travail n’est pas due à l’issue du Contrat Avenir. »
C’est un contrat de droit privé, de 10 mois (et non 12), renouvelable 2 fois, sachant que renouvelable ne signifie pas renouvelé.
Concrètement : J’accompagne effectivement plus particulièrement un élève de 3è SEGPA en cours et j’ai 2 heures en séance « méthodo-travail » avec lui ; j’ai 7 autres élèves en séances « méthodo-travail », de la 5è à la 3è, pour toutes les matières (on me demande surtout de les aider à terminer leurs devoirs). J’assure 3 fois par semaine une heure « d’accompagnement éducatif », de 16H30 à17H30 (c’est en fait l’étude du soir). Ces heures « d’accompagnement éducatif » sont réparties entre les surveillants, quelques enseignants qui les assurent en heures supplémentaires et les deux EVS en heures intégrées à l’emploi du temps.
Aucune indication ne nous a été donnée sur les élèves que nous accompagnons ; aucune rencontre avec les enseignants, aucun bilan n’ont été proposés (malgré ma demande) ; nous nous débrouillons pour échanger avec les enseignants pendant les temps de récréation.
Salaire mensuel = 808 €
Un Contrat Avenir pour quel Avenir ?
Inutile de préciser que, ma collègue tout autant que moi, nous avons des revendications.
La rencontre du 4 février prochain sera donc l’occasion de les exposer.